Il y a ici une qualité d'écriture évidente. On est clairement face à un bon roman auto-édité. L'histoire se tient, les personnages sont crédibles, la relecture n'a pas été bâclée, le style est fluide... Vraiment, ce livre fait partie du haut du panier de l'auto-édition.
Et pourtant le début n'est pas très folichon. Dés les premières pages une chose grave se passe. On s'attend rapidement à une histoire glauque et malsaine, à des scènes que l'on a pas forcément envie de lire ou d'imaginer. Fort heureusement avec le changement de point de vue une trame nouvelle s'offre à nous et on entre dans un récit radicalement différent.
Des trois personnages que nous suivrons c'est Soledad qui m'ennuiera le plus. Bien qu'elle soit la pierre angulaire du récit on ne sait finalement pas grand chose d'elle à part qu'elle est incroyablement belle et que les hommes en tombent amoureux trop facilement, c'est énervant.
Elle est belle. Hop. Amoureux fou.
C'est trop simple. Ou alors les hommes étaient vraiment stupides au début du siècle et se satisfaisaient de bien peu avant de se déclarer fou d'amour.
"Petite réflexion sur la littérature en général et pas juste sur ce roman."
Ce qui m’amène d'ailleurs à un autre petit détail, rien de bien gros. Quoique... Mais surtout une réflexion qui ne concerne pas que ce roman mais à peut près 80% de ceux que j'ai eu entre les mains. Bien que ça le concerne aussi, évidement, sinon je ne digresserais pas ici.
Dans énormément d'histoires (et donc ici aussi) les héroïnes ou les femmes (même secondaires ou tertiaires) pour qui on (dans la plupart des cas ce "on" est un homme, obviously) est prêt à tout quitter, à tout faire, sont toujours superbes, merveilleusement belles, parfois intelligentes aussi mais c'est limite accessoire (et surtout jamais démontré, tout au plus indiqué dans un coin de paragraphe, entre la fermeté de ses seins et le rebondi de son cul), l'important étant qu'elles soient avant tout de foutues grosses bonasses. Seules les méchantes bonnes femmes médisantes ou encore les personnages secondaires asexuées ou clairement non baisable ont le droit d'être moche, grosse (même juste un peu), voire quelconque. C'est chiant, mais vraiment super chiant, de voir ressasser encore et encore ce cliché de merde qui sous entend qu'une femme ne peut être désirable, intéressante et source de projection dans l'avenir qui si elle est belle. Foutrement belle.
Alors bien sur il est plus glamour d'avoir un personnage principal sexy, beau, bandant, mais le problème et là ou ça commence à user c'est que c'est systématique chez les héroïnes alors qu'il n'est pas si rare que les héros ne possèdent pas un physique parfait. Ils peuvent avoir la mâchoire un peu trop carrée, le bide un peu gras ou encore des ongles incarnés et ça ne choquera personne. Par contre les héroïnes ont (presque) toujours la taille mannequin, des yeux envoutant, une crinière de braise-jais-or fin qui cascade sur des épaules fines que l'on souhaite enserrer et protéger...
Bon, ici, époque oblige on peut difficilement être face à un roman féministe. Les femmes n'avaient aucun droit, étaient considérées comme des utérus sur pattes et avaient plutôt intérêt à tenir leur langue si elles ne souhaitaient pas prendre un coup. Ce qui est d'ailleurs très bien rendu dans cette histoire et qui fait fulminer intérieurement plus d'une fois. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu'il aurait été intéressant que les héros puissent tomber amoureux de Soledad même si celle ci n'avait pas été une gravure de mode. Ça aurait rendu leur sentiments moins superficiels à mes yeux.
Et on en arrive, à mon goût, au plus gros problème de ce récit. Mais en même temps je sais qu'il s'agira du plus gros points positif pour d'autres lecteurs.
Je ne me suis pratiquement pas attachée aux personnages.
Ou, quand j'arrivais finalement à le faire ils agissaient l'instant d'après de telle façon que je ne pouvais pas être tristes pour eux dans leur malheurs vu qu'ils avaient finalement bien mérités ce qui leur arrivait.
Le comportement général de tout les personnages est agaçant. Ils sont tellement plein de défauts, tellement bien ancrés dans la réalité et tellement détestable car parfaitement crédibles... Des personnages à ce point inspirés de personnes réelles devaient obligatoirement être blindé de défauts, l'être humain en possédant par nature tellement et appréciant follement les cumuler. Seulement, en ce faisant on se retrouve avec des personnages qui sont problématique non pas parce qu'ils sont trop parfaits comme c'est trop souvent le cas mais qui au contraire sont détestable par bien des points. Ils sont trop humains, trop réalistes. Trop souvent je me suis dis « Bah, il lui arrive des merdes mais c'est un peu bien fait pour sa tronche ». A mon avis ce n'était pas l'effet recherché et ce n'est que ma propre sensibilité qui parle.
Du coup pour toute personne n'ayant pas la même que moi sur ces sujets (et ça en fait un paquet) je pense que ce coté réaliste pourra plaire.
Je ne suis pas adepte des récits témoignage (et donc des personnages trop ancré dans la réalité, trop plein de défauts et d’attitudes que l'on rencontre dans la vie de tout les jours, on l'aura compris) ce qui fait que je ne classerais pas ce livre parmi mes coups de cœur. En revanche je n'hésiterais pas à le conseiller à des gens qui aiment ce genre d'histoire parce qu'on est ici face à un produit qui a indubitablement un paquet de qualités. Ce ne sont juste pas celles que je recherche.
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