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Critiques de Ludwig Wittgenstein (23)
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Tractatus logico-philosophicus

« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »





Donc je me tais. En tout cas, j’aimerais me taire… mais ce ne serait pas assez vendeur et je n’aurais pas le plaisir de pouvoir disserter sur ce Tractatus politico-philosophicus à mon aise. Certainement, Ludwig Wittgenstein ne devait pas être publicitaire, comme il ne devait pas être très causant non plus à table ou en promenade. Car enfin, parler du langage comme on parlerait d’un joint de culasse, ça ne ressemble à rien d’humain, et à cette vision de la communication, nous pourrions opposer celle plus sensible (mais aussi moins théorique et peut-être plus sincère) de Margaret Atwood :





« Nous aurions hoché la tête pour ponctuer les dires les unes des autres, et montrer que oui, nous connaissons bien tout cela. Nous aurions échangé des remèdes, et tenté de nous surpasser mutuellement dans la litanie de nos misères physiques ; doucement, nous nous serions plaintes, à voix basse, sur un ton mineur et mélancolique comme des pigeons sur les rebords des gouttières. […] Comme je méprisais ces conversations. Maintenant je soupire après elles. Au moins, nous parlions. Un échange, du moins. »





Oui mais… ce n’est pas ce à quoi devrait servir le langage selon Ludwig. Le langage doit servir à transmettre des informations sur le monde selon des règles logiques qui relèvent de l’axiomatique. La simplicité dans ce domaine devrait être notre unique souci. Mais ce n’est pas le cas et depuis que la communication existe, il semblerait que de sérieux barjos aient essayé de rendre le langage tordu en voulant lui faire dire ce qu’il ne peut pas exprimer. A partir du moment où l’homme a développé un réseau de cellules grises trop dense, les choses se sont détraquées. Les propositions insensées et vides de sens (à ne pas confondre) ont pullulé et peuplent le monde, nourrissant la solitude et l’incompréhension des hommes.





Avant de poursuivre plus loin, rappelons ce commentaire primordial de Wittgenstein sur son Tractatus :





« À côté de choses bonnes et originales, mon livre, le traité log.phil., contient aussi sa part de kitsch »





Ce serait une grave erreur de l’oublier. Malgré son nom pompeux, son style sec et rébarbatif de manuel de logique et son aspect purement théorique, le Tractatus logico-philosophicus est un livre d’une originalité redoutable, qui manie l’humour dans la plus grande discrétion pour un résultat des plus corsés. Mais soyons simples et ne tournons pas autour du pot, poursuivons l’enseignement du Tractatus : ce livre est aussi une vaste entreprise de foutage de gueule. Etudiants sérieux et érudits, vous pourrez certainement trouver entre ses pages une nourriture intellectuelle qui vous confortera l’espace de quelques dizaines de minutes, mais bientôt un doute viendra vous assaillir… rien ne tient la route dans ce traité ! en quelques propositions, tout s’effondre, pour peu que l’on décèle dans le texte sa propre contradiction.





Wittgenstein écrit une critique acerbe de la complexité factice que les hommes confèrent au monde par le biais du langage. Pourtant, il a sans doute atteint l’apogée de cette complexité spéculative en rédigeant son Tractatus logico-philosophicus. Vous avez le temps d’aller vous faire cuire un œuf jusqu’à ce que vous ayez réussi à déchiffrer cette proposition :





« 6. 241 – C’est ainsi que la preuve de la proposition 2 x 2 = 4 se lit :

(Ωv)n'x = (Ωvxn')x Def.,

Ω2x2'x = (Ω2)2'x = (Ω2)1+1'x = Ω2'Ω2'x = Ω1 + 1'Ω1 + 1'x

= (Ω'Ω)'(Ω'Ω)'x = Ω'Ω'Ω'Ω'x = Ω1 + 1 + 1 + 1'x = Ω4'x. »





En fait, n’essayez même pas, ça ne sert à rien.

Wittgenstein détruit la philosophie en tant que discipline qui ne propose aucune nouvelle proposition mais qui essaie seulement (et souvent vainement) d’éclaircir celles qui existent déjà. La philosophie ne sert à rien et ne produit que du non-sens. Et dans ce domaine, Wittgenstein rafle toutes les médailles. Sa propre philosophie ne vaut pas mieux. Il ne s’en cache pas et n’essaie même pas de se justifier. Au moins son Tractatus semble-t-il sincère et humain. Emil Cioran et son principe de contradiction semblent veiller entre les lignes des propositions de Wittgenstein.





Et que dire de la conclusion de cet ouvrage, qui est une merveille à elle seule ? « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » Fallait-il des pages de propositions pour en arriver là ? Oui, sans doute. Approuvant cette conclusion, allons-nous nous taire pour autant ? Non, certainement pas. Et voici la condition absurde de l’être humain définie en une phrase. C’est cruellement tordant, et c’est écrit dans le langage le plus sévère possible. Wittgenstein est un pince-sans-rire doué, un comédien nihiliste du plus grand talent. Il faut se promener entre ses citations comme entre des prototypes humanoïdes d’une invention nouvelle, un peu dégénérés et pourtant fidèles à leur sujet de représentation. Les propositions sont effectivement d’une beauté kitsch et si on ne peut les apprécier pleinement pour leur valeur logique incomplète, on pourra s’émerveiller de leur pertinence psychologique. On cheminera entre le loufoque hallucinogène (« 2. 0232 – Soit dit en passant : les objets sont incolores »), on retrouvera de l’existentialisme sartrien (« 2. 024 – La substance est ce qui existe indépendamment de ce qui arrive »), un éloge à la relativité (« 6. 43 – […] Le monde de l’homme heureux est un autre monde que celui du malheureux »), ou l’espoir que des univers infinis à la Kundera existent malgré tout (« 2. 014 – Les objets contiennent la possibilité de tous les états de choses »).





Le Tractatus logico-philosophicus contient un secret : en donnant l’impression de parler de logique sur un mode ennuyeux, il ouvre la porte sur un univers dérangé et chatoyant, aussi envoûtant que les mondes étranges imaginés par Philip K. Dick. On atteint la science-fiction de plus grande qualité, et c’est peut-être de cela dont voulait parler Wittgenstein lorsqu’il évoquait l’importance de l’acte de « montrer ». Alors taisons-nous, et « montrons »…





« 5. 511 – Comment la logique qui embrasse toute chose, qui reflète le monde, peut-elle avoir recours à des attrapes et à des manipulations aussi spéciales ? Pour la seule raison que ces moyens sont liés en un filet infiniment subtil, au grand miroir. »
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Tractacus logico-philosophicus suivi de

« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »





Donc je me tais. En tout cas, j’aimerais me taire… mais ce ne serait pas assez vendeur et je n’aurais pas le plaisir de pouvoir disserter sur ce Tractatus politico-philosophicus à mon aise. Certainement, Ludwig Wittgenstein ne devait pas être publicitaire, comme il ne devait pas être très causant non plus à table ou en promenade. Car enfin, parler du langage comme on parlerait d’un joint de culasse, ça ne ressemble à rien d’humain, et à cette vision de la communication, nous pourrions opposer celle plus sensible (mais aussi moins théorique et peut-être plus sincère) de Margaret Atwood :



« Nous aurions hoché la tête pour ponctuer les dires les unes des autres, et montrer que oui, nous connaissons bien tout cela. Nous aurions échangé des remèdes, et tenté de nous surpasser mutuellement dans la litanie de nos misères physiques ; doucement, nous nous serions plaintes, à voix basse, sur un ton mineur et mélancolique comme des pigeons sur les rebords des gouttières. […] Comme je méprisais ces conversations. Maintenant je soupire après elles. Au moins, nous parlions. Un échange, du moins. »





Oui mais… ce n’est pas ce à quoi devrait servir le langage selon Ludwig. Le langage doit servir à transmettre des informations sur le monde selon des règles logiques qui relèvent de l’axiomatique. La simplicité dans ce domaine devrait être notre unique souci. Mais ce n’est pas le cas et depuis que la communication existe, il semblerait que de sérieux barjos aient essayé de rendre le langage tordu en voulant lui faire dire ce qu’il ne peut pas exprimer. A partir du moment où l’homme a développé un réseau de cellules grises trop dense, les choses se sont détraquées. Les propositions insensées et vides de sens (à ne pas confondre) ont pullulé et peuplent le monde, nourrissant la solitude et l’incompréhension des hommes.





Avant de poursuivre plus loin, rappelons ce commentaire primordial de Wittgenstein sur son Tractatus :





« À côté de choses bonnes et originales, mon livre, le traité log.phil., contient aussi sa part de kitsch »





Ce serait une grave erreur de l’oublier. Malgré son nom pompeux, son style sec et rébarbatif de manuel de logique et son aspect purement théorique, le Tractatus logico-philosophicus est un livre d’une originalité redoutable, qui manie l’humour dans la plus grande discrétion pour un résultat des plus corsés. Mais soyons simples et ne tournons pas autour du pot, poursuivons l’enseignement du Tractatus : ce livre est aussi une vaste entreprise de foutage de gueule. Etudiants sérieux et érudits, vous pourrez certainement trouver entre ses pages une nourriture intellectuelle qui vous confortera l’espace de quelques dizaines de minutes, mais bientôt un doute viendra vous assaillir… rien ne tient la route dans ce traité ! en quelques propositions, tout s’effondre, pour peu que l’on décèle dans le texte sa propre contradiction.





Wittgenstein écrit une critique acerbe de la complexité factice que les hommes confèrent au monde par le biais du langage. Pourtant, il a sans doute atteint l’apogée de cette complexité spéculative en rédigeant son Tractatus logico-philosophicus. Vous avez le temps d’aller vous faire cuire un œuf jusqu’à ce que vous ayez réussi à déchiffrer cette proposition :





« 6. 241 – C’est ainsi que la preuve de la proposition 2 x 2 = 4 se lit :

(Ωv)n'x = (Ωvxn')x Def.,

Ω2x2'x = (Ω2)2'x = (Ω2)1+1'x = Ω2'Ω2'x = Ω1 + 1'Ω1 + 1'x

= (Ω'Ω)'(Ω'Ω)'x = Ω'Ω'Ω'Ω'x = Ω1 + 1 + 1 + 1'x = Ω4'x. »





En fait, n’essayez même pas, ça ne sert à rien.

Wittgenstein détruit la philosophie en tant que discipline qui ne propose aucune nouvelle proposition mais qui essaie seulement (et souvent vainement) d’éclaircir celles qui existent déjà. La philosophie ne sert à rien et ne produit que du non-sens. Et dans ce domaine, Wittgenstein rafle toutes les médailles. Sa propre philosophie ne vaut pas mieux. Il ne s’en cache pas et n’essaie même pas de se justifier. Au moins son Tractatus semble-t-il sincère et humain. Emil Cioran et son principe de contradiction semblent veiller entre les lignes des propositions de Wittgenstein.





Et que dire de la conclusion de cet ouvrage, qui est une merveille à elle seule ? « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » Fallait-il des pages de propositions pour en arriver là ? Oui, sans doute. Approuvant cette conclusion, allons-nous nous taire pour autant ? Non, certainement pas. Et voici la condition absurde de l’être humain définie en une phrase. C’est cruellement tordant, et c’est écrit dans le langage le plus sévère possible. Wittgenstein est un pince-sans-rire doué, un comédien nihiliste du plus grand talent. Il faut se promener entre ses citations comme entre des prototypes humanoïdes d’une invention nouvelle, un peu dégénérés et pourtant fidèles à leur sujet de représentation. Les propositions sont effectivement d’une beauté kitsch et si on ne peut les apprécier pleinement pour leur valeur logique incomplète, on pourra s’émerveiller de leur pertinence psychologique. On cheminera entre le loufoque hallucinogène (« 2. 0232 – Soit dit en passant : les objets sont incolores »), on retrouvera de l’existentialisme sartrien (« 2. 024 – La substance est ce qui existe indépendamment de ce qui arrive »), un éloge à la relativité (« 6. 43 – […] Le monde de l’homme heureux est un autre monde que celui du malheureux »), ou l’espoir que des univers infinis à la Kundera existent malgré tout (« 2. 014 – Les objets contiennent la possibilité de tous les états de choses »).





Le Tractatus logico-philosophicus contient un secret : en donnant l’impression de parler de logique sur un mode ennuyeux, il ouvre la porte sur un univers dérangé et chatoyant, aussi envoûtant que les mondes étranges imaginés par Philip K. Dick. On atteint la science-fiction de plus grande qualité, et c’est peut-être de cela dont voulait parler Wittgenstein lorsqu’il évoquait l’importance de l’acte de « montrer ». Alors taisons-nous, et « montrons »…





« 5. 511 – Comment la logique qui embrasse toute chose, qui reflète le monde, peut-elle avoir recours à des attrapes et à des manipulations aussi spéciales ? Pour la seule raison que ces moyens sont liés en un filet infiniment subtil, au grand miroir. »

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De la certitude

C'est dans ce livre qu'on trouve la proposition qui fait délirer :





« 207. C'est un coup du sort étrange : tous les hommes dont on a ouvert le crâne avaient un cerveau ! »





Lu comme ça, ça semble dingue. Mais bon, faudrait pas oublier que nous sommes en présence d'un discours philosophique. On peut donc émettre des propositions qui, dans un autre contexte, sembleraient décalées.





« 467. Je suis assis avec un philosophe dans le jardin ; il dit à maintes reprises : « Je sais que ceci est un arbre » tout en désignant un arbre près de nous. Une tierce personne arrive et entends cela, et je lui dis : « Cet homme n'est pas fou. Nous faisons de la philosophie. » »





Pourquoi, dans un cas, cela semble fou, et pourquoi, dans un autre cas, cela semble normal ? Ce n'est pas lié à la nature des propositions. C'est lié au contexte. Il n'y a donc pas de proposition absolument vraie ou de proposition absolument fausse. Wittgenstein parle de jeux de langage.





« 457. Vais-je donc dire que la certitude réside dans la nature du jeu de langage?»





Le jeu de langage découle de notre primitivité animale. Avant d'être pensants, nous sommes agissants. Nous avons des façons d'agir instinctives et le langage ne serait qu'un développement à pleine plus complexe de ces attitudes. Il a surgi non pas pour fonder des vérités absolues mais pour articuler des propositions qui fonctionnent comme des articulations logiques. Wittgenstein compare les certitudes à des gonds. Elles ne sont pas objets de la connaissance mais elles forment la base pratique permettant de décrire l'environnement dans lequel nous évoluons. En fait, la principale erreur serait de confondre la croyance qui sous-tend la connaissance avec la connaissance en elle-même. Si tant est que celle-ci existe.





Pourquoi ce livre est inévitable :

1) Il constitue la base d'un anarchisme épistémologique. Il nique donc les dogmatismes.

2) Il remet l'homme à sa place en lui rappelant les origines physiologiques du développement de sa pensée et de son langage.

3) Il s'efforce de poser un regard naïf sur notre monde saturé de raccourcis (« 148. Pourquoi est-ce que je ne m'assure pas que j'ai deux pieds quand je veux me lever de ma chaise ? Il n'y a pas de pourquoi. Je ne le fais pas, c'est tout. C'est ainsi que j'agis. »)

4) Et en même temps il nous apprend à relativiser et à nous défaire de notre paranoïa. Qu'il n'y ait pas forcément de raison (de douter, de remettre en question, de vérifier) est nécessaire pour vivre. le doute qui doute de tout n'existe pas puisque, pour douter, il faut au moins avoir la certitude que le langage et le petit cerveau qui permettent de communiquer la nature du doute sont appropriés.





Presque à la fin, Wittgenstein écrit : « 618. Ce serait donc comme s'il fallait que le jeu de langage « montre » les faits qui le rendent possible. »

Et c'est plutôt intéressant, si on compare à ceci qu'il avait plus tôt écrit dans le Tractatus Logico-philosophicus : « 6. 522- Il y a assurément de l'inexprimable. Celui-ci se montre, il est l'élément mystique. »





Voilà ça évitera de perdre son temps dans les débats des emmerdeurs la prochaine fois.


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Leçons et conversations sur l'esthétique, la ps..

Ludwig Wittgenstein a tenu messe pour quelques étudiants privilégiés lors de conférences privées données à Cambridge en été 1938. Les élèves assidus ont rempli des feuillets de notes, regroupés pour former cet ouvrage qui n’a été ni relu, ni vérifié par Wittgenstein lui-même. Présentons brièvement l’objectif pédagogique poursuivi par Wittgenstein : « Changer de style de pensée, c’est ce qui compte dans ce que nous faisons. Changer le style de pensée, c’est ce qui compte dans ce que je fais, et persuader les gens de changer leur style de pensée, c’est ce qui compte dans ce que je fais. »





Je commencerai dans le désordre, c’est-à-dire par le chapitre de cet ouvrage qui est censé m’intéresser le plus : celui qui concerne Freud et la psychanalyse. Wittgenstein se montre particulièrement critique vis-à-vis de la méthode employée par Freud en ce qu’il n’en comprend pas le point d’origine. A quel moment devons-nous arrêter une suite d’associations libres pour en faire une interprétation ? Qui décide de la pertinence de ce moment, et selon quels critères ? Wittgenstein regrette que la psychanalyse ne soit pas une science véritablement objective qui, à la manière des sciences physiques, puisse s’appuyer sur des « preuves » - c’est-à-dire des évènements agissant sur le monde matériel et pouvant être mesurés et reproduits. Wittgenstein, qui remet habituellement en cause le sens supposé de chaque mot que la banalité d’un usage automatique aurait vidé de son sens, n’interroge pas cette fois la nature du discours scientifique, ni le caractère de véracité attribué aux preuves découlant de l’expérience scientifique. Il s’agace surtout de voir un Freud qui voudrait enfermer certains phénomènes, tels que les rêves, dans le cadre d’un système qui n’admettrait aucune contradiction. « Il [Freud] voulait trouver une explication unitaire qui montrerait ce que c’est que rêver. Il voulait trouver l’essence du rêve. Et il aurait écarté toute idée qui aurait tendu à suggérer qu’il pourrait avoir raison partiellement, sans avoir raison absolument. Être partiellement dans l’erreur, cela aurait signifié pour lui qu’il se trompait du tout au tout – qu’il n’aurait pas trouvé réellement l’essence du rêve ». Balayant l’œuvre de Freud d’un regard sceptique, Wittgenstein tire de ces observations la conclusion que les idées de la psychanalyse n’ont suscité l’intérêt – et n’ont parfois fonctionné – que parce que celles-ci étaient plaisantes et parce qu’elles avivaient cette part de curiosité que l’homme éprouve pour tout ce qui lui semble en lui inconnu. La psychanalyse ne serait donc qu’un mythe, remarque Wittgenstein, et elle serait loin de pouvoir s’estampiller du caractère scientifique dont elle a parfois prétendu se parer. Sentant toutefois que ce disant, il passe à côté de quelque chose qui l’intéresse suffisamment pour qu’il en parle, Wittgenstein note : « Le genre d’esprit critique qui nous aiderait à étudier Freud devrait aller profond ; et il n’est pas commun. »





Ce genre d’esprit critique s’appelle évidemment Jacques Lacan, et de l’œuvre de Wittgenstein, Lacan écrivit : « Cette tentative d’articuler ce qui résulte d’une considération de la logique telle qu’elle puisse se passer de toute existence du sujet vaut bien d’être suivie dans tous ses détails et je vous en recommande la lecture ». Cette tentative peut-être réussir réellement ? Lacan a su définir le point d’origine et les coordonnées du graphe dans lequel s’est constitué le discours de la psychanalyse tel qu’élaboré par Freud – manque que Wittgenstein avait déploré en se demandant à quel moment pouvait s’arrêter une interprétation – mais le référentiel permettant d’asseoir la logique propre aux réflexions de Wittgenstein semble encore très indéfini. Toujours pour reprendre Lacan, voici en quelques lignes l’exposé du problème : « Wittgenstein, pendant toute sa vie, avec un ascétisme admirable, a énoncé ceci que je concentre, ce qui ne peut pas se dire, eh bien, n’en parlons pas. Moyennant quoi il pouvait dire presque rien. A tout instant, il descendait du trottoir et il était dans le ruisseau, c’est-à-dire qu’il remontait sur le trottoir, le trottoir défini par cette exigence ». Autrement dit, quelle sera l’astuce rhétorique ou logique mise en œuvre pour qu’il soit possible d’examiner la structure du langage de manière objective tout en en restant colonisé par lui ? Wittgenstein lui-même remarque qu’il n’est pas possible de se déprendre de la structure de la parole en elle-même, qui s’inscrit dans le creux d’une certaine forme matérielle en ce qu’elle implique de limites et de nécessités pour se mouvoir dans un monde à trois dimensions. « Si vous arriviez dans une tribu dont vous ne connaîtriez pas du tout le langage et que vous vouliez savoir quels mots correspondent à nos « beau », « bon », etc., où est-ce que vous iriez chercher ? Vous chercheriez des sourires, des gestes, de la nourriture, des jouets. ([Réponse à une objection :] si vous alliez sur Mars et que les habitants fussent des sphères d’où sortent des bâtons, vous ne sauriez pas quoi rechercher. »





Wittgenstein remarque en l’usage de la parole une imperfection à dire tout ce qu’il en est de l’expérience du monde : « nos mots ne veulent exprimer que des faits ; comme une tasse à thé qui ne contiendra jamais d’eau que la valeur d’une tasse, quand bien même j’y verserais un litre d’eau ». D’une certaine manière pascalienne, Wittgenstein semble sous-entendre que cette inadéquation du mot, notamment lorsqu’il se veut à usage scientifique, témoigne de la misère de l’homme qui est réduit à ne pas pouvoir tout nommer de la totalité de l’expérience qu’il parvient pourtant à se représenter ou à pressentir – et témoigne également de sa grandeur puisque l’homme peut accéder à ce surnaturel, quand bien même la tentative de l’exprimer ne lui semblerait jamais autre que décevante et incomplète. Nous nous souvenons alors de la très fameuse maxime du Tractactus : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » - et ce qui ne peut être dit peut être montré. « Le genre d’esprit critique » que Wittgenstein recherchait, Lacan, a reconnu de même que toute la vérité ne peut être dite et qu’il n’est possible que de tendre au mieux vers la possibilité d’en réaliser la plus complète expression – mais le renoncement à dire et à symboliser n’appartient certes pas au domaine de la psychanalyse.





Lacan a cependant pu se sentir proche de Wittgenstein en ce qu’il pressent de ce que son travail signifie : « Il n’y a de sens que du désir [...] ; de vérité que de ce qu’il cache, ledit désir, de son manque pour faire mine de rien de ce qu’il trouve » et qu’il permet d’avancer dans la « détection de la canaillerie philosophique », c’est-à-dire dans la détection des discours de certains hommes qui pensent pouvoir domestiquer le mot pour faire advenir leur fantasme d’un monde qui serait à leur image. Wittgenstein le remarque très bien lorsqu’il critique la séduction que peuvent exercer les interprétations psychanalytiques ou le mysticisme mathématique (« Cf. Cantor : comme il est merveilleux, écrivait-il, que le mathématicien puisse, dans son imagination, transcender toutes limites. Je ferai l’impossible pour montrer les effets du charme et des associations des mathématiques avec lui. Comme il s’agit de mathématiques ou de physique, la chose a l’air incontestable, ce qui lui donne un charme encore plus grand), mais encore l’éthique qui, dans la mesure où elle naît « du désir de dire quelque chose de la signification ultime de la vie, du bien absolu, de ce qui a une valeur absolue, [...] ne peut pas être science ». Wittgenstein parvient ainsi à détecter les risques de canaillerie philosophique partout où ils peuvent se dissimuler, sauf dans la science en elle-même, qu’il n’interroge pas et à laquelle il se borne. Sans doute est-ce ce fameux trottoir sur lequel il vient se réfugier lorsqu’il ne reste plus d’autre ancrage de référence solide. Il semble que ce soit ainsi presque à son corps défendant que Wittgenstein parvienne à écrire cette magnifique réflexion sur l’éthique à l’issue de laquelle il constate, du manque qui en émerge, du reste déchu, qu’autre chose que la simple efficacité matérielle conduit l’homme.





« [...] nous ne pouvons pas exprimer ce que nous voulons exprimer et tout ce que nous disons du miraculeux absolu demeure non-sens. [...]

Nous n’avons pas encore réussi à trouver l’analyse logique correcte de ce que nous désignons en esprit par nos expressions éthiques et religieuses. [...]

Ce qui revient à dire ceci : je vois maintenant que si ces expressions n’avaient pas de sens, ce n’est pas parce que les expressions que j’avais trouvées n’étaient pas correctes, mais parce que leur essence même était de n’avoir pas de sens. En effet, tout ce à quoi je voulais arriver avec elles, c’était d’aller au-delà du monde, c’est-à-dire au-delà du langage signifiant. Tout ce à quoi je tendais – et, je crois, ce à quoi tendent tous les hommes qui ont une fois essayé d’écrire ou de parler sur l’éthique ou la religion – c’était d’affronter les bornes du langage. C’est parfaitement, absolument sans espoir de donner ainsi du front contre les murs de notre cage. Dans la mesure où l'éthique naît du désir de dire quelque chose de la signification ultime de la vie, du bien absolu, de ce qui a une valeur absolue, l'éthique ne peut pas être science. Ce qu'elle dit n'ajoute rien à notre savoir, en aucun sens. Mais elle nous documente sur une tendance qui existe dans l’esprit de l’homme, tendance que je ne puis que respecter profondément quant à moi, et que je ne saurais sur ma vie tourner en dérision. »





En quelque sorte, si Wittgenstein poursuit l’objectif salutaire de secouer les mots lorsqu’ils sont devenus monnaie de singe et de désamorcer les pièges issus de certains jeux de mots dans certains contextes – ce qui revient à parler de l’usage mondain des mots comme objet de reconnaissance au sein d’une caste – il semble étrange qu’il accorde une telle confiance à ce qui pourrait être un usage scientifique de la raison pour s’aider à se repérer. Son seul défaut, mais non le moindre, serait-il de n’avoir pas su reconnaître le discours scientifique comme un autre type de jeux de langage ? Lacan l’a fait, et s’il a reconnu qu’il n’était pas possible de parler de nulle part et qu’il n’est donc pas possible de parler extérieurement du langage, comme si nous n’étions pas par lui envahis, puisque nous nous y trouvons, il a toutefois avancé l’idée qu’il soit possible de parler d’un type de jeux de langage depuis un autre type dont les coordonnées seraient repérées afin que, de leur écart logique, une compréhension des enjeux implicites et des conséquences de chacun puisse se constituer.

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Tractatus logico-philosophicus

Un de ces monuments que l'on peut, si on le souhaite, visiter plusieurs fois, et selon diverses modalités. Seul, encordé avec un bon guide, après avoir lu et relu quelques exégèses,après avoir fait un parcours de la philosophie, après avoir tout oublié, pour le plaisir de la redécouverte, pour se rendre compte de la profondeur de sa propre ignorance, pour en entrevoir les raisons, etc.

Et pour la note, bien se dire que celle-ci n'est pas forcément en rapport avec

sa propre intelligence de lecteur , ni sa compréhension de l'oeuvre.(je parle pour moi, bien sûr)
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Tractatus logico-philosophicus

L'auteur prévient : « La vérité des pensées ici communiquées me semble intangible et définitive. Mon opinion est donc que j'ai, pour l'essentiel, résolu les problèmes de manière définitive »

L'attitude me gêne.

Wittgenstein rejette la préface de son collègue logicien Bertrand Russel, et du coup cet antagonisme laisse ouverte la question du vrai motif, mais il est déjà clair que le débouché du livre sur le mysticisme ne convient pas à Russel.

2ième avertissement de l'auteur : « Il se peut que le livre ne soit compris que par celui qui aura lui-même déjà pensé les pensées qui y sont exprimées »

Comme Russel n'a pas été invité à apporter son aide, alors je trouve à la bibliothèque un petit livre « le vocabulaire de Wittgenstein ».

Là on découvre que le vocabulaire change de sens, non pas deux fois comme on parle de deux philosophies de Wittgenstein, mais plusieurs fois. Adieu la logique qui surplombe, plus mathématique que les mathématiques !

Et puis la méthode continue à flairer le kantisme : la dualité définitive dicible/indicible qui rappelle les catégories phénomènes/noumènes, l'espace et le temps toujours placés sur le même plan, et peut-être bientôt la chute assez navrante de « la critique de la raison pure ».

Les commentateurs ont trouvé du grain à moudre, le rayon de ma bibliothèque municipale est déjà presque aussi fourni que celui accordé à Spinoza.

Alors sur le fond, il faudrait y aller patiemment, au rythme où le sujet devrait monter au cerveau du lecteur… Je ne crois pas que j'y reviendrai.
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De la certitude

Comme le dit la préface de la traductrice, (Danièle Moyal-Sharrock) qui résume ce livre : De la certitude (Über Gewissheit) est un ensemble de notes écrites par Wittgenstein lors des dix-huit derniers mois de sa vie, entre 1949 et 1951. De la certitude est focalisé sur un problème classique de l’épistémologie (l’étude et la connaissance scientifique / générale). Wittgenstein réagit à George Edward Moore qui ce dernier visait à prouver notre connaissance.



Ici nous avons un même sujet qui est questionné et re-questionné tout en rajoutant à chaque fois une information supplémentaire, qui delà naît ce débat philosophique.

Les connaissances apprissent le long de notre existence résonnent en nous tôt ou tard par des remises en question sur ce qui nous touche, sur soi, et ce décor visible comme le nez au milieu du visage mais qu’on ne prêtait pas attention. Le tout devient soudainement autre chose.

Mais pour arriver à penser sur un sujet, une action ; il faut avoir les mots, prendre le temps de se poser, d’observer, de sortir de l’unique point de vue qu’on siège.

Le problème principal réside dans l’être humain qui est persuadé d’avoir raison car la majorité, les études scientifiques, sondages, médias… : appuient les dires sur une population crédule qui réagit très peu contre. Mais nous le sommes tous, causés par de mauvaises informations mélangées à du vrai. Ce qui créer beaucoup de maux et une perte de temps.



Ce n’est pas simple de suivre les pensées de Wittgenstein, mais le sujet est très intéressant.

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Tractatus logico-philosophicus

Livre à lire religieusement devant ce grand penseur que fut Wittgenstein, ou comme un recueil de blagues. Je penche vers la 2 ème proposition car comment prendre au serieux un livre avec un tel titre et avec cette succession de courtes sentences dont on peut faire dire ce que l'on veut. La dernière sentence est peut-être la clef de l'énigme. Livre historique sans conteste, mais pour apprécier Wittgenstein, il vaut mieux lire ses autres livres publiés après sa mort.
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Tractatus logico-philosophicus

Indicible merveille
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Tractatus logico-philosophicus

Un petit bouquin bien aride , qui devrait être vendu avec une bouteille d'eau
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Tractatus logico-philosophicus

Le monde est tout ce qui a lieu et ce qui a lieu ne peut être que la subsistance d'un état de choses.



Les faits dans l'espace sont logiques et nourrissent le monde.



Une connexion entre objets uniquement basée sur la cohérence de leurs transactions dont chacune d'entre-elle possède son propre état de chose.



Rien n'est accidentel mais attaché à la manière d'être d'un ensemble dont les arcanes sont déjà prédéfinis dans sa nature.



En connaissant parfaitement l'objet avec lequel nous sommes en rapport, nous pouvons en définir la totalité des occurrences dans chacun de ses états de choses.



Les objets sont la substance du monde, ils contiennent le potentiel de toutes les situations en relation avec leur façon d'agir ne pouvant être qu'un énoncé précis correspondant à ce qu'ils sont.



Il s'avère donc inutile et déplacé de mentionner un état de chose n'étant pas en résonance avec la réalité de ce qu'il côtoie.



Un état de chose possible dans un espace que nous pouvons considérer comme vide sans pour autant le priver des éléments qu'il l'anime.



La substance est forme et contenu et ne peut subsister que dans la réalité de ses situations dont le langage doit impérativement s'adapter.



Parler de ce que l'on ignore ne peut se rapprocher que d'une extrapolation insipide, dénaturant le comportement d'une chose dont le véritable déterminisme ne peut qu'appartenir qu'à ce qu'elle montre dans la réalité et que nous devons absolument respecter dans nos descriptions.



De ce fait nos perceptions autres que celles que nous côtoyons dans la vie courante n'appartiennent qu'à notre vision des choses et ne représentent aucune valeur susceptible d'être en rapport avec tout ce qui défile sous nos yeux à chaque instant.



La réalité des évènements devient alors une sorte de chose en soi implacable et étouffante dont nous ne pouvons nous extraire.
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Tractatus logico-philosophicus

La brièveté du traité joue en sa faveur : présentées ainsi les expressions vous prennent de court, Wittgenstein vous emmène dans ses "évidences". Sans doute le meilleur essai de la philosophie analytique que le Cercle de Vienne n'a pas compris : lire la section sur le Mystique, qui était important pour Wittgenstein tout comme la philosophie (qu'il ne voulait pas "détruire"...).
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Tractacus logico-philosophicus suivi de

Dur, quand même, à lire
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Recherches philosophiques

Wittgenstein n'était pas satisfait de la forme de cet essai qui ne sera publié qu'après sa mort. Il est vrai que l'ensemble n'apparaît pas comme achevé : l'ouvrage est d'ailleurs parfois plus interrogatif qu'affirmarif. La rédaction se situe entre le traité et l'argumentation dialogique.



On lit ici le Wittgenstein du jeu de langage. Je ne crois pas qu'on puisse véritablement séparer ce Wittgenstein du Wittgenstein du Tractatus. C'est même le contraire : c'est le Tractatus qu'on a mal compris, même si il le nuance. Son projet philosophique général est le même.



Ce livre est exploratoire. Moins systémique que le Tractatus il est aussi plus ouvert et plus axé sur la quotidienneté. Une argumentation à la fois moins aride et plus relâchée, plus riche et moins structurée.



Wittgenstein reste à mes yeux le meilleur des philosophes analytiques.
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Tractatus logico-philosophicus

Ce livre est tout simplement incroyable ... car il n'a pas d'équivalent.

A sa lecture, j'ai cette impression que l'auteur est un traducteur.

Ce livre est une traduction littéraire des mathématiques, de ses formules et théorèmes.

Il faudrait aborder ce livre non pas comme un écrit mais une oeuvre mathématique sous une forme différente. L'approche est donc d'une originalité absolue.

Les lettres et les chiffres sont par nature séparées, les disciplines et son enseignement sont séparés ... c'est quasi-hermétique ... Wittgenstein les réunit dans ce livre ! Il fait des mathématiques sans utiliser de chiffres !
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Tractacus logico-philosophicus suivi de

Le monde de Wittgenstein repose sur la logique exclusivement. La tâche de la philosophie doit être de clarifier les discours qui depuis la nuit des temps s'embourbent dans des propositions indécidables qui mobilisent les esprit à s'exercer sur rien. Toutes les propositions utiles sont celles qui donnent une image du monde, et elles ne le font que si elles se basent sur la logique.



Fort heureusement, l'être humain est doté à la naissance de cette logique qui lui permet de prononcer des propositions sur le monde, qui n'est rien que le regard logique qu'il porte sur lui. D'ailleurs, il est incapable de penser illogiquement. Mais là où il se trompe, c'est lorsque il ne fait pas l'effort de trier ses énoncés et qu'il parle à tort et à travers en versant par agrément dans la mystique, c'est-à-dire qu'il parle de ce qu'il méconnaît ou de ce qui ne peut être dit, de toutes ces choses auxquelles les énoncés ne peuvent être comparées et sont donc ineffables, indicibles, hors du monde.



Il se trouve que dans cette conception réaliste qui fait reposer l'existence sur l'instant présent et les propositions logiques portées sur le monde, l'être disparaît. Avec Dieu, avec le domaine de la mystique, il sort du monde. On ne peut parler de soi sauf à prononcer des énoncés vérifiables et à se prendre soi-même pour un fait. On ne peut parler des autres que si l'on peut valider par des faits les assertions qu'on porte sur eux. Tout est action, faits, objets. le vocabulaire est explicite : les êtres sont des objets. Exit la psychologie, exit les émotions, exit la volonté, les désirs, les espoirs. L'être est passif dans un monde qui évolue sans lui, limité aux horizons de son langage logique. Qu'il ne croit pas seulement que la science lui explique le monde, elle ne fait que le décrire. Dans ces conditions, il ne reste qu'à observer et à se taire.



Le paradoxe étant qu'à tant prôner la logique, Wittgenstein en finit par situer le sens de la vie dans ce qui se trouve hors du monde : à n'en pas douter, à vivre ainsi, on en deviendrait mystique.
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De la certitude

Je suis intéressée par un échange sur la pensée de Wittgenstein, philosophe injustement méconnu en France

annemarievin@wanadoo.fr
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Remarques mêlées

Une pensée en action, par petites touches, sur plus de vingt ans — le plus admirable étant la concision quasi aphoristique de ces réflexions qui sont pourtant des brouillons, des interrogations ouvertes jetées rapidement sur le papier. Une lecture féconde même pour ceux qui ne sont pas familiers avec le reste de l’œuvre publiée, les notes de fin de volume étant ici d'un grand éclairage.
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Leçons et conversations sur l'esthétique, la ps..

La première partie de ce livre, "Leçons et conversations" ne me plut pas vraiment. Tout d'abord, je fus assommé par une préface de 54 pages. Je la fuis pour directement rentrer dans les notes prises par des élèves de Wittgenstein. En effet, les Leçons et conversations ne proviennent pas de Wittgenstein mais de ses élèves. Je n'ai vraiment pas accroché à celle là. Je trouvais la pensée de Wittgenstein très floue, c'est comme si il donnait une idée qu'à base d'exemple. J'ai souvent l'impression de ne pas voir de thèse, d'idée en elle même, seulement des exemples et des explications interminables qui nous laissent dire, une fois lues: "Et alors ? Mais encore ? Où veux-tu en venir Ludwig ?" Bref, ce ne peut-être que mon avis mais la première partie ne me toucha point.



La conférence sur l'éthique fut totalement différente. Malheureusement, le style Wittgensteinien à coup d'exemples et d'explications interminables teinte bien cette conférence, mais la puissance des idées évoquées nous le font oublier. Tout ce qui relève de l'éthique, soit, du "bien", de ce qui "compte réellement", ou encore de "ce qui rend la vie digne d'être vécue", est inatteignable par le langage. Seuls les "faits" le sont. "Par exemple, si nous lisons dans notre livre du monde la description d'un meurtre, avec tous ses détails physiques et psychologiques, la pure description de ces faits ne contiendra rien que nous puissions appeler une proposition éthique". D'un coup d'un seul, Ludwig Wittgenstein balaye l'idée même de parler de choses inatteignables par la langue car "c'est parfaitement, absolument, sans espoir de donner ainsi du front contre les murs de notre cage".





Je ne vous en dit pas plus et vous laisse vous plonger dans cette petite conférence passionnante et vous invite tout de même à lire Leçons et conversations si la motivation vous prend, mais sans regret.



Luc
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Tractatus logico-philosophicus

Livre plaisant à lire, voir très plaisant pour qui aime la logique formelle et l'humour passablement intellectuel. J'avance tout de même une légère critique concernant la chute qui n'est pas à la hauteur du reste de cette œuvre majeure. On est tenté de se dire : tout ça pour ça ! En effet l’atterrissage brutal dans les terres de la métaphysique laisse à penser au lecteur attentif que la fin reste à écrire. Dommage que Wittgenstein ait jeté l'éponge si près du but.

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