Odile, comparaissant en état de récidive légale pour la tentative d'un vol de chaussettes valant neuf euros cinquante, restituées lors de son interpellation, a été condamnée à la peine (plancher) de deux années d'emprisonnement dont une assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve comportant obligation de soins, notamment, le tout avec mandat de dépôt. Ce qui veut aussi, et d'abord, dire un an ferme, peine immédiatement exécutée – deux semaines se sont écoulées depuis la commission de ce délit inadmissible. La dernière fois qu'Odile a été libre, elle franchissait la sortie sans achats d'un supermarché avec une paire de chaussettes cachée dans son ciré trop grand.
Oui, la ministre aurait dû être là et assister à cette audience, farcie de peines planchers dont celle-ci était l'apothéose. Nos brillants députés aussi, qui votent ce genre de choses ; ceux des magistrats que je connais qui pensent qu'être gardien de l'application de la loi, c'est se contenter de l'appliquer sans nuances ; ceux de mes confrères qui, dès qu'elle est juridiquement applicable, baissent les bras ; et tous ceux, dans l'opinion publique, cette espèce de grande putain, qui osent soutenir ce type de décision uniquement sécuritaire ou censée l'être, sans réfléchir un instant à qui on va l'appliquer, et qui changeraient immédiatement d'avis si cette petite fille en ciré jaune trop grand était leur enfant ou leur sœur...