Bande annonce de Quicksand Rien de plus grand (Serie Netflix 2019) , adaptation du roman de Malin Persson Giolito.
Ils sont tous là pour me scruter, pas pour m'entendre. Ils attendent ce qu'ils croient déjà savoir. On dit que les enfants ne croient qu'en ce qui les arrange, mais la vérité, c'est qu'on ne peut pas les berner. Les adultes, en revanche, veulent choisir eux-mêmes l'histoire qui leur convient. Les gens se moquent de ce que les autres disent ou ressentent, de ce qu'ils ont traversé, appris. Les gens ne s'intéressent qu'à ce qu'ils sont déjà certains de savoir.
Dans les contes, les trolls se changent en pierre quand le soleil les surprend. À mon avis, cela signifie que si on expose les choses terrifiantes, qu’on les révèle, elles cessent de l’être. En vrai, c’est le contraire. Trop de lumière et de « vérités », d’ « ouvre ton cœur », de « dis ce que tu éprouves » et de « n’aie pas peur de parler de tes problèmes » ne fait qu’étaler à la face du monde quel monstre vous êtes. Vos mauvais sentiments se voient comme une verrue poilue au milieu de la figure.
Une fin n'est tragique que si elle a été précédée d'une alternative, que si elle ressemble à une conclusion injuste. Pas quand elle est inévitable.
Je ne veux pas penser que c'est quand tout peut arriver, quand toutes les portes sont ouvertes, que le courant d'air les fait claquer.
Les juristes raisonnent, les écrivains imaginent. J'ai été juriste deux fois plus de temps que je ne suis écrivain. Un juriste veut que tout soit correct. Les écrivains, eux, font ce qu'ils veulent.
Je m'étais assise à un arrêt de bus de l'autre côté de la place et avais finalement sorti mon téléphone pour m'orienter. Je n'avais pas le choix. Je gardais l'autre mais dans la poche où se trouvait ma bombe lacrymogène, faisant de mon mieux pour me convaincre que ce n'était pas parce que j'avais peur que j'étais raciste. Je m'étais rappelé les mots de maman : être prudent, ce n'est pas forcément être effrayé.
Sander a la réputation de meilleur avocat pénaliste de Suède. [...] Je me doutais que c'était un très bon conteur. Mais pas qu'il était aussi convaincant.[...]Même si on a tendance à penser qu'il faut être sûr de soi à cent pour cent pour conquérir son auditoire, c'est une idée fautive. Les politiciens devraient en prendre de la graine : nous attendons des phrases qui finissent par un point d'interrogation. Une personne qui n'a pas forcément tout compris, mais qui propose des solutions. Je ne suis pas sûr que ça va marcher mais je suis prêt à tenter le tout pour le tout.
Sander permet au public de l'accompagner dans ses doutes, dans chaque étape de son cheminement. Quand il lance : "Nous nous sommes posé telle ou telle question, aurions-nous eu raison? " tout le monde est curieux. Quand il dit :" Nous avons décidé de mener notre propre enquête", tout le monde trouve l'idée fabuleuse, alors même que quelques minutes plus tôt on lui reprochait de perdre du temps et et de l'argent en redoublant le travail de la police. Quand il annonce : "Le résultat nous a profondément surpris" et " Nous avons tiré telles et telles conclusions", chaque spectateur écoute. En dépit de leur conviction initiale --ils étaient sûrs qu'ils les embobinait-, ils ne peuvent s'empêcher de baisser la garde. Et si... et s'il n'avait pas tout à fait tort?
Mais en cet instant, je ne pleurais pas. A quoi bon, il n'y avait absolument rien que je puisse faire. Une fin n'est tragique que si elle a été précédée d'une alternative, que si elle ressemble à une conclusion injuste. Pas quand elle est inévitable. Dans la situation où je me trouvais, pleurer ne servait à rien.
J'essaie de me dire que Lina ne saisit pas ce qui se passe. Qu'elle est épargnée par cette histoire. Mais ça ne marche pas très bien. Je n'arrive pas à me convaincre qu'on a moins peur quand on ne comprend pas. C'est plutôt le contraire, je suis bien placée pour le savoir.
Je veux raconter. Je me fous des conséquences. Le pire a déjà eu lieu.