Que dire aux enfants ? Les préserver ou les préparer ? Comment ?
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Pour des parents conscients des enjeux et de l'espace des possibles, la tâche est ardue, mais de haute importance. Avant tout, il faut qu'il existe un équilibre émotionnel au sein de la famille, ce qui n'est déjà pas évident. Et ensuite, il faut préparer les enfants en les familiarisant peu à peu aux défis qui seront les leurs. Ils auront d'autant moins de deuils compliqués à effectuer qu'ils seront dès le départ conscients des combats à mener et des contraintes à gérer, qu'ils comprendront que le monde dans lequel ils vivent n'est pas un référentiel normal, mais une dégénérescence. Les enfants n'auront pas l'avenir que leurs parents voudraient qu'ils aient, prolongation généralement linéaire de leurs propres désirs. Plus tôt les parents acceptent cette idée, mieux ce sera pour leurs enfants, car il est potentiellement traumatisant de projeter sur eux nos rêves obsolètes. Les parents doivent saisir que ce qui représente un deuil pour eux, une perte, un sacrifice ou un sevrage ne l'est pas pour leur progéniture qui n'est pas encore toxicodépendante comme eux.
Arthur Keller
Parmi les définitions existantes de l'effondrement, j'aime assez celle qu'a proposée Yves Cochet, à la fois suffisamment vague et suffisamment précise. Il parle d'un "processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne seront plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi". Vincent Mignerot, quant à lui, le définit comme le processus lors duquel les lois naturelles reprennent le dessus sur les lois de l'homme. J'ai ma propre définition : un processus incontrôlé à l'issue duquel une société passe d'un état d'hétéronomie à un état d'autonomie (anticipé et gérable ou contraint et chaotique).
Arthur Keller