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Critiques de Lygia Fagundes Telles (26)
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Un thé bien fort et trois tasses

"Un thé bien fort et trois tasses", le titre , celui aussi de la première nouvelle, donne le ton de ce recueil "bien fort". Chez Telles ça ne rigole pas. Sous les apparences parfaites, civilisées des microcosmes humains, toute classe confondue, se manigancent les multiples vices humains. Derrière la façade du jardin d’Eden, le bac à sable de Lucifer,

La rivalité féminine dans tous ses états,

L'amante du mari,

La femme du frère,

L'amante de la fille....



On change de registre,



Rivalité saxophoniste ,

Le saxophone du mari,

Le saxophone de l’amant,



Rechange de registre,



Rivalité masculine,

Le présumé amant de la femme,

L’amant de la mère......



La liste est longue et la boucle se ferme encore avec une rivalité.....

Un saxophone, un collier de perle, une jambe orthopédique. trois tasses de thé....en révèlent beaucoup plus que leurs apparences. Lygia Fagundes Telles a plusieurs cordes à son arc. Des situations anodines, dans leur quotidien révèlent soudain l’insolite, l’occulte, le sordide, l'horreur, et même le fantastique, qu’elle raccroche à l’improviste à des petits détails gracieux, des symboles,"les petits papillons en porcelaine bleue sur les pavots de porcelaine", un rosier aux cent roses rouges, des papillons, la beauté des yeux, la couleur verte.....

L'éventail des sentiments suscités par ces récits est large. Alors que "Noel dans la barque" est profondément touchante, "Viens voir le coucher du soleil" pétrifie d'horreur. Et une fois embarqué, et compris le mécanisme, à chaque récit on est à l'affût, attendant d'où va débarquer le grain de sable qui va enrouer l'engrenage apparemment bien huilé.

La littérature sud-américaine avec son côté burlesque et coloré, bat son plein dans ce superbe recueil de dix-sept nouvelles,écrites d’après ce que je viens d’apprendre, par une des plus grandes dames de la littérature brésilienne. Tard mieux que jamais, une très belle découverte ! Obrigado andras !





« ....vous avez dit que la perfection dure une minute ».



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Balades au pays de l'enfance

Ne vous y trompez pas, contrairement à ce que laisse suggérer le titre, vous ne ferez pas une promenade tendre et nostalgique en enfance, en lisant ce recueil.



En effet, à travers ces sept nouvelles , ce sont plutôt les blessures enfantines, les traumatismes qui sont évoqués. Heureusement, dans certaines d'entre elles, la tendresse affleure.



J'ai apprécié de retrouver l'italienne Maria Messina, dont j'avais aimé le roman " La maison dans l'impasse". " Déceptions" est un texte doux-amer, où les jeux d'enfants sont dédaignés. J'ai été sensible aussi à la nouvelle poignante de l'indienne Chitra Banerjee Divakaruni , " Les chauve-souris" , présentant une petite fille dont la mère subit les violences de son mari . Pour un temps, elle connaîtra l'affection d'un parent âgé , un baume au coeur d'une enfance brisée.



le texte de Jean-Philippe Blondel " J'ai encore rêvé d'elle", est le seul qui est en fait un extrait de son roman" Juke Box", me donnant d'ailleurs bien envie de le lire. Les autres nouvelles m'ont plu aussi, sauf la dernière, la plus longue, qui, à mon avis, traite avant tout de l'adolescence et ne m'a pas accrochée.



La diversité d'origine des auteurs aurait pu être un plus, mais avec une seule nouvelle de chacun, on reste forcément à la surface de leurs univers respectifs, ce que j'ai trouvé frustrant. Cependant, comme tous les titres d'oeuvres dont sont tirées ces nouvelles sont cités a la fin, je pourrai faire plus ample connaissance avec ceux qui m'ont davantage attirée.
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Les Pensionnaires

Roman phare d'une des grandes dames de la littérature brésilienne du XXe siècle, LES PENSIONNAIRES ( AS MENINAS – lu en V.O.) a été initialement publié au Brésil en 1973, en pleine période de dictature militaire connue par le pays entre 1964 et 1985.

Il semble d'ailleurs incroyable, rétrospectivement, qu'un tel ouvrage ait pu échapper complètement au contrôle et passer entre les mailles de l'appareil de censure impitoyable bâillonnant alors le Géant sud-américain.

Le lecteur y trouvera, en effet, outre un certain nombre d'allusions à la réalité sociale et politique du Brésil à cette époque, la description d'une séance de torture où il est exposé avec force détails l'un des procédés préférés des tortionnaires du régime, à savoir l'administration de chocs électriques, sur les muqueuses et particulièrement aux zones génitales, le supplicié ayant été auparavant accroché, nu, mouillé, poings liés passés derrière les genoux, à une barre horizontale, abominable technique de torture connue au Brésil sous la curieuse appellation de «pau-de-arara» : «branche-à-ara».

Lors d'une interview accordée quelques décennies plus tard, Lygia Fagundes Telles s'en étonnerait elle-même, déclarant non sans ironie n'y trouver d'autre explication plausible à part le fait que le censeur, assommé par le style du roman et n'en pouvant plus, avait voulu s'en débarrasser au plus vite, «complètement dépassé au bout de quelques pages d'une lecture aussi harassante»..

Comparé par de nombreux critiques et lecteurs à Virginia Woolf, et notamment au roman «Les Vagues», par l'utilisation massive et quasi-exclusive du monologue intérieur et du «streaming of consciousness», dans «Les Pensionnaires», en effet, la réalité extérieure n'apparaît la plupart du temps, en tant que telle, que par intervalles et à travers de minces brèches narratives qui se creusent au fur et à mesure dans le flux de conscience des trois «meninas» occupant le devant du tableau : Lorena, l'infante gâtée, issue de la grande bourgeoise brésilienne ; Lião, pur produit du melting-pot culturel et racial si cher à l'imaginaire collectif brésilien, engagée corps et âme dans la lutte contre le régime dictatorial, Ana Clara, enfin, belle et écorchée, noyée dans des rêves extravagants d'ascension sociale autant que dans les drogues et l'alcool. Les trois amies sont étudiantes, pensionnaires d'une résidence tenue par des bonnes soeurs, ce qui au Brésil représentait, encore à cette époque, une sorte de caution morale permettant aux jeunes filles, en tout bien toute honneur, de quitter le domicile familial afin de poursuivre des études supérieures dans les grandes villes brésiliennes.

Roman sur les femmes, autour de la sensibilité et de la complicité féminines (la «sororité», dirait-on actuellement), « Les pensionnaires » constitue en même temps un saisissant tableau d'une époque, celle des années 60/70, et des mutations en train de s'opérer alors au sein de la société traditionnelle patriarcale brésilienne, portrait dressé donc par l'artiste essentiellement à partir de l'intime et du regard subjectif de ses protagonistes.

L'ayant lu en version originale, je ne peux, bien sûr, porter de jugement sur l'édition française du roman (une critique à Babelio en loue néanmoins la bonne qualité) ; je me dis tout de même que cela a dû donner pas mal de fil à retordre, même à quelqu'un d'aussi chevronné que Maryvonne Lapouge-Petorelli, traductrice française de Lygia Fagundes Telles et connue par ailleurs des lecteurs amateurs de littérature lusophone par le grand soin apporté à ses nombreuses autres traductions du portugais. Dans le roman, en effet, la langue est marquée par une importante recherche formelle (ce qui aura contribué probablement à dribler la vigilance obtuse de son censeur..), tant sur le plan narratif, cherchant notamment à épouser les contours hasardeux et les vicissitudes de la libre-association d'idées (phrases elliptiques, rêveries récurrentes, constructions à l'aspect incohérent ou à la syntaxe «tronquée», changements abrupts de focalisation interne entre les personnages mis en présence…), que sur le plan sémantique et lexical (alternance, parfois juxtaposition entre un registre oral, puisant largement dans l'argot des jeunes, bien enraciné dans l'esprit de la langue et dans la pop-culture brésilienne de cette époque (le vocabulaire de son propre fils, alors adolescent, aurait été d'après l'auteure une source précieuse pour son livre!), langage donc informel et erratique, et une langue beaucoup plus littéraire, traversée par de nombreuses références intertextuelles ou citations latines.



Lorsque la liberté de création et d'expression artistiques sont jugulées par la force, lorsque la production culturelle d'un pays se retrouve amputée, soumise à des critères idéologiques, à un stupide «imprimatur d'État», les artistes refusant de «jouer du fifre» pour le régime sont condamnés soit à l'indexation et au silence, ou à l'emprisonnement, soit à l'exil, extérieur ou intérieur. La brutalité des régimes totalitaires ne réussira pourtant jamais à faire taire les artistes.

Le refrain du «Si se calla el cantor, calla la vida », de la magnifique «Negra Sosa» («Si le chanteur se tait, la vie se tait», Mercedes Sosa) résonnera encore et toujours dans la plus ténébreuse des nuits. Celle de Lygia Fagundes Telles, à propos de l'écriture, décrète : « aussi les lettres sont-elles lancées à la mer, dans les abîmes, dans les poubelles, les égouts, falsifiées et décomposées, torturées et emprisonnées. Certaines en meurent, mais cela n'a aucune importance, elles reviennent sous une autre forme, comme les morts.»

Les voix courageuses d'artistes qui se sont s'élevées au Brésil durant les années les plus sombres de la dictature militaire ont dû souvent recourir à des stratégies de contournement, aux ruses du «montrer-cacher» et à l'allégorie, à un langage plus ou moins crypté afin de fourvoyer les censeurs. C'est ainsi qu'au tournant des années 1970, malgré la mise en place d'un puissant appareil de censure d'État, un véritable mouvement de résistance artistique verra le jour dans le pays, dont des courants tels la "Marginália" ou le «Tropicalisme», ou encore des artistes comme Chico Buarque, deviendront pour des générations successives de brésiliens, emblématiques de la résistance culturelle contre la brutalité de la dictature militaire. Ce roman de Lygia Fagundes Telles en fait, à mon sens, partie.

«Les Pensionnaires» est un roman qui s'entrouvre et se dérobe constamment au lecteur, et qui demande souvent à être lu entre les lignes : une lecture qu'on pourrait dans un certain sens qualifier d'exigeante (sans être pour autant pesante). Les regards pour ainsi dire «intervallés», tant de la part de l'artiste, qui semble veiller à ne surtout pas tout révéler, que de ses «menines» envers elles-mêmes ou bien croisés entre elles, semblent traduire la même obstination à vouloir se rendre, ou rendre l'autre tangible, reconnaissable, et en même temps à se soustraire, ou en tout cas à ne pas se laisser complètement enfermer par cette même réalité. Lorena se dérobe entre autres aux injonctions familiales et aux préjugés de sa classe sociale favorisée, dont elle n'arrive pas à se départir complètement, Lião se cache de la police, mais aussi de son désir de vivre dans une certaine normalité sociale, Anna Clara fuit la réalité et un passé traumatisant dans des addictions et des rêves de toute-puissance. Un jeu qui s'étend aussi à leurs rapports ambigus avec les religieuses du pensionnat, qui les regardent à leur tour, à la fois les surveillent et les maternent.

Le dénouement surprenant et spectaculaire de l'intrigue restera également comme une image formidablement exemplaire de cette subtile mécanique d'escamotage.

Le mot "meninas» du titre signifie en portugais «petites filles» et renvoie en même temps au nom du célèbre tableau de Velasquez. Aucune traduction (sauf peut-être l'espagnole ?) ne semble à ma connaissance avoir osé de le rattacher directement à l'une des plus célèbres peintures de l'histoire de l'Art - ce qui peut d'ailleurs tout à fait se comprendre. En anglais, le titre a été par contre curieusement traduit par: « The Girl in the Photograph» (timide allusion à une notion de reflet du réel?).

Je reste néanmoins intrigué par la possibilité qu'il ait eu là une intention et un double-sens recherchés volontairement par l'auteure (si quelqu'un pouvait d'ailleurs me le confirmer…ou infirmer, j'en serai reconnaissant, n'ayant rien pu trouver de particulier à ce sujet!) en lien étroit avec les «Ménines», le tableau. En tout cas, la forte présence, la «patte» de l'artiste, par le biais de son travail d'expérimentation, libéré de tout souci de réalisme ou de naturalisme ; la perspective originale retenue par les deux créateurs (Lygia Fagundes Telles choisissant elle de traiter la réalité sociale et politique du pays à travers la subjectivité de trois jeunes femmes, Velasquez peignant le puissant couple royal, véritable sujet du tableau, mais qu'on ne voit vraiment qu'au travers d'un reflet sur un tout petit miroir au fond du salon où les ménines occupent le devant) m'ont personnellement persuadé qu'un tel rapprochement pourrait bel et bien avoir existé!

Hélas, on ne pourra plus poser la question directement à Lygia Fagundes Telles qui vient de quitter notre monde visible, au mois d'avril de cette année, à 99 ans. Non plus à son émérite traductrice, Maryvonne Lapouge-Petorelli, partie elle aussi un an plus tôt.

«Volat irreparabile tempus.»



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L'Heure nue



Après un premier tiers du livre bien laborieux du fait de voix entremêlées évoquant des évènements présents et des traces de souvenirs rattachés à des personnages non identifiés - nous comprenons assez rapidement tout de même que, parmi ces voix, s'exprime celle d'un chat Rahul, et que celle de sa maîtresse est difficile à suivre car noyée dans les vapeurs de whisky -, j'ai finalement accepté de suivre les divagations, les bribes de monologue de l'actrice vieillissante et alcoolique Rosa Ambrosio, le puzzle de sa vie prenant forme au fil de ses remémorations et de celles du témoin Rahul.

Rosa pleure sa beauté, sa jeunesse, son succès et ses amours perdus. Elle se vautre dans les regrets et les remords. Tous les hommes de sa vie sont partis, son père envolé après être allé s'acheter des cigarettes, Miguel son premier amour, Gregorio son mari torturé pendant la dictature qui a maquillé son suicide en infarctus, ce que seul le chat sait, Diogo son assistant qui est devenu son amant.

Ne reste autour d'elle qu'une poignée de femmes avec lesquelles elle entretient des relations ambigües, teintées de rivalité, Cordilia, sa fille, qui, à son grand désespoir, ne fréquente que des hommes âgés, Dionisia, sa fidèle employée de maison, et Ananta, jeune psychanalyste, sur le divan de laquelle elle déverse son flux de paroles, et qui, pour des raisons obscures, va bientôt disparaître.

Les destinées et les voix de ces femmes se croisent dans cet immeuble de standing dans lequel elles demeurent et travaillent.

Nous sommes au sein de la bourgeoisie de Sao Paulo, au sortir de la période de la dictature militaire dont les effets délétères sont encore bien présents. Les femmes tentent de s'émanciper et se regroupent pour lutter contre les violences qu'elles subissent.

Rosa, personnage attachant, se cherche dans les lambeaux de son passé et de sa gloire évanouie, en quête d'une image que ses miroirs ne lui renvoient plus. L'heure est nue et Rosa n'est plus en représentation. Elle doit, seule, affronter ses démons et ses chagrins.

Lygia Fagundes-Telles, dont j'avais apprécié les nouvelles du recueil Un thé bien fort et trois tasses, nous offre ici, à huis clos, un beau et nébuleux "Portrait d'une enfant déchue". Un livre exigeant, dont les recherches formelles supposent de lâcher prise et de se laisser bercer par les confessions de Rosa.
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Balades au pays de l'enfance

Sept textes, sept auteurs qui viennent d'Italie, de France, du Brésil, d'Uruguay ou d'Inde. Sept textes d'une force inégale qui évoquent des instants de l'enfance. Ce petit recueil permet de découvrir des styles et donne envie de lire certains ouvrages dans leur intégralité. J'ai ainsi pu noter le roman "Juke Box" de Jean-Philippe Blondel, "Quand on aime..." de Mario Delgado Aparain, et aussi "Mariage arrangé" de Chitra Banerjee Divakaruni.

Un livre agréable qui fait voyager dans l'espace et le temps.
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Un thé bien fort et trois tasses

Dix-sept nouvelles, dix-sept perles rouges, dix-sept brefs récits, taillés dans cette étoffe humaine dont nous sommes faits, tantôt remplie de trous, tantôt rapiécée de toute part. J'adore l'art qu'a Lygia Fagundes Telles de nous plonger en quelques paragraphes au cœur d'une situation où deux ou trois personnages sont aux prises. Sa langue est précise, délicate mais peut aussi se montrer aussi efficace qu'un scalpel. C'est une vision plutôt sombre de l'existence qui nous offerte dans ce recueil, mais une vision transcendée par la littérature.
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Les Pensionnaires

Une œuvre singulière, puissante, splendide.

On y suit le destin de trois amies, jeunes, pensionnaires à Sao Paulo d'une institution religieuse (curieusement permissive) ; trois destins individuels qui illustrent la société brésilienne des années de dictature, chacune venant d'un milieu social très différent.

Lorena la bourgeoise vit cloîtrée dans son minuscule univers de rêves, de livres et de préciosité maniaque, sourde au monde extérieur. Lia, la révolutionnaire dont l'amoureux est en prison, est au contraire toujours dans l'action, entre les tracts à rédiger et la diffusion des témoignages de torture. Quant à Ana, "belle comme une déesse", elle tente d'oublier son enfance de misère et de sévices, dans un rêve doré de richesse, de yachts et de villas, sans parvenir à s'extraire de la drogue et de l'alcool.

Lygia Fagundes Telles livre avec une immense virtuosité les pensées de chacune de ces femmes tour à tour, souvent passant de l'une à l'autre sans prévenir, souvent elliptique. Ce faisant, elle déploie à travers leurs vies, leurs familles, leurs souvenirs, tout le panorama d'un Brésil violent, cruel : une bourgeoisie réactionnaire à la dérive ; des vieux nazis ; une jeunesse sans espérance, dont la révolte semble condamnée.

Tout du long j'ai pensé que cette écriture magistrale m'évoquait bien un futur prix Nobel... mais je découvre à l'instant que Lygia Fagundes Telles a rendu l'âme il y a trois semaines. Encore un rendez-vous manqué...

Traduction parfaite de Maryvonne Lapouge-Pettorelli.

Challenge ABC

Challenge Globe-trotter (Brésil)
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L'Heure nue

Une vieille actrice alcoolique qui a perdu ses amours, une analyste qui pense que son voisin se transforme en cheval, un chat qui voit des fantômes, quelques autres personnages... L'heure nue est un roman déroutant, qui évoque ce qui disparait.

Depuis ma découverte de Un thé bien fort et trois tasses, je sais que je lirai tous les livres de Lygia Fagundes Telles qui croiseront ma route. J'aime son écriture. A défaut d'avoir tout compris de cette histoire, à défaut de l'avoir dévorée avec facilité, il y a eu quelque chose d'envoûtant. Je continuerai à découvrir l’œuvre de cette autrice brésilienne.
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Un thé bien fort et trois tasses

17 nouvelles ciselées et troublantes, aux personnages "sur le fil", sombres, dans une ambiance souvent moite et élégante. 17 nouvelles sans sucre, à siroter lentement comme un thé bien fort. Une invitation à s'asseoir et arrêter le temps.
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La structure de la bulle de savon

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Lygia Fagundes Telles et c'est un plaisir de retrouver la puissance d'écriture de cette autrice brésilienne qui raconte la violence latente, sociétale, dans l'intime des relations et des vies. Brillante dans l'art de la chute comme dans l'atmosphère floue, vénéneuse. Ici, ce sont neuf nouvelles de tailles et de formes diverses, présentant des personnages plutôt touchants pris dans une nasse d'impossibles et de haine calme. Peut-être que les histoires auront disparues de ma mémoire comme celles de Un thé bien fort et trois tasses, ma première lecture - il me reste un saxophoniste - mais ça n'a pas d'importance, je relirai. Mon prochain livre d'elle sera le roman Les pensionnaires.
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Balades au pays de l'enfance

Histoires d'ailleurs : sept nouvelles de pays différents autour de l'enfance.

Italie - Déceptions - Un monsieur sans enfant a inventé un rituel pour ses petites voisines jusqu'au jour où, ayant grandi, elles se rendent compte de la puérilité du jeu.

France - J'ai encore rêvé d'elle - Correspondance scolaire entre un jeune ado parisien et une jeune avignonnaise. Ils sont issus de milieux sociaux différents.

Brésil - Le petit garçon - Un petit garçon va au cinéma avec sa maman. Elle a rendez-vous avec un homme.

Espagne - Notre inconnu - Un enfant attend son père au pied de la passerelle d'un bâteau. Mais son père n'est pas là.

France - Mercredi après-midi - Alexandre et Cassandre sont frère et soeur. Ils se chamaillent comme tous les enfants et font parfois preuve de cruauté. Les parents sont à 100 lieues de leurs préoccupations.

Inde - Les chauves-souris - Une femme décide de quitter son mari violent. Elle part avec sa petite fille retrouver son père à la campagne. La petite fille tombe amoureuse de son nouvel univers. Mais sous la pression sociale, la mère revient à Calcutta subir sa destinée.

Italie - La jeune fille venue pour l'été - Août 1939 - Pia est "marcon", la jeune fille qui s'occupe des enfants durant l'été dans les familles bourgeoises. Elle est fiancée à Gianni qui est mobilisé. Pietro, le fils de la famille, tombe sous le charme de cette sportive. C'est Luigi, le jeune enfant qui raconte ce bel été avant l'horreur.

Cet ensemble se lit facilement même si être un enfant n'est pas très drôle dans cet opus. On peut s'y retrouver mais cela ne me laissera pas un grand souvenir.

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Un thé bien fort et trois tasses

Un recueil de nouvelles pétri d'intelligence, d'observation, de retenue..

L'auteur peut nous mettre mal à l'aise, car ici ambiguïté voire légère perversité sont de règle.

Les femmes et les hommes sont observés, analysés dans leurs comportements sans bienveillance et sans fard.

L'acuité du regard de l'auteur est étonnante.

Un petit bijou !
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Un thé bien fort et trois tasses

Un thé bien fort et trois tasses dépeint des tranches de vie simples, dures et émouvantes en peu de mots et sans beaucoup d'effets. L'écriture de Lygia Fagundes Telles est juste et trouve son chemin pour nous faire ressentir en quelques pages la vie et le passé de chacun de ses personnages. On y retrouve les thèmes de l'adultère, de l'homosexualité, de la trahison, de la folie... voici quelques petites nouvelles à dévorer patiemment.
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La Discipline de l'amour

Un roman qui rassemble des textes, extraits de journal intime, nouvelles, nés d'une phrase, d'une image ou d'un rêve. Il y est question d'animaux, de douleur physique, d'ostracisme dont souffrent les femmes, d'écriture, d'impressions de voyage.
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La Discipline de l'amour

"Et il y a un certain lien entre eux ? m'a demandé A.M. J'ai répondu qu'il s'agit de fragments de réel et d'imaginaire, en apparence indépendants, mais je sais qu'un sentiment commun les tisse et les assemble entre eux à la racine. Je suis le fil."

Ce livre est exactement cela. Des rêves, des morceaux de nouvelles, des bouts de voyage, des souvenirs d'enfance, des instants, des réflexions disparates (le féminisme, la vie...), qui éclairent l’œuvre d'une autrice à la voix singulière (après Un thé bien fort et trois tasses et L'heure nue, j'ai très envie de découvrir le reste !), au bord d'une folie qui semble sous ses mots être l'âme du Brésil, un Brésil âpre et bouillonnant sous la couche des apparences bourgeoises.
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Balades au pays de l'enfance

Ces nouvelles parlent d'enfance...Mais pas d'enfances forcément tendres ou vues d'un oeil nostalgique, avec le regret d'être devenus adultes.

Les enfants de ces nouvelles sont témoins de faits qu'ils ne comprennent pas, de fuite ou d'abandon, se chamaillent entre frère et soeur ou constatent qu'ils ont grandi et ne vibrent plus aux mêmes émotions.

L'ensemble se lit facilement mais je l'aurai vite oublié!
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Balades au pays de l'enfance

Je ne suis pas fan de nouvelles de manière générale c'est la raison pour laquelle ce livre est dans ma PAL depuis plusieurs années.

Finalement, je me suis décidée. Il s'agit plutôt d'un recueil d'extraits de livres, passages axés sur l'enfance...



Et bien, ce n'est pas gai! On aurait pu imaginer qu'on y aurait retrouvé des récits légers, amusants, naïfs...

Que nenni ! Au fil des pages, les enfants qu'on y croisent découvrent l'adultère, l'abandon, la violence conjugale, la jalousie....

Certes, c'est bien écrit, mais chaque petite histoire laisse sur sa faim sans jamais donner envie de lire le livre entier.



Décidément, je n'aime pas les nouvelles.
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Un thé bien fort et trois tasses

Les nouvelles de l’ouvrage ont été écrites, pour la plupart, à la fin des années soixante. Seules une ou deux d’entre elles, notamment, sont antérieures aux autres d’une dizaine d’années. Ces nouvelles sont assez courtes et ne sont en aucun cas le théâtre d’une succession de péripéties, bien au contraire, ces récits s’attardent chacun à leur manière sur une tranche précise de vie, aussi furtive soit-elle, de chacun des différents narrateurs. L’action y est donc largement secondaire. On en sait très peu sur le contexte socio-politique précis, tout est volontairement laissé dans le flou. Donc, l’accent ici n’est pas mis sur les trames narratives par elles-mêmes, lesquelles d’ailleurs sont releguées en arrière plan, il s’agit davantage de capturer la fugacité de l’instant présent et des sentiments des personnages, qui semblent se fondre dans leur environnement « Les gens éclaircissent à mesure qu’ils vieillissent. Les roses rouges au contraire deviennent plus foncées, regarde, celle-ci est presque noire« . J’ai trouvé une certaine cohérence dans l’enchaînement de ces nouvelles, puisque chacune d’entre elle reprend un élément clef du récit précédent. Cela marque ainsi une évolution globale, dont le point de départ est un monde à priori lumineux et chatoyant ou s’insinuent peu à peu les failles et les noirceurs qui caractérisent l’Homme.

        Le point central des textes est l’exploration de l’être humain et des relations qui les définissent. Mais les êtres ne sont pas traités de la même manière. Lygia Fagundes Telles use de son art pour explorer la représentation féminine, souvent à partir du point de vue masculin. On s’aperçoit bien vite en effet que la femme est la figure essentielle de ces histoires et c’est ce qui a rendu ma lecture captivante. Tantôt être fragile ou implacable tantôt dure ou superficielle, elle est aussi le socle familial inébranlable, la meurtrière exaltée, le soutien infaillible qu’est la figure récurrente de la domestique, la mère adultérine ou même la prostituée. Tout à tour, femme, mère, maîtresse, ces récits illustrent la complexité, le paradoxe de son statut, de sa nature et de sa représentation. L’homme, bien souvent victime, subit ses colères, sa folie, ses appétits et sa fougue. C’est très souvent une impression peu flatteuse de la femme qui ressort de ces textes: la futilité des manies presque grotesques de l’une s’oppose aux manières étranges et même rudes de l’autre dans Le Jardin Sauvage. Le thème de l’amour saphique est d’ailleurs évoqué dans Le Choix, sous l’angle d’une relation mère-fille conflictuelle, et s’avère dès les premières lignes voué à l’échec.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Les Pensionnaires

Trois jeunes étudiantes, amies, durant la dictature à Sao Paulo. Entre rêve , fantasmes et espoir ou désespoir, elles tentent de vivre et de se construire dans une société où règnent la délation et la peur. La subime Ana se drogue pour oublier son enfance traumatisée ; Liao, dont le père est un ancien nazi, résiste et complote avec son groupe de révolutionnaires, tout en se faisant un sang d'encre pour son ami arrêté et certainement torturé ; Lorena se terre dans son appartement et prend des bains en attendant éternellement son M. N., perdue dans les souvenirs de son enfance et d'une famille fracassées.

Pas facile à lire, on est dans un délire permanent, dans les songeries et les hallucinations.
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Balades au pays de l'enfance

Balades au pays de l’enfance a longtemps pris la poussière sur une étagère car je n’étais pas vraiment enthousiaste à l’idée de lire des extraits qui me vanterait le bonheur d’être un enfant. Et bien au contraire, j’ai eu l’agréable surprise qu’il n’en était rien. L’enfance est mise en scène dans toute sa dureté. Etre un enfant dans un monde d’adultes, cruel, violent, menteur. On ne comprend pas tout ce qui nous entoure, on subit, on ne maitrise rien. On est également en quête d’identité, on est influençable, à la recherche de sa place dans le troupeau et gare à vous si vous avez le malheur de sortir du rang.
Lien : http://majanissa.over-blog.c..
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