C'est magique, maman, murmurai-je.
La forêt entière se remplit d'une lumière argentée, et alors, soudainement, on se retrouve à voler avec le chant du rossignol, tout là-haut dans les étoiles.
Quel récit exquis, quel charme, quelle finesse de dentelle.
Tout y est : la vieille maison, les bois sombres et mystérieux, la bohémienne un peu sorcière, la fille prénommée Henry (et narratrice), un souvenir familial lourd à porter, une maman dépressive au bord de la folie, le méchant médecin, le papa au loin, les enfants seuls contre l'adversité. Et pourtant, le ton, la modernité du traitement lui donnent toute sa place originale. On pense à Joan Aiken (Le Manoir aux loups), à Hilary Mc Kay (Mystère au pied des falaises, à Elizabeth Laird, Elizabeth Bowen, etc. Bref, une littérature jeunesse britannique récente, écrite par des femmes, mais qui puisse ses sources dans ses classiques (ici, Henry, l'héroïne de 12 ans, cite nommément ses références), avant de devenir référence elle-même.
La plume est gracieuse, légère, malgré le sujet qui effleure le drame. C'est un premier roman, je crois. C'est merveilleusement réussi.
Même courte, une vie reste une vie, Henrietta Abbott, dit-elle. J'ai beaucoup pensé à cela. Une vie courte ne brille pas longtemps, mais elle brille plus fort... C'est une étoile brillante.
C'était à ce moment parfait du crépuscule, cet instant rose et somptueux entre le jour et la nuit. J'attendis le rossignol.
Je dis à maman que Phalène m'avait appris à siffler pour lui.
J'imaginai le jeune poète, John Keats, dans le bois au Rossignol.
Il était étendu sur un vaste coussin de mousse, sous un chêne, et il contemplait la canopée en écoutant le chant de l'oiseau.
Son visage était pâle comme la lune et ses yeux, emplis de larmes, étaient deux étoiles brillantes...
- Non, ce n'est pas vrai, reprit Phalène d'un ton ferme. Les papillons emplissent le monde de couleurs et de lumière. Le paillon de nuit n'apporte aucune lumière : il passe sa vie à la chercher. La phalène est une créature maudite. J'en sais quelque chose. (page 208 ligne 15)
Le vaisseau n'était plus qu'un squelette noirci au fond de l'eau, dans le repos et la rouille, très loin des rayons du soleil... oublié. Mille garçons perdus faisaient partie du bel océan bleu, désormais. Ils étaient devenus l'écume à la surface de la mer.
p.332
Pour la première fois, je vis a danger qu'il y avait à laisser les histoires imprégner trop profondément la réalité. Les vraies gens ne correspondaient pas aux motifs tout noirs ou tout blancs des contes de fées.
Même courte, une vie reste une vie, Henrietta Abbott, dit-elle. J'ai beaucoup pensé à cela. Une vie courte ne brille pas longtemps, mais elle brille plus fort... C'est une étoile brillante.
p. 119
Phalène me regarda droit dans les yeux. A cet instant, je pus voir à travers elle, à travers ses sourires en coin et ses drôles de chansons, jusqu'au fond de son cœur. Je vis des années de souffrance. On aurait dit qu'elle allait dire quelque chose, mais elle secoua seulement la tête et serra ma main dans la sienne, chaude et forte. Une clé pendait de ses doigts, attachée à un long ruban blanc. Une clé comme la mienne... (page 206 ligne 8)