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Citations de Mahigan Lepage (15)


Après, on s’en remet à la sensation. Les visions, et la colère ou la peur qu’elles suscitent. Sous un échangeur, dans un girlie bar, ou devant un corps nu étendu sur le béton, c’est le besoin de hurler le monde qui nous pousse à écrire.
Qu’est-ce qui explose sinon soi-même,
la ville,
dans le cri.
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Dans les villes nombres, il n’est pas facile d’entrer.
À quel moment on arrive dans un pays ? Pas quand l’avion touche le sol. Pas quand on en sort (même s’il y a des signes, comme la chaleur). Pas quand on fait la queue pour faire estampiller son passeport. Pas quand on récupère ses bagages sur le carrousel (en Asie, jamais de valise en soute, juste un petit sac). Le pays commence après tout ça, dès qu’on sort de la zone protégée. Soudain, il n’y a plus seulement des messieurs et des dames en uniforme, internationalement mêmes. Il y a des civils. Des gens de la ville.
Le pays commence quand les chauffeurs de taxi vous assaillent. C’est comme ça que ça se passe, dans les villes nombres. Les chauffeurs de taxi vous assaillent. On les appelle des rabatteurs. On se sent gibier, chaque fois qu’on arrive dans un aéroport ou une gare. Et on l’est, gibier.
Aujourd’hui est un monde d’argent, et la difficulté des voyages ne tient plus qu’à cela. Je veux dire, dans les formes anciennes de l’exploration, l’argent ne réglait pas tout : il y avait encore les intempéries, les Indiens, le scorbut, ou que sais-je encore. Maintenant, le risque, c’est de se faire plumer, et dès lors qu’on y consent, toute difficulté est levée. Et l’exploration n’a pas lieu. Mais résister, et l’aventure commence.
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Huit monstres. Huit mégapoles d’Asie. Certaines plus structurées, d’autres moins. Ce serait des voyages, quatre voyages :
trois semaines à Manille et Jakarta en mai-juin,
trois semaines dans les villes de Chine en septembre,
trois semaines dans les villes d’Inde en octobre-novembre,
enfin, une semaine à Bangkok en décembre.
Je tiendrais carnet des voyages, écrivant dans les villes même, quotidiennement, sur mon blog, en mêlant l’écrit à la photo, au son, à la vidéo. D’ailleurs, ce projet doit beaucoup aux innovations technologiques récentes. J’ai voyagé sans ordinateur portable, muni seulement d’un téléphone et d’une tablette couplée d’un clavier Bluetooth. Le téléphone comme arme de poing, dégainé à tout moment pendant mes marches, pour une photo, une captation sonore, une vidéo, ou pour saisir des notes à la volée. On verra que je ne suis pas photographe (et encore moins vidéographe !) ; j’ai travaillé seulement avec l’iPhone. Mais le projet n’aurait pas été le même si j’avais eu un usage recherché de la photo. Par souci de mobilité et d’immédiateté, j’avais besoin d’un appareil léger, de photos rapides et rapidement retouchées au moyen d’une application (Camera+). Quant à l’autre outil, il s’agit du bureau le plus compact qui ait encore été inventé : la tablette avec clavier dans le sac à bandoulière, le tout à peine plus gros et plus lourd que les carnets moleskine qu’on apportait autrefois en voyage. Trimballant mon outil d’écriture partout avec moi, j’étais prêt à m’arrêter dans un café à tout moment pour rédiger le billet du jour.
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je veux dire si on veut pas trop se fatiguer, déjà que ça fatigue Paris je l’ai dit, c’est pour ça que j’ai décidé de partir, c’est donc très important de masquer son accent à la boulangerie et au café et au tabac, c’est important mais c’est pas suffisant, sûr la ville va te fatiguer à la longue, elle va t’avoir à l’usure comme on dit, en tout cas quand t’es fait comme moi, facilement fatigable comme je vous dis pas, c’est une mauvaise gestion de mon énergie sans doute, on dirait que ça fuit de tous les côtés, même que ça se retourne contre moi, mon énergie se retourne contre moi et ça me fatigue doublement, c’est pire encore quand t’es étudiant et que t’habites en résidence étudiante, c’est là-dedans que j’étais quand j’ai décidé de partir, une résidence d’étudiants dans le 5e arrondissement, une maison qu’avait habitée Descartes au temps des bateaux, évidemment Descartes je m’en foutais moi de Descartes, j’étais pas venu à Paris pour faire des études de philosophie, j’étais venu à Paris pour faire des études de biologie, moi Descartes et le cogito et tout le reste j’en ai rien à foutre, même que ce mot cogito je le connaissais pas avant de le lire sur la plaque commémorative, parce qu’il y a une plaque commémorative à côté de la porte d’entrée, sur le mur extérieur de la résidence d’étudiants, ça dit un truc du genre ici vécu René Descartes de telle année à telle année bla bla bla, au temps des bateaux quoi, après il y a une phrase sur le cogito machin plus une citation, c’est pas vraiment une citation philosophique, plutôt un truc biographique, c’est le Descartes lui-même qui parle et il dit quelque chose du genre un pied dans un pays et l’autre en un autre et bla bla bla, parce que le type il habitait à temps partiel en France et une autre partie de son temps en Hollande, c’était ça les deux pays, la France et la Hollande, et le René il s’en trouvait ravi, à ce qu’il semble, de vivre entre deux pays, cette phrase je l’entendais tout le temps parce que ma chambre était au rez-de-chaussée juste à côté de l’entrée, alors quand des touristes s’arrêtaient devant la plaque commémorative, histoire de commémorer un peu le temps des bateaux, ils se plantaient juste à côté de ma fenêtre, ouverte souvent c’était l’été ou presque, et ils lisaient chaque fois la fichue phrase…
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le Canada, Paris, le Maroc, Katmandu, Palaiseau, c’est toujours la même histoire, une histoire de trains et de voitures et de béton et de solitude, une histoire de bouches qui vous parlent et vous soûlent,
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ou bien la ville dans notre dos qui éclaire, au nord de Paris le jour était faux, maintenant au sud c’est la nuit qui est fausse, on oublie que tôt ou tard les illusions vacillent, les illusions vacillent et reste la science des lichens, les arrêts de la ligne B portent les noms attendus voyez,
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quand on prend l’air distrait ou ce genre d’attitude, en fait on dirait bien qu’ils se rendent même pas compte qu’on les écoute plus, ils sont tellement habitués de soûler les gens qu’ils prennent un l’air distrait ou fatigué pour un air naturel,
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je commençais à me demander si ça existait encore la campagne en France, aussi loin que j’allais il y avait toujours des morceaux de ville, des morceaux de ville dans les champs, des morceaux de ville dans les bois,
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moi je m’en foutais pas mal de la pollution et des lichens, mais je me foutais pas de la bourse, ça non, à mon âge j’avais besoin d’argent pour éviter de tomber dans l’itinérance, je veux dire pour pas finir à la rue, c’est comme ça qu’on dit à Montréal, les SDF on les appelle itinérants, parce qu’ils bougent tout le temps vous comprenez, du parc au trottoir, du métro au refuge, d’une rue à l’autre et ainsi de suite,
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j’aurais mieux fait de m’en tenir au circuit principal et marcher d’un guest house à l’autre bien gentiment mais non, j’ai préféré grimper une montagne par un sentier impossible et boire de l’eau sale et manger du vieux dhal bat bourré de coliformes fécaux, tout ça pour aller effrayer des enfants avec ma pauvre paire de jumelles, tout en répandant mes billets de banque un peu partout dans le village,
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La route défile sous le capot et la couleur de l’asphalte est indéfinissable. On ne sait exactement si elle est grise ou noire ou blanche ou bleue ou jaune. Elle a une coloration mais elle est d’abord matière. La route est une expérience en soi qui jamais ne lie les territoires qu’elle relie. En elle-même route demeure tout entière à rassembler
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Les fils de bourgeois, les fils de fonctionnaire, quand ils se révoltaient ils pouvaient croire que c’était pour la première fois. Ils pouvaient croire assumer la paternité de leur révolte, ils pouvaient croire être les premiers fils. Moi je le pouvais pas. J’étais fils de fils. J’étais fils de révolte
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La brume était très épaisse ce matin-là, la route en sortait comme une langue. L’asphalte avait des reflets de bleu et de jaune et de noir
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la limite est du pays noir et rude des usines et des mots anglais. Et les confins du pays sont de forêt dense et de noms rouges, comme Maniwaki et Oka, rouge foncé et canadien, quand le Canada fait du sang des Indiens la couleur même de son identité
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le bleu pâle du fleuve glisse sur le coloris vif du port de marchandise, lequel à son tour glisse sur le brun pâle de la ville en retrait
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