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Critiques de Mana Neyestani (94)
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L'araignée de Mashhad

Une BD qui nous vient d’Iran, un sujet assez révoltant.

Un brave maçon, courtois, qui selon sa femme, un homme qui ne ferait pas mal à une mouche et qui dit "Pardonnez-moi pour ce mensonge, oh mon Dieu ", quand il ment à sa femme pour une futilité,....eh bien ce même homme décide de nettoyer

la ville sainte de Mashad des prostituées, avec ses propres moyens , au nom de la charia dont il se sent l’exécuteur. Résultat, il étrangle 16 prostitués. Il aurait continué sa mission, s’il n’avait pas été coincé par la justice....

Librement inspiré d’un documentaire de Roya Karimi Majd et Maziar Bahari, une BD qui traite d’une histoire vraie. Les deux journalistes ont pu avoir accès à l’assassin en prison, et par la suite ont dû quitter le pays pour les raisons que vous pouvez imaginer.

Nana Neyestani, à côté du témoignage du tueur, met en scène aussi sa femme, son fils, le juge d’instruction, une prostituée et sa fille avec des passages étranges et terrifiants, comme celui du fils qui mime comment son père étranglait ses victimes.....dans leur propre maison.

Mon propre ressenti face à ces témoignages, est qu'il n'est nul question d'éthique ici. Un lavage de cerveau au nom de la religion, basé sur des principes recueillis dans Le Livre, des principes interprétés et instaurés comme bon leur semble par des hommes avides de pouvoir, d'argent, et obsédés par leurs zizis.....

Quand à la débauche qu'ils condamnent, il s'arrange " en trompant Dieu" avec les mariages temporaires, l'autre nom de la prostitution, deux poids, deux mesures.

Heureusement l'Iran n'est pas peuplé uniquement de ces gens là, mais malheureusement ceux sont eux qui sont au pouvoir.

Je vous laisse découvrir cette BD , dont j’ai adoré le superbe travail graphique.
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Les Oiseaux de papier

J'aime beaucoup cet auteur d'origine iranienne Mana Neyestani qui m'avait déjà marqué par son ouvrage « Une métamorphose iranienne » sorti il y a plus de 10 ans déjà et qui racontait son expérience malheureuse en prison suite à la publication d'un dessin avec un mot azéri prohibé.



Ce dessinateur de presse iranien a dû fuir son pays en exil et on le comprend parfaitement. Le régime central iranien fait partie d'un des plus dangereux et des plus nuisibles de la planète. A noter que la Russie les soutient bien évidemment.



Il raconte dans cet ouvrage ce que vivent les kolbars (au nombre de 40.000 environ). J'ignorais tout de ce terme et de ce phénomène. Il s'agit pour les kurdes d'Irak de passer la frontière iranienne avec des marchandises occidentales et chinoises afin de le livrer à des marchands en Iran. Or, la région est très montagneuse et est particulièrement dangereuse pour ces porteurs qui trimballent sur leur dos ces marchandises inoffensives considérées comme illégale par le régime iranien.



Le soucis, c'est que les gardes frontières iranien n'hésitent pas à tuer à bout portant sans sommation tout contrevenant, enfant ou vieillard. C'est vrai que ce régime manque singulièrement de compassion et n'a aucune humanité par rapport à ces pauvres passeurs au nom de la lutte contrer la contrebande et l’impact de ces pratiques sur l'économie du pays.



Je rappelle qu'il ne s'agit pas d'un trafic d'arme ou de drogue mais de simples marchandises (cigarette, alcool, vêtements, TV, climatiseur ou radiateur...). A noter également que les commerçants iraniens ne subissent aucune répression car le pouvoir aime bien au fond ces marchandises occidentales.



Parmi les autres dangers, il y a les mines ainsi que les avalanches ou le froid glacial de la montagne. Il faut en vouloir pour les traverser ! Or, les passeurs sont payés ce qui leur permet de sortir du chômage et de la précarité.



Le récit est fort bien construit en plusieurs étapes et réservent de grandes surprises notamment vers la fin. On suit en effet un groupe de porteurs qui part en expédition pour acheminer les marchandises transportés sur le dos dans les montagnes de l'Iran.



L'auteur est dans une parfaite maîtrise du scénario qui tient en haleine. On en ressort assez chamboulé avec une haine encore plus grande du régime iranien. Le sort réservé aux femmes dans cette société kurde pose également des questions.



Cet ouvrage a le mérite de nous rendre attentif à quelque chose que nous ignorons totalement et qui fait des centaines de mort par an dans les montagnes de l'Iran. Je le recommande vivement. Il serait dommage qu'un tel ouvrage passe inaperçu.
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Une métamorphose iranienne

En tant que dessinateur de presse, Mana Neyestani a travaillé pour plusieurs journaux politiques réformistes et d'opposition sans rencontrer le moindre problème. Suite à l'interdiction de plusieurs journaux et se retrouvant ainsi sans travail, il se dirige vers la presse jeunesse. Tout se passe bien pendant 2 ans, il propose tous les samedis matins et les dimanches soirs, un sujet de science ou de satire. Mais, en 2006, il dessine une conversation entre un gamin de 10 ans et un cafard. Or, il prête à ce dernier un mot d'origine azéri : namana. Les Azéris sont un peuple ethnique d'origine turque du nord-ouest de l'Iran, opprimés par le régime central. Dès lors, ces derniers se sentant offensés et insultés, des manifestations estudiantines sont organisées. Des manifestations qui gagnent les rues et provoquent des émeutes. Le responsable est de suite trouvé : Mana Nesyestani. Lettres d'excuse, convocations chez le procureur général puis détention provisoire... Le cauchemar ne fait que commencer...



Mana Neyestani nous livre le récit de sa descente aux enfers. Partant d'un simple cafard utilisant un mot d'origine azéri, il va être plonger dans une machinerie judiciaire aussi incroyable qu'effroyable. Dans un pays autoritaire et façonné par la censure, Mana sera confronté à une bureaucratie froide, à des violences verbales et physiques, à des hommes corrompus et à une machination politico-judiciaire. De ce qui devait n'être qu'une simple détention va prendre des proportions inimaginables, tout ça à cause de son petit dessin. Il décrit, pas à pas, son parcours ponctué de vains espoirs, de craintes, de peurs et relate son désarroi et son impuissance face à un système aveugle. Un témoignage poignant et glacial qui nous plonge dans une ambiance oppressante et intense. Le trait hachuré et le noir et blanc servent à merveille cet album qui donne à réfléchir sur la notion de la liberté d'expression...
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Petit manuel du parfait refugié politique

Voilà un petit roman graphique nécessaire pour comprendre le parcours absolument hallucinant d'un réfugié politique pour obtenir une carte de séjour. Mana Neyestani est un dessinateur iranien qui raconte son expérience kafkaïenne des joies de l'administration française. On a tous plus ou moins été confronté aux aberrations et aux lenteurs administratives, mais le parcours pour régulariser une situation ou demander l'asile politique à de quoi vous rendre nos petits tracas bien légers devant l'ampleur de la tache.

Il y a bien sur un regard malicieux, teinté d'humour dans ce roman pour conter cette expérience. N'empêche, on ne peut que sourire jaune devant ce parcours du combattant, aussi déprimant qu'incroyable. L'espoir est constamment douché par Neyestani caricature avec beaucoup de talent ces loooooongues démarches qui feraient craquer un procession de Moines Bouddhistes. Instructif et pas forcément flatteur.

A noter une page hommage aux membres de Charlie Hebdo très réussie.

Je remercie bien évidemment Les Éditions Çà et Là, Arte Éditions pour cette belle découverte.

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Une métamorphose iranienne

Une référence Kafkaienne à peine voilée , un récit qui fout vraiment le cafard !



Voici l'histoire vraie de Mana Neyestani , dessinateur Iranien engagé dans un journal pour enfants qui aura eu le malheur , par le biais d'un seul mot anodin prononcé par un inoffensif petit cafard , de se mettre à dos toute la communauté Azéri , laquelle se sentant alors offensée , décida de se soulever et de mettre une partie de l'Iran à feu et à sang .

Direction la prison ! Sans passer par la case départ – ni jugement d'ailleurs – , sans toucher 20000 rial ! Inutile de vous dire qu'il était pas prêt de rechanter «  Y a d'la joie , bonjour , bonjour... »



Magistral !

Récit authentique décrit sous forme journalistique , il retrace les tristes tribulations d'un Iranien prisonnier en Iran . Ni juge , ni vindicatif , l'auteur fait dans le factuel sans jamais dénoncer même si l'on devine aisément ses opinions à l'égard d'un régime totalitaire omnipotent .

Considéré comme élément subversif , Mana va devenir l'objet de toutes les attaques , toutes les diatribes à qui il ne pouvait opposer qu'une illusoire bonne foi face à un système judiciaire pourri jusqu'à l'os qui l'avait déjà condamné!

Il nous relate ses craintes , ses espoirs , ses terrifiants cauchemars mortifères , sa totale impuissance face à une autorité en place dont il est désormais devenu le jouet , le symbole affiché d'une prétendue opposition souterraine ballotée au gré des flots rageurs d'un pouvoir manipulateur à l'extrême .

Des terrifiantes conditions de prisonnier politique à la délivrance , un parcours humain exceptionnel d'intensité ! Porté par un sublime dessin en noir et blanc , souvent aussi absurde que sa situation et n'étant pas sans rappeler le coup de crayon et l'esprit de Serre , ce récit , malgré la noirceur du propos , souffle haut et fort comme un bienfaisant vent de lutte et de liberté !



Une métamorphose Iranienne : les dessinateurs de Charlie Hebdo ont bien de la chance...

http://www.youtube.com/watch?v=_kJ29CO3Vnw
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Petit manuel du parfait refugié politique

C’est déjà compliqué pour n’importe quel Français de s’y retrouver au fin fond des arcanes de notre administration, mais imaginez votre calvaire si vous devez faire des dizaines de démarches supplémentaires avec le « léger » inconvénient de ne connaître personne dans le pays et de ne pas maîtriser du tout la langue utilisée ! C’est cette « formidable » aventure que nous narre l’iranien Mana Neyestani dans son Petit manuel du parfait réfugié politique.

Et des péripéties, il y en a donc pour ce réfugié politique (déjà quelle « chance » d’avoir cette excuse pour migrer !) qui débarque sans argent, sans amis, avec quand même un métier mais peu de liens sociaux à part des associations d’entraide. Ce petit ouvrage bien ficelé pointe donc astucieusement toutes les incongruités et les difficultés liées à toute administration labyrinthique qui se respecte. Désopilant !



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Une métamorphose iranienne

Nous sommes en 2006 en Iran et Mana Neyestani ne fait plus de vagues avec des dessins politiques jugés dangereux.



Ce jour-là, il croque d’un coup de crayon, un enfant qui engage la conversation avec un cafard, c’est plutôt rigolo dans un journal destiné à un jeune public, non ? Le problème, c’est que le petit insecte emploie un mot azéri. Et en Iran, les azéris, peuple d’origine turque opprimée par le régime iranien, voient dans ce dessin, une provocation humiliante et bientôt c’est tout une communauté qui s’enflamme. Réaction opportuniste ou pas, pour le régime iranien, il faut un coupable.



Dès lors, le pauvre Mana ne sera plus en paix.



Son récit autobiographique est kafkaïen. Les thèmes abordés sont malheureusement universels, la dictature qui broie les êtres et les idées, la vie en prison, les interrogatoires, un enfermement à vous rendre fou avec une question lancinante, « quand vais-je sortir ? »



Pas de couleur, juste des dessins en noir et blanc, une petit bonhomme avec ses lunettes, des plans cinématographiques comme autant de scènes suffocantes d’angoisse partagée avec le personnage.

La puissance d’évocation du dessin est tout à fait réussie dans cette BD remarquable, on entend crier dans la prison, la sueur coule sur les fronts, il y a la drogue, les viols, Mana sort enfin de prison mais ses jours de liberté sont comptés et dès lors, il veut regagner Paris. Les nerfs craquent parfois, il faut demander de l’aide, contacter les ambassades, réunir de l’argent, mais Mana et sa compagne tiennent bon et tentent jusqu’à la dernière page d’échapper à leur épouvantable destin.



Mana Neyestani a du courage et du talent. C’est précieux.

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Petit manuel du parfait refugié politique

Après un premier ouvrage consacré à son exil d'Iran (« Une métamorphose iranienne »), Mana Neyestani revient avec ce « Petit manuel du parfait réfugié politique » sur le véritable parcours du combattant qu'il a du mener afin d'obtenir le droit de résider sur le territoire français. « Vous êtes peut-être entré en France avec un visa de touriste... ou bien vous avez été invité à un événement culturel...ou peut-être êtes-vous entré illégalement dans le pays. Dans tous les cas de figure, sachez que vous allez bientôt être au cœur d'un sujet de discussion grave et important ; vous êtes sur le point de devenir un « réfugié ». » Mana Neyestani aborde avec beaucoup d'humour et une pointe de dépit le calvaire vécu par ces personnes venues chercher refuge en France et qui se retrouvent baladés d'administrations en administrations, de services en services et de bureaux en bureaux. L'association France Terre d'Asile, la préfecture de police, l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, la Cour nationale du droit d'asile..., les étapes qui jalonnent le parcours d'un réfugié en France sont nombreuses et l'issue des longues et éprouvantes procédures toujours incertaines. C'est qu'il faut la mériter sa carte de séjour ! Et son récépissé autorisant momentanément à résider sur le territoire français. Et sa carte d'assurance maladie. Et son inscription à Pôle emploi. Et son visa pour pouvoir aller et venir à sa guise dans l'espace Schengen. Autant de démarches déjà très pénibles à entreprendre lorsque l'on est citoyen français et qui ont tôt fait de se transformer en véritable cauchemar pour quelqu'un qui maîtrise mal la langue française, qui ne connaît personne qui pourrait intercéder en sa faveur et qui peine à réunir toute la masse de documents demandés...



Le dessinateur ne se prive d'ailleurs pas de faire profiter ses lecteurs de quelques combines afin qu'il puisse éviter de se faire avoir si, à tout hasard, il devait se retrouver un jour dans ce genre de situation. Sachez par exemple que pour faire avancer plus rapidement votre dossier à la préfecture, rien ne vaut de commettre un délit mineur pour pouvoir vous faire prélever vos empreintes plus rapidement. Il est également conseillé de se donner une certaine visibilité en tant qu'activiste : être de toutes les manifestations contre le régime politique de son pays d'origine, multiplier les articles sur internet, voire même s'enchaîner aux grilles de son ambassade ! Si la majorité des situations décrites sont abordées avec humour, Mana Neyestani n'en dénonce pas moins la façon parfois scandaleuse dont sont traités ces réfugiés et les dérives de la bureaucratie française. La complexité des procédures, la déshumanisation des réfugiés dont l'identité ne se résume plus qu'au numéro qui leur a été attribué, l'efficacité très aléatoire des différentes administrations et de ses employés, l'instrumentalisation par les partis politiques... : le dessinateur force le lecteur à se confronter au quotidien de ces étrangers venus trouver refuge en France et le met face à des réalités désagréables qu'il préférerait sans doute occulter. La question du regard porté sur ces réfugiés par le reste de la population est également abordée à plusieurs reprises et, là encore, le portrait qui émerge n'est guère flatteur... Entre ceux qui ne voient en eux que des parasites ou des intégristes, et ceux pour qui tous les réfugiés sont forcément des défenseurs de la liberté ou de pauvres gens fuyant la misère : on voit bien qu'il reste encore du travail à faire pour que les mentalités évoluent...



Avec ce « Petit manuel du parfait réfugié politique » Mana Neyestani signe un excellent roman graphique qui revient avec humour sur un sujet qui prête pourtant peu à rire. Parce qu'il a justement été confronté à l'enfer que représente la bureaucratie française pour un étranger, l'artiste dénonce avec lucidité les dérives de notre système et le manque d'humanité de la prise en charge des réfugiés. « Le ping-pong est un jeu éprouvant. Surtout pour la balle. », se permet de nous rappeler Mana Neyestani qui, au terme de toutes ces éprouvantes procédures, finit par avouer ne plus vraiment savoir où est désormais sa place...
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Les Oiseaux de papier

Les oiseaux de papier est une bande dessinée réalisée par Mana Neyestani, un auteur iranien. Il n'y vit plus depuis quelques années, ce n’est plus possible, il est réfugié politique en France depuis 2011. Mais c'est un récit courageux qui dénonce, avec un style romanesque, la situation des kurdes dans le nord-est du pays. Il nous raconte leur vie de contrebandiers à travers une histoire fictive mais douloureusement proche de la réalité.



Dans cette région frontalière avec l’Irak, les kurdes subviennent à leur besoins en s'adonnant à la contrebande et rapportant clandestinement des marchandises d’Irak en les trimbalant à pied à travers la montagne. Un travail dangereux en raison de la dureté de la montagne, du climat, mais aussi de la violence de la police douanière qui n’hésite pas à leur tirer sans sommation.



Son dessin est brut, réalisé au trait avec beaucoup de hachures, l’apparente rudesse du style dévoile parfois une belle sensibilité donnant un ton de tragédie romanesque, la couleur surgit discrètement par intermittences, comme pour appuyer la douleur. On ne la voit presque que dans les têtes de chapitres, sur la tapisserie de Rojan.



Rojan est la fille de Nasser, promise à un vieux, mais qui est amoureuse de Jalal, ce jeune érudit partit lui aussi dans la montagne, parce qu’un kurde diplômé a aussi du mal à trouver du travail.



L'expédition se monte, ils forment une équipe hétéroclite, un nain, un vieux, un ingénieur au chômage, quelques gars simples, et même un enfant.



On va vivre leur expédition, avec ses difficultés, des blessures, des problèmes de logistique, et bientôt bien pire. Leur voyage est ponctué par les moments d’attente de Rojan, qui tisse un tapis en bas au village, une Pénélope perdue dans l’Iran d’aujourd’hui, elle est la force tragédienne du récit, pendant que son Ulysse/Jalal vit son terrible périple.



Ce récit est romanesque et parfois poétique, chargé d’émotions douloureuses, de violences, celles d’une culture, d’un mode de vie, mais malheureusement on n'est pas totalement dans la fiction, cette expédition n’a pas existée, mais elle rassemble plusieurs drames bien réels.



Les oiseaux de papier est une grande histoire avec une simplicité poétique et une justesse bouleversante sur un sujet révoltant.

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Une métamorphose iranienne

Un petit dessin, rien d’autre. Un petit dessin qui a valu en 2006 à l’iranien Mana Neyestani les pires tourments. Tout ça parce qu’il a représenté un cafard prononçant un mot azéri dans un journal pour enfants. Pour la communauté Azérie d’Iran et pour l’Azerbaïdjan, ce dessin est une insulte. Offensés parce qu’ils pensent qu’on les assimile à des insectes, les azéris manifestent violemment. Les émeutes sont réprimées dans le sang et le gouvernement iranien décide d’arrêter le dessinateur pour calmer la vindicte populaire. Totalement dépassé par les événements, Neyestani se retrouve plongé dans un engrenage inarrêtable. « Je n’en revenais pas que des gens manifestent contre un journal iranien et qu’ils le fassent sur le simple prétexte d’un mot dans un de mes dessins. »



Incarcéré, il découvre la prison d’Evin, au nord de Téhéran. Il y passe plusieurs mois et subit des interrogatoires musclés. Au bout de 51 jours à l’isolement, il se retrouve dans la section des prisonniers détenus pour crimes financiers. Mana y côtoie dans la plus grande promiscuité des junkies en manque, un vieillard sénile et des escrocs sadiques. Quand sa famille parvient à payer la caution lui permettant de retrouver temporairement la liberté en attendant la tenue du procès, le dessinateur décide de quitter l’Iran avec sa femme. En quête de visa pour l’Europe, il part dans un premier temps à Dubaï avant de se retrouver en Turquie puis en Chine. Échappant de peu à l’extradition vers son pays d’origine, c’est en Malaisie qu’il trouvera durablement refuge. Depuis février 2011, il vit à Paris en résidence d’artiste à la Cité Internationale des Arts dans le cadre du programme ICORN de soutien à la liberté d’expression.



Mana Neyestani pose un regard à la fois réaliste et distancié sur le tourbillon qui a bouleversé sa vie sans crier gare. Pas d’apitoiement, pas non plus de colère, juste une analyse lucide et chronologique des événements tels qu’ils se sont enchaînés. Effrayé à l’idée que l’un de ses dessins ait entraîné des répressions mortelles contre les manifestants, il ne comprend pas comment tout cela a pu prendre de telles proportions.



Son parcours vers le statut de réfugié politique sera une autre terrible épreuve à franchir tant les désillusions vont être nombreuses. Lorsqu’il décide de quitter l’Iran, son premier réflexe est de s’adresser à l’ambassade de France. Au pays des droits de l’homme, on ne pourra qu’accéder à sa requête, pense-t-il. Qu’elle n’est pas sa surprise en découvrant que l’homme auquel il demande de l’aide n’est pas un descendant de Jean-Jacques Rousseau mais un fonctionnaire obtus qui l’écoute sans réellement lui prêter une quelconque attention. Ironie de l’histoire, c’est grâce à la Chine, loin d’être à priori une référence en matière de droits de l’homme, que la situation pourra se débloquer.



Graphiquement, ce témoignage ne donne pas dans le réalisme à la Joe Sacco. Les références sont plutôt à chercher du coté de Robert Crumb, avec les nombreuses hachures qui envahissent chaque case. Saupoudrant son récit de petites touches d’humour, Neyestani sait aussi faire preuve d’une belle inventivité grâce à quelques trouvailles visuelles qui ne sont pas sans rappeler le dessin de presse (cf. second extrait ci-dessous lorsqu’on lui annonce sa remise en liberté provisoire).



Une métamorphose iranienne est un album d’une grande puissance qui décortique méticuleusement le basculement d’un dessinateur pour la jeunesse dans l’univers kafkaien mis en place par le système totalitaire iranien (la référence à La Métamorphose dans le titre n’est évidemment pas anodine). Pour le lecteur, c’est aussi une réflexion sur la liberté d’expression et sur le fait que cette dernière, selon l’endroit où l’on vit, ne tient parfois qu’à un fil, ou plus précisément à un petit trait de crayon.




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L'araignée de Mashhad

Début des années 2000, un homme a assassiné seize femmes. Et pourtant c'est un héros et pour certains, presque une icône. Difficile de comprendre le pourquoi de ce fait véridique ? J'ajoute que c'est en Iran, à Mashhad, ville sainte du chiisme et que ces 16 femmes étaient prostituées. Une journaliste va l'interviewer dans la prison. Les révélations de celui qui sera bientôt exécuté, fait froid dans le dos. Seul remord : ne pas avoir eu le temps de faire plus de nettoyage pour la jeunesse qui va se dépraver et s'inquiète pour sa femme et son fils qui n'ont rien vu, alors que les meurtres avaient lieu dans son salon. Nous vivons sur la même planète au 21ème siècle, comment peut-on penser si différemment ? Une description d'un fanatisme avec juste les mots et les dessins qu'il faut, une belle réussite que je ne suis pas près d'oublier…
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Une métamorphose iranienne

« Cette métamorphose commence aussi avec un cafard. Mais mon histoire est légèrement différente. »





Tout de même ! Depuis le Procès de Kafka, les systèmes politique et législatif semblent n’avoir pas perdu de ce caractère labyrinthique qui leur permet de se situer au-delà de la logique humaine… Mana Neyestani en témoigne, lui aussi victime d’un abus judiciaire qui a commencé avec la publication d’un dessin de cafard pour un périodique destiné aux enfants –on mire cette fois vers la Métamorphose du même Kafka





Comme Mana Neyestani, difficile de croire au début qu’un dessin aussi innocent puisse provoquer des émois parmi la minorité turque azéri. Parce qu’elle est obsédée par ses conflits avec le régime central de l’Iran, tout devient prétexte à la victimisation qui permet l’accusation. Pas besoin de preuves plus élaborées : il suffit de jouer sur l’émotion et de brandir son statut de martyr pour contrecarrer toute velléité de protestation. Cependant, Mana Neyestani est bien obligé d’accepter la réalité de la situation lorsque lui et son éditeur sont arrêtés et emmenés en prison. Première incursion dans un monde ambivalent où, malgré la violence de la pression exercée sur les prisonniers, les moyens employés sont toujours ceux très courtois d’un système administratif perfectionné dans le harcèlement et la torture morales.





Après deux mois de détention, la liberté provisoire est accordée à Mana Neyestani. Retrouvant son foyer, il décide alors de s’enfuir d’Iran avec sa femme. Alors que le plus dur semble avoir été franchi, le dessinateur prend malheureusement conscience que le système est tout aussi alambiqué à l’internationale qu’en Iran et que ce qui semblait aussi simple que quitter son pays s’avère être, en réalité, un processus qui ferait presque regretter la détention à la prison d’Evin.







Finalement, Mana Neyestani parviendra à s’enfuir d’Iran et, comme il nous l’explique dans l’épilogue, il s’installera en Malaisie avant de recevoir une invitation de la ville de Paris pour une résidence artistique. C’est ici qu’il s’attèle à la tâche de rapporter son histoire dans laquelle trottine, se faufilant entre les pages, le mirage de ce cafard qui lui a fait prendre conscience de l’enchevêtrement des systèmes politiques dans son pays ainsi qu’à l’internationale. Nous découvrons cette réalité en même temps que l’auteur, souvent dépassés, comme lui, par les absurdités de processus qui semblent parfois ne jamais devoir prendre fin. Encore une fois, après Kafka et tant d’autres, preuve nous est faite que la réalité dépasse souvent le fantastique…
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L'araignée de Mashhad

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2017. Elle a été réalisée par Mana Neyestani, pour le scénario, les dessins et l'encrage. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, d'environ 150 pages. Il commence par une introduction d'une page de l'auteur expliquant la nature de l'ouvrage. Puis suit un texte d'une page présentant la ville sainte de Mechhed (Mashhad).



Dans la ville de Mechhed (Mashhad) à l'été 2000, les fidèles viennent se recueillir au mausolée de la tombe du huitième imam chiite, Ali ar-Rida (Alî pesar Mûsâ Rezâ, 766-818). Parmi eux, Saïd Hanaï demande à Dieu qu'il donne la force à son soldat d'éradiquer la débauche. Durant l'hiver 2001, la journaliste Roya Karimi Majd attend dans un couloir du tribunal de Mechhed pour être reçue par le juge Mansour qui instruit le dossier du tueur en série de prostituées. Monsieur Rahimi, l'assistant du juge, lui dit que c'est son tour. Elle est reçue par un homme affable qui comprend sa demande, et s'interroge sur le fait qu'elle souhaite également l'interviewer lui. Elle explique que le tueur a justifié ses actes en invoquant sa foi comme seule motivation, car la Charia condamne la prostitution. Son interlocuteur rappelle que l'état nomme des juges pour remplir la fonction d'application de la Charia et qu'il n'appartient pas à chaque croyant de l'appliquer par lui-même. Il accède à sa demande d'interview de Hanaï, en mettant à sa disposition une salle du tribunal, et en s'assurant qu'elle ne sera pas seule avec le tueur. Elle le remercie et sort à l'extérieur, allumant une cigarette pour se détendre. Puis elle téléphone à Maziar Bahari, pour lui indiquer le résultat de son entretien.



Quelques jours plus tard, Majd et Bahari sont dans la petite salle du tribunal, elle assise sur une chaise, lui derrière la caméra, prêts pour l'interview. Alors qu'on toque à la porte, il lui rappelle de bien cacher ses cheveux sous son voile. Saïd Hanaï passe la porte et Majd ne peut pas s'empêcher de regarder fixement ses mains, celles qui ont étranglé 17 prostituées. Ayant repéré son regard, il explique qu'il s'agit de mains de maçon, et continue en indiquant qu'il est prêt et qu'il l'écoute. S'en tenant aux conseils du caméraman, elle débute l'entretien en demandant au tueur de lui parler de sa jeunesse de son adolescence. Il fait partie d'une fratrie de six garçons, et sa mère avait un atelier de confection où travaillaient plusieurs jeunes filles. Il n'avait pas de petite amie et il ne parlait pas aux femmes. Elle lui demande alors comment il a rencontré son épouse. Il explique qu'il avait envie de s'acheter une moto et que son frère trouvait ça trop dangereux, donc il valait mieux qu'à la place il se marie. Son frère a tout arrangé : entre la première fois où il a songé à se marier et la cérémonie, il s'est passé à peine une semaine. Le caméraman lui demande alors de parler de son service lors de la guerre Iran-Irak.



Dans son introduction, l'auteur explique bien la nature de l'ouvrage : il s'agit de l'adaptation d'un entretien filmé réalisé par le journaliste Maziar Bahari, entre Saïd Hanaï et la journaliste Roya Karimi Majd. Il n'a pas tenu à être fidèle point par point à la réalité des faits, mais plutôt à s'inspirer de l'esprit des événements décrits. Le lecteur sait donc qu'il va plonger dans un récit entre fiction et réalité, entre supputations nées du ressenti de l'auteur et propos du tueur recueillis par une journaliste. Il alterne donc les plans fixes durant lesquels Hanaï est en train de parler, de répondre aux questions posées, avec des reconstitutions. Le lecteur est frappé par la forme caricaturale de la tête du tueur : nez et mentons très allongés en avant, crâne très allongé en arrière, morphologiquement impossible, mais sans aller vers une caricature grimaçante ou laide. Au contraire, le dessinateur a conservé toute la douceur du visage, l'a même accentuée pour montrer un individu inoffensif. De même les plans fixes donnent à voir un homme très calme et très posé, à l'opposé d'un individu agité ou agressif. En cela, l'artiste reprend l'impression donnée lors de l'interview filmée, et le seul lien établi avec la brutalité des assassinats se fait lorsque que la journaliste regarde ses mains en se disant qu'il s'agit de l'arme du crime. Il rend compte de son ressenti au visionnage, prenant du recul par rapport à une représentation photographique, interprétant visuellement l'apparence du tueur pour orienter sa représentation, vers un individu gentil, humble, rationnel. L’auteur se sert du dessin pour prendre du recul par rapport au documentaire filmé pour rendre compte de sa perception, de son interprétation.



En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver que la narration visuelle semble un peu naïve. D'un côté les dessins peuvent être détaillés : la vue du ciel de Mechhed, la représentation du mausolée de l'Imam, les façades d'immeuble, l'aménagement intérieur de l'appartement de la famille Hanaï, la cour intérieure du palais de justice, l'appartement du juge Mansouri. D'un autre côté, certains éléments sont représentés de manière simpliste : la bouille et les expressions de certains personnages, la caméra pour l'entretien, l'organisation de l'atelier de confection, l'uniforme de soldat, certains modèles de voiture, la vision d'une rue, des perspectives très basiques. Pourtant, le lecteur est régulièrement surpris par un visuel remarquable : la foule des croyants autour du mausolée de l'Imam, le dénuement du bureau du juge Mansouri, sa manipulation du mishaba, le regard de la prostituée Leïla en observant l'appartement de la famille Hanaï, le naturel du soldat et de Majd en train de s'en griller une dans la cour du palais de justice, la calligraphie du juge Mansouri, le naturel du fils de Saïd Hanaï après l'arrestation de son père, la sensation du quotidien qui reprend son cours pour Majd après la fin du dernier entretien. Sous des dehors qui peuvent sembler un peu limités techniquement, la narration visuelle sait faire passer des sensations et des émotions fugaces d'une grande justesse.



Le lecteur est frappé par le fait qu'il n'y ait pas de reconstitution des meurtres. Tout passe par la parole de Saïd Hanaï et par des réflexions d'autres personnes. En guise de reconstitution, le lecteur n'assiste qu'à un trajet en voiture conduite par le tueur, avec une prostituée sur le siège passager, et leur entrée dans l'appartement, et au fils de Saïd mimant les gestes de son père en train d'étrangler une prostituée pour montrer qu'il a bien compris ce qu'on lui a expliqué. Conformément au documentaire, Mana Neyestani s'en tient aux déclarations de l'assassin et de ses proches. Pour le lecteur, la réalité de ces meurtres n'a de la consistance qu'au travers des dires des uns et des autres. Cela accentue encore la prise de recul par rapport au fait, une narration à l'opposé de la diabolisation d'un individu. Comme Maziar Bahari, l'auteur évoque ces meurtres au travers de l'entretien avec Saïd Hanaï, les explications du juge Mansouri, une heure ou deux de la vie de la prostituée Leïla, l'entretien avec l'épouse de Hanaï, la journée du fils de Hanaï quand son père a été arrêté, les dessins de Samira, la fille d'une des prostituées. Ce choix d'exposition induit que le lecteur a une conscience aiguë que ce qui lui est raconté, l'est au travers d'individus différents, chacun avec leur point de vue découlant de leur âge, de leur relation personnelle avec le coupable, de leur histoire socio-culturelle.



Ce procédé de reportage mettant en avant la subjectivité de chaque témoin ne permet pas au lecteur d'avoir une position neutre, et lui fait prendre conscience que lui-même est un observateur subjectif, quelle que soit son origine socio-culturelle, ses convictions politiques, morales et religieuses. Il a forcément son propre avis, voire ses propres a priori sur la religion musulmane, dans un sens ou dans l'autre, sur le régime politique en Iran, sur le fait que l'église et l'état n'y soient pas séparés, etc. Bourré d'a priori positifs ou négatifs, il se retrouve à réagir à chaque propos, ce qui met aussi bien en évidence ses propres convictions que celles de l'individu en train de s'exprimer. Il n'y a pas de flou nauséabond de la part de l'auteur : il condamne les actes abjects du meurtrier. Les entretiens et les déclarations des uns et des autres donnent une vision très humaine de l'affaire, très incarnée, tout en restant mesurée. L'avis du juge n'est pas celui de la journaliste, ni celui de l'épouse ou du fils, encore moins de la fille encore enfant d'une prostituée assassinée. Contenu dans ces témoignages, il apparaît de nombreux facteurs systémiques : la pauvreté des habitants de Mechhed, le service militaire de Saïd Hanaï lors de la guerre Iran-Irak l'amenant à se considérer comme un soldat, l'usage de la drogue par certains, la prostitution comme seule source de revenu, l'autodiscipline pratiquée par Saïd Hanaï pour vivre une vie conforme à la religion avec les refoulements qui l'accompagnent, l'application de la Charia par des juges assermentés, la pratique du mariage arrangé, la place traditionnelle de la femme dans cette société en particulier, la capacité de l'individu à interpréter les paroles de Dieu, et son droit à le faire au sein de la société, ainsi par voie de conséquence que l'obéissance qui est attendue de lui, etc. Quelles que soient ses origines, cela amène le lecteur à s'interroger sur l'organisation et le fonctionnement d'une société qui peut produire ce genre d'individus, qui peut amener un individu à commettre de tels actes, en toute connaissance de cause, de manière raisonnée et intelligente. Bien sûr, cette question se pose pour tous les assassins, quelle que soit leur société d'origine et ses préceptes.



Sous des dehors un peu frustes et un sujet risquant d'être racoleurs, cette bande dessinée se révèle être un questionnement intelligent et réfléchi sur une série de meurtres abominables, amenant le lecteur à s'interroger sur ses propres convictions, sur les tenants et les aboutissants de la société et de la culture en Iran, et par voie de conséquence sur ceux de sa propre société. Même s'il peut sentir de quel côté penche le cœur de l'auteur, le lecteur n'a pas l'impression de subir un cours magistral, mais plutôt d'accompagner Mana Neyestani dans sa réflexion inconfortable dans des registres politiques, religieux, sociologiques, psychanalytiques. Un tour de force.
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Petit manuel du parfait refugié politique

Arte éditions et Babelio m'ont permis de découvrir ce petit manuel, livré sous la forme d'un ouvrage de B.D. de très bonne facture tant en terme d'édition que de dessin et de scénario.



Il s'agit bien de décrire le parcours du combattant du demandeur d'asile qui arrive en France, ou du réfugié politique - avec toutes les démarches administratives et les tracasseries qu'ils doivent vivre au quotidien.



Tout cela est très bien vu, (vécu) et je pense sincèrement que que tout est vrai. Le tout étant décrit avec humour et un certain talent, même si les situations nous conduisent parfois à grincer un peu des dents.



Je pense que n'importe quel artisan qui essaie aujourd'hui de récupérer sa retraite pour laquelle il a cotisé plus de 40 ans auprès du R.S.I. pourrait en écrire autant, avec plus de hargne encore. De même qu'un demandeur d'emploi auprès de "Pôle emploi", voire de certains précaires pour obtenir le R.S.A. , etc, etc...



Je ne conteste surtout pas à Mana Neyestani le droit d'écrire cet opuscule, d'autant qu'il le fait avec talent, mais j'avoue que certains passages m'ont laissé un léger goût amer...

Aller jusqu'à critiquer les sommes allouées aux nouveaux arrivants ne me semble rien ajouter à l'esprit du bouquin. (A mon avis mieux représenté par le labyrinthe dessiné en couverture.



Que voulez-vous ! On m'a élevé avec quelques principes, du type " Tu ne mordras pas la main qui te nourrit"

Même si elle te nourrit mal !



En tout cas c'est un joli petit manuel qui comporte encore quelques erreurs mais qui mérite vraiment qu'on le découvre.



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Les Oiseaux de papier

Cette histoire nous entraîne dans les chaînes de Montagne kurdes entre l'Irak et l'Iran, encore minées suite à la guerre Iran - Irak qui s'est pourtant finie il y a 35 ans. On suit une caravane de contrebandiers qui vont braver les gardes frontières et la neige pour faire entrer en Iran des produits interdits par le régime (des chaussures, des chapeaux, des téléviseurs…).



L'auteur considère avec beaucoup d'humanité ces villageois, aux vies rudes, aux comportements secrets et qui utilisent l'humour pour se protéger. J'ai été très émue par leurs différentes histoires, qui se dévoilent petit à petit, dans des conditions extraordinaires, la tempête extérieure se dédoublant dans les tempêtes d'émotions. J'ai surtout été émue par la solidarité unanime qui les lie et par l'altruisme et la générosité immédiate qui se dévoile dans les moments difficiles. Il y a chez tous ces hommes une dignité, bien rendue par l'auteur, malgré des actes répréhensibles



Les dessins en noir et blanc en font une fable intemporelle, on a du mal à croire que l'histoire se passe en 2022. Les seuls tâches de couleur sont réservées au tapis de Rojan et à l'ultime combat de Rostam contre le démon blanc, permettant de mettre en valeur ces moments. Les quelques couleurs, très douces, liées à la mort accentuent ainsi la lecture douce - amère du récit.



L'auteur Mana Neyestani a fui son pays après qu'un de ses dessins lui ait valu un emprisonnement et vit depuis en exil, en France depuis 2012. Il a travaillé pour de nombreux journaux dissidents et est membre de l'association Cartooning for Peace. Je trouve que son engagement politique se ressent dans l'humanité du ton de son récit.

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Une métamorphose iranienne

Le référence évidente à Kafka de cette BD, pourrait s'appliquer à tous les récits du même genre, ceux de réfugiés politiques obligés de fuir leur pays alors que leur opposition au régime de leur pays est franchement modérés. Mais des circonstances, totalement absurdes, les placent dans une situation qui devient insupportable.

Comment un banal dessin dans une revue pour enfant peut il transformer un dessinateur en réfugié politique ? C'est juste aberrant ! Et ce récit fait sentir, toute l'impuissance du personnage face à cette machine qui se met en route, et surtout face à l'incurie généralisée des pays "étrangers". Pays qui pourtant condamnent les violations des droits de l'Homme... et qui n'offre aucune aide à ceux dont ces droits sont bafoués !

J'ai fini cette lecture, en étant soulagée de l'issue pour ces personnages, mais en même temps totalement énervée, agacée, par cette non assistance généralisée.
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Une métamorphose iranienne

A cause d'un malheureux dessin représentant un cafard qui va avoir des conséquences disproportionnées, l'auteur va connaitre la prison, les interrogatoires où on lui demande de dénoncer tous ses collègues illustrateurs et cela va se finir par l'exil comme tant de ses compatriotes qui fuient le régime totalitaire.



Les dessins sont magnifiques, en noir et blanc ce qui rend encore plus lugubre les scènes se passant en prison. On suit avec horreur son parcours et avec beaucoup de stress (mais certainement pas autant que l'auteur et sa femme) leur tentative de fuite.



Une excellente BD, d'un auteur que je ne connaissais pas du tout mais qui possède un style qui lui est propre et qui arrive très bien a nous faire entrevoir ce qu'il a pu subir...

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Une métamorphose iranienne

Alors que je craignais une lecture difficile, j'ai été capturée par le récit de Mana Neyestani et épatée par la subtilité avec laquelle il exprime son ressenti. Son histoire est terriblement saisissante, souvent surréaliste tant le point de départ est ridicule. La vie peu changer dans l'instant et il est facile de s'imaginer dans le peau du dessinateur, pris au piège d'un cauchemar kafkaïen.



La réussite de cet album réside aussi dans le choix de l'auteur de ne pas en faire un objet de revanche, aucune haine ni militantisme, des faits et le ressenti du moment, la description épurée du « plus rien ne sera comme avant ».



Anxiogène, glaçant, Une métamorphose iranienne est une immersion dans la terreur du système totalitaire mais aussi une ode à la liberté d'expression. A découvrir.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Une métamorphose iranienne

iComment un tout petit dessin, un cafard, dans un journal pour enfants, entrâine l'emprisonnement et l'exil forcé de son illustrateur ? Imaginez, vous vous appellez Mana Neyestani, vous êtes iranien et ce petit dessin crayonné sans mauvaise intention va bouleverser votre vie et celles de milliers d'autres personnes.



Mana Neyestani dessine depuis l'âge de 16 ans dans des journeaux réformistes iraniens et le changement de gouvernement le force dans les années 2000 à travailler exclusivement sur des illustrations de presse pour la jeunesse. Un jour où la chaleur écrase Téhéran, Mana Neyestani dessine la rencontre de son personnage avec un cafard. A cause d'un mot azeri (Note de la Bloggeuse : les azeris sont l'ethnie d'origine turque de l'Iran) prononcé par le petit cafard, l'Iran s'enflamme. Le petit mot prononcé sans mauvaise intention entraîne des manifestations dans les universités qui descendent rapidement dans les rues et se transforment en affrontements sanglants entre la communauté azeri choquée qu'on la compare à des cafards, et les forces armées iraniennes.



Mettant en danger la sécurité intérieure du pays Mana Neyestanii et le rédacteur du journal sont arrêtés et incarcérés en détention provisoire pour calmer les esprits échauffés. Pendant qu'ils subissent interrogatoires sur interrogatoires, le malheureux cafard continue à faire couler le sang, c'est maintenant l'Azerbaidjan qui s'enflamme. La détention des deux malheureux durent 51 jours pendant lesquels ils connaissent l'enfer des prisons iraniennes peuplées de junkies qui ne supportent pas le sevrage du crack et de bon nombres d'autres malheureux. Les services secrets iraniens les interrogent, les accusent d'avoir reçu de l'argent pour semer le trouble et les somment de livrer des informations sur les journalistes et illustrateurs de presse dissidents au régime. L'enfer, le cauchemar, l'isolement, l'angoisse, la culpabilité sont leur quotidien. Au terme de 51 jours de détention, Mana et son rédacteur sont relâchés pour quelques jours dans l'attente de leur procès.



Au terme duquel il savent qu'ils ne vivront plus jamais vraiment libres quelqu'en soit l'issue. On les forcera à trahir leurs amis pour échapper à la prison, et la prison ils ne veulent pas y retourner, surtout pas au prix de la trahison. Accompagné de sa femme, Mana Neyestani fuit vers Dubai sous prétexte de passer quelques jours au calme avant le procès et le retour à la prison d'Evin. Les quelques mois que leurs visas leur permet de rester à Dubai ils les passeront à chercher le moyen de fuir le Moyen-Orient avec le statut de réfugiés politiques. Entre faux espoirs et désillusions sur l'humanisme de certains pays (et oui la France n'est pas celle de Jean-Jacques Rousseaux...) le quotidien de Mana Neyestani et de sa femme n'est pas vraiment très rose, les lendemains ne chantent pas très fort... De Dubaï ils passent ensuite en Turquie puis en Malaisie, où en désespoir de cause ils font appel à un passeur, bien mauvais puisqu'ils ne passeront jamais au Canada... Grâce à un visa étudiant Mana Neyestani et sa femme restent ensuite quelques années en Malaisie. Leur exil forcé a maintenant trouvé refuge en France puisque Mana Neyestani est aujourd'hui en résidence d'artiste à la Cité des Arts de Paris avec le soutien de l'UNICORN qui vient en aide aux artistes réfugiés politique.



Voilà comment un petit dessin bouleverse la vie de milliers de personnes, voilà comment tourne le monde maintenant, voilà comment la liberté d'expression a des frontières aussi étriquées que le plus petit des pays...



Le témoignage de Mana Neyestani dans Une métamorphose iranienne aux éditions Ca et là est un énorme coup de coeur BD. Dès que l'on parle d'atteinte à la liberté d'expression notre morale bien pensante de petits européens relativement libres de dire ce qu'ils veulent, nous force toujours a nous offusquer, oui il faut dire la vérité. Mais là c'est autant sur le fond que sur la formeque je conseille Une métamorphose iranienne.



On retrouve dans Une métamorphose iranienne une note de poésie dans ce monde de brutes, propre aux intellectuels perses et rien que pour son trait de crayon cette BD est magnifique.
Lien : http://memelesoiesaimentsali..
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Une métamorphose iranienne

Une métamorphose iranienne est le récit autobiographique de Mana Neyestani, un dessinateur de presse iranien qui se retrouve pris au piège dans les griffes d’un système totalitaire kafkaïen.



Mana Neyestani n’a jamais vraiment enfreint de loi, mais a commis le crime d’avoir dessiné un cafard prononçant un mot azéri dans un journal pour enfants. Ce dessin, très vite détourné et injustement considéré comme une insulte par la communauté Azérie d’Iran, sera à l’origine de tous les ennuis de cet illustrateur qui se croyait pourtant bien à l’abri du régime au sein de la presse enfantine. C’est bien mal connaître l’Iran… !



Le calvaire débute par un emprisonnement de deux mois, durera plusieurs années et bouleversera totalement sa vie. Une métamorphose iranienne est l’histoire d’un cafard qui voulait simplement faire sourire les plus petits, d’un artiste emprisonné, torturé psychologiquement, harcelé et contraint à l’exil, mais surtout celle d’un régime totalitaire où même les insectes n’ont pas droit à la liberté d’expression.



Au-delà de cette censure et de cette répression démesurée, ce sont surtout les portes fermés de l’exil qui choquent le lecteur. Si Mana Neyestani vit aujourd’hui à Paris, c’est surtout à lui-même qu’il le doit, ses droits à l’asile politique ayant apparemment été bafoués au même titre que son droit à la liberté d’expression. Confronté à des ONG impuissantes et à des administrations peu coopératives, sa fuite vers l’occident sera parsemée de nombreuses désillusions.



Pourtant, ce témoignage personnel ne pointe personne du doigt et se contente de relater les événements chronologiquement et sans pathos. Si l’auteur parvient même à ironiser sur certains de ses déboires, son graphisme légèrement caricatural permet également de relativiser la gravité des propos. Si le découpage est très classique et l’approche plutôt documentaire, certaines trouvailles visuelles insufflent néanmoins beaucoup de force et de personnalité au récit.



À l’instar du chef-d’œuvre de Marjane Satrapi, “Une métamorphose iranienne” est un témoignage bouleversant, mais également une réflexion sur la liberté d’expression !



À lire absolument !



Retrouver d’ailleurs cet album dans leTop de l’année de mon blog !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Je suis né en 1868 et mort en 1927. Je suis l'auteur de "la poupée sanglante", du "fauteuil hanté" et du "fantôme de l'opéra", mais je suis surtout connu pour les aventures de Rouletabille dont le premier tome est "Le mystère de la chambre jaune', je suis, je suis...

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