Qu'a-t-elle conservé de moi, précisément ? Quelles paroles, quels gestes ? On sous-estime toujours le pouvoir des mots, le poids des actes, leurs empreintes dans le tissu du temps.
Caroline était une fille extra qui par certains côtés me faisait penser à Lili ou encore à Hélène le genre de fille qui s'investit à fond dans son boulot et croit dur comme fer qu'on peut changer le cours des choses, apporter sa pierre à l'édifice, aussi petite soit-elle.
Juste le temps de récupérer, un peu, avant de reprendre son long chemin de solitude.
A ses côtés, Paul, son compagnon, dort profondément. Claire se lève sans faire de bruit. Se dirige vers la chambre de Jules, son fils de deux ans. Elle prend le temps de contempler son visage avant de déposer un baiser sur son crâne. Elle l'embrasse en ayant la désagréable impression de n'être qu'une figurante, ici, chez elle, une actrice de second plan, alors que, paradoxalement, elle tient l'un des premiers rôles dans le groupe de cosmétiques qui l'emploie. Elle pense à cela et son estomac se noue.
"J'avance lentement, avec cette curieuse impression de m'enfoncer dans l'asphalte. J'imagine qu'il va me falloir du temps pour me réadapter. Je suis bien placé, du moins je l'étais autrefois, pour savoir combien la tâche peut être ardue. Mais tout va bien se passer. C'est ce qu'on m' a rabâché maintes et maintes fois."
A la fin de l'audience de conciliation, la juge avait débité son discours en soulignant que monsieur apparaissait comme un personnage imprévisible et violent au passé de délinquant multirécidiviste, sans emploi à ce jour, squattant une caravane et venant de se faire retirer son permis pour conduite en état d'ivresse et qu'au vu de ces éléments, l'enfant serait confié à sa mère. Dans sa grande magnanimité, elle accordait au père un droit de visite sans hébergement un dimanche sur deux de dix heures à dix-huit heures, en attendant que monsieur trouve un logement digne de ce nom pour accueillir l'enfant.
J'ai l'impression de rêver. Tout est si soudain, paraît si irréel : ma sortie, ces retrouvailles, sans compter ces vagues de souvenirs qui resurgissent, se télescopent, me submergent. Je monte dans sa voiture. A l'intérieur, ça sent le tabac froid et quelque chose qui ressemble à de l'eucalyptus. Le cendrier déborde de mégots de cigarettes, de boules de chewing-gum collées dans leurs emballages. Sur la banquette arrière traînent quelques magazines people, une cartouche de News entamée et un sac à main en cuir blanc.
Il avait toujours été en marge. Ou sur le fil du rasoir.
A la merci de ses excès. Et de ses emballements.
J'ai l'impression de rêver. Tout est si soudain, paraît si irréel : ma sortie, ces retrouvailles, sans compter ces vagues de souvenirs qui resurgissent, se télescopent, me submergent. Je monte dans sa voiture. A l'intérieur, ça sent le tabac froid et quelque chose qui ressemble à de l'eucalyptus. Le cendrier déborde de mégots de cigarettes, de boules de chewing-gum collées dans leurs emballages. Sur la banquette arrière traînent quelques magazines people, une cartouche de News entamée et un sac à main en cuir blanc.
Francine n'était pas avare en attentions, ces petites choses de rien du tout comme un clin d’œil, une caresse, un compliment, que les enfants ingéraient jour après jour, semaine après semaine, et qui les rendaient assurément plus beaux, plus forts, plus sûrs d'eux.