Dans une nouvelle édition britannique, plusieurs mots de l'oeuvre de Roald Dahl ont été modifiés pour, selon les éditeurs, moderniser les textes. Une dénaturation ou une adaptation naturelle des oeuvres d'art à l'époque et aux changements de valeurs ? Cancel culture, réécriture des classiques, adaptation des oeuvres : comment comprendre l'évolution de l'art au XXIe siècle ?
Pour en débattre, Guillaume Erner reçoit Thiphaine Samoyault, essayiste, traductrice et critique littéraire, directrice d'études à l'EHESS et Marc Weitzmann, journaliste, écrivain, producteur de Signe des Temps à France Culture.
#litterature #cancelculture #roalddahl
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Ils croyaient au Progrès, à la Science, à ce que l’on appelle les Idées Avancées. Ils y croyaient avec une confiance inébranlable qui frisait la religion. La marche vers le progrès technique et moral était sans le moindre doute guidée par les intellectuels et les écrivains et les livres avaient le pouvoir d’expliquer les choses – de les expliquer pour les changer.
Ils avaient connu la peur. Ils savaient comment du plus familier peut naître le plus étrange. Ils avaient vu les règles les plus sûres se changer en leur contraire et le cours des choses humaines prouver une fois encore sa nature imprévisible, dangereuse, profondément déloyale.
Mes parents voyaient dans la culture un outil de domestication du monde – et dans le langage le harnais par lequel apprivoiser la violence. La discussion, le dialogue, la lecture étaient, pour eux, les instruments les plus efficaces capables de mettre à distance l’imprévisible sauvagerie de la nature humaine et d’instaurer, entre les êtres, des rapports de confiance.
Assembler le peuple. Unir le peuple. Décentraliser, démocratiser une culture de masse encore balbutiante, qui n’avait pas inventé ses produits et devait alors, du coup, composer avec l’art – si bien que l’art semblait devenir populaire
Ma chance, c’est que je rédigeais des dépêches financières. C’est un domaine si compliqué qu’il nécessite moins de compétence qu’on ne pourrait le croire, vu que personne n’y comprend rien, et cela me conférait du coup une certaine solitude que j’avais fini par rechercher : je tâchais de garder un profil bas.
Un vaudeville, voilà la vérité de la situation. Un classique vaudeville parisien entre une femme qui cherche l'attention comme le poisson l'eau, l'inattention personnifiée que peut être un intellectuel, lorsqu'il est ambitieux, de surcroît - et, au milieu, un jeune type qui pense trop et se connaît mal.
"Il y a quelque chose chez toi. C'est presque un principe de domination. Tu te poses quelque part, tu ne dis rien, tu observes. Le plus curieux est que ça apaise. ça devrait angoisser, ça devrait agacer. ça agace, d'ailleurs, parce qu'on se surprend à attendre le verdict. Mais ça calme. On ne peut pas dire que tu fasses des efforts, pourtant, tu n'essaies pas de donner le change, tu n'es pas quelqu'un de rassurant. On vois que tu n'as pas particulièrement de morale, par exemple. Tu ne fais pas ce que tu veux bien faire, tu ne crois pas en grand chose. Je soupçonne un fond d'égoïsme chez toi. Mais ça marche. En tous cas sur moi. J'ai le sentiment que tu comprends certaines choses. Je te fais confiance sans savoir pourquoi. J'ai tout de suite su que si tu le voulais tu finirais par m'avoir."
L'Histoire, au bout du compte, est l'histoire des récits que les humains s'inventent pour rendre compte de ce qu'ils font. Lorsque ces choses deviennent excessives, les récits pâlissent, et ce qu'il faut alors essayer de comprendre, c'est pourquoi certains ressorts narratifs fonctionnent mieux que d'autres dans le processus de légitimation rationnelle du sadisme et du meurtre.
Pour que la libération ait un sens il faut agir comme si on ne se libérait pas. C’était ma conclusion. Les choses restent tragiques et inévitables même quand elles sont de la blague.
En vérité, bien sûr, la population musulmane est trop diversifiée, son histoire trop multiple, pour que quiconque puisse prétendre la représenter « authentiquement ». Plusieurs tendances s’affrontent violemment en son sein, comme au sein de l’islam mondial, et le choix que l’on fait de soutenir les uns ou les autres en dit moins sur ceux que l’on choisit que sur ceux qui choisissent. (p.197)