Ils sont deux – de taille différente mais de nature semblable : il s’agit des célèbres “punaisia normalis“ et « p’tit bourgeois vulgaris“. Tous deux complaisent sur les matelas moisis de l’époque.
Accordéonov repousse le garçon d'honneur et se précipite sur le clavier.
LE GARCON D'HONNEUR (le regarde d'un air menaçant) - Et pourquoi est-ce que tu ne joues que sur les touches noires ? Le prolétariat n'aurait droit qu'à la moitié des touches ? Jouer sur toutes c'est réservé à la bourgeoisie ?
ACCORDEONOV - Qu'est-ce que vous allez imaginer, citoyen ? Je suis justement en train de jouer sur les blanches.
LE GARCON D'HONNEUR - C'est le bouquet ! Tu accordes un traitement de faveur aux blanches ? Il faut jouer sur toutes !
ACCORDEONOV - C'est ce que je fais ! Sur toutes.
LE GARCON D'HONNEUR - Alors comme ça tu joue tantôt les noires tantôt les blanches, opportuniste !
Très honorés camarades et Gentlemen, veuillez je vous prie faire honneur à la nourriture ! Où trouve-t-on aujourd'hui de la cochonnaille pareille ? Ce jambon, je l'ai acheté il y a trois ans, en prévision d'une guerre avec la Grèce ou la Pologne. Mais voilà... il n'y a pas eu de guerre... et le jambon commençait à s'abîmer... Mangez, Gentlemen !
Notre amour est liquidé. Ne faites pas obstacle au libre épanouissement d’un sentiment civique, sinon j’appelle la milice.