Le livre commence un jour de crue où les habitants du rivage, affolés, recherchent désespérément un corps. Enfin arrive « el zambullidor », « le plongeur », l’homme qui a le don de retrouver les noyés, en jetant sur l’eau quelques fleurs du jasmin béni de son jardin. Le narrateur est un garnement de neuf ans, le fils du « zambullidor », qui assiste à la scène caché dans les branches d’un arbre. Avec son ami Emilio, ils font les quatre-cents coups, toujours à la recherche d’un bêtise ou d’une aventure, qui finissent en général par une raclée mémorable. C’est que la vie est dure sur ces rivages, les familles sont nombreuses et la tendresse n’est pas de mise ! Le père, homme maigre et taiseux, plonge souvent, et toujours en apnée, pour placer et entretenir les tuyaux des pompes qui alimentent les systèmes d’irrigation. La mère a fort à faire pour s’occuper de sa maison et de toute sa progéniture, ainsi que des nombreux animaux qui partagent leur vie.
Les deux jeunes garçons sont compagnons de jeux, de pêches, et de rêves quand il partent à la recherche du trésor caché d’un fameux contrebandier d’antan. Faute de bateau, ils empruntent la barque d’un pêcheur du voisinage et frôlent la catastrophe, ce qui leur vaudra encore une terrible punition. Quand le narrateur se met à voir le fantôme de son grand-père, puis à lui parler, et que celui-ci lui suggère les bêtises les plus folles, il devient la bête noire de tout le voisinage. Il faudra l’amitié d’Emilio pour que le fantôme cesse de se mêler de leur vie. C’est à ce moment aussi qu’ils adoptent le chiot Titan, seul rescapé d’une portée promise à la noyade. Et pour se lancer dans de nouvelles aventures les garçons décident de construire leur propre barque. Malheureusement les parents d’Emilio quittent la région et cette amitié lui est arrachée.
Plus tard, c’est la rencontre avec Pedro Martinidad, le pêcheur-contrebandier auquel la rumeur prête plusieurs meurtres. Après des débuts difficiles, le garçon apprendra auprès de lui tous les secrets du fleuve. Mais la mort de Titan, puis de Martinidad seront de nouvelles déchirures. Ne sachant plus que faire de ce fils, ses parents l’envoient quelques mois chez une sévère grand-mère, de l’autre côté de la frontière brésilienne, occasion de nouvelles amitiés et aventures. D’autres épisodes suivront : celui de l’oncle amnésique retombé en enfance, celui du cinéma du village et ses films projetés sur un drap dans un hangar, puis l’affrontement avec le père…
Ce roman, très court, accroche tout de suite le lecteur. Horacio Quiroga n’est pas loin, avec ces histoires de fleuves et de serpents mortels, et on pense aussi parfois à Tom Sawyer et Huckleberry Finn sur les rives du Mississippi. On a rarement ce sentiment, en découvrant un livre publié quelques semaines auparavant, d’assister à l’irruption d’un auteur dont on voudrait déjà lire l’oeuvre suivante !
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