Entre les vitraux et les tableaux, dit M. Boulongue, il y a la même différence qu'entre le bas-relief et la statuaire ronde-bosse. On sait, en effet, que le bas-relief ne doit point se permettre les raccourcis, qu'il doit éviter la multiplicité des plans, et rechercher avant tout la simplicité des gestes et la vérité incontestable des poses, des attitudes; la loi du bas-relief a donc beaucoup d'analogie avec celle des vitraux. Dans la statuaire ronde-bosse, au contraire, ainsi que dans les tableaux, l'artiste a pour but une imitation plus complète du naturel; la convention, si essentielle au style monumental, serait très déplacée dans cette application de l'art ; ainsi donc les vitraux sont l'expression la plus éloignée du genre portrait.
Dans les arts céramiques, les vernis servent à recou- vrir certaines parties de poteries poreuses sur lesquelles
il convient de peindre des sujets décoratifs avant que la
pièce soit cuite en pâte. Les ornements en bleu souscouverte, appliqués sur la porcelaine de Sèvres, sont
disposés à l'essence sur une couche de vernis qu'on brûle
avant la mise en glaçure.
CHAPITRE PREMIER.
Préceptes considérations et renseignements historiques sur l'art des vitraux et de la peinture sur verre, suivis d'un Mémoire sur les vitraux peints, par M. Chevreul.
La peinture sur verre étant un art essentiellement monumental, on a posé comme axiome que les vitraux doivent toujours être en harmonie avec les monuments qu'ils décorent.
Cette différence essentielle entre le tableau et le vitrail
est incontestable, mais les anciens peintres-verriers n'avaient pas à s'en occuper; car, dans ce temps, l'art des tableaux n'existait pas encore, la sculpture seule était appelée, avec les vitraux, à la décoration des monuments. Ceci s'applique exclusivement à l'époque du xie au xive siècles, car, plus tard, les fresques concoururent, conjointement avec les vitraux,àl'embellissement des églises ; et encore est-il vrai de dire que, dans le principe, l'art des fresques reposait à peu près sur les mêmes bases que celui des vitraux.
Il faut bien remarquer que la Renaissance, qui éleva si
haut l'art des tableaux, introduisit des principes qui séduisirent les peintres-verriers et les firent, pour ainsi
dire, tomber dans un piége. Dès lors, les vitraux cessèrent d'être simples; ils visèrent au mouvement, à l'effet, à la perspective; ils s'éloignèrent rapidement de la lignetracée par les siècles précédents et s'abaissèrent par degrés, malgré le mérite incontestable des grands coloristes quivoulurent exécuter sur verre les tours de force, les prodiges qu'ils réalisent sur toile par la peinture ordinaire.
Ce Manuel embrasse à la fois quatre professions, la Peinture sur Verre, la Peinture sur Porcelaine, la Peinture sur Émail, l'Émaillage des métaux communs et de la terre cuite. Au premier abord, ces professions sont absolument distinctes, et en effet, dans l'industrie, elles sont exercées par des corps d'état qui sont séparés les uns des autres ; mais cependant elles se touchent de la façon la plus intime, soit par les procédés d'exécution, soit par la nature des matériaux qu'elles mettent en oeuvre.