Elle eut cette surprise si fréquente en montagne de constater qu'ils n'étaient encore qu'à mi-hauteur sur la route du col, les lacets du bas en tremplin leur ayant masqué la partie supérieure qui venait de surgir tout à coup comme une apparition en cet endroit... Cruelle déception qu'elle garda judicieusement pour elle... Oui, c'était vraiment le bout du monde.
A cette époque encore, on ne comptait que peu d'apports étrangers par mariage. L'institutrice ne connaissait pour son propre compte qu'une Bretonne mariée à Bessans : c'était la mère de son cher petit élève Henri. SI pour la situer dans le village, elle parle d'apport "étranger", c'est qu'ainsi était considéré par les gens du pays quiconque ne faisait pas partie intégrante de leur communauté...
À la moindre fausse note, il était rappeler à l'ordre avec rudesse ! il y avait des lois à ne point transgresser, ils les connaissaient bien pour les avoir apprises à ses dépens !... C'est pourquoi, ceux qui connaissent, ceux qui ont pratiqué la montagne sont effrayés de voir - avec l'attrait et la mode des sports d'hiver -tant de citadins non averti, partir à l'aventure souvent n'importe où, à n'importe quel moment de la journée, par tous les temps... et le payer parfois si cher !