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Les nouvelles crachotantes diffusées sur mon téléphone de secours me tirèrent de mon coma éthylique.
Une migraine à me faire trépaner sur la première chaise à ma portée menaçait de me rendre folle et je tapotai mon matelas à l’aveugle, planifiant de jeter cette cochonnerie de machine du diable par la fenêtre. J’avais dû ressortir mon ancien portable de mes cartons et, en plus des affreux autocollants dont je l’avais paré à quinze ans, je devais faire avec les bogues de cette machine antédiluvienne.
[…]
- Taaaais-toooooooiiii !
Ma propre haleine m’anesthésia et je me retournai sur mon lit pour fuir les effluves de vodka mal digérée. Mauvaise idée. Je me laissai bercer par la radio, le temps que la tempête de mon estomac se calme. […]
Mais alors que je retombais dans les bras du séduisant Morphée, des coups violents à la porte d’entrée me sortirent de ma torpeur. Je restai immobile, les mains à plat sur les draps, me demandant si je n’avais pas simplement rêvé ce boucan.
Nouvelle semonce.
Quand mon téléphone vibra contre ma cuisse, je poussai un cri strident qui calma le boxeur impatient sur mon palier. Attrapant l’appareil, j’y lus en diagonale : « C’est l’agent Loan – nous vous attendions ce matin. » […]
- J’arrive ! hurlai-je avec autant de puissance que ma voix cassée me le permettait.
Je me laissai glisser sur les fesses à travers le parquet de ma chambre, et décidai de ne pas tenter le sort et descendre l’escalier de la même manière. Sécurité avant dignité, toujours… […]
L’agent Loan se faufila à l’intérieur et je bataillai avec la porte pour la refermer, ma joue collée contre le bois frais du battant.
- Vous avez bu ?
- Qu’est-ce que vous faites ici ? marmonnai-je.
- Vous avez bu.
Je me redressai avec difficulté, une main courageuse tentant de dompter la touffe sauvage de ma tête.
- Qu’est-ce. Que. Vous. Faites. Ici, martelai-je.
L’agent Loan m’ignora et s’engagea dans la cuisine, ouvrant les rideaux pour mon plus grand malheur.
- Ouch. Pas la lumière… […]
- Reprenez-vous, m’ordonna-t-il. Nous avons une urgence, et nous devons décoller rapidement. […]
- Quoi ?
- Un meurtre.
Un frisson me remonta l’échine, mais je le mis sur le compte des gouttes qui me chatouillaient la colonne.
- Et alors ?
- Et alors on va aller voir ce qu’il en est.
- Bon sang… Mais on est samedi…
- Quand nous attraperons le coupable, je lui ferai savoir que ses choix calendaires vous ont indisposée.
- Faites ça, oui, maugréai-je en lui présentant le chiffon. Mais humidifiez ce torchon avant, vous serez bien brave.
Ignorant ma main tendue, l’agent Loan vint se poster face à moi. Agacée par le sermon que je pressentais arriver, je me redressai pour lui couper la chique. Mal m’en prit. Je fus accueillie par deux iris dorés dont la lueur m’aveugla aussi certainement que le soleil au-dehors.
Je me plaquai les doigts sur le visage et me laissai tomber sur le canapé.
- Cachez ces trucs, bon sang, grognai-je. Vous me démontez le crâne, là…
- Stagiaire Parmentier…
- Quoi ?!
Je tournai la tête et restai interdite. Il se tenait agenouillé, à quelques centimètres de moi, et je fus directement capturée par le piège de ses yeux.
- Vous ne devriez pas vous mettre par terre, marmonnai-je sans réussir à bouger. Je ne sais pas quand j’ai passé l’aspirateur pour la dernière fois…
La pièce s’assombrit, toutes les couleurs et toute la chaleur du monde, concentrées dans ses incroyables iris.
- Levez-vous, stagiaire Parmentier.
Il sentait les chouchous, le vil sagouin.
- Non. Pas envie, non.
Il recula et s’assit à même le sol, le dos contre la petite table basse et l’air très agacé.
- Vous vouliez voir si ça marchait mieux quand j’ai dix grammes d’alcool dans le sang ?
Comme unique réponse, il plaqua ses lunettes sur son nez. Je pouffai et me relevai tant bien que mal, m’y reprenant à deux fois alors que mes abdos refusaient de coopérer.
- Vous en faites pas, grognai-je. Ça peut arriver au meilleur d’entre tous, une petite impuissance passagère.
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