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L'ombre animale de Makenzy Orcel
la nuit était épaisse, discrète comme un homme qu’on cherche à abattre, je me levais doucement de mon lit, j’avançais au ralenti de mes pieds de fumée, nous sommes tous attirés par le vide, me disais-je bizarrement, j’étais ce vide par lequel j’étais attirée, je flottais, comme dans ces mises en scène où l’on a l’impression que les comédiens veulent attraper un oiseau et font en sorte qu’il ne leur échappe pas, un coup d’œil sur le mur, tous les murs sans fenêtres que je pouvais imaginer, mon ombre n’y était pas, je n’avais plus d’ombre, mon ombre animale s’était-elle fait bouffer par la nuit, s’était-on fait toutes les deux bouffer par la nuit, je pleurais et puis je riais, d’un rire cinglant qui me faisait venir les larmes aux yeux, et à ces larmes venaient s’ajouter d’autres larmes, d’autres rires, dehors le vent soufflait sans trêve, les arbres tombaient, j’allumais une énième cigarette,
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