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Critiques de Mahasweta Devi (18)
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La mère du 1084

« La mère du 1084 » est un livre douleur, un livre qui vous agrippe et qui vous torture. Il est impossible de rester à distance, l’empathie avec la mère de Brati tué avec violence par la police se fait à la seconde même où elle apprend ce qui vient d’arriver à son fils. Cette douleur est d’autant plus grande qu’elle est seule, face à cette souffrance, puisque son mari Dibyanath se préoccupe avant tout de sa réputation et donc pour sauver son aura se préoccupera prioritairement à ne pas voir son nom apparaître dans les journaux. Il sera organisé une fête pour les fiançailles de sa fille le jour de l'anniversaire de la mort de Brati !

On partage la douleur de cette mère, Sujata, devant la mort de son fils mais aussi devant son incompréhension et aussi et surtout face à son constat qu’elle ne le connaissait pas, ne le connaissait plus. Il s’est éloigné d’elle, même si son amour pour elle était bien présent et fort. Elle ne l’a pas vu s’éloigner, s’engager dans une lutte contre le pouvoir en place. « Comment avait-elle élevé Brati, en cette décennie en cette Décennie de la Libération, pour que son nom soit remplacé par le matricule 1084 ? Qu’avait-elle donc fait , ou oublié de faire, pour qu’on en arrive là ? Quelle était sa faute ? »

Quelle finesse dans le regard de cette mère qui est tourné vers son fils mais aussi sur le monde dans lequel elle vit.

Ce roman est extrêmement poignant, bouleversant et émouvant.

Merci visages pour ce prêt ! je comprends pourquoi tu as été émue !!!...

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La mère du 1084

Mahasweta Devi articule ses réflexions autour de la mémoire et de l'oubli.



Écrivaine militante, elle porte sa voix pour raconter le destin d'un jeune homme tué lors des répressions policières du gouvernement au Bengale au début des années 1970.



Crépusculaire mais d'une netteté éclatante, bouleversante, La mère du 1084 est surtout le cri déchirant d'une mère qui a perdu son fils.

C'est la lente agonie d'une douleur indicible et incommensurable qui l'emprisonne dans la cellule isolée de sa peine.

Elle est seule à se rappeler l'existence et la mort de son fils, dont le parcours militant l'a coupé de sa famille.



Malgré la douleur qui la consomme littéralement, cette mère , dans sa lutte solitaire, trouvera la force de chercher à comprendre qui était véritablement son fils.

Qui était ce jeune homme qui ne supportait pas la brûlure de l'injustice, cet écorché vif qui a embrassé la cause des révolutionnaires, qui a décidé de porter les horribles cicatrices de ce pays au bord du gouffre. Un jeune homme fort, lucide, courageux, qui a rejoint ses camarades avides de liberté, prêts à donner leur vie pour l'idéal qu'ils défendaient.



En comprenant son parcours et ses motivations, il cesse d'être oublié dans l'indifférence générale, car elle le connaît et elle le porte en elle.

Il est peut-être devenu un simple chiffre aux yeux de sa famille et de la société, mais pas pour elle.



Indocile et mouvant, dans ce récit l'auteure cherche désespérément à trouver les mots justes, et elle y parvient.





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La mère du 1084

[Emprunt la Réserve centrale des Bibliothèques de la ville de Paris- jeudi 28 octobre 2021 ]



Ce récit se situe au Bengale au début des années 70, narre à travers la tragédie d’une mère, le drame de toute une génération qui a grandi avec la répression et l’avènement d’un gouvernement communiste….Période appelée curieusement la « Décennie de la libération » !!



« La vie lui avait appris à accepter les choses comme elles viennent. De plus, elle ne s'était jamais posé de questions, n'avait même jamais su qu'elle avait le droit d'en poser. (p. 46)”



Une lecture coup de poing… qui ne pas peut laisser indemne !



Un récit qui prend à la gorge, nous laisse sous le choc, dans un bouleversement sans nom, en suivant cette mère aimante, à qui, on annonce par téléphone la mort brutale de Brati, son dernier fils et son préféré. Aussi préféré par la maman que détesté par un père ignominieux, autoritaire, infidèle, irrespectueux envers son épouse…



Cette mère et femme, Sujata, se souvient 22 années auparavant de la venue de son quatrième enfant; dernier accouchement douloureux, en solitaire ; un mari indélicat et indifférent ; une belle-mère à la même image, ne levant pas le petit doigt pour l’accompagner et la soutenir, lors de cette naissance…!

Peu importe, Sujata, après des résistances à cette nouvelle naissance pas franchement souhaitée, réagit positivement. Au moment où elle croit la naissance de son enfant menacée, une immense tendresse explose en elle pour son tout petit !



Ce petit Brati se révélera d’emblée bien différent, pour ne pas dire totalement opposé au reste de la famille : que cela soit ses frère et sœurs ou son père, qu’il se met à détester très rapidement, tant il lui en veut de maltraiter quotidiennement sa mère. Un enfant puis un jeune homme très sensible aux injustices, rebelle envers son milieu familial, aisé, favorisé mais dénué d’empathie envers les si nombreux laissés pour compte de son pays, le Bengale…



« Brati était différent. Tout petit déjà, on ne pouvait l’apaiser par des mensonges. Il n’écoutait que si l’on utilisait la raison et pas si on le menaçait. Quand il eut grandi, Sujata vit en lui un esprit en complète opposition à celui de son mari ou de ses autres enfants.

Sujata essaya de s’intéresser à sa vie, de lire les livres qu’il lisait, d’aller au zoo avec lui, de discuter longtemps avec ses amis. Il était devenu sa seule raison de continuer à vivre. Peut-être, peut-être Sujata était-elle devenue trop possessive à son égard. (…) Pour Brati, elle n’avait pas renoncé à son rôle de mère. Brati était obstiné, sensible, rêveur. Pour l’élever, Sujata, avait déployé toute son attention et tout son amour. Elle avait dû se battre pour sauver Brati du zèle dominateur de son mari et de sa belle-mère » (p. 47)



Sujata foudroyée par la mort brutale et cruelle de son fils [répression policière abusive et sans merci !] se sent coupable, s’en veut de ne pas avoir insisté pour mieux connaître ce fils qu’elle adorait ; elle s’en veut de sa résignation perpétuelle… Cet assassinat fait l’effet d’un électrochoc dans toute son existence ; elle remet tout en question : son éducation, les principes inculqués, son milieu de haute caste, un époux indigne de respect, multipliant goujateries, comportements malhonnêtes, corruption, viols conjugaux, trahisons de toutes sortes…

Elle se rebiffe… et contre son époux et ses autres enfants… lâches et dénués de la moindre émotion au décès de leur fils et jeune frère. Cet électrochoc est démultiplié à cause de l’obsession de son mari de sauver les apparences, et surtout sa réputation au détriment de la mort révoltante de son jeune fils… Il ira jusqu’à corrompre des personnes pour que le nom de son garçon soit effacé de tout compte-rendu sur ces jeunes révoltés par un régime totalitaire et corrompu.

A ce moment ignoble où le Père « tue » pour la deuxième fois Brati, le mari de Sujata, Dibyanath, était aussi mort, rayé à jamais de son esprit ; ce mari qu’elle endurait depuis plus de 20 ans, avait cessé d’exister à jamais !



Cruauté, violences gratuites, indignités au sein des familles comme dans la sphère politique, où les premières victimes sacrifiées sont les femmes et les enfants !!!



Sujata va « enquêter », chercher dans la sphère inconnue où Brati avait choisi d’exister pleinement… Pour juguler son insupportable chagrin, tenter de comprendre l’autre vie de Brati, loin de sa famille d’origine, dans un autre contexte social, et surtout dans une autre famille, qu’il s’est choisie, famille pauvre mais soudée et aimante, elle rendra visite à la maman d’un ami de son fils, elle aussi, dans la perte tragique de son garçon, elle fera connaissance avec la petite amie de Brati, Nandini, jeune survivante, ayant subi la prison et la torture !



Je cesserai là mon propos, pour dire un mot du style fluide de l’auteure, style bien équilibré entre descriptions, analyses psychologiques très affinées bien que suggérées et dialogues… avec des crescendo… d’indignation ou de chagrin, soulignés par des stances voisines, parfois identiques répétées… comme une complainte !



Sujuta apprendra des bribes essentielles des convictions et engagements de Brati ; cela lui apportera comme une communion ultime avec ce fils préféré, tant aimé… qui confirmera son détachement définitif d’avec sa vie familiale et conjugale, et d'avec tous les devoirs de sa caste….

Le propos très énergique pour narrer ce drame…fait écho aux propres engagements de Mahasweta Devi, dans sa propre vie, pour les femmes, et les injustices de toutes sortes !

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La mère du 1084

La pire des angoisses d’une mère : être réveillée la nuit, à l’aube, par un appel téléphonique concernant l’un de ses enfants.



Le coup de fil épouvantable, effrayant, celui où la terre s’ouvre vos pieds, où votre vie devient un véritable cauchemar, où la douleur vous emmure : et cette douleur vous isole d’autant plus que cet enfant est la victime d’une répression policière d’une rare violence, en un mot, votre fils est devenu un révolutionnaire sans qu’à aucun moment, vous n’ayez soupçonné quoi que ce soit.



Nous sommes le matin du 17 janvier, jour anniversaire de Brati, fils de Sujata Chatterjee.



Sujata entend au bout du fil une voix métallique qui lui demande « Brati Chatterjee est-il un parent à vous ? C’est votre fils ? Venez à la morgue de Kantapukur ».

Un drap lourd que soulève le fonctionnaire de police. « Reconnaissez-vous votre fils ? ». Pas un centimètre de sa peau n’a été épargné. Il n’est que chair meurtrie, abîmée.



Pendant ce cauchemar où tout son univers se décompose, Dibyanath, son mari la laisse seule face à son immense douleur, il va jusqu’à refuser de garer sa voiture devant la morgue afin de préserver les apparences. Il est bien plus préoccupé à actionner ses connaissances afin que son nom ne s’étale pas dans les journaux. Il réussit à dissimuler l’identité de Brati qui deviendra le matricule 1084.



A ce moment où le fonctionnaire soulève le drap et où la douleur terrasse Sujata, le destin à son insu aussi lui enlève le bandeau qu’elle avait sur ses yeux.



Cette famille aisée, d’apparence paisible, à oublier le sens du mot « authenticité ». Et Sujata va alors entreprendre, instinctivement, un chemin vers plus de conscience.



Cela fait maintenant deux ans que Brati a disparu. Sujata se réveille, ses pensées sont pour son fils. Elle revit son accouchement, normal en ce jour anniversaire, puis elle revit le jour maudit. La mort de Brati n’a-t-elle aucun sens ?



J’ai accompagné Sujata tout au long de cette journée où elle ressent la nécessité de comprendre les motivations de Brati. Elle éprouve ce besoin impérieux de reconstituer l’emploi du temps de Brati au cours de cette abominable journée. Elle le voit revêtu de sa chemise bleue, aplatissant machinalement ses cheveux sur le côté juste avant de sortir. Elle lui avait demandé « Où vas-tu ? ».



Elle va se rendre chez la mère de Somu, ami de Brati, décédé lui aussi et finir cette quête chez Nandini, la petite amie de Brati qui lui apprendra qu’ils ont tous été trahis. Ce sera son parcours initiatique.



La mort de Brati n’a laissé que des questions. Que s’est-il passé pour que Brati s’éloigne ainsi de sa famille, de sa mère, qu’il s’engage dans de violents affrontements entre le pouvoir en place et son mouvement marxiste-naxalite. Elle n’a rien vu, elle n’a rien pressenti, perdue qu’elle était dans cette famille où son mari la ridiculise, la trompe, où sa belle-mère a pris en main l’éducation des enfants sauf celle de Brati : c’est bien pour cela qu’il était différent et si attaché à Sujata. Lui il avait tout compris du fonctionnement de cette famille. Déjà tout petit, il ne supportait pas les mensonges.



Ils ont tellement gommé l’existence de Brati qu’ils n’hésitent pas à fêter les fiançailles de Tuli, le jour même de l’anniversaire de sa mort.



Mahasweta Devi écrit un roman qui offre une vision sans concession de la société bengalie dans les années 1970.



J’ai aimé ce livre qui se lit avec le cœur, j’ai accompagné Sujata, je me suis révoltée pour elle, j’ai souffert avec elle, j’ai détesté ce milieu hypocrite, j’ai été tellement en empathie avec elle que j’ai refermé ce livre les larmes pleins les yeux.



Ce roman a reçu le prix de littérature « Jnanpith Award » en 1996 des mains de Nelson Mandela.

A noter, derrière l’histoire de cette mère, il y a une période trouble du Bengale occidental. J’ai du faire quelques recherches sur le web afin de mieux cerner l’atmosphère de cette époque.



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La mère du 1084

Roman poignant sur la mort violente d'un fils. Mahasweta Devi, par la bouche d'une mère , livre la douleur de perdre un enfant qui plus est dans le contexte d'un assassinat politique. Cela se déroule à Calcutta dans les années 70 pendant le mouvement dit "décennie de la libération", insurrection contre le pouvoir qui a été violemment réprimée par la police, laissant de nombreux morts dont une majorité de jeunes gens. Sidérée par les réactions de sa famille et de son mari qui cherche avant tout à camoufler ce qui c'est produit pour sauvegarder l'honneur familial, qui efface d'un trait toute existence de Brati, elle a besoin de comprendre qui était son fils. Elle sait désormais que malgrè son amour pour lui elle ne sait pas vraiment qui il était. Souffrance accrue par ce regret de ne pas avoir été vers lui pour l'interroger et surtout partager...C'est alors un autre regard qu'elle porte su la société, sur sa famille, sur elle. Elle ne sent plus aucune proximité avec les siens, éprouve de la compréhension et de la compassion pour l'amie de son fils qu'elle ne connaissait pas, pour la mère de son ami mort à ses côté mais se sent seule ,sans légitimité à imposer sa présence et incomprise. Par sa mort, Brati donne naissance à sa mère parce qu'il la révéle à elle même et la conduit à prendre conscience de son assujettissement.Il lui fait don de l'affirmation de soi. La dernière phrase du roman agit comme une grande claque et un désespoir.
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La mère du 1084

Ce court, très court, roman réussit l'exploit de vous tordre les entrailles même quand le contexte vous échappe complètement, comme il m'a échappé.

Inde, années 70, la répression de la jeunesse fait rage, dans des circonstances auxquelles je n'ai rien compris, malgré un tour sur wikipedia, et notre personnage principal perd son fils cadet. A sa grande horreur, le monde continue de tourner, et le reste de la famille est plutôt préoccupée de la façon dont cela pourrait affecter leur rang social. Elle cherche à mieux comprendre le disparu, malgré les bâtons dans les roues de la société et des circonstances, et tout en elle se révolte, jusqu'à son propre corps.

Terriblement poignant, et je pense que si je comprenais/connaissais mieux l'histoire de l'Inde, il l'aurait été plus encore.
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Indiennes : Rudali et autres nouvelles

Ecrivain engagée née à Dacca, au Bangladesh, Mahasweta Devi nous présente avec ses nouvelles indiennes un thème qui lui est cher : la condition de la femme en Inde, et les rapports sociaux qu'entretiennent les représentants des différentes castes.



On retrouve dans les six nouvelles que comporte cet ouvrage l'importance de la lignée de chacun, qui s'exprime autant par l'appartenance à une caste, à une région, qu'à des critères physiques. Toute personne a une place bien précise qui lui est assignée dans la société, et des droits associés. Si ce système fait bondir tout lecteur occidental, l'auteur décrit avec précision à quel point cet ordre du monde est accepté et défendu par la majorité de la société ou plutôt du "village", de la communauté dans laquelle se déroule les différents évènements. Ainsi, il est normal que les hommes des hautes castes aillent parfois se soulager dans des niveaux inférieurs ; mais l'on attend dès lors d'eux qu'ils reconnaissent leurs enfants illégitimes et fournissent à la mère de quoi se nourrir. Si c'est le cas, la communauté tolèrera l'enfant et la mère, sinon, ces derniers seront mis au ban de la société, et la mère n'aura plus qu'à se prostituer pour gagner sa vie.



Les personnages féminins se succèdent, tous victimes ; ils parviennent parfois à retourner leur destin, à l'image de Sanichari qui se transforme en la pleureuse la plus réputée de la région, ou emprunte au contraire, comme Dhauli, la seule voie qui leur est ouverte et vers laquelle on les pousse : la prostitution. Au fur et à mesure de la lecture, parfois un peu ennuyeuse, à d'autres moments complètement désopilante, on comprend que la femme indienne n'a que quelques options : celle de mère, ou celle d'épouse (veuve, cela fonctionne aussi). Rien ne leur sera pardonné en dehors de ce cadre, contrairement aux frasques des hommes que l'on tolère.



Rapports entre époux, destinées féminines, exploitations des basses castes et débrouilles et manipulations en tout genre : Mahasweta Devi dresse avec une ironie et un humour délicieux le portrait d'une société extrêmement rigide et qui trouve en même temps toujours une solution pour sauver la face du plus grand nombre, et où toute opportunité de grappiller sa part du butin fait se soulever les foules. Si elle insiste sur l'archaïsme des sociétés rurales, elle distille aussi l'envie de changement parmi les plus jeunes.



Une belle découverte !
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Indiennes

Ces nouvelles ont été écrites dans les années 70 et se situent dans les années 50, au Bengale, région de l’ouest de l’Inde. On y découvre une Inde rurale, tournée vers ses traditions plus que vers l’avenir, avec des personnages qui vivent dans la misère et s’attache à survivre.



Mahasweta Devi s’attache à décrire dans ce contexte des destins de femme, tous très différents mais tous marqués par la domination masculine et le poids des traditions. Il est glaçant de découvrir que la vie des femmes était toujours subordonnée à celle des hommes. En particuliers, pour la nouvelle « La Statue » où on découvre le sort d’une jeune veuve de 6 ans. De la même façon, il revient plusieurs fois dans ces nouvelles que pour la même faute, on oubliera ou pardonnera à un homme mais qu’une femme sera marquée à vie (ce qui signifie souvent déchéance, prostitution ou mort).



On sent bien dans ces nouvelles que Mahasweta Devi a écrit aussi pour dénoncer et espérer améliorer le sort des femmes en alertant sur les dérives et la rigidité des traditions. En effet, la misère, même très présente, est le lot de tous, hommes et femmes et j’ai ressenti que ce qui rendait la vie intenable est surtout le déséquilibre entre hommes et femmes qui interdit aux femmes toute échappatoire en dehors d’un foyer « traditionnel ».



En conclusion, j’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, en particuliers les premières et la dernière « la Statue » qui m’ont beaucoup touchée. J’ai aimé le style de ces nouvelles qui laissent une grande place à l’énigmatique, où tout n’est pas expliqué pour des lecteurs occidentaux (et il faut bien avoué que beaucoup de choses m’ont échappé, en particuliers sur les interdits entre castes, sur les rituels religieux, sur les interdits de certaines positions), ce qui donne vraiment l’impression de plongée dans un univers étranger. J’ai eu envie à la fin du recueil de trouver d’autres nouvelles de cet auteur pour prolonger l’expérience.

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La mère du 1084

Superbe roman, qui montre la difficulté, voire l'impossibilité, de se comprendre au sein d'une même famille quand les opinions politiques et sociétaux diffèrent totalement. Opposition entre l'idéalisme et le pragmatisme, entre une génération et la suivante.

Au-delà des idées sociales véhiculées dans le roman, ce qui m'a le plus touchée est ce superbe portrait d'une mère, qui a toujours fait son devoir, qui s'est sacrifiée pour ses enfants au point d'approcher la mort au moment du dernier accouchement, témoin quotidien de l'indifférence du père à l'égard de sa famille, cette mère à qui son fils préféré a échappé et qu'elle essaye de comprendre.
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La mère du 1084

Le numéro 1084 est celui de son fils Brati qu'elle va reconnaître à la morgue parmi d'autres jeunes victimes de la répression policière. Nous sommes au Bengale dans les années 70 et Sujata, la mère, a toujours vécu dans la soumission à son mari et sa belle-mère. Elle n'a même pas pu élever ses enfants comme elle le souhaitait. Pourtant la situation a été pour elle différente à la naissance de Brati et un lien particulier s'est instauré entre elle et lui. Pourquoi alors le garçon a-t-il rejoint d'autres familles et de jeunes militants qui réclamaient la fin de ce régime dictatorial et de ces injustices ? Petit à petit elle va reconstituer le parcours du jeune homme et ouvrir les yeux sur l'hypocrisie de la société dans laquelle elle vit.

Ce personnage est particulièrement émouvant et l'intrigue du roman rend bien compte du fossé qui sépare riches et pauvres dans cette ville du Bengale.
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La mère du 1084

Calcutta, fin des années 1960-début des années 1970. Brati, 20 ans, fils cadet d'une famille bourgeoise, jeune révolutionnaire, a été abattu. Sur la liste des victimes de la répression il est le numéro 1084. Dans sa famille seule sa mère, Sujata, pleure son petit dernier. Alors qu'elle cherche à comprendre l'engagement de Brati et rencontre des proches d'anciens camarades de son fils, elle prend conscience de l'hypocrisie de la société et de sa famille. Sujata a toujours été considérée comme quantité négligeable par sa belle-mère, son mari et les aînés de ses enfants (à propos de son mari : "Il ignorait que l'on peut respecter sa mère sans pour autant rabaisser son épouse"). Quand elle commence à exprimer un ressenti personnel et refuse de se laisser marcher sur les pieds ils ne sont pas loin de penser qu'elle est devenue folle.



J'ai beaucoup aimé ce très bon roman que j'ai trouvé fort bien écrit. Les phrases sont courtes, en apparence simples, et parfois réduites à un ou deux mots ce qui rend très bien le tumulte des sentiments de Sujata.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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La mère du 1084

Calcutta, années 70. Cela fait deux ans, jour pour jour, que Brati est mort. Sujata, sa mère, se réveille en ce funeste jour anniversaire et se souvient : son fils, si aimant avec elle alors qu'il était si éloigné de son père, si méprisant envers ses sœurs et si secret avec tous... que s'est-il réellement passé ? Comment ce jeune homme de vingt ans, issu d'une famille aisée, aimante, bien sous tous rapports, a-t-il pu se laisser entraîner par ces agitateurs, ces hommes et ces femmes de milieux moins avantagés ? Et pour revendiquer quoi ? Plus d'égalité ? Plus de transparence de la part des hommes politiques ? Moins de corruption ? Et pour quel résultat ? Se retrouver à la morgue estampillé du n°1084, 1084ème victime de cette "Décennie de la Libération" ! Mais qu'avait-il besoin de se joindre à ce mouvement communiste ? "Avant son décès, il y avait des questions, après, il reste des questions. Des points d'interrogation. Une foule de questions directes. On avait refermé le dossier Brati Chatterjee en les laissant sans réponse, sans trouver la solution à une seule d'entre elles." (Babel - p.21)



Sujata se souvient et souffre, en silence, dans cette famille qui semble avoir oublié ce fils, ce frère, qui se préoccupe de choses futiles alors que les questions et la douleur demeurent... Une soirée de fiançailles est d'ailleurs en pleine préparation en ce triste jour anniversaire... mais comment ont-ils pu choisir justement ce jour-là ? Toute la journée Sujata tente de comprendre, de découvrir comment ces choses qui préoccupaient tant son fils Brati ont pu lui échapper à ce point. Elle se rend chez une autre mère dont le fils, ami de Brati, a également été tué ce jour-là, elle rend visite à Nandini, la petite-amie de son fils dont elle ne connaissait même pas l'existence lorsque celui-ci était vivant, elle tente de retracer l'histoire des quelques jours qui ont précédés la mort de son fils... Elle est seule dans cette quête, impuissante, malade physiquement et moralement de ne pas avoir pu faire quelque chose, et toutes ces actions, aujourd'hui, semblent vaines...



La mère du 1084 est un roman poignant, sensible, triste. La souffrance de cette mère est palpable, intolérable parfois. On compatit, on souffre avec elle, on s'interroge également, on s'insurge contre ce père indifférent, cette société indifférente, ces cases dans lesquelles tout le monde se doit d'entrer pour préserver sa réputation, ô combien précieuse... Pour toutes ces raisons, La mère du 1084 est, à mon humble avis, un très bon roman, qui se lit d'un seul jet. De plus, l'écriture est juste, imagée et captivante. Mais il est bien trop court, les personnages sont survolés pour la plupart, l'histoire est prenante mais on reste un peu sur sa faim, c'est dommage et en même temps, en supporterait-on plus ?
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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La mère du 1084

Deux ans que Sujatan a appris le décès de son fils Brati, c'était le jour où il aurait dû fêter ses 21 ans. Sujatan est la seule de la famille dont le poids de l'absence de Brati est lourde. La preuve, aujourd'hui, sa famille devrait avoir la même peine de Sujatan et avoir une pensée pour ce fils, ce frère défunt. Au lieu de ça, elle prépare les fiançailles de Tilu en grande pompe.

Sujatan préfère penser à Brati, le seul de sa famille qui compte et qui a compté pour elle, ils étaient tou les deux contre tous, maintenant elle est seule. En cette date anniversaire, elle va se rendre chez la mère d'un ami de son fils, lui aussi sauvagement tué cette même nuit. C'est même ce garçon et d'autres amis, que Brati a trouvé la mort, pour une cause qu'il défendait malgré qu'il venait d'une famille bengalie bourgeoise. Sujatan a également eut un coup de fil d'une amie à Brati qui souhaitant la voir. Ces deux femmes lui révèleront une part de Brati qu'elle ne connaissait pas.

Un roman profond, bouleversant et fort. Le lecteur y découvre tout l'amour d'une mère à l'égard de cet enfant qu'elle aimait plus que n'importe qui au monde. Il découvrira les regrets de cette femme de n'avoir pas connu plus son fils, ses idées, ses activités, ses amis, son amour et de l'avoir laissé partir ce jour fatidique.
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La mère du 1084

Brati Chaterjee, fils de Sujata est mort lors d’une répression policière au début des années soixante-dix. Pendant une journée, elle se souvient de cette relation particulière avec son fils, totalement différente de celles avec ses autres enfants.

Un livre très tendre sur une mère qui essaye de comprendre son fils. Avec ses visites à une mère d’un camarade et de la fiancée de son fils, elle découvre un côté qu’elle ne lui connaissait pas mais ces visites rendent encore plus vive la douleur de sa perte. A travers le souvenir de son fils, Mahasweta nous dévoile aussi les relations de Sujata avec son mari et ses autres enfants. Un très beau roman émouvant sur l’avènement d’un gouvernement communiste au Bengale mais surtout, sur la femme indienne.

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La mère du 1084

Ce livre est le récit d'une mère qui cherche à comprendre pourquoi son fils a été assassiné. Pendant les années 70, il faisait partie des jeunes du mouvement maoïste bengali contre lequel la répression policière a été terrible. Son récit est un aller-et-venu entre le temps de l'enfance de Brati, les jours qui précèdent sa mort, et maintenant. Sa douleur est encore aggravée par la nécessité d'avoir rendu secret cet assassinat (par respectabilité) et de ne pas avoir pu lui rendre les hommages funéraires rituels. Quel sens encore trouver à la vie après ce drame ? L'écriture, magnifique, retrace l'itinéraire de cette femme qui s'éloigne peu à peu de son milieu, la bourgeoisie, de sa puissance et de son hypocrisie, pour comprendre ce qu'est réellement la vie.
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Indiennes

Indiennes est un recueil de 6 nouvelles sur différentes femmes indiennes originaires du Bengale.

Rudali qui a tellement vécu de décès auprès de son entourage mais qui n'arrive pas à pleurer et pourtant c'est le métier au-quelle elle est prédestinée, celui de pleureuse. Dhauli qui s'est laissée charmée par un jeune homme d'une haute caste et qui porte en elle le fruit amer de cette relation. Mary, la jeune femme au caractère bien trempé qui fait battre le coeur de tous les hommes. Draupadi, recherchée par la police comme si il s'agissait de la plus grande criminelle indienne. Joshoda, mère professionnelle, qui peut fournir comme personne du lait maternel à toute une ribambelle d'enfants. Et la très touchante Chhatim, devenue veuve trop tôt et dont la future érection d'une statue dans son village perdu ravive des souvenirs vieux d'une cinquante d'années.

Qu'elle soit veuves et vieille, veuve et jeune, intouchable ou d'une ethnie, rebelle et en cavale, mère de famille, ... Ce livre nous fait découvrir une force de courage sans précédent contre le dur destin qui leur ai donné.

Un roman touchant, profond, magnifiquement écrit ...




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La mère du 1084

un très beau livre où cette femme du Bengale va grandir au fil du livre malgré et peut-être grâce à la mort de Brati son fils chéri. qui n'a même plus de nom et que ce numéro 1084
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La mère du 1084

Description de l'oppression qui s'installe au Bengale en 1976 lors de l'arrivée du communisme à travers la souffrance d'une mère qui a perdu son fils et découvre que la police est pourie
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