Je me dis que le Vincent est un peu une caricature, le type de garçon dont je me serai a priori tenue éloignée Mais il n’a pas la prétention que j’aurais volontiers assimilée aux jeunes spécimens de la bourgeoisie parisienne, dont il fait partie. Il n’est ni hautain, ni suffisant, ni arrogant, ni blasé. Au contraire, sa spontanéité native et sa simplicité me le rende très sympathique.
- Peu m'importe où je dors,du moment que je suis avec toi, rétorqué-je,rêveuse à l'idée d'un nouveau moment seule avec lui.
Le regard que Daniel me lance est si intense qu'il ne laisse aucun doute sur l'effet que ma confession provoque en lui.
_Quand je suis avec toi,je ne pense pas un seul instant à dormir,me dit-il,taquin.Je t'aime Julia,conclut-il la voix rauque d'émotions contenues,avant de m'embrasser doucement sur les lèvres.
Car ce dernier mois, il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire.
- Ah oui ?
- Parfaitement. Je suis tombé amoureux, d'une jeune femme fantastique. Elle est tellement sensationnelle que je m'étonne chaque jour de l'avoir à mes côtés.
- Vraiment ? Pourtant, vous êtes habitué au meilleur...
- Ce qui me rend très exigeant. Et je vous l'affirme:Nulle part je ne trouverais de femme comparable à Julia. Elle seule pouvait me faire changer.Pour elle, je deviendrai meilleur. Car je l'aime.
- Je t'aime Daniel.
- Toutes les nuits,j'ai rêvé de te prendre.Toutes les nuits j'ai caressé tes seins,j'ai embrassé,mordillé les pointes érigées,durcies par le désir...
Je gémis.
- Toutes les nuits,mon corps s'est tendu à la seule idée de me fondre en toi.Toutes les nuits,j'ai imaginé ton corps sous le mien.Mes mains enserraient tes poignets,laissant ta gorge et ton cou offerts.À chaque coup de reins,alors que je sentais la jouissance toute proche,j'entendais tes cris de plaisir.Ils me donnaient à la fois envie de m'abandonner et de continuer...L'image de ton ventre ondulant pour m'accompagner m'a souvent fait lâcher prise...
'' Je voulais vous dire,vous assurer,(...)
de ma hâte,de mon envie de vous(...)
baiser.Et soyer certaine que(...)
je m'y engage.
D.W
-Ah oui! Effectivement...
Oui, lu comme ça,ça ressemble plus à du Mr Fire...
Moi aussi, je ne rêve que de toi et ton corps, Daniel , je suis ravie de savoir que tu ressens la même chose pour moi ...
- Mon diamant brut,murmure Daniel.J'ignore combien de temps je vais pouvoir tenir avant de me jeter sur toi et de t'arracher tes vêtements,me dit-il avec un regard gourmand.
-Rentrons alors,dis-je de ma voix la plus enjôleuse.
Daniel lève les yeux et m'offre un large sourire.
Et quel sourire ! je tuerais pour ce sourire qui creuse ses fossettes et anime son regard vert.
Mais ? Que m’arrive-t-il ?
Une violente douleur irradie depuis mon côté gauche, juste en dessous des côtes. J’ai terriblement mal tout à coup ! Très vite, je n’ai plus seulement mal à gauche mais partout. Tout mon corps hurle de douleur. Pourquoi ? Non, finalement, je me fiche de savoir pourquoi : j’ai mal, je voudrais que ça s’arrête. Je me sens comme aspirée en arrière… Non, il ne faut pas tomber, je vais me faire encore plus mal… Ma tête… elle va exploser. Je sens quelque chose de froid et de dur sous mon oreille. Tobias se penche au-dessus de moi. J’ai l’impression qu’il crie, il a peur, il panique. Je voudrais le toucher, lui faire comprendre que je suis là ! Pourquoi ai-je l’impression de partir ? Il fait si sombre tout à coup.
Je comprends à présent : il ne fallait surtout pas que « madame Kent » me voie !
« Vous dites toujours tout ce que vous pensez ? » m’avait demandé Tobias, le jour de notre rencontre. S’il savait à quel point j’ai envie de lui dire ce que je pense de lui maintenant !
Je serre les poings et retiens les larmes qui perlent au bord de mes paupières.
– Il est temps de passer aux travaux pratiques ! lance Michael à la classe. Je vais vous faire passer un échantillon de parfum anonyme. Vous allez avoir une chance inestimable : ce parfum n’existe pas encore officiellement. Vous allez avoir la lourde tâche de créer le flacon et de trouver le nom pour cette toute nouvelle fragrance. Eleanor ?
Je lève la tête.
– Comme ton pré-projet a été retenu lors de mon dernier test, tu auras l’honneur de sentir l’échantillon la première !
De quoi parle-t-il ? Cela me revient : pendant notre dernier cours à l’université, Michael a mentionné le fait qu’il retenait mon projet. J’attrape le morceau de papier buvard et prends une profonde inspiration… avant de retomber lourdement sur ma chaise. Tout tourne autour de moi.
Ce n’est pas possible : ce parfum, j’en jurerais, c’est celui de Tobias. Je suis assaillie par un flot de sensations : l’odeur de Tobias qui a persisté dans mon studio après son bref passage, son costume noir qui retient le parfum de manière différente et, surtout, l’odeur de sa peau. La chaleur de son corps contre le mien durant la nuit que nous avons passée ensemble. Il me suffit de l’évoquer pour frissonner. Tout en muscles, palpitant, frémissant, il n’aurait rien à envier à un dieu grec. Nous avons fait l’amour longuement au bord de sa piscine. Un moment hors normes, hors du temps, qui sera à tout jamais rattaché à ce parfum.
– Eleanor ? Tu te sens bien ?
Si on omet le fait que l’homme marié sur lequel j’ai craqué semble me poursuivre partout, tout va bien !
– Oui, bien sûr, balbutié-je.