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4.36/5 (sur 38 notes)

Nationalité : Algérie
Né(e) à : Constantine , 1905
Mort(e) à : Alger , le 31/10/1973
Biographie :

Malek Bennabi (en arabe مالك بن نبي) est un penseur algérien.

Il poursuit une scolarité à Constantine au moment où commence l'activité du mouvement des Oulémas avec le cheikh Abdelhamid Ben Badis.

Il arrive à Paris en 1930 pour ses études. Il refuse les offres d'emploi de l'autorité coloniale, et préfère animer à Marseille un centre de formation et d'éducation pour les travailleurs immigrés.

En 1931, Malek Bennabi épousera une Française qui embrassa l'Islam et prit alors le prénom de Khedidja.

Il se consacre, dans le même temps, à la réflexion sur la société musulmane. Le Phénomène Coranique est son premier grand livre publié en 1946.

En 1948, il publie Les Conditions de la Renaissance et, en 1954, Vocation de L'Islam.

En 1956, il rejoint le FLN au Caire, publie l'Afro-asiatisme en 1959 et de nombreux ouvrages entre 1958 et 1962.

En 1963, Malek Bennabi retourne en Algérie où il fut nommé Directeur de l'Enseignement Supérieur.

Il tient des conférences, publiées ensuite sous le titre de Perspectives algériennes 1964 et édite le premier tome des ses Mémoires d'un témoin du siècle à Alger en 1965.

Il démissionne en 1967 pour se consacrer au travail intellectuel, à la réforme et à l'organisation de rencontres intellectuelles qui devinrent plus tard Séminaires de la Pensée Islamique que l'Algérie organise chaque année.

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Source : http://oumma.com
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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Que sais-je de l'Islam" de Malek Bennabi aux Editions Héritage.


Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Dans un milieu colonisable, il n'est pas possible de voir autre chose qu'une administration colonialiste.

La colonisation n'est pas un caprice politique, quoiqu'elle puisse paraître, cela c'est une fatalité de l'histoire. On ne cesse d'être colonisé qu'en cessant d'être colonisable, c'est une loi immuable.

Et ce grave problème ne peut pas se résoudre par de simples aphorismes, ni par des tirades plus ou moins grossières, mais par de profondes transformations de notre être : chacun devant être réadapté, peu à peu, à ses fonctions sociales et à sa dignité spirituelle.
(...)
Qui n'a pas compris cela, n'aura rien compris au verset qui fut l'étendard doctrinal de l'Islahisme : ''Dieu ne change pas l'état d'un peuple que celui-ci n'ait changé le comportement de son âme..."
(...)
Un aphorisme que nous devons à l’Égypte, à laquelle nous devons aussi pas mal de mauvais discours et de mauvais films, devint la devise du néo-maraboutisme à savoir ''les droits ne se donnent pas, mais s'arrachent''.

On oublia que le droit n'est ni un cadeau qui se donne ni une proie qui s'arrache, mais le simple corollaire du devoir ; qu'un peuple crée sa charte, en modifiant son milieu social lié au ''comportement de son âme.''

Loi sublime : transforme ton âme et tu transformes ton histoire. (pp. 33-35)
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20.02.1958 : Les dons de la civilisation occidentale

Je suis dans une salle de cinéma où j’ai devant moi deux femmes égyptiennes. Elles fument. Leurs traits indiquent des personnes qui ont tout donné à la vie pour lui prendre ses jouissances. La société occidentale a créé ce type qui n’est plus la femme et qui ne sera jamais l’homme, et nous en fait cadeau. Ce type est le meilleur instrument qu’on pouvait trouver pour désintégrer la société. La civilisation occidentale a livré le monde à la femme, au Juif et à l’atome. Si le monde résiste à la désintégration avec cette trinité, ce sera un miracle. (pp. 389-390)
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Historiquement, la colonisation est une régression dans l'histoire humaine. C'est un retour à l'âge romain, après l'expansion de l'empire musulman qui fut, cependant, une expérience d'un nouveau genre dans l'histoire. En effet, ni le Sud de la France, ni l'Espagne, ni l'Afrique du Nord n'ont été les ''colonies'' de l'empire musulman, mais ses provinces au même titre que la Syrie ou l'Irak.

Et on ne doit pas rétorquer que l'empire musulman n'avait pas à faire de discrimination politique puisque l'uniformité administrative était la conséquence de l'uniformité religieuse préétablie. Cela serait absolument faux : partout les chrétientés et les juiveries locales ont quand même subsisté librement, même avec toute la latitude pour un moine comme Gerbert de se former à la science musulmane, de devenir le pape Sylvestre Il et le promoteur de la première croisade.

Évidemment, cela n'a pu être possible que pour autant qu'une culture musulmane avait promu dans l'histoire une conception rénovée des rapports entre hommes.(1)

Heureusement pour l'humanité, cette expérience politique est demeurée lettre morte pour la conscience européenne.

Il est vrai qu'on a tout fait pour qu'il en soit ainsi, comme le remarque si justement le Dr Gustave le Bon. Pour être à leur aise, les promoteurs de cette culture néfaste ont découpé le processus de l'histoire humaine en tronçons. Et, pour eux, la civilisation c'est le tronçon qui va de l'Acropole jusqu'au palais de Chaillot ou un tout petit peu plus loin. Et même des intellectuels distingués ne se rendent pas compte que le tronçon en question n'existe pas même dans leur esprit.

Il nous est arrivé de montrer à certains parmi eux qu'entre la civilisation d'Aristote et celle de Descartes, il y a un intervalle de plus d'un millénaire qui correspondrait inévitablement à un vide dans la culture d'un Louis Bertrand mais qui correspond en réalité à la civilisation musulmane, dans le processus de l'histoire générale.

(1) La fameuse apostrophe du khalife Omar au gouverneur de l’Égypte illustre d'une façon frappante l'esprit nouveau. Le khalife rappelait à Amr Ibn El-Ass, son subordonné trop enclin à l'intérêt matériel, que l'Islam ne venait pas dans les pays pour collecter des impôts, mais pour éclairer les âmes. (pp. 152-153)
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L’ampleur du thème coranique et sa variété sont uniques. Selon la lettre même du Coran, « Rien n’est omis ». Il relate depuis « l’atome d’existence scellé au sein d’une pierre gisant au fond des mers » jusqu’à l’astre qui bondit « sur son orbite vers son but assigné ». Il scrute les moindres recoins du cœur humain, plonge dans l’âme du croyant et du mécréant un regard qui saisit les plus imperceptibles mouvements de cette âme. Il se tourne vers le passé lointain de l’humanité et vers son avenir pour lui enseigner les devoirs du présent.

Il brosse un tableau saisissant du drame perpétuel des civilisations sur lequel il nous invite à nous pencher nous-mêmes pour nous « préserver de l’erreur ». Son enseignement moral est une conclusion d’un examen psychologique approfondi de la nature humaine dont il nous signale les faiblesses qu’il stigmatise, les vertus qu’il nous invite à admirer à travers la vie des prophètes, ces héros et ces martyrs de l’épopée céleste. Sur ces données, il encourage le repentir sincère du croyant par la promesse du pardon, base de la morale rémunératrice des religions révélées.

Devant un tel gigantesque panorama, un philosophe comme Thomas Carlyle ne peut pas contenir son émotion et un cri d’admiration part du profond de son être : « C’est un écho, s’écrie-t-il en parlant du Coran, jailli du cœur même de la nature. » Dans ce cri du philosophe, il y a, plus que la sèche pensée de l’historien, quelque chose comme la confession spontanée d’une haute conscience humaine saisie de vertige devant la grandeur du phénomène coranique. (pp. 225-226)
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Une laideur ne peut inspirer de belles, ni de grandes idées.

Le laid ne peut qu'engendrer de laides idées, et partant, de laides actions, de laids comportements.

Aussi, tous les grands moralistes, comme Ghazali, n'ont jamais manqué de poser le problème de l'esthétique. Leur pensée peut se résumer ainsi: on ne peut concevoir le bien sans le beau.

On pourrait la traduire en langage sociologique: les idées sont naturellement le canevas subjectif des actions. Mais les idées sont liées à des générateurs concrets, à une ambiance faite de couleurs, de formes, de mouvements, de sons, de visages.

En fait, il s'agit bien d'une esthétique quand on considère la source des idées, donc des actions.

Même l'activité la plus insignifiante est liée à une certaine esthétique, car il y a la belle manière de penser et d'agir et même de faire la politique ou de porter seulement un paquet.
(...)
Toute l'ambiance d'une civilisation: c'est là le problème de l'esthétique.

Il faudrait que dans nos rues, dans nos cafés, on trouve la même note esthétique qu'un metteur en scène doit mettre dans un tableau de cinéma ou de théâtre.

Il faudrait que la moindre dissonance de son, d'odeur ou de couleur, nous choque comme on peut être choqué devant une scène théâtrale mal agencée.

L'esthétique, c'est ''la face'', d'un pays dans le monde. Il faut sauver notre face pour sauver notre dignité et imposer notre respect au prochain à qui nous devons nous-mêmes le respect. (pp. 99-101)
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L'Europe rationaliste, qui a créé la machine, se voit incapable de poser correctement les problèmes humains. Tout rapport non mesurable échappe à sa science parce qu'il échappe à sa conscience. On sait façonner la matière mais on ne sait pas la rendre utile à l'homme. Le processus de production en Europe ne définit pas l'objet par rapport à l'homme mais définit l'homme-outil en fonction de l'objet fabriqué.

L'Europe est devenue technicienne, mais a cessé d'être morale. On ne sait plus découvrir les perspectives humaines au-delà du chiffre, de la quantité, au-delà des limites d'un monde qui est uniquement défini en termes de matière. Une civilisation trouve son équilibre entre le spirituel et le quantitatif, entre la finalité et la causalité. Aussitôt que l'équilibre est rompu dans un sens ou dans l'autre, c'est la chute verticale. La civilisation musulmane perdit son équilibre au moment où elle n'observa plus ce juste rapport entre la science et la conscience, entre les données matérielles et l'ordre spirituel: elle sombra dans la pure anarchie métaphysique, dans le chaos maraboutique, qui ont fait sa décadence.

Aujourd'hui nous assistons à une autre expérience qui aboutit un autre déséquilibre: la civilisation occidentale, qui a perdu le sens du spirituel, se trouve à son tour au bord de l'abîme.

Il ne s'agit donc plus pour le monde musulman de séparer les valeurs mais d'accoupler la science et la conscience, l'éthique et la technique, la physique et la métaphysique, afin de réaliser un monde selon la loi de ses causes et l'impératif de ses fins. Mais pour refaire une jeunesse au monde, il faut un homme nouveau capable d'assumer son existence moralement et matériellement, comme témoin et comme acteur. L'homme post-almohadien est, certes, trop vieux, trop caduc, mais le monde musulman n'en inclut pas moins une grande part de cette jeunesse nécessaire. (p. 148)
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Il y a des institutions, comme le mariage, qui ne vieillissent pas.

Si le mariage était aboli dans une société, on ne dira pas que l'institution a vieilli mais que la société est malade.

L'origine du mal, dans ce cas, est localisée dans l'univers culturel.

Dans certains pays de l'Europe du Nord, la crise culturelle qui a engendré le hippy tend à substituer au mariage traditionnel, l'union libre ou une union plus complexe ou plus anormale encore quand l'union est homosexuelle.

Ce sont des modifications d'ordre psychologique qui amènent à la surface de la vie sociale des modifications économiques et politiques.

Le psychologique précède et conditionne le social. Par toutes les voies on débouche toujours sur le principe formulé par le Coran sous forme de sentence : « Dieu ne change pas l'état d'un peuple que celui-ci n'ait changé ce qu'il y a dans son âme. »

Le verset contient en germe toutes les conclusions qu'on peut tirer sur la Némésis des idées trahies.

Ce n'est pas Jules César qui a tué la République de Rome. Sa mort est la conséquence des modifications imperceptibles survenues dans l'esprit romain, et il est significatif à cet égard que la mort de Jules César sous le poignard de Brutus et des conjurés n'a pas restauré la République à Rome.

La République n'est pas morte à Athènes à cause de Jules César mais des suites des mêmes modifications psychologiques qui ont amené sa mort à Rome.

Les modifications psychologiques, qui interviennent dans le processus et deviennent visibles sur le plan social ou politique, se produisent au niveau des motivations qui déterminent le comportement. (pp. 131-132)
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"les grands miracles de l'histoires sont toujours liés a des idées-forces
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L’aspect littéraire du message, qui avait constitué aux yeux des exégètes traditionalistes le principal sujet d’étude, perd, de plus en plus, de son importance à notre époque, plus scientifique que littéraire. En effet, la possession imparfaite du génie de la langue pré-coranique ne nous permet pas de juger pertinemment de la transcendance du style dans le Coran.
(…)
L’âme bédouine est essentiellement mélomane ; ses aspirations, ses mouvements, ses élans, se traduisent dans une expression musicale rythmée : le vers arabe dont le mètre sera le pas précipité ou long du chameau. La prosodie arabe est elle-même d’essence bédouine et le génie littéraire arabe trouvera naturellement son expression dans la poésie.
(…)
Cette langue mélodieuse, à travers laquelle fusent les hennissements des coursiers, se répercute le cliquetis des armes « an acier hindou », et où tonne, ici et là, le cri de guerre des Futyân, exprimera surtout l’exaltation épique d’un Antar ou l’ivresse lyrique d’un Imrou’ El-Qays.
(…)
Elle n’exprime aucune hantise mystique ou métaphysique. Elle ignore les subtilités de la dialectique et les abstractions de la pensée philosophique, scientifique ou religieuse. Sa terminologie est celle qui correspond aux besoins simples de la vie extérieure et intérieure d’un Bédouin, non pas d’un sédentaire.

Tels sont les caractères généraux de cette langue djahilienne, idolâtre, nomade et continentale, que le Coran va plier néanmoins à son génie propre pour exprimer une pensée universelle. Et d’abord, il adoptera pour l’expression de cette pensée une forme nouvelle : la phrase. Le verset coranique va reléguer le vers bédouin ; mais le rythme va y subsister quand même : il s’est libéré seulement du mètre, il s’est amplifié.
(…)
Naturellement, cette langue arabe, qui n’avait exprimé jusque-là que le génie des primitifs du désert, doit notablement s’enrichir pour répondre aux exigences d’un esprit placé désormais – et d’un seul coup – devant les problèmes métaphysique, juridique, social et même scientifique.

Or, un tel phénomène physiologique est unique dans l’histoire des langues : il n’y a pas eu pour la langue arabe une évolution progressive, mais quelque chose comme une explosion révolutionnaire aussi soudaine que l’était le phénomène coranique. La langue arabe est passée d’un seul bond du stade dialectal primitif à celui d’une langue techniquement organisée pour véhiculer la pensée d’une nouvelle culture et d’une nouvelle civilisation. (pp. 217-219)
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Quoiqu'il en soit, la question philosophique que pose le Coran mériterait à elle seule une étude sérieuse embrassant tous ses néologismes et tout ses technologismes, dans le domaine eschatologique notamment. Il y aurait là, pour l'exégèse, un domaine qui ne serait pas le moindre où l'on puisse constater l'ampleur du phénomène coranique. En effet, pour introduire dans la langue arabe sa pensée religieuse et ses concepts monothéistes, le Coran a dû fatalement déborder le cadre classique de la littérature djâhilienne.

En fait, il a réalisé dans la littérature arabe un véritable bouleversement en changeant l’instrument technique de son expression : d’une part, il a remplacé le vers métrique par la période rythmée, et, d’autre part, il a apporté une pensée neuve avec l’introduction de concepts et de thèmes nouveaux, pour raccorder la culture djahilienne au courant monothéiste. Mais les notions de ce courant ne sont pas simplement traduites par le Coran ; elles sont assimilées et adaptées par lui à la culture arabe.
(…)
Toute la terminologie du monothéisme, que le Coran a ainsi introduite, a subi auparavant une adaptation originale, comme le personnage biblique que la version coranique nomme El-Azîz dans le récit de Joseph. On pourrait se demander s’il y a une correspondance sémantique entre le nom biblique et le terme coranique. Or, l’exégèse hébraïque semble assigner au mot Potiphar une étymologie égyptienne à partir de la racine Poti (= favori) et la racine Phare (= conseiller). D’après la leçon de l’Abbé Vigouroux, le mot égyptien serait composé, ayant pour sens « favori du Dieu-soleil. »

Dans un cas comme dans l’autre, l’adaptation coranique étymologique, bien qu’elle en ait éliminé le terme complémentaire – génitif ou qualificatif – comme pour l’assimiler sous une forme plus conforme à l’esprit du monothéisme islamique : ‘Aziz = favori. Cette adaptation qui, entre autre, a évité la difficulté de rendre phonétiquement l’initiale « P » du nom biblique, a apparemment résolu un problème philologique qu’un « ignorant » de l’égyptologie n’aurait su résoudre même s’il s’y était appliqué consciemment. (pp. 220-221)
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