Il m'a fallu du temps avant de comprendre que nos déboires à bord de l'Astrolabe, et le tragique accident de 2010, faisait partie des aléas inévitables lorsque l'être humain se confronte à plus fort que lui. Qu'au XXe siècle, la vie de l'homme puisse être suspendue aux caprices de la météo ou de la mécanique nous paraît aberrant : à l'heure du tout-informatique, la panne, l'accident n'ont plus droit de cité. Au volant d'une Tesla, un conducteur peut rouler à 130 à l'heure sans regarder la route en faisant des mots croisés - et un pilote d'hélicoptère se crashe sur la glace pour avoir perdu la ligne d'horizon ? Rosetta se pose sur Mars, et un brise-glace doit rebrousser chemin à cause d'un glaçon dans l'hélice ? Cette ignorance de la matière dont est fait le réel caractérise notre époque accoutumée aux miracles de la haute technologie ; rien ne vaut un séjour à bord de l'Astrolabe pour s'en trouver guéri.
... l’électrochoc n’aurait pas été plus violent. Rien ne vous prépare jamais à la première rencontre avec les pôles - a cette immense gifle absolu.
Quand on embarque pour les pôles, on sait quand on part. Mais on ne sait jamais exactement où et quand on arrive!
Sous 40 degrés, il n'y a plus de loi, sous 50 degrés, il n'y a plus de Dieu