"La pluie de Londres, chair de poule
Blanche aux rues d'ébène.
Et les néons de Londres tachent
Les canaux de la nuit.
Et les parcs se font jungle
Dans l'alchimie de la nuit.
Mes désirs se muent en violents chevaux
Noirs comme du charbon,
Fringantes cavales du fantasme,
Étalons de l'âme,
Avides de défoncer les barrières
Qui barricadent mon âme.
Louis Mac Neice, " la pluie de Londres "."
je l'ai racontée, cette histoire, j'ai fait la paix avec elle. Non que je veuille minimiser l'importance de l'avoir mise en mots. L'écrire m'a sauvé la vie, au contraire, dans un sens.
"La fiction nous permet d'échapper à nous-mêmes pour aller vers le monde."
Rétrospectivement, elle a l'impression que la journée s'est déroulée sans elle, ou plutôt en la laissant de côté. C'est la première fois qu'elle éprouve ce sentiment de ne pas exister, de ne pas compter.Elle est lente, elle est lourde et cependant vidée de sa substance par la fatigue ; ses membres sont trop encombrants pour exécuter ce qu'elle leur demande, et pourtant le moindre souffle pourrait l'emporter.
Les mots sont traîtres. Je vois pourquoi les gens s'en sont toujours méfiés, comme de ceux qui savaient les manier. Dans les temps anciens, cette habilité passait pour de la magie noire. Parler du documentaire de Tchernobyl m'a remplie d'une peur bizarre et incontrôlée - mais m'a donné pouvoir, aussi. Ecrire sur Fuengirola a fait naitre en moi diverses émotions, pas toutes heureuses, peu d'entre elles bienvenues. Pendant que j'écrivais les phrases précédentes et maintenant que je les relis, c'est comme si j'avais le pouvoir de faire revenir l'enfant que j'étais. J'ai beau savoir qu'il n'y rien ni personne sous les arcades, derrière moi, j'ose à peine tourner la tête. J'ai peur d'y voir cette fillette de dix ans, et tout aussi peur de ne pas l'y voir.
Ecrire, c'est donner forme aux choses en s'appliquant, à plusieurs reprises s'il le faut, jusqu'à ce qu'elles fassent sens, pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres, et qu'elles leur profitent.
la fiction, c'est la démarche la plus magique et en même temps la plus humaine qu'il soit , elle a le pouvoir de guérir, de régénérer, précisément parce qu'elle jette un pont sur nos gouffres.
Le temps guérit tout, me disait-on. Et il y a du vrai dans ce terrible cliché ; chaque jour dépose le cataplasme de sa routine sur la chair à vif, même si la plaie demeure
Son père vit dans un mensonge. Et ce mensonge, c’est nous.