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Critiques de Mahmoud Darwich (52)
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Je découvre la poésie de Mahmoud Darwich. C'est une poésie politique, de revendication politique. Posant le constat d'une situation politique inextricable. Celle du conflit israélo-palestinien. L'auteur a subi de plein fouet, dès l'enfance l'exil forcé au Liban puis le retour dans son pays qui n'était plus tout à fait son pays. Cet événement a conditionné sa vie. Sa poésie est à l'image de sa vie tourmentée, à la recherche incessante de ses origines. Il essaie de comprendre. Pourtant, on ne sent pas de haine, juste la description poétique des faits. Dans son champ lexical, on retrouve souvent les mots : fusil, amour, père, mère, femme, sein, terre, olivier, prison, colombe, paix… On passe souvent de la paix à la prison, où l'inverse. Cette anthologie recoupe à peu près toutes les périodes de création poétique dans l'ordre chronologique. Lorsque l'on lit les notes bio-bibliographiques de Subhi Hadidi à la fin du recueil on apprend que chaque période correspond à des événements historiques particuliers en lien avec la vie de l'auteur. Je ne l'ai pas vraiment ressenti. Je me suis laissé bercer par la chanson des mots, par les associations lexicales surprenantes. A travers sa poésie, j'ai ressenti un peu de mon bref passage touristique en Palestine de Jéricho à la mer Morte. Lui qui nous confie à un moment qu'il s'est senti touriste de passage en sa propre terre, sans la liberté laissée aux touristes habituellement. C'est cette terre qu'il nous conte, cette « terre étroite ».

J'en ai discuté avec mon amie israélienne, pensant qu'elle s'emporterait contre ce chantre de la revendication palestinienne. Eh bien non, elle m'a même appris que Mahmoud Darwich était enseigné à l'université de Jérusalem et très apprécié par la gauche israélienne. Tant les deux cultures sont imbriquées depuis des temps reculés, Toujours dans les notes de Hadidi, on peut litre que «  Lyrisme intimiste et lyrisme épique sont pleinement réconcilié chez le poète qui chante la douleur née du tiraillement du Palestinien entre son image imposée de héros-victime et celle de l'homme aspirant à une vie banale, semblable à celle de tous les les êtres. »
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Plus rares sont les roses



Lire c'est errer dans un langage que nous connaissons trop bien. Écrire pour Mahmoud Darwich aussi. Nous entrons ici dans une poésie comme un long pèlerinage aux longues phrases qui lentement s'écoulent mais jamais ne nous conduit dans la patrie du poète, la Palestine, un pèlerinage pourtant dont Mahmoud Darwich doit à chaque pas inventer le tracé.

"Lorsque pour une fois

Nous nous habituons

Au départ

Tous les lieux deviennent

Ecume "



Nous déambulons alors nous aussi dans cette poésie de l'errance à la recherche du pays perdu qui pourtant n'a pas bougé.

"Nous marchons vers un pays qui n'est pas de notre chair. Ses marronniers ne sont pas de nos os."



La patrie est si lointaine comme à jamais absente mais vous colle à la peau... La parole du poète est organique; ainsi le sol, la terre qui s'animent comme les membres d'un grand corps mort plus que vivant.

" Prépare-moi la terre, que je me repose

Car je t'aime jusqu'à l'épuisement"



La patrie, la Palestine, cette femme aimée est elle aussi un voyage

"Nouvel automne pour la femme du feu : sois comme t'ont créée les légendes et les désirs. Sois trottoir pour mes roses qui s'éparpillent. Vents pour des marins qui ne veulent pas prendre la mer. Comme je te désire quand l'automne descend sur l'âme."



Une lecture exigeante, certes, qui nous interpelle à chaque vers, chaque mot, nous lecteurs qui avec le poète devenons expatriés de notre décor usuel pour tracer un langage aux mots simples qui pourtant exprime toute la nostalgie et l'absurde d'une vie en quête du lieu où vivre, où mourir.

N'est-ce pas essentiel en ces jours où la Palestine est dévastée de se souvenir que comme dans tout grand pays avec sa grande culture, il y a des géants d'écriture à (re)découvrir.
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Une mémoire pour l'oubli : Le temps : Beyrout..

Dans ce livre , Mahmoud Darwich évoque ses derniers jours à Beyrouth , juste avant de reprendre le chemin de l'exil .

Il nous parle des conflits , des disputes , des médisances entre les menbres de l'intelligenstia de la diaspora palestinienne au plus fort des bombardements sur Beyrouth , les critiques des Libanais qui leur demandent de quitter le pays avant que celui-ci ne soit complètement détruit par les bombardements israéliens , beaucoup leur demandent de renoncer à leur rêve ' la Palestine ' , rêve funeste à leurs yeux , rêve stérile qui n'apporte que le malheur .

Mais pour aller où si ce n'est que pour prendre le chemin d' un autre exil ?

L'auteur ose des comparaisons courageuses entre la politique qui déçoit et le football qui a le mérite de réunir les ennemis , il fait revivre le temps des croisades et nous montre l'incompatibilité entre Orient et Ocident mais cela jamais de manière manichéenne .

Quel doit être le rôle du poète dans ses moments où les bombes tombent de façon acharnée , où la bombe à implosion balaie des vies en quelques secondes ?

Qu'est-ce qui retient encore l'homme confronté au chaos ? Le premier café de la journée , surtout quand il est parfumé à la cardamone , nous répond le poète .

Livre pleins de questionnements sur ces hommes qui ne peuvent se résoudre à l'oubli .

Très beau , lumineux , poétique .
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

"Et la terre se transmet comme la langue". Ces quelques mots qui sont le titre d'un poème, résument peut-être à eux seuls tout le travail d'écriture du très grand poète palestinien Mahmoud Darwich.

La terre, ce lieu de mémoire mais aussi d'un présent tous deux indépassables, ce lieu des débuts et des fins, ce lieu où sans cesse se confrontent les souvenirs intimes, personnels et ceux partagés d'un peuple, de la famille, de l'ami, de l'aimée.



La poésie de Mahmoud Darwich est politiquement engagée, libertaire, profondément humaniste. Poésie apatride et de l'exil, tout en elle prend sa source dans les origines, dans la mémoire de ses ancêtres, de sa terre natale, la Galilée. Cette terre d'absence, cette terre en guerre, cette terre d'affrontements se fait omniprésente dans les poèmes de Darwich.



"Je nomme la tourbe, prolongement de mon âme.

Je nomme mes mains, trottoir des plaies.

Je nomme les gravats, ailes.

Je nomme les oiseaux, amandes et figues.

Je nomme mes côtes, arbres.

Et du figuier de la poitrine, je détache une branche.

Je la lance telle une pierre

Et je détruis le char des conquérants."



Tout au long de ses vers, comme dans une douce et longue élégie, le poète cherche à maintenir l'accord possible entre le désespoir et l'apaisement, à mettre en lumière cet équilibre précaire et fécond, ce lien entre les choses et les êtres. Cette écriture devient un acte de lutte, un acte de foi. Incandescente et lyrique, la poésie de Mahmoud Darwich est l'unique et souveraine résonance de souvenirs, d'une histoire en perpétuel mouvement, celle des débuts, des fins... et des recommencements.



"Comme si je m'en revenais à ce qui est passé,

Comme si j'allais par-devant moi,

Entre le Palais et le consentement,

Je retrouve ma cohésion.

Je suis l'enfant des mots simples,

Le martyr de la cartographie,

La fleur familiale de l'abricot.

Vous qui tenez le fil de l'impossible,

Du commencement jusqu'à la Galilée,

Rendez-moi mes mains,

Restituez-moi l'identité !"











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Ne t'excuse pas

J'avais eu l'occasion de rencontrer Mahmoud Darwich en 2003 ou 2004 à Aix-en-Provence lorsque je fais mes études et c'est un poète qui m'avait beaucoup marqué. Aussi, ai-je eu envie de renouer la fil avec mon passé et de retrouver ces sensations que j'avais éprouvées en découvrant ce poète pour la première fois il y a de cela quelques années déjà.



Dans ce recueil, il est beaucoup question de voyages. Aussi, rien d'étonnant à ce que l'on retrouve des poèmes consacrés à Beyrouth, Tunis, Damas ou encore à l'Egypte ou à l'Irak.

Il est également question de la fragilité de l'homme et de notre bref passage sur Terre et du fait que, bien après notre disparition, cette dernière continuera de tourner comme si nous avions jamais existé. J'avoue que c'est un peu déprimant comme idée mais il y a également des poèmes plus gais sur l'amour, le rêve, la beauté du monde qui nous environne et bien d'autres choses encore.



On ressent bien la présence de la culture arabe dans ce recueil, notamment à travers certaines expressions employées par l'auteur. Il est vrai que je ne l'ai pas lu dans sa version originale donc je ne suis peut-être pas la meilleure personne pour en juger car tout dépend de la traduction qui en a été faite. En tous cas, un recueil riche, qui nous donne une magnifique ouverture sur le monde et rempli de très belles réflexions et pensées ! A découvrir !
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Anthologie poétique

C'est au travers d'une très belle anthologie publiée en 2009 aux Éditions Actes Sud que je retrouve la poésie de Mahmoud Darwich.

Les textes choisis par Farouk Mardam-Bey et traduits par Elias Sanbar sont extraits de quelques-uns des plus beaux recueils du poète palestinien, parus de 1992 à 2005 : Onze astres, Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?, Dans le lit de l'étrangère, Murale, État de siège, Ne t'excuse pas et Comme les fleurs d'amandiers ou plus loin.



Dès les premiers vers du recueil, je retrouve la sensibilité, la mise en équilibre poétique de la parole et des images. Au fil des pages, les thèmes chers à Mahmoud Darwich réapparaissent : l'enfance, l'exil, l'amour, la présence de la femme aimée, le langage, l'histoire, le pays perdu, le souvenir, la maladie, la mort.



Son écriture est une recherche de l'identification de soi, de la reconnaissance d'un peuple. Dans tous ses poèmes, tout semble être le récit d'un exil intérieur, d'une errance subie mais fertile, un envers et contre tout poétique. Ce sentiment d'exil s'étend aussi chez les autres, individu abstrait mais lié à la communauté.



« Nos tasses de café. Les oiseaux. Les arbres verts

Aux ombrages bleus et le soleil qui saute d'un

Mur à l'autre telle la gazelle...

L'eau des nuages aux formes infinies

Dans ce qui nous reste de ciel,

Et d'autres choses encore dont le souvenir est remis

à plus tard,

Montrent que ce matin est fort, resplendissant,

Et que nous sommes les hôtes de l'éternité. » *





Chez Mahmoud Darwich, les thèmes de l'absence et de la présence semblent se superposer, se confondre et teinter la réalité d'une nostalgie particulière. Cette nostalgie, c'est celle de la maison d’enfance détruite, du village natal rayé de la carte, celle de la terre palestinienne (réelle et métaphorique), de sa famille, de la femme aimée, mais c'est aussi celle de l’être-ensemble, de l’unité humaine, celle d'une altérité perdue.



Darwich est un humaniste, un poète de la terre, ce lieu de mémoire et de présent, deux notions du temps indépassables et liées, ce lieu des débuts et des fins où le cœur sans cesse bat.

C'est pour cela que la poésie de Mahmoud Darwich devient essentielle.



« EN UN JOUR À CE JOUR PAREIL



En un jour à ce jour pareil,

dans la travée secrète de l'église,

en une splendeur toute féminine,

en l'année bissextile, dans la rencontre,

ce matin, du vert

éternel et du bleu marin,

de la forme et du contenu,

du tangible et du mystique,

sous une tonnelle débordante,

à l'ombre d'un moineau

qui aiguise l'image du sens,

en ce lieu sentimental,

je rencontrerai ma fin et mon commencement

et je dirai: Malheur à vous deux !

Emportez-moi et laissez

le cœur de la vérité, frais

pour les hyènes affamées.

Je dirai : je ne suis ni citoyen

ni réfugié.

Je désire une seule chose, nulle autre,

une seule chose,

une mort simple, paisible,

en un jour à ce jour pareil,

dans l'allée secrète des sambacs,

une mort qui me consolera,

un peu ou largement,

d'une vie que je recensais

en minutes

ou migrations.

Je désire une mort en ce jardin

ni plus ni moins ! » **





(*) extrait de « État de siège ».

(**) extrait de « Ne t'excuse pas ».



.
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Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?

"Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?" Voilà la question innocente et poignante que posa un petit garçon à son père qui le traînait loin de leur maison fuyant l'occupant. Ce recueil est un témoignage émouvant que nous rend le grand poète palestinien Mahmoud Darwich. C'est une sorte d'autobiographie poétique.



Cette fois, Darwich trouve son inspiration dans la mythologie qu'elle soit grecque, latine ou ougaritique (Hélène, Anat, Ulysse, Narcisse…); mais aussi dans le Coran (Caïn et le Corbeau, Sourate al Rahman…). Il étend ses ressources vers l'Histoire ancienne aussi et l'on trouve de nombreuses références ; il mentionne même les noms d'écrivains comme Brecht, Homère, Imrou'l Qays ou encore Abou Firas al-Hamdani. Darwich construit son recueil autour d'un mélange symboliste où toutes ces sources hétérogènes cohabitent pour décrire sa situation et l'aident à créer son poème. On retrouve aussi son univers de symboles comme le cheval, l'hirondelle, le papillon, la lune entre autres.



Divisé en six sections, le recueil s'ouvre sur un poème en guise d'introduction qui nous informe sur la veine de cette oeuvre : le poète « ainsi qu'une fenêtre, [qui] ouvre sur ce qu'[elle] veu[t] » ; le poète s'inspire de sources diverses (que j'avais citées plus haut). Dans la première section, il y a des poèmes très célèbres comme ce déchirant dialogue entre le père et son fils alors qu'ils fuient l'ennemi laissant leur maison et leurs biens mais surtout leur passé, leurs souvenirs, leur identité (L'Éternité du Figuier de barbarie). La vie ne sera plus la même ; le sablier du temps s'arrête sans lendemain. Il y a aussi ce poème (La Nuit du Hibou) où le poète décrit le départ douloureux vers l'inconnu. Dans la quatrième section, il y a ce poème sur un dialogue entre deux voyageurs où le poète cherche son identité dans son exil et une expression dans le poème. La pièce suivante dans la même partie (Rime pour les Mu'âllaqat) est un défi par la langue, l'écriture contre l'absence. Enfin, il y a ce poème qui clôt le recueil sur un constat bouleversant ; que la maison délaissée est habitée par l'ennemi.



A travers le recueil, se répètent des questions comme « qui suis-je ? » ; question logique après la perte de son identité et de sa terre natale. D'ailleurs, ici sur Babelio la nationalité de Mahmoud Darwich était longtemps marquée : « à définir » puisque la Palestine ne faisait pas partie de la base de données du site. Heureusement qu'on a dernièrement corrigé cela et ainsi notre cher poète a retrouvé son identité sur ce site, onze ans après sa disparition.



Certains poèmes comme "Je passe par ton nom" et "Le train a passé" ont été mis en musique par le compositeur et chanteur Marcel Khalifé.



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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

Savourez la beauté ineffable de ce titre : "Comme des fleurs d'amandier ou plus loin". Mais comment peut-on décrire ces fleurs altières, fragiles et sublimes ? le poète ne le peut même en ayant recours à la métaphore ! Mais quoi de plus précis que cette image des fleurs d'amandier pour décrire la situation et le passé du poète.



Mahmoud Darwich est l'un des poètes majeurs de la littérature mondiale à la deuxième moitié du XXème siècle. le fait qu'on l'emprisonne dans la simple image de poète résistant est injuste. Certes, sa poésie est hantée par la condition de son pays, la Palestine, mais Darwich a su avec subtilité comment toucher l'universel avec sa poésie et décrire la situation de l'homme face à son destin.



Dans sa poésie, il existe tout un univers de symboles où certains mots qui deviennent des notions sont omniprésents comme la fleur d'amandier, le nuage, le train, les violons... Darwich a cette maîtrise incomparable de la métaphore. Il sait comment créer une image, une scène à partir de l'agencement de mots simples et accessibles pour développer une situation d'insolite et d'inouï.



Ce recueil respecte parfaitement cette poétique. En plus, il regroupe des pièces très connues du poète comme "Pense à autrui" ou encore "Je ne dors pas pour rêver", que Darwich a déjà récités comme il sait si bien le faire grâce à sa voix retentissante, pendant les lectures assez fréquentes de sa poésie à travers le monde. de nombreux sujets chers au poète palestinien se trouvent ici : la fragilité du présent, l'avenir incertain, le passé qu'on tente de reconstituer, l'identité perdue, le moi fugace, la terre et l'exil… plusieurs poèmes sont écrits sous forme de dialogues entre le poète et un inconnu, un passant qui n'est autre que lui-même ; son moi fuyant et insaisissable ayant perdu son passé, sa terre et son identité.



"Comme des fleurs d'amandier ou plus loin" se compose de huit sections : Toi, Lui, Moi, Elle et quatre longs poèmes intitulés : Exil I, Exil II, Exil III et Exil IV. Dans les quatre premières sections, on trouve de merveilleuses petites pièces qui nous ouvrent un champ d'imagination et d'évasion entre l'intimité de l'amour retrouvé ou perdu, le calme d'une promenade perturbé par des pensées nostalgiques ou la fuite vers l'imaginaire dans un lieu clos,… Dans les quatre dernières sections, on trouve plutôt l'errance du poète dans l'exil ; exil spatial mais aussi exil dans la poésie. Là il rencontre des inconnus mais dans la dernier poème, il s'agit d'un dialogue imaginaire avec son ami le théoricien et écrivain Edward Saïd, le palestinien exilé aux Etats-Unis.

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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Quelles belles mélopées ! C'est une poésie qui se veut avant tout universelle. Est-ce l'effet de la censure ou de l'auto-sécurité, cette anthologie dont les poèmes (ou morceaux de poèmes) ont été choisis par l'auteur qui signe d'ailleurs la préface, nous conte bien sûr un pays en guerre et ses vicissitudes, mais ne cite que Haïfa pour savoir où l'on se situe.



Car Darwich est avant tout un auteur palestinien qui chante sa patrie dont il a dû si souvent s'exiler en tant que membre actif de l'OLP ou pour des vers jugés excessifs.



Et ce sont véritablement de superbes vers qui nous sont offerts. Entre mer et désert. Je recommande.
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Ne t'excuse pas

Poète de l'exil, Mahmoud Darwich revient, trente ans après sur sa terre de naissance, la Palestine. Tout dans ses poèmes transpire l'instabilité d'un pays "volé", sans bannière dans le vent, qui flotte, sans écrivains ni poètes, tous exilés comme lui, qui affronte la culpabilité de son retour après tant d'années d'absence.

"Ne t'excuse pas", se dit-il à lui-même, lui qui a traversé le monde, rencontré d'autres auteurs, vécu mille vies sans jamais se départir de cette écriture poétique si orientale.

C'est une poésie de questionnements, de guerre et de paix, d'enfance, d'amour, d'ombres et de légendes , la poésie d'un condamné à mort qui revient d'exil.
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Palestine, mon pays

Passants parmi les paroles passagères, poème de Mahmoud Darwich, provoqua un tollé en Israël en 1988, quatre mois après le déclenchement de la « Révolution des pierres » dans les territoires occupés. Les autorités, la presse et jusqu’aux « intellectuels libéraux » israéliens s’en saisirent, parfois dans des traductions malhonnêtes, pour dénoncer le prétendu appel à leur extermination qu’ils y lisaient, et nier au peuple palestinien le droit de revendiquer son indépendance.

(...)

L’ensemble de ces documents permet de comprendre les ressorts de cette « affaire du poème » et plus largement de saisir les comportements et les discours qui entravent toute tentative de dialogue.



Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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État de siège

Dès le début de ce sublime recueil, on sait que l'on entre dans quelque chose de grandiose. Car plus que les poèmes d'un auteur, on ressent tout de suite le chant d'un peuple, celui des Palestiniens sans état, en exil, ballottés d'une terre à une autre, déplacés sur leur propre sol. Les vers sont à la fois direct, personnel et un peu plus loin indirect et impersonnel, s'adressant à divers interlocuteurs, acteurs du drame qui dure depuis plus de 70 ans. L'auteur, le grand poète palestinien Mahmoud Darwich interpelle les soldats, les gardiens de prison, les enquêteurs israéliens au fil de ce recueil, mais aussi Dieu, ainsi que les mères palestiniennes qui pleurent leurs fils morts au combat. Oscillant entre la constatation implacable et l'espoir qui peut toujours surgir, le poète n'est jamais haineux, plutôt rempli d'une colère froide, essayant par des appels poétiques forts à faire prendre conscience de l'inanité de la situation, cette terre, sa terre au même titre qu'elle est celle du peuple juif, doit être une contrée de paix, de partage, de compréhension mutuelle. D'ailleurs, certains israéliens l'ont bien compris, demandant jusqu'à que les poèmes de l'auteur palestinien, soient inscrits au programme des élèves israéliens, chose qui fut bêtement refusée par le Premier Ministre de gauche israélien de l'époque, un comble ! En lisant ce livre émouvant, agrémenté de magnifiques photos de la Palestine, on lit et on voit avec une justesse bouleversante, la souffrance injustifiée de ce peuple victime de l'histoire, comme le fut hélas le peuple juif avec la tragédie de la shoah, malheurs des temps obligeant les hommes de bonne volonté à entendre le message poétique de Mahmoud Darwich et surtout à comprendre que seul deux états vivants en bonne intelligence côte à côte, reste l'unique solution pour sortir de cette impasse mortifère à long terme pour les deux peuples.
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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

Qu'il m'est difficile de parler de ce recueil...



N'étant pas une grande lectrice de poésie, et l'auteur usant abusivement de métaphores et de "métonymie", terme qu'il semble particulièrement apprécié ;), ma lecture a été quelque peu fastidieuse.



Mahmoud Darwich est un virtuose de la langue, l'écriture est magnifique, et je sors de cette lecture avec la tête pleine d'images éthérées, mais... car il y a toujours un mais, dont le sens m'a complètement échappé. Je me sens frustrée de n'avoir pu apprécié ces poèmes à leur juste valeur. Comme devant une "toile" de Maître dont on admire la beauté sans comprendre ce qui retient notre attention.



La deuxième partie du recueil avec ses poèmes plus longs, m'a semblé beaucoup plus accessible.
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Le Lanceur de dés et Autres poèmes

Ce beau recueil, traduit par Elias Sanbar et illustré de photographies (par Ernest Pignon-Ernest) de murs portant le portrait de Darwich, parle de nostalgie et de mémoire, du pays qui a été perdu, et de ce qui en subsiste et reste à transmettre.

C'est une poésie très riche mais aussi très, très opaque. Beaucoup de références sont nécessaires pour comprendre tous ses symboles. Mais la beauté de ses mots, souvent, se suffit à elle-même.

Allez lire quelques citations (et même le recueil), cela vaudra mieux que de lire ce modeste avis...

Challenge Poévie

Challenge Globe-trotter (Palestine)
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Rien qu'une autre année. Anthologie poétique 19..

«Tes yeux, une épine me déchirant le coeur et que j´adore protège des intempéries enfouies sous la nuit et les souffrances Sa blessure ravive la clarté des lampes. Son lendemain me fait chérir le présent

Plus que mon âme et j´oublie tout aussitôt, dans la rencontre des yeux Que nous étions une fois, tout deux, derrière la porte!» écrit Mahmoud Darwich dans Un amoureux de Palestine, In Rien qu´une autre année, une anthologie poétique composée de poèmes écrits entre 1966 et 1982 et traduits de l´arabe par Abdellatif Laâbi, laquelle a été éditée récemment par les Editions Barzakh. «Mahmoud Darwich a deux métiers: la poésie et le souvenir. Parfois les deux se rejoignent Avec le poème, le souvenir devient miroir, échelle pour le temps et défaite du sommeil et de l´oubli. Célèbre dans le monde arabe, il n´est pas pour autant ce qu´on appellerait un "poète militant". Son engagement est dans l´écriture, dans la poésie; il est loyal envers l´imaginaire de son peuple, de tout peuple voué à l´errance. Rien à voir avec cette poésie qui brandit les slogans et ruine la beauté et l´émotion. Darwich est un poète épique», écrit Tahar Ben Jelloun sur le dos de la couverture du recueil. L´ouvrage se compose de 7 parties poétiques regroupant plusieurs poèmes. On cite Un amoureux de la Palestine, Fin de la nuit (1967), Les Oiseaux meurent en Galilée (1970). Ma bien-aimée se réveille (1970), T´aimer ou ne pas t´aimer (1972, Essai numéro 7 (1972) et Noces (1977).

Les premiers poèmes de Mahmoud Darwich traduisent un lyrisme amoureux dans lequel l´attachement au pays natal se confond avec le sentiment amoureux. Symbole de la patrie, la terre est célébrée comme la «première mère». Au fur et mesure l´engagement politique se révèle franchement. L´écriture s´érige plus complexe en s´intéressant aux mythes et aux symboles. Enfin, dans sa période la plus mûre, cette écriture tend vers une ouverture. Elle voyage, traverse les mers. De la Méditerranée à New York, la problématique identitaire de la Palestine reste posée. Le souffle puissant et épique de Mahmoud Darwich écrit dans La chanson et le sultan: «Allez dire au sultan. Le vent ne saurait être blessé par un coup d´épée. Et les nuages d´été ne peuvent arroser l´herbe. Qui croit sur ses murailles. Mais des millions d´arbres. Verdoient dans le giron du poème.»

Chez Mahmoud Darwich, la poésie naît du sentiment d´exil, de déracinement et de l´appel de l´autre, sa terre, «sa passion» matérialisée dans cet arbre ou encore Rira la bien-aimée, lui, ce soldat du vers libre et du rythme dramatique, cet étranger dans une ville lointaine...Qu´il soit social, familial, amoureux, l´exil est le thème dominant, celui qui appelle la poésie et auquel celle-ci doit répondre.

L´exil est au coeur, la source puissante de la poésie de Mahmoud Darwich. D´Athènes à Galilée, de Babylone à Jérusalem, la poésie de Darwich est faite d´un «pays dépourvu de pays». Elle est confiscation, éloignement, impatience qui est «fleur de jasmin», tremblement, l´appel d´une allégresse de deux corps en fête, un «hymne guerrier», «souvenir d´une première jouissance», égarement et blessures, une corde brisée. Mieux, un passeport, un désir, la voix perdue dans les solitudes...Que de beauté, mélancolie mêlée à du chagrin. Darwich agonise parfois, pleure mais ne rend jamais les armes. Dans Chroniques de la douleur palestinienne le poète écrit à juste titre: «Mon pays est une épopée. Jy tenais le rôle d´interprète. Me voici devenu.

Une des cordes de l´instrument.» Bouleversante poésie de Darwich, cette anthologie met à nu 16 années d´écriture intenses...Impossible de restituer tout le génie artistique de l´écriture de Darwich. A découvrir absolument!
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Une mémoire pour l'oubli : Le temps : Beyrout..

Que peut faire un poète au milieu des bombardements ? Comment survivre à la guerre et à l'exil quand on a pour seul bouclier que ses mots ? C'est le sens de ce récit de Mahmoud Darwich, écrit à Beyrouth durant le siège israélien de la ville pour en déloger les réfugiés palestiniens.



Même si le récit prend pour cadre une journée sous les bombes, du réveil au crépuscule, n'y cherchez pas de façon sournoise une description factuelle de tous les moments que subissent des populations sous les bombes. Darwich nous parle de l'importance du café, de l'eau,nous décrit une mer pleine de menaces et d'espoir, nous parle d'amour beaucoup, de politique un peu, de football... C'est un poète coincé dans un lieu et un moment où les poètes ne servent à rien mais où ils ne renoncent tout de même pas à écrire parce que c'est la seule chose qu'ils savent faire. Les phrases sont belles, le sens de certaines se dérobe à notre esprit, mais est-ce que le sens est si important dans un monde insensé ?



Récit patchwork dans lequel il faut voir une ode aux mots qui sont les seuls à pouvoir garder la mémoire de ce que tout le monde cherche à oublier.
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Ils ont enchaîné sa bouche avec des chaînes,

Et a attaché ses mains au rocher des morts.

Ils ont dit : tu es un meurtrier.

Ils ont pris sa nourriture, ses vêtements et ses bannières,

Et l'ont jeté dans le puits des morts.

Ils ont dit : tu es un voleur.

Ils l'ont chassé de tous les ports,

Et emporta sa jeune bien-aimée.

Et puis ils ont dit : tu es un réfugié.



Avec des poèmes des années 1960 comme celui-ci, Mahmoud Darwich a fait autant que n'importe qui pour forger une conscience nationale palestinienne. Ses poèmes ont été enseignés dans les écoles du monde arabe et mis en musique ; certaines de ses lignes sont devenues partie intégrante du tissu de la culture arabe moderne.

Encore écolier, grâce à des traductions en hébreu, il a découvert l'œuvre de Federico García Lorca et de Pablo Neruda. Il a été également influencé par la littérature juive de la Torah au poète Yehuda Amichai.



Il a écrit sur les oliveraies et les vergers, les rochers et les plantes, le basilic et le thym. Ses premiers poèmes ont un effet saccadé, comme des grenades à main verbales. Malgré une apparente simplicité, ses courts poèmes ont plusieurs niveaux de sens. Il y a un sentiment de colère, d'indignation et d'injustice, notamment dans la célèbre carte d'identité, dans la voix d'un homme arabe donnant son numéro d'identité :



Je ne déteste pas les gens.

Je ne vole personne.

Cependant

Si j'ai faim

Je mangerai la chair de mon usurpateur.

Méfiez-vous de ma faim

Et de ma colère.



Son œuvre littéraire évolue. Contre toute attente Il y a souvent de l' optimisme dans ses œuvres des années 1980 :



Les rues nous encerclent

Alors que nous marchons parmi les bombes.

Êtes-vous habitué à la mort ?

Je suis habitué à la vie et au désir sans fin.

Connaissez-vous les morts ?

Je connais les amoureux.



Ses travaux ultérieurs sont devenus plus mystiques et moins concernés par la Palestine. Préoccupé par la mortalité humaine, il était négligent pour lui'même (crises cardiaques en 1984 et au début de 1998.)



Darwish a démissionné du comité exécutif de l'OLP suite aux accords d'Oslo de 1993 entre Israël et l'OLP, qu'il considérait comme un "accord risqué". Il a pu retourner en Israël pour voir sa mère âgée en 1995. Les autorités israéliennes lui ont également accordé une autorisation de séjour illimité dans les parties autonomes de la Cisjordanie palestinienne, et il a passé ses dernières années à Ramallah et à Amman, la capitale de la Jordanie.



En 2000, le ministère israélien de l'éducation a proposé d'introduire ses œuvres dans le programme scolaire, mais a rencontré une forte opposition de la part des manifestants de droite. Le Premier ministre de l'époque, Ehud Barak, a déclaré que le pays n'était pas prêt.



L'œuvre de Darwich a été traduite en hébreu et, en juillet 2007, il est retourné en Israël pour une visite et a donné une lecture de sa poésie devant 2 000 personnes à Haïfa. Il a déploré la victoire du Hamas à Gaza le mois précédent. « Nous avons triomphé », a-t-il observé avec une sombre ironie. « Gaza a gagné son indépendance vis-à-vis de la Cisjordanie. Un peuple a maintenant deux États, deux prisons qui ne se saluent pas. Nous sommes vêtus d'habits de bourreaux."



On écoutera les belles interprétations avec lesquelles Rodolphe Burger accompagne ses vers. D'autant plus que dans la même session, il y a une très belle mise en musique du Cantique des cantiques.







Je veux ajouter quelques mots plus personnels;

les hasards de l'existence m'ont permis de rencontrer Mahmoud Darwich et (plus souvent) le chef de la délégation Israélienne lors des négociations entre les Palestiniens et les Israéliens. (Darwich faisait partie de la délégation Palestinienne) Tous deux m'ont fait le même compte-rendu: les négociateurs s'étaient mis d'accord et ils fêtaient cela ensemble quand est arrivée la décision des politiques refusant l'accord. Ils ont alors pleuré dans les bras les uns des autres....
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Murale

Ne parlant pas l'arabe, je n'ai donc pas pu lire ce poème dans sa version originale, ce que je regrette puisqu'il parait que le poème a perdu de sa valeur au niveau prosodique lors de sa traduction. Cependant, même en français, ce petit ouvrage est une pure merveille. Affrontant des thèmes particulièrement durs comme ceux de la mort ou du dépérissement des êtres, ce poème met tout cela en images dans un foisonnement de références historiques, mythologiques et religieuses. L'écriture chante et ce poème mériterait d'être entendu plutôt que lu. J'ai eu la chance de rencontrer cet auteur quelques années avant sa mort, lorsque je faisais mes études sur les Métiers du livre à Aix-en-Provence et c'était vraiment un homme simple, ouvert aux autres et très cultivé. A découvrir !
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Il est toujours difficile de noter et d'émettre une critique sur un recueil de poèmes. Aussi, je dirais simplement que cet ouvrage est une véritable invitation au voyage. L'auteur est né à Birwa, un petit village de Galilée et il nous invite ici à découvrir non seulement ses origines mais également sa culture. De nombreux thèmes sont abordés ici, dont certains reviennent régulièrement dans des œuvres poétiques, tels que l'amour ou encore la vie, mais d'autres au contraires sont propres à la vie de l'auteur et de ses concitoyens. Ouvrage qui comprend aussi bien des poèmes composés en vers qu'en prose, celui-ci nous invite à découvrir un monde que l'on ne connait pas forcément et qui est un vrai régal pour les sens. À découvrir !
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Cela fait quelques années que j'ai ce livre de poèmes rassemblés par Darwich lui-même et que souvent j'y reviens pour en lire quelques uns. Je sais que ce poète mort en 2008 est le poète emblématique de ce peuple sans véritable patrie et dont le malheur, la souffrance durent depuis si longtemps sans, il faut bien le dire, que l'on voie une issue à son pénible destin. Mais, sa poésie n'est pas violence, n'est pas haine, rien de tout ça, même si certains textes sont saisissants. Personnellement, j'y trouve tant d'amour pour sa patrie perdue, pour les siens, pour les femmes. Et le thème de l'exil, du bonheur perdu, mais aussi de l'espoir. Et pour moi qui ai l'habitude de la poésie "occidentale", je suis absolument ébloui par le rythme des poèmes, les répétitions souvent changeantes qui sont comme des vagues qui déferlent. La biobibliographie à la fin du livre nous explique les différents périodes de la création poétique de Darwich, révolutionnaire, révolutionnaire et patriotique, lyrique etc... C'est à la fois utile pour comprendre le contexte et, en même temps, on peut tout à fait lire les textes sans trop s'attacher à ce classement. Il y a tant de poèmes que je trouve magnifiques que je ne pourrais les citer tous. Quelques uns quand même: à ma mère, mon père, le mort n°18, descente de la lune, psaumes, la descente du karmil, musique arabe, sur cette terre, la terre nous est étroite, onze astres sur l'épisode andalou, et tous les poèmes de la dernière période dont dispositions poétiques, et nuit qui déborde du corps et l'art d'aimer, ces deux derniers des pures merveilles.
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