Ce braconnier, trouvé mort par des indiens Shuars sur la berge de la rivière Nangaritza, pourrait figurer au palmarès de l’inconscience. Il faut en effet une sacrée dose de cupidité pour oser débusquer en solitaire des bébés jaguars alors que les parents de la progéniture sont dans les parages…
Rassemblés autour du cadavre mutilé, quelques habitants d’un petit village équatorien du nom d’El Idilio écoutent avec attention le plus âgé d’entre eux supputer sur les derniers instants de vie de ce chasseur imprudent. Visiblement la jungle n’a pas de secret pour le septuagénaire !
En deux courts chapitres le lecteur découvre l’environnement et fait la connaissance d’un personnage romanesque qu’il n’oubliera pas de sitôt. A El Idilio il est connu sous le nom d’Antonio José Bolivar Proaño mais pour le lecteur il est déjà et restera « Le vieux qui lisait des romans d’amour ».
Après quarante années de liberté infinie dans la forêt amazonienne en compagnie de ses amis Shuars, le vieux sentant ses forces décliner s’est installé dans une cabane en bambou. Son besoin d’évasion est toujours intact et se concrétise maintenant par la lecture passionnée de romans à l’eau de rose.
Le vieux sait mieux que quiconque apprécier la frontière ténue entre le monde végétal et animal. Il se méfie par contre de ses semblables, de leur penchant à se croire en territoire conquis. Ce solitaire sentimental, au mode de vie atypique, est un bel exemple d’humilité pour le genre humain dont la course aux profits met chaque jour un peu plus la planète en danger.
Luis Sepúlveda a achevé l’écriture de ce livre en 1988, l’année même de l’assassinat de son ami brésilien Chico Mendès, le défenseur de la forêt amazonienne.
La genèse de cette œuvre littéraire a débuté dix ans plus tôt. Contraint à l’exil, l’opposant à la dictature chilienne a vécu en 1978 quelques mois en Equateur dans un hameau shuar.
Surpris un jour au cœur de la forêt par un épouvantable orage, Luis et un de ces compagnons amérindiens trouvèrent refuge dans une hutte habitée par un blanc d’un certain âge. De cette rencontre sylvestre, particulièrement conviviale, est né « Le vieux qui lisait des romans d’amour ».
Le succès rencontré par ce conte écologique se poursuit depuis plus de vingt ans, preuve s’il en est que les problématiques liées à la préservation de la biodiversité rencontrent dans l’opinion publique un écho durable.
Puisse cet écho aller crescendo dans le temps !
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"Paul lui donna un baiser ardent pendant que le gondolier complice des aventures de son ami faisait semblant de regarder ailleurs et que la gondole, garnie de coussins moelleux, glissait paisiblement sur les canaux vénitiens"
p73
Retenez son nom, la femme du vieux, une jivaro c'est rigolo et bien plus long qu'un simple Nino
Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo
La fort et vierge amazone, hyène
à califourchon sur son homme est devenue sienne
chez les Jivaros, facile de perdre la tête en s'affirmant, jamais vous les verrez faire l'amour en s'embrassant
Vous apprendrez que devant Piranhas, Vampires sanguinaires, fleurs carnivores ou renoncules
Même devant une ocelote déterminée, très en colère
le vieux Antonio José Bolivar jamais ne recule, ni ne baisse culotte.
pieuvre par neuf d'un terrorisme à tenta--culaire...
moralité : Si pas de bras pas de chocolat
alors Pas niqua ni cul'air
j'avoue....j'ai eu très chaud, colas mon p'tit frêre.
intrigue autour du baiser ardent
au milieu du pays des serpents
riche en vocabulaire de tout poil
mérite mes quatre étoiles
pour cette survie en jungle inhospitalière
là où on vit encore, la culotte à l'air....
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j'ai ce petit roman qui traine depuis une éternité au fond de ma bibliothèque.
Malheureusement l'actualité a fait que je l'ai remonté et lu d'une traite.
Ce roman fait peu de pages , mais surtout le vieux a une vie et une image qui fait qu'on s'y attache fortement. Et puis le fond de cette histoire est d'une justesse sans nom, avec plein de douceur malgré un sujet brûlant.
C'est sans doute toute cette douceur qui a un peu atténué ma note , car effectivement je m'attendais a quelque chose de plus piquant, de plus percutant.
Du coup je mets en doute qu'un tel roman puisse parler a une majorité.
Il plaira très certainement , il sera lu , mais je ne suis pas du tout convaincue que la majorité en retiendra les leçons.
Mais j'ai aimé l'écriture de l'auteur ( parce que j'ai oublié de préciser que c'était une découverte pour moi), et je vais donc bien sur continuer de découvrir son œuvre.
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En route pour une chasse dans la forêt amazonienne à la saison des pluies !
Les glissades dans la gadoue, les ouistitis curieux et voleurs, le silure-perroquet pas méchant mais mortellement affectueux, les crotales au venin tueur, puis aussi, dès que la pluie s'arrête, les nuées de moustiques qui s'insinuent partout, tous ces plaisirs ne sont annoncés dans aucun prospectus de voyagiste !
Pourtant, ceci n'est que le hors-d'oeuvre. La pièce principale est une maman jaguar devenue enragée à la découverte de ses petits assassinés et dépiautés par un affreux chasseur blanc. Elle est un danger pour le petit village d'Antonio José Bolivar, l'homme qui connaît la forêt et tous ses habitants, hommes et animaux. Il a quitté ses amis Shuars pour vivre en bordure du hameau et son plus grand plaisir est de déchiffrer des romans d'amour qui font souffrir mais qui finissent bien.
A contre-coeur, il finira par tuer l'animal, sans aucune fierté. Puis il retournera à son livre dont les mots lui font, parfois, oublier la barbarie des hommes.
Ce petit livre est un enchantement, un chant pour la préservation de la plus grande forêt du monde, une réflexion sur l'arrivée inévitable de la "civilisation" et de la cupidité des gringos.
Un petit bonheur qui se déguste lentement comme un bon café très noir.
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Très beau conte que cette Histoire d'une baleine blanche raconté en 14 chapitres, chacun de ceux-ci introduit et magnifié par un beau dessin en noir et blanc de Joëlle Jolivet.
Le livre traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Marie Métailié débute ainsi : "un matin de l'été austral de 2014, tout près de Puerto Montt au Chili, on a trouvé une baleine échouée sur la côte de galets." Un enfant ramasse un coquillage sur la plage et le tend à l'homme resté près de lui en lui disant de la mettre contre son oreille et qu'ainsi la baleine lui parlera. C'est donc la voix de cette baleine blanche que l'on entend tout au long de ce roman qui ressemble un peu à une fable et dans lequel c'est la mer qui prend la parole pour le dernier chapitre.
Par le biais d'une légende dans laquelle quatre baleines blanches étaient chargées d'emporter vers l'au-delà les hommes du peuple lafkenche, au Sud du Chili, la baleine nous parle de son monde, comment elle vit, de l'homme et de sa peur face à sa taille, du respect qu'il lui manifeste au tout début, puis de ce qu'elle a appris des hommes lorsqu'ils ont commencé à maîtriser la navigation et à la chasser.
En prenant comme narrateur ce cachalot, Luis Sepúlveda donne au récit une force et une émotion encore plus poignante. C’est un conte merveilleux au départ, mais la cruauté humaine intervient et saccage tout.
La morale de cette fable : Si l'homme n'a cessé de détruire la vie depuis des décennies, qu'il cesse rapidement si ce n'est immédiatement s'il ne veut pas se détruire lui-même et qu'il ait un minimum de respect pour les autres êtres vivants.
Un texte beau et fort à mettre entre toutes les mains.
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Une jolie petite mouette victime de la folie des hommes, voici le thème de l'histoire que Luis Sepulvada, romancier chilien, a choisi d'écrire en 1996 pour ses enfants Sebastian, Max et Léon qu'il définit comme « le meilleur équipage de ses rêves ».
Et moi, c'est la lecture de ce conte que j'ai choisi de partager avec une toute jeune fille de onze ans: minipatch. J'ai tenté d'apporter mon regard d'adulte sur ce texte . Nous le lisons chacune dans notre pré carré, à l'abri de toute zone d'influence, de toute zone de turbulence afin de nous exposer ou de nous immerger tantôt dans le rêve tantôt dans la réalité. Notre vision du monde, nos attentes, nos émotions, notre sensibilité nous serviront d'équipage.
Cette petite mouette, plombée sous une chape de mazout, sent bien que ses jours sont comptés. Son agonie est imminente. Elle tente, telle Icare, de s'approcher des rayons du soleil, là, très haut dans le ciel. Même cette chaleur ne fait pas fondre la masse noire, gluante qui s'accroche et l'empêche de respirer. C'est fichu ! « Les humains sont devenus fous », c'est exactement çà. Fous ! « la malédiction des mers, la peste noire » ont fait d'elle une victime….victime de la pollution.
Hasard ou destinée, fatalité ou manque de chance ? L'histoire aurait pu s'arrêter là si l'auteur, doué d'une imagination poétique et d'un esprit engagé, n'avait laissé courir sa plume pour « pondre » un conte plein de tendresse et de générosité tout comme cette pauvre mouette a réussi, contre toute attente, au plus creux de la vague à pondre un oeuf.
Oh ! oh ! Zorbas un chat grand, noir et gros, traîne voluptueusement sa paresse. Sa vie aurait pu s'écouler tranquillement mais Clac ! Une pauvre mouette qui vient d'on ne sait où, enfin probablement d'une forme de chaos imprévisible, s'étale épuisée devant lui.
Là l'histoire gagne en profondeur, en humanité, en tolérance. La haine et la cupidité sont représentées bien sûr, comment faire autrement pour que cette histoire soit crédible ? La mouette rassemble ce qui lui reste de force avant de mourir et pond un oeuf. Zorbas s'engage un peu malgré lui à le couver cet oeuf, à élever le poussin et à lui apprendre à voler. C'est un chat d'honneur. Il ne faillira pas. La tendresse va s'installer progressivement, Zorbas devient une maman donc il faut parler d'amour et d'attention !
L'inventaire du bazar du port (p 38,39,40) aurait pu sortir du chapeau de Jacques Prévert ou de celui de Frédéric Clément . L'auteur nous comble d'une poésie d'une fraîcheur reposante avant de nous offrir des images fortes, souples, adaptables à tous les âges, sujettes aux interprétations les plus profondes sur la responsabilité, l'engagement, le courage, la solidarité, la vie en communauté, l'entraide, la tolérance, le travail sur soi, la personnalité, la différence et le respect qui va si bien avec…..
L'histoire finit bien tant mieux… et c'est précisément parce que tous les aspects sociétaux mis en oeuvre par Luis Sepulveda s'animent autour d'un même objectif que cette histoire connait une fin heureuse et pérenne.
L'écriture de ce texte est simple et c'est à mes yeux le tour de force de l'auteur. Décrire des sentiments puissants, parfois compliqués avec des mots simples, accessibles, très certainement travaillés, et travaillés encore pour qu'ils ne perdent rien de leur intensité, de leur justesse, de leur sens. L'humour parsemé ici ou là vient ponctuer régulièrement la gravité du sujet probablement pour lui donner des ailes.
Une lecture intergénérationnelle à partager, à savourer. Un beau moment et en le lisant et en en parlant.
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Cet homme a compris que la lecture est un remède à la vieillesse, et ce n’est pas là son unique qualité. Car avant de lire des romans (en fait des romances, personne n’est parfait), Antonio José Bolivar a appris la nature sauvage de ceux qui la peuplent. Il est l’antithèse du chasseur blanc, un braconnier tué par une femelle jaguar, devenue féroce après qu’il a abattu ses petits par vénalité. Le fauve contre lequel Antonio engage un combat - qu’il est le seul à pouvoir gagner - pour protéger de sa vengeance instinctive et légitime ses amis les Shuars, peuple de la forêt amazonienne.
Ce roman du facétieux Luis Sepúlveda est une fable écologique qui se garde de tout angélisme. Dans ce domaine, on sait que la naïveté des remèdes peut se révéler pire que le cynisme des profiteurs. Souhaitons que ce tout petit livre - qui rend hommage à Chico Mendès, défenseur de la forêt amazonienne assassiné - très grand par sa poésie et puissant par son message, sensibilise utilement ses bienheureux lecteurs à l’indispensable nécessité de préserver notre terre.
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" Lentement, je pense à toi
Lentement, mes souvenirs me reviennent."Marc Lavoine.
J'ai mis du temps à lire ce livre, comme le petit-fils de l'auteur qui demandait pourquoi l'escargot était si lent...
Ils s'appelaient tous "escargot" dans le pré de la "Dent de lion".
Un petit escargot va s'écarter du groupe, pour un lent voyage (un voyage de mille lieues commence par un premier pas) afin de comprendre le raison de la lenteur des escargots.🐌
Il va rencontrer un hibou:
-" Tu es lent, parce que tu portes une maison, sur ton dos." 🦉
Et une tortue nommée "Mémoire" qui lui montre le danger du côté des hommes. Ils veulent aller toujours plus vite et construisent des machines au cœur de métal, aussi dur que leur propre cœur !
- "Ma lenteur m'a servi à te rencontrer... pour que tu me montres le danger."
L'escargot aura un nom: "Rebelle" et il reviendra vers les siens pour leur apprendre que le Néant ("une étonnante couche noire qui ne peut provoquer que de la tristesse") va les envahir, mais arrivera-t-il à temps, même en se dépêchant ( Rebelle va en baver?)...
Un "road trip" précautionneux et à pas comptés, pour Rebelle, qui connut l'exil, comme Luis Sepulveda, et la solidarité...
Une bouffée d'air frais, comme une fleur de pissenlit s'éveillant à la rosée du matin...🌻
" Lentement, le temps qui passe
Lentement parfois efface
Les sanglots, les peines et le goût du chagrin." Marc Lavoine.
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Cette légende, Histoire d’une baleine blanche, parfaitement amenée puis racontée par Luis Sepúlveda permet de prendre conscience de l’absurdité de la chasse à la baleine. C’est simple et émouvant à la fois.
Sur une plage du sud du Chili, en plein été austral, est trouvée une baleine échouée. Un enfant lafkenche (gens de la mer) est là. Il donne une coquille de loco au narrateur lui disant que la baleine parlera.
En quatorze chapitres assez courts, superbement illustrés en noir et blanc par Joëlle Jolivet, la baleine parle de son monde, de sa découverte des hommes qui réussissent à se déplacer sur les mers et les océans.
Certains peuples comme les lafkenche respectent la nature et le vivant mais d’autres, par nécessité puis par cupidité, chassent les baleines.
La légende des lafkenche et de l’île Mocha où quatre vieilles femmes se transforment en baleines pour emmener les morts sur l’île est touchante, émouvante, pleine d’une infinie tendresse.
La baleine qui conte l’histoire est en réalité un cachalot, une baleine blanche d’une taille imposante. Elle s’est vu confier la mission de protéger le détroit pour que les traditions lafkenche s’accomplissent.
Hélas, les baleiniers viennent et reviennent, harcèlent Mocha Dick, comme ils le nomment et j’ai vibré en lisant cette bataille gigantesque. L’auteur précise, après la fin du conte, qu’un baleinier, l’Essex, a été attaqué le 20 novembre 1820 par un énorme cachalot qui l’a coulé. C’est cet événement qui inspira le romancier américain Herman Melville pour écrire son fameux roman, Moby Dick, paru en 1851.
Je précise enfin que, si Moby Dick est une fiction, le cachalot Mocha Dick a bien vécu dans les eaux, autour de l’île Mocha, comme dans le conte.
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La présentation du court roman de Pierre Lepape, est parfaite : elle est concise et complète, il indique l’historique de la parution, les motivations de Luis Sépùlveda.
Le roman n’est pas épais, mais il intense : Luis Sépùlveda explique les mécanismes du peuplement de la forêt amazoniennes, il initie à la vie des Shuars ( Indiens), il dénonce la déforestation , il colore les villages des « gringos » au bord du Nangaritza, il invite à une partie de chasse qu’il regrette.
Ce monde hostile est vu à travers les yeux du vieux qui lisait des romans d’amour, qui l’humanise. En tant que lecteur, je suis devenu solidaire de ce vieux lecteur.
Les nombreuses images que révèlent « les citations » ajoutent encore au plaisir de lire ce conte.
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Ce Vieux qui lisait des romans d'amour, fut ma première lecture de Luis Sepulveda, voici déjà quelques années.
Un conte magnifique, animé par ce Vieux, cet homme juste et bon, que l'on retrouvera dans d'autres histoires.
Les fauves ne sont pas, ici, ceux que désignent la vindicte facile d'un vain peuple. Sepulveda le sait, lui qui a du fuir son pays écrasé par la botte d'une dictature brutale et sanguinaire.
C'est la bêtise de l'homme, et elle seule, qui est responsable de l'équilibre rompu: La panthère est devenue folle de douleur, et le Vieux va quitter ses bouquins pour mettre fin à cette souffrance.
L'histoire est somptueuse, brève et tragique. Elle emmène le lecteur dans ces parages verts et profonds d'une forêt de tous les dangers, de toutes les merveilles, de toutes les infamies apportées par l'homme blanc.
Merci, luis Sepulveda qui nous avez quitté cette année, pour ce beau livre et les autres qui me restent encore à lire de vous.
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- Dinah, viens voir, s'il te plaît (Dinah est noire et blanche comme la chatte d'Alice au pays des merveilles.) Tu sais, Luis Sepulveda est mort.
- Miaou ?
Ah, je vais traduire si vous ne comprenez pas le chat-rabia de Dinah.
- Qui chat, Luis?
- Tu ressembles à Mix, le chat du livre "Le chat et la souris qui devinrent amis." Je vais te rat-conter son histoire...
Pour Luis:" L'amitié est un trésor, un trésor à transmettre. Et ce trésor est en réalité constitué de tous ces trésors qui forment, puis font l'amitié."
Max (un humain) et Mix le chat sont amis, ils ont grandi ensemble.
- Ils étaient "félin" pour l'autre ? Tu m'as déjà raconté chat, tu rat-dotes...
Bon, je saute le passage, où tous deux sont coincés dans un marronnier et sauvés par les pompiers.
- Lequel est Mix et lequel est Max? Demanda le capitaine des pompiers.
Et aussi pourquoi Max parle de profil grec, à Mix.
Puis, Mix devint aveugle.
- Après Achille et A-chat-mennon, on parle de devin?
- Chat suffit...
Bon, le passage que tu adores, quand Mix 🐱 se repose près du radiateur et quand survient Mex🐭 (c'est une souris mexicaine)...
Aï, la "cuca-rat-cha, la cuca-rat-cha"
- La souris se fait attraper🐀par Mix🐈. Et elle lui fait croire d'abord qu'elle est une limace, puis se décide à dire la vérité, qu'elle est une souris (qui serait rat-vie de déguster du müesli) ...
- "Si je dis la vérité, toute la vérité, sans rien cacher, il y a une récompense pour la sincérité?"
-Tu souris, Dinah, au sujet de la souris ? Mix veillait sur le placard où il y avait "les céréales au chocolat, les préférées de Max".
"Les amis veillent toujours au bonheur de l'autre."
- Un coup de patte et Mex était mort! Mais, Mix eut ainsi un nouvel ami qui lui décrivait le monde extérieur. Et ce chat vécut heureux comme un vrai... pa-chat?
J'en ronronne de plaisir! Pas de chat-grin ainsi. Et Dinah se sauva!
Grâce à Luis, cette histoire continue de faire rêver des milliers d'enfants. C'est son petit-fils Daniel (et son chat) qui lui inspira cette fable, 20 ans après "La mouette et le chat qui lui apprit à voler.
Daniel n'aima pas le fait que Mix devint aveugle, aussi rat-pidement...
Ah, les enfants, et leurs questions compliquées ! Et quand Daniel demanda à Luis, pourquoi il prenait autant de temps pour écrire, (en tenant un escargot) ce fut la naissance de " L'escargot qui découvrit l'importance de la lenteur."
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On raconte beaucoup d’histoires au Sud du Monde…Venez, collez votre oreille à ce coquillage et écoutez…
A travers le regard curieux d’une baleine blanche couleur de lune, Luis Sepúlveda sensibilise les lecteurs, jeunes et moins jeunes, à préserver l’environnement, à respecter les espèces animales qui vivent toutes en symbiose en évitant chasse massive et surpêche, à s’inspirer des peuples autochtones (ici les laafkenches, à savoir « les gens de la mer ») qui préservent de façon sacrée le lien qui les unit à la nature. Ce récit, en se plaçant du point de vue de la baleine, nous offre un regard différent sur le monde qui nous entoure.
L’auteur s’inspire d’une histoire vraie, celle de Mocha Dick, ce célèbre cachalot poursuivi par des baleiniers dans les mers du Sud au début du 19ème siècle. Son nom proviendrait de son lieu de vie, une île du Chili, l’île de Mocha, au large de la Patagonie. La légende dit que ce cachalot était immense, féroce, et pugnace. De nombreux baleiniers tentèrent de le capturer, en particulier le baleinier Essex du capitaine Achab. A sa mort en 1838, pas moins d’une vingtaine de harpons auraient été trouvés sur son corps. Cette histoire aura inspiré également Melville pour écrire son fameux roman Moby Dick.
L’auteur apporte une touche fantastique à ce fait divers, le transformant ainsi en fable, en imaginant que cette baleine blanche est chargée d’une mission, celle de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l’horizon. Cette mission sera perturbée puis entravée par la chasse à la baleine, l’animal va ainsi livrer une guerre impitoyable aux baleiniers et devenir un grand mythe de la littérature. Luis Sepúlveda a repris à son compte ce mythe en prenant comme point de départ la découverte, en 2014, d’un cachalot échoué sur les plages chiliennes.
A Melville le roman d’aventure vécue sur les baleiniers par le capitaine Achab, à Luis Sepúlveda la poésie mélancolique de cette baleine traquée, baleine devenue mythe ! Une même histoire narrée de deux points de vue et de deux façons différentes, cet écho est intéressant pour les lecteurs ayant lu Moby Dick.
Ce qui fait le charme de cette fable mélancolique, à la morale somme toute très classique, est surtout la façon dont elle nous est racontée. La plume de l’auteur chilien est poétique, délicate, sensible, et lire à voix haute ses mots c’est plonger dans un chant écologique d’une beauté simple mais profonde qui nous fait tellement écho encore aujourd’hui, particulièrement écho même.
La lecture est entrecoupée, entre chaque courts chapitres, de beaux dessins de Joëlle Jollivet, dessins en noir et blanc pour magnifier, apporter de la magie et venir illustrer ce que le chapitre suivant va aborder.
J’ai lu cette belle et émouvante histoire un soir de tempête en bord de mer, et j’ai cru entendre, comme si j’avais l’oreille collée à un coquillage, la voix de cette baleine blanche murmurer à mon chevet pour dénoncer la cupidité et la haine des hommes. Oui la baleine m’a parlé.
« — Mets-la contre ton oreille et la baleine te parlera, dit le petit laafkenche.
Et il s’éloigna à grands pas sur la plage sombre de galets. Je l’ai fait. Et sous le ciel gris du sud du monde, une voix m’a parlé dans le vieux langage de la mer. »
Si certaines scènes sont particulièrement violentes, notamment lorsque la baleine, recouverte de nombreux harpons d’où s’écoule le sang, est à l’agonie, tant les mots que les dessins l’évoquent avec pudeur et délicatesse de sorte que cette histoire peut convenir aux plus jeunes.
« Ils ne nous chassaient pas pour se nourrir de notre chair mais pour l’huile de nos intestins qui brulait en éclairant leurs maisons. Ils ne nous tuaient pas parce qu’ils avaient peur de notre espèce ; ils le faisaient parce que les hommes ont peur de l’obscurité et que nous, les baleines possédions la lumière qui les délivrait des ténèbres ».
Si la chasse à la baleine est centrale dans ce récit, graisse et huile étant les moteurs de cette quête impitoyable, part belle est faite au comportement des hommes au-delà de cette activité lucrative. La baleine observe de son œil à fleur d’eau et évoque la violence des hommes entre eux tant leur propension à se déclarer la guerre est forte ce qui ne cesse d’étonner notre baleine. Elle assiste ainsi à certains combats entre bateaux. Et de façon plus large, depuis les eaux qui bordent le rivage, elle compare les hommes modernes à la recherche du profit aux peuples autochtones qui vivent en symbiose avec la faune et la flore qui les entourent. De quoi nous faire réfléchir…
Oui, l’histoire de cette baleine blanche un soir de tempête m’a touchée et fut une parenthèse à la fois poétique mais très mélancolique…J’ai aimé cette histoire du Sud du monde, blottie confortablement au Nord de ce même monde...
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C'est un des livres que mon petit frère a dû lire dans le cadre scolaire. De 15 ans mon cadet, je l'avais accompagné dans sa lecture pour le motiver, lui pourtant grand lecteur depuis qu'il sait lire mais qui n'a jamais aimé les fictions (il ne lisait et ne lit encore que des livres d'Histoire). C'est d'ailleurs une drôle de coïncidence que je le lise aujourd'hui, jour de son anniversaire. Ce livre, je l'avais oublié, je suis tombée dessus à la bibliothèque l'autre jour et j'ai eu comme un moment de nostalgie...
Ce conte pour la jeunesse, plutôt court donc, raconte l'histoire d'un chat grand noir et gros, Zorbas, qui a promis à une mouette sur le point de mourir de veiller sur son œuf, d'élever son poussin et de lui apprendre à voler le moment venu.
Luis Sepúlveda use d'un style entraînant, fluide, aérien, drôle, un peu enfantin évidemment mais riche en vocabulaire. Il évoque des sujets encore d'actualité, tels que l'écologie, la pollution des océans et l'impact qu'elle a sur la vie sauvage. Il aborde les notions d'entraide, de solidarité, de respect et de tolérance. Je n'avais pas vu tout ça étant (beaucoup) plus jeune. Je me rends compte que cette histoire est encore plus belle que dans mes souvenirs.
C'est à la fois adorable, plein de bonnes intentions, très drôle également.
Une jolie pépite que je vais m'empresser de poser sur la table de nuit de mon 11 ans à qui, je l'espère, il devrait plaire.
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Cet auteur n'en finira donc jamais de m'enchanter, de me passionner?
Luis Sepulveda m'a emmené dans son exil à travers ces terres de sud-Amérique et particulièrement jusqu'en cette Patagonie aux forêts sacrifiées... La Patagonie où s'est épuisé le souffle putride des dictatures et dans laquelle se retrouvent quelques réprouvés.
Les rencontres y sont passionnantes, avec des personnages hauts en couleur et des amis que l'on retrouve... On n'oublie surtout pas d'y bien manger, bien boire et de se retrouver, même, dans un surprenant concours du plus beau mensonge (entre-autres).
Et puis, il y aura ce beau final espagnol avec le vieil oncle resté au pays: Celui qui n'a pas été attiré par l'océan et l'or d'Amérique. Intime et bouleversant moment dans lequel le chilien retrouve ses racines.
Et tout cela, amis babéliotes, en 167 pages!
Mais...mais comment fait-il? Comment parvient-il à rendre la lecture si dense et aérienne à la fois?
C'est cela, la magie Sépulveda!
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Antonio José Bolivar lit des romans d'amour pour échapper à la connerie humaine, à tous ces hommes qui souillent l'Amazonie. Cette fois-ci c'est un gringo qui a tué des petits d'ocelots mettant la mère dans une fureur telle, qu'elle l'a tué en le défigurant. Et pour elle, pas de répit, les hommes ont tous la même odeur. Alors elle est en chasse.
Le maire, même s'il n'aime pas Antonio, doit bien reconnaître qu'il est l'homme de la situation. Il a vécu parmi les Shuars, il connait et respecte la forêt et ses habitants comme personne. Il sait se cacher et interpréter les signes, lui seul peut combattre le fauve.
Un très court roman naïf qui fait du bien, un roman pour la gloire de la nature que les hommes se croient bon de piétiner. Un roman ou la maman ocelot est folle de chagrin et de douleur ou le se prend à espérer que les hommes ne la trouveront pas. C'est un joli conte écologique qui nous assure un dépaysement complet.
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Antonio José Bolivar Proano a appris à vivre au rythme de la forêt amazonienne. Le peuple des Shuars lui a enseigné l’art de la chasse, de la pêche et de la survie sur ce territoire sauvage et impitoyable, hostile à celui qui ne le respecte pas. Avec l’âge, le vieil homme a choisi de s’installer dans le petit village d’El Idilio, régit par un maire idiot et qui voit passer des aventuriers avides de gloire et des chercheurs d’or. Au fond de sa cabane, Antonio s’adonne à son plus grand plaisir : lire des romans d’amour, ceux qui parlent de passions ardentes et qui font souffrir jusqu’aux larmes. Mais sa tranquillité va être perturbée par la découverte d’un gringo retrouvé mort par les Shuars. Les traces sur le corps de l’homme ne font aucun doute, un jaguar a eu raison de son sort. L’inconscient n’aurait pas dû s’en prendre à ses petits… A présent, la femelle guette, folle de douleur et avide de vengeance. Antonio se retrouve chargé de traquer l’animal et de mettre fin à la menace qu’il représente. S’engage alors un combat à mort entre l’homme et la bête…
Avec ce premier roman, Luis Sepulveda signe une fable enchanteresse où se mêle la beauté d’une nature majestueuse à la cruauté d’un monde souillé par l’homme. Celui-ci apparaît dans toute sa dualité : bon, respectueux et humble quand il est incarné par Antonio ou les Shuars, barbare, vaniteux et cruel quand il s’agit du maire et autres aventuriers poussés par les promesses d’une richesse facile. On s’attache et s’émeut face à ce petit vieux sentimental, plein de sagesse et d’humilité qui fuit la barbarie des hommes en lisant des romans d’amour ! J’ai été bouleversée par ce combat désespéré et sans victoire possible entre l’homme et la bête. Une issue au goût amer, où l’on ne désire la défaite d’aucun des deux adversaires … A travers le récit de cette tragédie, Luis Sepulveda délivre un message empli d’humanité et d’amour pour une terre qui l’a abrité, protégé et qui souffre à présent, colonisée par l’homme. Un conte plein de poésie et de beauté, qui cache un message écologiste et un véritable appel au secours.
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Fabuleux conteur que Luis Sepulveda.
Je continue la lecture de son oeuvre avec un plaisir sans cesse renouvelé.
Ce qui l'intéresse, c'est rencontrer les gens, partager du temps et des histoires toujours un peu extraordinaires. Chaque histoire de chaque livre est une pièce du puzzle de sa vie.
Ici, il est question d'une promesse faite, à 11 ans, à son grand-père, anarchiste espagnol, en exil au Chili, d'aller un jour à Martos trouver ses racines andalouses.
Etre communiste sous la dictature de Pinochet signifiait recevoir un "billet pour nulle part" Nulle part, ce fut la prison de Temuco où Sepulveda séjourna durant 942 jours. Il y retrouva "presque la totalité du corps enseignant des universités du sud" et, ensemble, ils créèrent le "Grand Amphithéâtre de l'Athénée de Temuco" où ils échangèrent leurs disciplines respectives entre deux séances de torture. Libéré en juin 1976 à l'initiative d'Amnesty International, Sepulveda dut s'exiler mais il le fit par le chemin des écoliers, en sillonnant le vaste continent sud-américain.
Tout est prétexte à histoires ; que ce soit celle d'une gare de Patagonie où l'horloge, arrêtée par une balle perdue, marque à jamais neuf heures vingt-huit en souvenir de la rébellion de 1920, que ce soit à Machala (Equateur) où le lieu-dit La Olla est le dépotoir puant de millions de bananes impropres à l'exportation, que ce soit le souvenir de sa rencontre avec l'écrivain britannique, Bruce Chatwin,, grand amoureux de la Patagonie, qui n'écrivait que dans des carnets de moleskine, comme Céline et Hemingway, ou encore une simple soirée de concours de mensonges ou le transport d'un mort congelé dans un coucou pourri trop petit pour le corps. Tout est bon pour appeler la liberté par son nom, pour boire jusqu'à plus soif, du moment que chacun donne le meilleur de lui-même..
Une autre histoire étonnante est celle de cet ancien professeur d'université de Buenos Aires que son passé nazi fit se perdre en Patagonie sous un nom espagnol et qui, le premier, en 1980, découvrit un trou dans la couche d'ozone. Ses travaux, vérifiés et attestés par les autorités scientifiques adéquates, reçurent le prix Nobel alternatif de physique en 1988. A défaut d'adresse valable, il ne fut pas honoré mais, de toutes façons, il hurlait à qui voulait l'entendre : "Dites à tous ces connards d'arrêter la pollution atmosphérique avant de décerner des prix. Les prix, c'est pour les reines de beauté".
Tous ces détours conduisirent finalement Luis Sepulveda à Martos, en Espagne, où grâce aux registres paroissiaux, il retrouva le plus jeune frère de son grand-père, vieillard cacochyme qui, quand il eut compris qui il était, s'écria : "Femme, apporte du vin, mon neveu d'Amérique vient d'arriver".
Avec Sepulveda tout commence et tout finit autour d'un verre. Celui de l'amitié et de la paix entre les hommes.
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