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3.86/5 (sur 38 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chalon-sur-Saône , 1950
Biographie :

Lutz Bassmann est un des noms de plume d'Antoine Volodine, romancier français.

Source : nouvelobs.com
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Rencontre animée par Pierre Benetti Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente. À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024. Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan

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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Le plus proche navire était un ravitailleur. Dans sa coque transformée en caverne, des vagues parfois s'engouffraient avec des soupirs de monstre. Des aigles de mer traçaient des cercles au-dessus d'un point au nord-est, un banc de poissons ou des noyés. Ils étaient à peine visibles.
- On dirait qu'il y a une inscription sur le ravitailler, fit soudain remarquer Brown.
- On pouvait encore la lire il y a dix ans, dit Cuzco.
- Et c'était quoi ? demanda Brown.
- Dovjenko, dit Cuzco.
- Le nom du bateau ?
- Probablement.
- Joli nom, dit Brown.
- Oui, approuva Cuzco. Ukrainien ou russe, j'imagine.
- Il y avait donc encore des Ukrainiens ou des Russes quand ils l'ont baptisé, fit observer Brown.
- Faut croire, dit Cuzco.
Ils se turent. Ils observaient une minute de silence à la mémoire des disparus, Ukrainiens ou autres.
- Bon, souffla Brown. Il n'est pas très tard, je pense que je vais aller me promener dans les collines.
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Un papillon est entré dans la cellule
une merveille
zigzague dans l’air fétide
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Le moine médite face au mur
le vieux en profite
pour lui voler son pain
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Nous sommes des sacs.
À l"intérieur sont entassés tant bien que mal des machines molles qui nous organisent. Cette machinerie nous autorise à bouger, à cligner des paupières ou à marcher, elle s'arrange pour qu'à aucun moment nous n'oubliions de respirer, elle nous permet de reprendre conscience après le sommeil, et elle nous oblige à persister coûte que coûte et quelles que soient les circonstances, même si les circonstances sont ignoblement insupportables. Elle nous oblige à persister coûte que coûte jusqu'à ce que sonne l'heure de la mort.
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Le cri primal du bébé avait été couvert par le grondement du sol, les détonations des bouteilles de gaz dans les étages, le vacarme des murs d'immeubles qui se couchaient sur la chaussée.
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Ici Maryama Koum, fière et intraitable créature des ghettos, combattante, merveilleuse, capable de placer une balle dans le front d’un ennemi à deux cent mètres, a brûlé pendant des heures avec ses trois enfants, Sariyia Koum, quatorze ans, Ivo Koum, quatorze ans également, et Gurbal Koum, leur aîné, quinze ans, allant de l’un à l’autre au milieu des flammes et de la rumeur atroce des écroulements, les consolant avec des contes et des chansons, les incitant à mépriser l’adversité, leur promettant un avenir radieux, essuyant avec sa salive et ses mains noires leur corps que la suie rendait illisibles, leur donnant rendez-vous dans un autre monde.
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Sa voix était à peine audible dans le brouhaha. Maintenant il respectait la rude syntaxe des masses, d'instinct il reprenait ses incorrections afin au moins de ne pas être accusé d'appartenir à la neuvième catégorie puante.
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On avance et on écoute. Qu'on ait ou non la bouche ouverte et qu'on décrive ou non à haute voix ou à voix basse l'image, les paroles et le silence jouent le même rôle dans l'histoire... Qu'on ait connu ou non ceux et celles qui ont été détruits et détruites, les souvenirs sont les mêmes. On dit l'histoire à haute voix ou à voix basse avec la parole et la voix des autres. Qu'on soit amnésique ou non, on se souvient des souvenirs des autres. On continue à avancer dans l'image comme si elle était la continuation de l'espace noir. On continue à avancer ou on s'arrête et on écoute, on écoute l'image, les souvenirs des autres et l'histoire. On écoute à l'intérieur de l'image, on écoute avec sa bouche qui dit les souvenirs des autres et qui dit ses propres souvenirs. Souvent on écoute aussi avec la bouche des autres et même parfois avec la bouche des personnages de l'histoire. La bouche qui écoute produit du bruit et du silence. Que les souvenirs soient douloureux ou non, que l'histoire soit inventée ou non, la bouche produit du souffle, du bruit et du silence. L'espace noir est pour toujours à l'intérieur de l'image. L'espace noir est l'espace d'après le feu, l'espace noir est l'espace d'après la captivité et le feu. Que les souvenirs soient douloureux ou non, l'espace noir est l'espace d'après la douleur. On écoute ce qui reste dans la poussière après la douleur et la bouche produit du souffle, du bruit et du silence. Que l'image soit dite à plusieurs voix ou à une voix, qu'on entende plusieurs souffles ou un seul, qu'on accompagne un personnage de l'histoire ou plusieurs, la solitude est immense.
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Très lentement, Goodman fit de la lumière. Il avait sur lui des poudres et des graisses qu’il avait transportées depuis plusieurs années au fond de ses poches, les protégeant de la pluie et de la poussière et jamais ne les échangeant contre de la nourriture même dans les cas de faim extrême. Il les avait préservées du naufrage en prévision de ce moment où l’obscurité ne nous serait plus supportable, et depuis le début du voyage des années plus tôt, il nous en parlait.
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Les jours de cérémonie officielle, les humains choisissaient au hasard parmi nous quelqu’un qui tiendrait le rôle de garde rouge rescapé des poubelles de l’histoire. Il fallait s’inscrire pour participer au tirage au sort mais, dans les faits, les humains ne se souciaient pas de respecter les résultats de leur propre loterie et, la veille de la cérémonie, plutôt que de manipuler les bulletins crasseux sur lesquels quelques poignées d’entre nous avaient épelé leurs noms illisibles, ils arrivaient aux abords d’un de nos repaires et ils happaient le premier venu afin de l’habiller en garde rouge et de le faire défiler le lendemain sous les quolibets. J’eus cet honneur. Un soir, alors que, bardé de gamelles vides et tintinnabulantes, j’étais en train de me glisser dans un dépotoir que les humains avaient clos de barbelés, un camion s’arrêta à ma hauteur et il descendit une demi-douzaine d’hommes en combinaison antiallergénique, qui m’expliquèrent sans ménagement que je pourrai, le jour suivant, marcher en pleine rue et vociférer ma haine de l’inégalité sans qu’on me tire dessus à balles réelles.
(« Pour faire rire tout le monde »)
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