Genele-La-Sacoche
Et Genele, les yeux étincelants, filait à travers le marché, regardait attentivement, vilipendait un produit, se félicitait du temps, souhaitait une bonne santé à une grosse Ukrainienne qui se hâtait d’aller prendre son train, et se débrouillait pour traiter quelque Asiatique mélancolique au long visage de « fou de toute sa tête ». Elle agitait les bras, tortillait le persil, expliquait en passant à Galia qu’il fallait choisir les carottes uniquement à bout rond, écrasait une aubergine flétrie, flairait de son nez pointu les cornichons « avec des petits boutons », comme elle disait, critiquait la saumure, écrasait entre le pouce et l’index une goutte de miel et chuchotait à sa nièce :
« le miel pur pénètre dans la peau, sans laisser de trace : sinon cela veut dire qu’il est trafiqué ! »