Présenté par Robert Maggiori, philosophe co-fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco et critique littéraire. « Lettres à sa famille. Correspondances croisées 1908-1951 », Ludwig Wittgenstein, Édition de Brian McGuiness, traduction de Françoise Stonborough, @Éditions Flammarion , 414 pp., 26
La philosophie est une lutte contre la manière dont le langage ensorcelle notre intelligence.
On entend toujours cette même remarque : que la philosophie ne fait à proprement parler aucun progrès, que les mêmes problèmes philosophiques qui occupaient déjà les grecs nous occupent encore. Mais ceux qui disent cela ne comprennent pas la raison pour laquelle il doit en être ainsi. Or cette raison est que notre langue est demeurée identique à elle-même, et qu'elle nous dévoie toujours vers les mêmes questions. Tant qu'il y aura un verbe « être » qui semblera fonctionner comme fonctionnent « manger » et « boire », tant qu'il y aura les adjectifs « identique », « vrai », « faux », « possible », les hommes viendront toujours heurter à nouveau les mêmes difficultés énigmatiques et contempler d'un air fixe ce dont aucune explication ne semble pouvoir venir à bout.
(Remarques Mêlées, cité par E. Klein dans Matière à penser.)
When you are philosophising you have to descend into primeval chaos and feel at home there.( En philosophant vous devez descendre dans un chaos primitif, et vous y sentir à l'aise )
La méfiance envers la grammaire est la première condition pour faire de la philosophie.
6. 52 – Nous sentons que même si toutes les possibles questions scientifiques ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n’ont pas même été effleurés. Assurément il ne subsiste plus alors de question ; et cela même constitue la réponse.
Je l’avoue, je tombe ici dans un langage figuré et mystique ; mais c’est le seul qui permette encore de s’exprimer en quelque façon sur ce sujet totalement transcendant.
5. 241 – L’opération ne caractérise point de forme, mais rien que la différence entre les formes.
Au bonheur des ogres est