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Critiques de Ludovic Debeurme (124)
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Les contes de Mala Strana

Je voyage dans le temps, sautant d'une generation a l'autre. Apres la Babitchka de Bozena Nemkova, je plonge dans un autre grand classique de la litterature tcheque. Et c'est tres different. Une ecriture tres moderne, petrie d'humour et d'une ironie bienveillante. N'ayant pas lu d'autres tcheques de sa generation, je le vois comme l'initiateur (et s'il n'est pas le seul on me corrigera) d'une veine qui caracterise cette litterature, celle de Hasek, Capek, Vancura, Hrabal.



Ces contes profilent des personnages croises par l'auteur pendant son enfance a Mala Strana, le quartier pragois ou il a toujours vecu, et il y ajoute quelques nouvelles ou il est directement implique. Et c'est le quartier qui devient le personnage principal, ses rues etroites, ses maisons ou s'agglutinent locataires et sous-locataires, ses tavernes populaires et son mythique restaurant ou se pavanent les notables du quartier, “les dieux authentiques de Mala Strana”. Un quartier ou se pressent de petites gens dont certains se prennent pour des bourgeois mais n'arrivent pas a finir le mois. Tous revent. Tous font des plans mais finissent par accepter ce qu'ils rejetaient au debut. Il faut bien vivre. Et tous sont retraces avec ironie, mais une ironie non acerbe, bienveillante. Meme les medisants ou les envieux qui arrivent a empoisonner, des fois a detruire, la vie d'autres. On remarque l'empathie, l'affection qu'il ressent pour ceux qui ont peuple son enfance et en un meme temps on note sa complainte sur le retard social et culturel dans lequel ils sont immerges, sur leur inaptitude a accepter une quelconque nouveaute (par exemple dans la nouvelle “Comment monsieur Vorel brula sa pipe"). Cette faune humaine est decrite par un des leurs, un temoin direct, car Neruda a longtemps habite “la maison des deux soleils", qui est peut-etre celle representee dans la premiere nouvelle, sise en l'ancienne rue Ostruhova (rue de l'eperon), aujourd'hui rebaptisee en son honneur Nerudova. Ne sachant si on en a fait un petit musee litteraire, j'invite donc, ceux qui pensent aller a Prague, a marauder dans le quartier entre une visite du chateau et une escapade dans les jardins du mont Petrin, afin de me renseigner. Neruda le meriterait. Dans ses histoires indiscretes sur des personnages qu'il arrive a nous rendre proches, sur la durete et les petites joies de leur existence, coule la vie. Ce sont des histoires de quartier, mais ce quartier reflete le monde, ailleurs et partout. C'est un tableau d'epoque, et en fait une replique intemporelle du caractere intrinseque de l'etre humain.



Quelques mots encore sur son ecriture, que j'ai trouvee tres moderne. Il y a un peu de peinture de moeurs a la Zola, avec une grande capacite d'observation et de detail, mais il ne s'alourdit pas sur la psychologie des personnages, qu'on comprend a travers leurs actes et leurs paroles. Il n'a besoin de rien expliquer. Et la premiere partie du premier conte, “Une semaine dans une maison tranquille”, ou il decrit la maison, ses entrees, ses couloirs, ses appartements et leur mobilier, m'a rappele du Perec. D'autres avaient un gout de Tchekhov. Dans tous les contes Neruda brosse sa prose d'une main sure, alternant des passages d'une beaute exquise, comme dans “La messe de Saint Wenceslas", avec d'autres ou les dialogues eclosent spontanes et frais, comme dans “Conversation nocturne". Certains contes sont des souvenirs de ses peripeties personnelles quand il avait dans les 9 ou 10 ans, mais il se met en scene aussi en tant qu'auteur, comme dans “Ecrit a la toussaint": “Si j'etais un nouvelliste ingenu, j'aurais probablement ecrit: Vous me demandez de qui sont ces tombes? Mais je sais qu'un lecteur ne demande jamais rien. L'auteur doit imposer directement au lecteur son oeuvre. Mais cela s'avere cependant quelque peu difficile.”



De quelque cote que je le retourne, ce livre m'a charme, m'a interpelle. Un grand classique. Intemporel. Ce n'est pas un hasard si, apres l'avoir lu, un jeune chilien du XXe siecle, un certain Ricardo Neftali Reyes, changea son nom pour le nom de plume Pablo Neruda.



P.S. Je rale un peu. J'ai lu ce livre dans sa traduction espagnole (tres reussie, il me faut le dire) et c'est, apres l'ecriture de ce billet, en passant par les comptes-rendus d'autres babeliotes que j'apprends que l'edition francaise est magnifiquement illustree de dessins et de photos. On ne peut tout avoir. Mais on peut raler.

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Un père vertueux

♫Tu peux regarder, va

Tu n'verras rien qui t'appartienne

Pas un objet qui te retienne

On t'a effacé de nos joies

Comme toi tu nous effaças

Tu peux fouiller

Tu n'trouvera rien qui t'appartienne

Pas un objet qui te retienne

Ni ne te retiennent nos bras

Ta place n'est pas sous notre toit

Ta place n'est plus sous notre toit♫

Père Prodigue-Georges Chelon-1965-



To be or not to be...

Qui suis-je ?

Ne fait pas d'Hamlet qui veut !



Tu peux regarder va !

Ce père qui t'a crevé les yeux :

"Du fond de tes yeux pervertis

tu as voulu voir le corps des femmes

Mon Fils, Tu ne verras plus rien ......."



Ne te retiennent nos bras !

Ce père qui t'a scié les bras :

"Du bout de tes vicieuses mains

tu as voulu toucher la chair des femmes

Mon Fils - Tu ne toucheras plus rien...."



"Ceci est le vrai Chemin,

il n'y en a pas d'autres.

Ailleurs nous nous perdons"



A jamais éloigné de Con, Cul puis sens

A chaque crime une juste sentence

Si vous avez un enfant pas sage, justement

Délivrez lui le message, et son chatiment.....



Si c'est ça, d'avoir un père vertueux !

Pas sûr qu'il va faire beaucoup d'envieux...

A dessein mirobolant

dessins époustouflants....









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Les contes de Mala Strana

À Prague, il y a un quartier au pied du château et de la cathédrale, c’est Malá Strana.

C’est un coin charmant, tout à fait hors du temps, un petit dédale de rues pavées dominées par de superbes façades baroques, toutes plus colorées et décorées les unes que les autres…

« Quand on a un beau mois de mai, Malá Strana est un vrai paradis. La colline de Petrin se couvre de fleurs blanches, comme si partout on faisait bouillir du lait, et Malá Strana tout entière baigne dans un parfum de lilas. »



Malá Strana est le quartier natal de Jan Neruda (1834-1891), auteur tchèque à ne pas confondre avec le chilien Pablo Neruda ! (C’est après la lecture de l’œuvre de Jan Neruda, que le poète chilien a choisi Neruda pour pseudonyme.)

« Les contes de Malá Strana » est un des chefs d’œuvre de la littérature tchèque, qui comporte douze nouvelles.

Jan Neruda y dépeint avec humour et réalisme les habitants du quartier où il a vécu toute sa vie.

Dans ce livre, le narrateur, qui n’est autre que l’auteur lui-même, est un petit garçon de 9 ans, qui est très observateur…



L’une de ces nouvelles, « Comment on ruine un mendiant », est l’histoire de M. Vojtisek, un honnête mendiant habitué du quartier et bien sympathique aux yeux de notre jeune narrateur. Les gens le vouvoient et le respectent, mais jusqu’au jour où certaines personnes pensent que ce mendiant n’est pas si pauvre qu’il en a l’air… il possèderait deux maisons et aurait deux filles qui jouaient aux demoiselles… les ragots vont vite faire le tour des habitants de ce petit quartier.

Cancans, bêtise humaine, méchanceté des gens, vont bon train ! M. Vojtisek va être victime de la médisance populaire…



Chaque personnage de ce recueil de nouvelles a une histoire à lui, simple et atypique à la fois, racontée dans un style plus ou moins léger, ironique et avec parfois une pointe d’humour noir.

Dans la nouvelle intitulée « Le cœur tendre de Mme Rus », un des plus riches commerçants de Malá Strana est mort. Même dans son cercueil, son visage a gardé son sourire commercial !

Cette Mme Rus, est une habituée des enterrements depuis le décès de son époux.

C’est même devenu son occupation principale !

C’est une vraie commère qui ne peut s’empêcher d’avoir des mots déplaisants et calomnieux envers le défunt (bien qu’elle ne l’ait pas connu de son vivant !), et cela, à chaque fois qu’elle assiste à des obsèques ! Mais va-t-elle pouvoir indéfiniment continuer à se manifester de la sorte ?



Notre jeune narrateur se souvient d’une taverne réputée de son quartier, un restaurant qui avait des allures d’Olympe… Toute la société s’y réunissait : ses professeurs, des fonctionnaires, des militaires, des aristocrates… Et ce lieu très humain lui apparaît comme divin !

Il se remémore avec fierté les moments délicieux qu’il a passés parmi tous ces messieurs qui l’impressionnaient. Il a beaucoup appris en les observant. Et parmi tous ces personnages, deux hommes sont restés pour lui, inoubliables, « M. Rysanek et M. Schlegel ».

Ces deux hommes s’assoient aux mêmes tables tous les soirs comme dans un rituel, mais ils ne s’adressent jamais la parole. Ils sont ennemis. En cause, une femme…

« Ils luttaient avec leurs armes : un silence saturé de venin, et le plus lourd mépris. La bataille restait éternellement indécise. Lequel finirait par terrasser son rival enfin vaincu ? »



Jan Neruda a le don pour « croquer » les personnages, tel un peintre, ou un caricaturiste. Sa peinture est sociale, et il décrit les personnages qu’il observe, non seulement du point de vue de leur aspect physique, mais aussi et surtout du point de vue de leurs comportements et de leurs pensées.



Dans le récit « Bavardages du soir », des étudiants se retrouvent en discutant de façon lyrique sur les toits des maisons, au clair de lune. Ils cherchent une idée de divertissement pour passer la soirée.

A tour de rôle, ils vont évoquer aux autres, le plus vieux souvenir de leur vie, et l’un d’entre eux, va raconter le plus long souvenir de tous, son histoire d’amour, une histoire de jeunesse qui se termine de façon inattendue…



Avec « Le docteur trouble-fête », notre narrateur nous conte l’histoire d’un médecin qui « n’avait jamais rien soigné, ni personne. » !

Un curieux personnage. Un étudiant en médecine, raté, dont tout Malá Strana se moque.

Il n’aime pas la compagnie des gens. Il est toujours taciturne.

Mais l’attitude des habitants du quartier va bientôt changer à son égard, suite aux circonstances particulières d’un enterrement. Il va devenir « trouble-fête » pour certains et adulé par d’autres…

Mais qu’est-il donc arrivé de si étonnant pour que les gens changent ainsi subitement de position à son égard ?



La nouvelle « L’ondin », met en scène M. Rybar, un greffier à la retraite.

C’est le surnom que les gamins du quartier avaient donné à ce touchant monsieur, parce qu’il parlait sans arrêt de la mer - L’ondin étant le dieu des eaux de la mythologie nordique –

On le disait riche et collectionneur de pierres précieuses, mais sa vraie richesse n’était-elle pas tout autre que matérielle, aux yeux d’autres personnes ?



A Malá Strana, les commerces se transmettent de père en fils et les habitants du quartier ont toujours leurs repères, quant aux emplacements de leurs magasins. Mais M. Vorel, en installant son magasin à l’enseigne de l’Ange Vert, dérange les habitudes…Il venait de province…

Et pour son malheur, il fumait beaucoup trop la pipe… Sa toute première cliente, la fille d’un capitaine, va être tout à fait incommodée par la fumée que dégage sa pipe dans le magasin et va faire part de son grand mécontentement autour d’elle...Mais qu’adviendra-t-il du commerce de M. Vorel, dans le récit intitulé « Comment M. Vorel a culotté sa pipe » ?



« Aux 3 lys » est le titre d’une courte nouvelle…

Une taverne « Aux 3 lys », et « une fille aux beaux yeux ».

Elle danse le quadrille – et son regard est sacrément attirant…



Dans le récit « La messe de St Venceslas », notre petit narrateur de 9 ans, qui est enfant de chœur, se laisse volontairement enfermer dans la cathédrale Saint-Guy.

Il aimerait y voir Saint Venceslas, en personne, célébrer la messe dans sa chapelle à minuit … Le jeune garçon est exalté, il a une grande ferveur religieuse. Avec lui, dans l’attente de l’apparition de St Venceslas, on découvre toutes les splendeurs qui sont conservées au sein de cette cathédrale…



L’avant-dernière nouvelle, s’intitule « Comment il se fait que l’Autriche n’ait pas été envahie le 20 août 1849 à 12h30 ? ». Notre jeune narrateur fait partie avec d’autres petits camarades, de « L’association de la Pistole ».

Ils organisent leurs réunions dans un grenier. Ils vont s’armer de frondes et d’un pistolet, pour combattre un ennemi imaginaire. Ils vont « jouer aux grands » !

Ils échafaudent tout un stratagème… Notre jeune narrateur sera commandant en chef de l’opération et il choisira de se faire appeler du nom de Jan Žižka, considéré aujourd’hui comme un héros national tchèque, - ce vaillant chef de guerre des Hussites, qui avait vaincu en 1420, des milliers de croisés avec peu d’hommes et beaucoup de maîtrise militaire –

Jan Neruda est nostalgique de son enfance, et ce récit nous le démontre bien.



Et le livre se termine avec la nouvelle intitulée « Ecrit cette année à la Toussaint ».

Il y est question d’une certaine Mademoiselle Mary et des lettres de prétendants qu’elle reçoit…

« Elle avait la trentaine sans doute, et contre tout espoir, d’un seul coup, elle avait soudain à ses pieds la première déclaration d’amour de sa vie. Vraiment la première. Jamais encore elle n’avait songé d’elle-même à l’amour, jamais personne ne lui avait parlé d’amour. Des éclairs rouges jaillissaient dans son cerveau, ses tempes battaient le tambour, son souffle s’exhalait péniblement de sa poitrine. Elle était incapable de la moindre idée claire. »



Ce livre est beau, il est richement illustré par Ludovic Debeurme et Karl Joseph, avec des photos en noir et blanc, pleines de poésie, et de belles peintures colorées.

La mise en page est très aérée, et le papier de belle qualité.

J’ose espérer, avec ma critique, vous avoir donné envie, à vous aussi, de lire ce chef d’œuvre de la littérature tchèque et de déambuler avec les personnages hauts en couleur de Jan Neruda, dans les rues de son quartier pragois de la fin du XIXe siècle !

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Lucille

Lucille, jeune adolescente de 16 ans, est anorexique. Elle se déteste et par dessus tout elle déteste son corps si maigre qui reflète son mal-être. Elle n'aime pas beaucoup sa maman non plus, autoritaire et peu à l'écoute de sa fille.

Arthur, lui, est fils de marin. Facétieux et débrouillard dans la vie, il se retrouve totalement démuni le jour où il découvre son papa pendu à un arbre. Rebaptisé Vladimir, le prénom de son papa qui se transmet de génération en génération, il essaie de s'en sortir et trouve un boulot, il devient livreur de médicaments. C'est en apportant les compléments alimentaires de Lucille que leur rencontre va avoir lieu. Ainsi, ces deux êtres cabossés par la vie, ces deux adolescents en mal de vivre et fragiles vont apprendre à se connaître et vivre des moments d'une grande intensité. En effet, ils décident de tout quitter et c'est vers l'Italie qu'ils se dirigent... Une magnifique escapade et une échappatoire pour chacun d'eux, voulant à tout prix rompre avec leur vie si chaotique...



Ludovic Debeurme nous offre ici un album impressionnant, avec pas moins de 500 pages. Alternant la vie de chacun, avec des séries de flash-back permettant de comprendre le cheminement de ces adolescents, ce récit à la fois tragique et mélodramatique est avant tout une formidable rencontre et une belle histoire d'amour. Lucille et Vladimir sont très attachants, ils apprendront à aimer l'autre mais surtout à essayer de s'aimer soi-même. Sans être larmoyant, cet album est empli d'espoir et de joie de vivre malgré tout.

Graphiquement, Debeurme sort des sentiers battus en nous proposant un album sans case, des dessins épurés, comme jetés intuitivement sur papier, circulant en toute liberté mais incroyablement expressifs. Les traits sont fins et très doux.

Toute une poésie se dégage de cette narration impressionnante et émouvante dont on n'en sort pas indemne...



Lucille, paradoxalement, se dévore...
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Les contes de Mala Strana

Beau recueil de 12 histoires se passant à Prague.

Descriptions des personnages très pointues, aussi bien de leur habillement que de leurs expressions et leurs travers.



Assez humoristique pour certains, mais un humour "retenu" et qui se veut de bon aloi et correct.



Belles traductions, termes choisis où pointe toujours un trait d'humour.



Dessins minimalistes traits noir sur blanc ; d'autres très colorés , ombres, silhouettes, visages tristes , photos de reportage.



* Un conseil, allez voir la critique de "glaneurdelivres" très bien ficelée*



Mais peut-être ce qui suit n'a pas encore été dit :



TRADUCTEUR renommé des plus grands écrivains Tchèques, François HIRSH, il a traduit aussi les romans de Milan Kundera et également ceux de l'américain Cormac Mc Carthy.



ILLUSTRATEUR, peintre et scénariste, Ludovic DEBEURME, artiste complet il a mis notamment en images des livres jeunesse tels : Gargantua, Dr. Jekyll et Mr. Hide.



LES PHOTOS, elles ont été prises par Karl JOSEPH qui a cheminé entre la France et Londres avant de retourner en Guyane.

L'épaisseur et le contraste des ses prises de vue recréent l'atmosphère envoûtante des villes d'Europe Centrale.



Personnellement j'ai beaucoup apprécié ce beau et grand livre.
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Lucille

C'est du lourd, et pas seulement pour ses 1,4 kg de papier et ses 512 pages, c'est du lourd aussi par son ambiance pessimiste, résignée, pour les écorchés vifs qui vivent dans cette histoire, ou du moins qui essaient. le graphisme est en noir et blanc, au trait, les chapitres sont séparés par une page en aplat d'ocre, avec ou sans illustration. le trait est dur avec ses personnages, grosses têtes, silhouettes voûtées, les décors épurés nous font croire qu'on est dans un mauvais rêve. On est à Tréport, entre Normandie et Picardie, Lucille est anorexique et vit seule avec sa mère, Arthur est fils de pêcheur, fils d'alcoolique, il a des idées morbides, ils sont mal dans leur peau. C'est un récit qui raconte la souffrance de l'entrée dans l'âge adulte, à la manière de la fureur de vivre, mais sans le clinquant. Les rêves tiennent une place importante dans la narration. Ce graphisme assez repoussant au premier abord, finit par devenir totalement envoûtant, troublant, et la beauté surgit dans sa justesse pour raconter cette histoire, forte et dure.

Si je n'avais pas lu la trilogie Epiphania de Ludovic Debeurme juste avant, il n'est pas certain que je me serais intéressé à ce gros volume assez austère Au final, c'est une belle découverte, une lecture percutante et marquante, une sacré BD.
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Lucille, tome 2 : Renée

Suite au meurtre qu'il a commis, Arthur se retrouve en prison. Lui ayant sauvé la vie, Lucille attend patiemment que celui-ci sorte enfin de prison et va donc lui rendre visite aussi souvent que possible. Il partage sa cellule avec Denis, pédophile. Tous les détenus veulent le punir pour tout ce qu'il a fait subir aux enfants et pour ce faire, demandent l'aide d'Arthur.

Renée, quant à elle, est au même titre que Lucille en plein désarroi. Pour soulager ses douleurs passées, elle se scarifie. Elle accumule les relations amoureuses, le plus souvent avec des hommes déjà mariés et plus vieux qu'elle. C'est ainsi qu'elle tombe amoureuse de Pierre, musicien de jazz, qu'elle a rencontrée au cours d'un de ses concerts. Mais Pierre n'arrive pas à quitter sa femme...

C'est dans de bien étranges circonstances que les chemins de Lucille et Renée vont se croiser un jour...



Suite du bouleversant Lucille, Renée est tout aussi brillant. Cet album met en scène de nombreux personnages en manque ou en quête d'amour. Ce sont des tranches de vie que nous raconte à nouveau Ludovic Debeurme. A l'instar de Lucille, l'on suit des tranches de vie de tous ces personnages, tous aussi blessés dans la vie, que ce soit Renée ou Arthur. Beaucoup plus triste et fragile, cet album se démarque tout autant par un graphisme au trait aérien et imagé. Les rêves de chacun ainsi que leurs fantasmes sont retranscrits comme dans un conte. Ludovic Debeurme étire, grossit, rétrécit ou déforme les traits exagérément pour montrer les souffrances de l'âme et du corps.

Affranchi de tout cadre et aux dessins toujours aussi épurés, cet album est un véritable roman graphique hors norme. Poétique et parfois violent, il démontre avec brio les blessures de chacun.



Renée vous marquera...
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Lucille, tome 2 : Renée

C’est la suite de Lucille, une histoire d'entrée dans l'âge adulte par des êtres déjà abimés par le temps.

Lucille est retournée chez sa mère, Arthur est en prison, et un troisième personnage apparaît, Renée. Ce sont des écorchés, le bonheur semble les avoir oubliés, ils traînent leur passé comme un boulet. Par rapport au premier tome, le graphisme est plus affiné, les portraits plus appuyés, plus détaillé, toujours en noir et blanc. Mais certaines illustrations deviennent totalement surréalistes, la part du rêve (ou du cauchemar) devient plus prégnante, encore plus lourde, la laideur de ce monde accentuée. Le récit est plus morbide, plus noir encore, et moins linéaire, les briques ne se recollent qu’à la fin. Le texte se charge de poésie, certains passages sont d’une grande sensibilité. Les illustrations sont aussi de l’ordre de la poésie. L’atmosphère devient de plus en plus étouffante. Les moments symboliques sont même parfois durs à supporter. C’est un livre calme, pour l’importance du blanc dans les pages, pour l’économie de mots, et pourtant on ne s’étonne pas de la violence qui s’en dégage. Ce n’est pas une lecture confortable, c’est certain, mais tellement poignante et redoutable. On ne sort pas indemne de cette lecture.
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Epiphania, tome 1

Un style qui rappelle Frederik Peeters, mais aussi Daniel Clowes ou Charles Burns, auteurs de comics underground américains. Le trait est volontairement raide, les personnages se tiennent de façon un peu rigide, les couleurs sont acides, tout cela apporte une ambiance de malaise, les personnages sont aussi décalés, inadaptés, le genre de personnages que l’on retrouve justement chez les trois auteurs précités. C’est un récit de science-fiction. David a du mal à assumer sa future paternité, il part participer avec son épouse en stage de thérapie de couple sur une petite île, mais là, trois météores tombent du ciel et un tsunami submerge leur île, seuls David et le psychologue vont survivre. Après cette catastrophe, d’étranges enfants naissent de terre, mi-hommes, mi-bêtes. David va adopter l’enfant qui a poussé dans son jardin. Le récit prend des virages abrupts, on passe du mal de vivre à une ambiance de film d’horreur, pour revenir à une histoire familiale, la thématique évolue de façon aussi brusque, la paternité, l’acceptation de l’étranger, le racisme, l’écologie… J’aime ce genre de lecture où on se fait un peu secouer, elle englobe un univers très large, propose une ambiance lourde et intrigante et nous fait déambuler comme dans un labyrinthe.
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Lucille

Lucille vit dans une maison au fond des bois, avec sa mère. Adolescente triste et complexée, elle sombre dans l'anorexie et reste allitée chez elle.

Arthur vit une tout autre adolescence, au Tréport, en faisant régner la violence vis à vis de ses camarades... Mais rentré chez lui, c'est son père qui l'impressionne, ce père marin éprouvé par la vie, cet homme qui passe ses journées comme pilier de bar. A sa mort, il faudra qu'Arthur reprenne le prénom de son père, comme la tradition le veut, qu'il s'appelle Vlad donc, et soit marin bien évidemment. Ce destin qui lui colle à la peau l'effraie.

La rencontre entre Arthur et Lucille, naissance d'un amour précieux, leur donnera le courage de suivre leurs espoirs. Alors, sans écouter leur peur ils décident de s'enfuir pour la Toscane...

A lire Lucille, on ne peut rester indifférent. Ce pavé de plus de 500 pages de planches dessinées au trait léger, aux textes rares, affranchis des bulles et autres cases de rigueur, ce pavé qui s'égrène à une vitesse considérable nous procure une palette d'émotions. J'ai frissonné, j'en aurais pleuré. L'histoire est magnifiquement rendue, l'équilibre est subtil entre gravité (la maladie, la mort tragique), volupté (de ce jeune amour aux sentiments timides), et rêve (certaines pages laissent place à l'univers onirique et aux métaphores de l'adolescence comme période de mue).

Ludovic Debeurme a réussi là un chef-d'oeuvre, une bande dessinée d'apprentissage. Le mal-être adolescent et l'expérience amoureuse et sexuelle sont évoqués d'une grande justesse.

Bravo simplement.


Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Epiphania, tome 2

Deuxième volet de cette série, la dystopie, la poursuite des mutants s’intensifie, on quitte le côté intimiste du premier tome pour un récit plus aventureux, une quête initiatique. Le graphisme froid s’accorde au ton du récit. De nouvelles questions sont soulevées dans ce tome, autour de la justification de la violence. Ludovic Debeurme nous amène à nouveau vers une nouvelle direction, cette série est vraiment atypique. Que nous réserve le troisième volet ?
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Lucille

« Lucille » est un roman graphique qui aborde les thématiques de la différence, des premières amours, du besoin d’évasion et d’émancipation au travers des personnages de deux adolescents, Lucille et Arthur. L’intrigue est, dans ce premier tome, centrée sur la présentation de ces deux personnages, leur découverte mutuelle de l’autre et leur tentative désespérée pour vivre une vie meilleure. Derrière le dessin en noir et blanc et aux décors souvent minimalistes de Ludovic Debeurme se cache une histoire passionnée et violente, celle de deux âmes éperdues d’amour et d’envie d’exister. A coup sûr, « Lucille » marquera le lecteur.
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Epiphania, tome 3

Le troisième volet fait encore un virage brusque avec ce qui précédait. La lutte qui se déroule depuis deux tomes vient maintenant soulever les questions écologiques, la réponse de la terre aux humains, et d’autres questions plus universelles sur l’humanité en général. On quitte l’ambiance de science fiction pour se tourner vers le conte fantastique. Le graphisme évolue vers quelque chose de moins sombre, moins froid. Les représentation des géants en pleine page sont magnifiques. Ludovic Debeurme a réalisé avec cette série une œuvre surprenante, atypique, originale et donc à découvrir pour ceux qui aiment se sentir bousculés par une lecture.
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Lucille, tome 2 : Renée

Lorsque Renée s’entaille le bras, ce ne sont pas des gouttes de sang qui s’échappent d’elle mais des répliques innombrables d’un petit enfant bossu au visage déformé par la terreur… Ce petit garçon fait écho aux évènements vécus par Renée ; il semblerait que pas un jour ne se passe sans que sa vision ne s’impose à elle. Pas que ça l’enchante mais sans lui, Renée serait seule… sa solitude la pousse d’ailleurs à s’accrocher au premier venu –au premier musicien venu. Si l’humanité lui semble laide, seuls ceux capables de produire un peu de beauté musicale la réconfortent. C’est ainsi que Renée se surprend à suivre un vieux musicien de jazz qu’elle invite chez elle pour une nuit avant de découvrir qu’il est marié. Les sentiments ne sont pas chose habile à manier : il s’y mêle dépendance et dégoût de l’autre, haine de soi-même, veulerie, lâcheté… Et lorsque le passé s’entasse par-dessus tout, on peut y rattacher des fantasmes parfois cruels qui essaient de combler le manque d’amour originel, cause de toute la tristesse des personnages créés par Ludovic Debeurme.





A l’histoire de Renée viennent s’ajouter les histoires déjà évoquées dans le premier volume intitulé Lucille. On retrouve donc cette dernière, guérie de son anorexie par l’amour qu’elle partage avec Arthur. Malheureusement, celui-ci est mis au bagne et cohabite en cellule avec des détenus difficiles à cerner ; où la promiscuité imposée ressemble parfois à s’y méprendre à l’harmonie supposée de la vie conjugale…





« Certains fous, on ne devrait pas les associer… Aucune magie à la sortie de l’éprouvette. »





Et petit à petit, alors qu’il avait réussi à surmonter son passé et sa généalogie, Arthur redevient Vladimir, le flambeau de son père mort en mer. Il s’éloigne de la réalité, perd Lucille et finit par se perdre lui-même totalement.





En variant les thèmes, en faisant intervenir de nouveaux personnages à la psychologie fouillée et aux caractères crédibles, Ludovic Debeurme fait intervenir dans Renée le même processus que celui mis en œuvre dans Lucille. Il prend ses personnages et les imbibe de désespoir. Il en ressort de petites figures sans consistance, molles, incapables de s’extraire elles-mêmes du bain morbide dans lequel elles se sont plongées. Ludovic Debeurme appuie le trait et n’a pas peur de jouer sur le pathétique. Et puis, peu à peu, il fait se croiser les bons personnages. Dans Lucille, la rencontre de la jeune fille avec Arthur leur fut salvatrice ; dans Renée, ce sera l’amitié liée entre les deux souffrantes qui leur permettra de s’élever un peu de leur réalité crasse et de surmonter les souvenirs lancinants des failles éprouvées.





Avec Ludovic Debeurme, le bonheur n’est jamais total. Il ressemble plutôt à de la mélancolie et semble très fragile. Si le malheur est vécu concrètement par les personnages, la joie, elle, se symbolise par des rêveries incertaines et des visions hallucinées. Encore une fois, il s’agirait presque d’un échec, et on se demande si tout a vraiment été résolu à l’issue de la lecture de ces deux volumes. Un sentiment d’inachevé demeure encore…

Tant de chemin parcouru pour une récompense aussi minuscule ? …
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Lucille

Le format atypique de cette bande dessinée -500 pages au compteur- annonce d’emblée le caractère pas moins étonnant de son contenu. Aucune crainte à avoir quant à la lisibilité de cet ouvrage : malgré un nombre de pages élevé, l’histoire s’égrène tranquillement, ménageant de longues plages de silence ou de contemplation. Pas plus de deux ou trois séquences par page (difficile de parler de « case » lorsqu’aucun cadre ne vient délimiter de contour précis) et un dessin épuré au possible. La sensation de se balader dans le vide n’est jamais loin. Sensation qui décrit parfaitement ce que ressentent les deux personnages de cette histoire, et qui permet au lecteur de se familiariser immédiatement avec leur quotidien. Lucille et Arthur flottent au milieu d’une existence vide dont ils espèrent bientôt voir l'issue –à moins qu’un miracle ne se produise.



Chez les deux adolescents, la source du désespoir est familiale. Arthur a grandi sous la domination d’un père violent et alcoolique qui a fini par se suicider, comme son grand-père auparavant. A la mort du patriarche, le fils reçoit son prénom en guise d’offrande posthume, portant jusque dans sa dénomination la malédiction rodante du suicide… Quant à Lucille, elle grandit sous le joug étouffant d’une mère trop protectrice. Le dégoût de son corps, ses relations ambigües avec les hommes et une sexualité obsédante sont désignés comme symptômes tout trouvés de son anorexie.





Pour donner un nouvel élan à leur existence mal foutue, à deux doigts de se terminer, fallait-il que les deux désespérés se rencontrent ? Peut-être pas forcément, mais en tout cas, leurs chemins se croisent lorsque Arthur vient livrer à Lucille des paquets entiers remplis de Nutrilor. Surprise dans sa faiblesse et dans sa nudité maladive, Lucille ne peut pas mentir à Arthur. C’est le point de départ d’une relation franche qui permettra à deux sensibilités éprouvées de se rapprocher. Les expériences vécues par chacun sont peut-être différentes mais elles se rejoignent dans l’émergence d’une émotion commune qui permettra à Lucille et Arthur de se sentir en phase.



Si Lucille et Arthur sont incapables de se sauver eux-mêmes, en revanche, ils semblent entièrement dévoués à la cause de l’autre. Ils trouvent le courage de sortir de leur existence déplaisante et prennent la fuite vers la Toscane, où ils seront hébergés dans un grand domaine en échange de quelques services. On comprend alors quelle symbolique se dissimule derrière les représentations fréquentes de Lucille et d’Arthur en insectes : petites larves enveloppées dans un cocon trop étroit, elles ne vont pas tarder à révéler le fond exact de leur personnalité. En d’autres termes, le récit de leur escapade est également le récit d’une résilience commune. Le bonheur partagé avec l’autre semble pouvoir abolir le passé, et même s’il revient encore à travers quelques réminiscences et autres mécanismes bien accrochés, il a perdu de sa puissance. Mais le fait est que ce passé a rendu Lucille et Arthur définitivement vulnérables et qu’ils sont mal armés pour faire face aux affronts du quotidien. Un pas de travers, à la moindre difficulté qui surgit, leur bonheur difficilement acquis s’émiette et la malédiction réapparaît, aussi vive qu’auparavant.







On le voit, l’histoire de Lucille et Arthur est très nuancée et ne s’inscrit ni dans la complaisance dans le malheur, ni dans l’enchantement halluciné du bonheur retrouvé. On pourra peut-être se montrer froissé de quelques raccourcis faciles empruntés par Ludovic Debeurme lorsqu’il s’agit d’évoquer le mal-être d’Arthur ou la maladie de Lucille –bien trop entachée par le complexe œdipien- mais on les lui pardonne sans trop de difficultés. Parce qu’il a voulu aborder l’histoire de ses deux personnages sans se montrer trop bavard, on comprend qu’il ait dû consentir à quelques facilités qui se montrent de toute façon bien loin des clichés grotesques que l’on peut parfois trouver dans d’autres récits du même genre. L’essentiel n’était sans doute pas de revenir sur les causes de la fragilité des personnages mais de partager avec eux leurs tentatives de s’arracher de leur passé dans le partage d’une existence commune. Lucille est un récit juste et touchant dont l’humilité permet de faire oublier ses quelques défauts.




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Lucille, tome 2 : Renée

Il y a cinq ans, Ludovic Debeurme invitait à suivre le quotidien de deux adolescents en pleine dérive psychologique. Lucille, étouffée par une mère trop protectrice, et Arthur, repoussé par un père alcoolique et violent, cherchaient respectivement ‘refuge’ dans l’anorexie et le satanisme, jusqu’à leur rencontre, qui fît renaître cette flamme qui avait fui leurs vies depuis déjà trop longtemps et leur permettait de trouver un nouveau refuge : l’amour.



Aujourd’hui, l’auteur livre la suite tant attendue de ce roman intimiste. Le lecteur découvre non seulement ce qu’il advient de Lucille, de retour chez sa mère, et d’Arthur, livré à la dureté du monde carcéral, mais va également faire la connaissance d’autres personnages. Il y a tout d’abord l’héroïne, Renée, une jeune fille torturée qui s’automutile, mais également Arthur, un garçon violent aux gènes suicidaires. Ludovic Debeurme explore une nouvelle fois avec grand brio, le mal-être de ces deux nouveaux écorchés de la vie.



Si la mise en place de ce deuxième volet est un peu plus difficile, Ludovic Debeurme parvient à aborder avec justesse des sujets difficiles tels que l’automutilation, le suicide et les relations parentales et affectives, en évitant de tomber dans le piège du pathos. En refusant de prendre position et en installant le lecteur dans un rôle d’observateur, il laisse ce dernier s’attacher aux personnages et se faire sa propre opinion. L’auteur va au fond de ses personnages et le développement psychologique est d’une finesse incroyable. Malgré la noirceur des destinées et la complexité destructrice des personnages, il parvient tout de même à maintenir une lueur d’espoir salvatrice tout au long du récit.



En s’autorisant plus de 500 pages, Ludovic Debeurme se donne la place et le temps nécessaire pour poser ses personnages et leur histoire en douceur. Une liberté d’expression que l’on retrouve également dans l’absence de cases, permettant ainsi aux personnages de circuler et de s’exprimer sur l’entièreté des pages. Un dessin minimaliste et une économie de moyens qui permet d’aller à l’essentiel, tout en offrant une grande lisibilité et une lecture plus rapide que prévue. En mêlant onirisme au réalisme, en déformant les corps et en noircissant par moments son dessin, l’auteur parvient également à faire ressortir les émotions enfouies et à dévoiler l’indescriptible. Ces quelques scènes qui vont au-delà des mots, insufflent une force incroyable à ce récit qui combine ambiance malsaine à une analyse psychologique poignante.



Me voilà définitivement fan de cet auteur, dont je range précieusement les chefs-d’œuvre auprès de ceux de Charles Burns.
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Epiphania, tome 1

Ca fait longtemps que je dois lire cette BD qui traine dans ma PAL depuis sa sortie...Si j'avais su, je l'aurais lue depuis belle lurette parce qu'on peut dire que j'ai été happée par ce récit qui se situe dans un univers que n'aurait pas renié Charles Burns.

Après une mise en place dont on se demande un peu où elle va nous mener, nous assistons à une catastrophe (naturelle ?) qui, outre des dégats et des morts, laisse dans son sillage des étonnants petits monticules qui s'avèrent être des foetus en gestation...

Le héros, qui a perdu sa femme dans la catastrophe, recueille presque malgré lui un des enfants qui nait de cette étrange fécondation et l'élève comme son fils.

Les mixbodies, ou épiphanians, aux attributs proches de ceux de certains animaux sont rejetés et ne tardent pas à se rebeller.

J'ai trouvé cette BD vraiment chouette. Le postulat de départ est prenant, les personnalités sont intéressantes et j'ai vraiment hate de connaitre la suite de l'histoire.

Côté dessin, c'est assez particulier, avec une mise en couleur toute aussi particulière.

Vite, la suite

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Lucille

Lucille a 16 ans, se trouve moche et est anorexique.

Arthur a 16 ans et ne peut s'empêcher de tout compter tout le temps pour que rien de mal n'arrive.

Ils sont jeunes, ils ont la vie devant eux, mais ils ne la voient pas... Ils ne voient que le mal-être et le malheur qui les rongent.

Ils se trouvent, quand même, s'apprivoisent, s'enfuient et s'aiment en Italie, sous le soleil de Toscane. Mais le drame est à leur trousse...

Le dessin minimaliste, léger mais plein de profondeur de Ludovic Debeurme met joliment et pudiquement en image cette histoire douce-amère, ces deux ados en perdition qui se cherchent et se trouvent.

A lire et à relire, et à découvrir la deuxième partie : Renée.
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La cendre et l'écume

Un arbre qui tombe dans la propriété familiale est l’occasion d’une introspection, d’une réflexion sur la vie, Ludovic Debeurme nous raconte sa famille, ses racines, la mort, le deuil, l’attachement aux lieux, aux pierres, à la nature, l’héritage, matériel et culturel. Le dessin est au trait, pas de contour sur les vignettes, le texte déambule entre les illustrations, tout est souple, ondulant, et un peu sec et austère, c’est son style, sobre et délicat.

Il parle de lui, de sa vie normande, mais son discours est universel, il évoque ce qui nous rattache au passé, les racines, le vivant, la mort. Juste et touchant, “La cendre est l’écume” est à prendre comme il vient, avec la brutalité de la sincérité et la lenteur du temps qui passe, nous laissant le temps de poser notre regard, d’écouter, de sentir, de respirer.

L’œuvre de Ludovic Debeurme peut laisser perplexe, personnellement, il me donne toujours à réfléchir, c’est toujours une découverte inattendue, un beau moment de lecture.

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Epiphania, tome 3

Comme le tome précédent finissait sur un cliffhanger, je m'attendais à ouvrir cet ultime tome sur la suite directe...j'ai donc été plutôt surprise (et même un peu perdue) par l'histoire qui est résumée dans les premières pages. Puis le récit prend une tournure étonnante, avec de nouveaux personnages et un propos qui s'éloigne de la trame des deux premiers opus.

L'histoire évolue de façon (trop) rapide. A tel point que jai eu l'impression que l'auteur a résumé en une centaine de pages une fable écologique et moralisatrice qui aurait du être beaucoup plus longue et plus approfondie. Certains rebondissements auraient amplement mérité d'être plus approfondis.

Si le dessin ne brille pas par sa finesse et sa régularité, j'ai vraiment apprécié le dessin des géants et des élémentaires.
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