De la fantasy à la science-fiction, les auteur·rice·s des littératures de l'imaginaire s'amusent à subvertir les normes. Et si côtoyer l'étrange nous ouvrait à ce qui nous est étranger ?
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s
Maëlle Desard (Dents de soie, Slalom),
Mo Abbas (Dictionnaire des ogresses, le port a jauni),
l'auteur-illustrateur Jérémy Perrodeau (Le Visage de Pavil, Éditions 2024)
et l'illustrateur Nicolas Zouliamis (Monstres, Thierry Magnier Éditions et L'Étrange Boutique de Viktor Kopek, Saltimbanque).
Avec la participation d'Elyne Briand Drean et du club de lecture du collège Saint-Michel - Guéméné-Penfao (44). Un grand merci à Claire Blet, professeure.
Et la voix de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
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- T'es en train de partir dans un bad trip ou je rêve ?
- Mes règles.
- Pardon ?
- J'AI MES RÈGLES !
J'ai peut-être répondu un peu fort ; les deux rangées devant nous se sont retournées. Regards pleins de compréhension de la part des filles qui ne sont pas loin de me faire le petit geste « fighting » à la k-drama ; grimace dégoûtée des mecs qui pensent encore à dix-sept ans que les menstruations, c'est péter des fleurs dans sa culotte et manger des cookies en étant mignonne.
Monsieur Schaeffer nous a installées sur les gradins avec les autres dispensés – beaucoup de filles, sans surprise. Trop pour qu'elles aient réalistement leurs règles en même temps. Mais la piscine, pour une fille en pleine croissance, c'est un sacré cauchemar. Le moindre téton, la moindre vergeture, le moindre poil est passé au crible et servira de munitions aux gens de ton entourage pour toute la fin de ta scolarité. Pendant que l'autre mec se balade avec l'équivalent d'un chat mort entre les cuisses sans que ça ne questionne personne.
- Tu choisis cupcake comme code d'urgence ? (..)
- Et pourquoi pas ? C'est toujours mieux que " A l'aide " crié très fort, non ?
- Capitaine...commença l'agent Loan. Elle est de catégorie deux. Deux . Sur quatre-vingt-deux. Je ne suis pas certain qu'elle parvienne à ouvrir un pot de cornichons. Alors un Portail sauvage ? Restons sérieux.
Oh, je n'étais pas laide - je n'étais pas jolie non plus. Banale, au mieux. Un "léger" embonpoint (rien qu'un jeûne de trois mois agrémenté de quatre heures de cardio journalière ne pourrait régler )
- Bonsoir, il me faudrait...trois litres de café, extra-noir, et trois...quatre ? kilos de sucre, me corrigeai-je alors que le vampire levait les doigts en l'air. On paie cash.
- Vous vous moquez de moi ? me répondit la voix à travers le combiné.
- Du tout. trois litres de café, quatre kilos de sucre. Cash. Chambre 204.
- Qu'est-ce que vous allez faire avec tout ce café et tout ce sucre ?
- Mais je vous en pose des questions ?
- Je...
- Bon sang, je ne vous demande pas de me faire une omelette à la mère poularde, juste de nous monter du café et du sucre !
- Mademois...
- C'EST MA LUNE DE MIEL ET JE VEUX DU SUCRE ET DU CAFÉ. EST-CE QUE JE PEUX VIVRE MES FANTASMES SANS QU'ON ME FASSE CHIER ?!
- ...
- ALORS ?
- On vous monte ça rapidement. Toutes nos félicitations.
Cindel – physique ET prénom de princesse. Comment on peut concurrencer ce genre de spécimen quand on a hérité d'un patronyme aussi banal que le mien (Emma Martin, sérieux), et d'un crâne chauve ? On ne peut pas. Voilà la réponse.
Ce qui m'amène à me questionner : qui appelle sa fille Cindel ? Dans quel monde on fait ça ? Qui sont ces gens et quel est leur réseau ? On n'est pas dans un roman, où le personnage doit à tout prix avoir un prénom plein de sens. On est à Strasbourg, capitale des knackis, et on y vend de la choucroute en barquette. Je veux dire... Voilà, quoi.
Non. Je ne suis pas le crayon le mieux taillé de la trousse.
- Donc, si je récapitule, repris-je en combattant les palpitations qui menaçaient de me faire bégayer. Vous êtes en train de me dire que votre plan, c'était d'aller enquiquiner le petit-fils du vampire le plus puissant d'Europe ? Vous avez un penchant pour les suicides de groupe non consentis ?
Comme me l'a rabâché la docteure Perchivod : il faut aller de l'avant, garder le regard sur l'objectif, et tenir son cap.
Huit ans d'études au bas mot pour me servir un speech digne d'une chanson de Renaud. C'est quand même fort.