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Critiques de Manu Joseph (20)
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Miss Laila armée jusqu'aux dents

Manu Joseph, dont on a pu apprécier Les savants et un peu moins Le bonheur illicite des autres, est un auteur à part dans la galaxie littéraire indienne. Miss Laila armée jusqu'au des dents est sans doute son roman le plus noir, le plus drôle, le plus pessimiste mais aussi le plus narquois et cynique, au sein d'un pays dont il qualifie le régime démocratique de véritable "canular." Sa radiographie de l'Inde d'aujourd'hui s'appuie notamment sur plusieurs événements récents, dont le tremblement de terre au Gujarat, qu'il mêle à une fiction pétaradante et panoramique, avec une héroïne principale (Akhila plutôt que Leila), experte en impostures en tous genres, accompagnée d'un nombre impressionnant de personnages secondaires tous parfaitement dessinés. Le livre est une bombe politique et sociale qui épingle aussi bien les élites que les traditions séculaires mais se révèle également un thriller redoutable, avec plusieurs intrigues parallèles (en apparence seulement) menées de front avec une maîtrise impressionnante. Nonobstant quelques éléments répétitifs et une propension à exagérer le grotesque de certaines situations, Laila armée jusqu'aux dents est une lecture roborative qui a le mérite de donner une image détonante et très iconoclaste d'une Inde violente où l'antagonisme entre hindous et musulmans n'est pas près de s'atténuer. L'auteur est assez malin pour ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre camp, dynamitant de manière égale leur caractère intolérant. L'Inde et ses dysfonctionnements, c'est une vraie aubaine pour Manu Joseph qui peut exprimer toute sa verve et son esprit dans un livre relativement court mais d'une densité remarquable.
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Les savants

Ayyan, Intouchable, travaille dans un célèbre institut et est bien évidemment entouré de scientifiques et professeurs, des Brâhmanes censés tout savoir. Si la loi interdit désormais de considérer les Intouchables comme des parias, la réalité est toute autre et Ayyan ne supporte plus l'injustice et le mépris constant que lui et sa communauté subissent quotidiennement. Lui vient alors l'idée de faire passer son fils de onze ans pour un vrai génie afin de s'attirer la lumière et surtout de se venger d'un système qu'il exècre...



Sur un ton espiègle, Manu Joseph nous présente une Inde moderne toujours scindée par un système de caste hérité dont elle a un mal fou à se défaire. Ayyan, un homme intelligent mais né Dalit (Intouchable) a peu d'espoirs pour sa vie à cause de la caste dans laquelle il est né. En faisant de son fils le nouveau Einstein, il secoue les pensées, se moque des idées reçues, raille ouvertement l'idée que seuls les Brâhmanes peuvent détenir la connaissance et en être dignes. Dans ce roman, l'auteur nous présente des scientifiques qui possèdent le statut mais tourne beaucoup en dérision leurs expériences et discours. Cette histoire démontre que faire partie de la caste historiquement la plus méprisable ne rend pas moins intelligent et que tout un chacun est un être humain à part entière.

Certes, pour parvenir à ses fins, Ayyan use de stratagèmes pas très glorieux, mais c'est la société indienne elle-même qui lui offre sur un plateau ce qu'il se permet de faire. En cela, c'est une fable contemporaine très intéressante et assez bien foutue.

L'on pourrait néanmoins reprocher plusieurs choses à ce récit, surtout sur le fond. On comprend que le but est de montrer que les Intouchables ne sont pas de la merde face aux Brâhmanes. Mais pour parvenir à cette conclusion, l'auteur tourne tellement en dérision les scientifiques que ça en devient vraiment trop caricatural. La Science a toujours tâtonné pour atteindre la connaissance et les avancées technologiques, voire édifier des règles physiques et biologiques. Il y a toujours eu des scientifiques moqués pour leurs idées, mais certaines ont révolutionné de manière catégorique la vision du monde d'aujourd'hui. Alors oui, parmi les milliers d'hypothèses soulevées chaque années, certaines ont de quoi faire rire. Mais critiquer la Recherche ne fait pas avancer le schmilblick, et surtout pas le monde. Peut-être Manu Joseph va-t-il un peu trop dans ce sens en suggérant que les scientifiques étudient des choses qui ne servent à rien et dépensent des milliards sans réfléchir ou de manière raisonnable, et surtout en insinuant qu'ils pensent tous qu'ils sont plus utiles et plus intelligents que le reste de la planète. J'accorde néanmoins à l'auteur le fait qu'il s'intéresse majoritairement au territoire indien, et donc relie cette interprétation au système des castes précédemment cité.

Ensuite, l'on pourrait croire qu'il dénonce un problème actuel et qui a toujours été actuel : la faible proportion de femmes dans le corps scientifique. Grâce à son personnage d'Oparna, trentenaire biologiste qualifiée qui détonne dans le milieu purement masculin de l'Institut avec ses talons qui résonnent dans les couloirs, il critique allègrement le caractère souvent machiste de ce milieu, notamment grâce aux scènes d'hommes dans l'Institut qui imaginent ce qui se trouve sous son sari, ou apprécient le mouvement de ses cheveux, ou quand Oparna préfère se taire et rester discrète lors de colloques de peur de se faire encore plus remarquer, les femmes devant toujours plus justifier leur présence dans de tels milieux. Or, alors qu'on croit avoir affaire à un personnage féminin qui défie les lois machistes et tente de s'imposer légitimement, Manu Joseph la transforme, au fil de son histoire, en simple dame vengeresse qui punie l'homme qui l'a trompée et devient ainsi une menteuse et une manipulatrice. Bonjour l'image de la femme !!! Quelle déception que de voir ce personnage prometteur être encore une fois stigmatisé et entériné dans cette vision de la femme dans encore beaucoup de pays orientaux comme la tentatrice, la faible, l'antithèse de la vertu ! Les évènements du bouquin annihilent grâce à ces faits tout lien femme/intelligence ou femme/savoir. Et le pouvoir qu'on espérait qu'elle ait au regard de la science se voit transformé en pouvoir sur les hommes, un pouvoir dévastateur. Notons d'ailleurs qu'après son méfait et ses mensonges, Oparna se fiche complètement de sa carrière et ne semble pas vouloir garder une place pourtant méritée au vu de ses diplômes et son expérience, tout cela à cause d'une histoire d'amour avortée. La femme, encore reléguée au seul pouvoir de l'amour et du coeur... Plutôt réducteur, comme vision... Sans compter que toute l'histoire d'amour entre Oparna et le directeur du centre vient encore plus jeter du discrédit sur le monde scientifique...

C'est justement cet aspect, qui au fur et à mesure de mes lectures de littérature indienne, m'exaspère. Ce statut de la femme, cantonnée à jongler avec les sentiments et le sexe plutôt qu'avec sa tête. Ohh, je ne suis pourtant pas une féministe pure et dure, tout comme je sais bien que le statut de la femme en Inde n'a (encore) rien à voir avec le nôtre en Occident (et encore). Il reste toutefois, et quoi qu'on en dise, fatigant de voir les personnages féminins enfermés dans les fonctions du coeur, généralement pris violemment pendant des scènes de sexe (ce roman ne fait pas exception) et dont le corps est continuellement convoité et admiré et décrit, presque léché par la simple pensée.

L'intrusion de l'histoire d'amour entre Arvind et Oparna, justement, et même si elle est nécessaire pour le déroulement de l'intrigue, vient beaucoup casser le rythme instauré par la tromperie organisée par Ayyan. Elle occupe presque la moitié du récit, et pendant longtemps on ne voit pas vraiment l'intérêt. Vu sa nécessité révélée vers la fin du roman, l'on pourrait du coup dire que l'auteur aurait pu raccourcir de beaucoup ce passage. Son propos n'en aurait pas été moins compris.

Malgré les critiques que j'ai pu faire, cela reste un roman assez intelligent, qui soulève de manière plutôt vive et taquine une problématique grave dans laquelle l'Inde est embourbée. Il offre depuis un angle original une vision complémentaire fictive mais pas tant du pays.
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Le bonheur illicite des autres

Manu Joseph avait d'emblée pris une place de choix parmi les romanciers indiens avec Les savants. Avec son titre énigmatique, son deuxième livre : Le bonheur illicite des autres, promettait beaucoup. Il commence bien d'ailleurs avec la quête d'un père qui, trois ans après le suicide inexplicable de son fils, un garçon de 17 ans talentueux auteur de BD, cherche la vérité. Il enquête, interroge tous ceux qui ont côtoyé ce jeune homme à part, dont le geste reste cependant incompréhensible. Le père boit, la mère divague. Au-delà du thème du deuil, Joseph questionne sur le sens de la vie. Bien que parfois saupoudré d'humour noir, l'exercice se révèle à la longue répétitif d'autant qu'on se doute qu'aucune réponse satisfaisante n'émergera pour donner une signification à cette tragédie. Trop long et d'une certaine façon nihiliste et vaine dans sa recherche, Le bonheur illicite des autres est une lecture sombre qui perd de sa force au fil des pages faute d'un "montage" plus dynamique et resserré.
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Miss Laila armée jusqu'aux dents

Pas facile d'écrire une chronique au sujet d'un livre que l'on a aimé…sans trop l'aimer.

C'est complètement par hasard que je suis tombée à la librairie sur Miss Laila armée jusqu'aux dents. Sa belle couverture avait attiré mon regard. Il faut reconnaître aux Editions Philippe Rey un admirable talent pour le graphisme de leurs ouvrages et le choix des photos pour les mettre en valeur. Ici, une jupe-salopette rose portée par une jeune fille aux cuisses bronzées dont on ne voit ni le haut ni le bas du corps ; et entre ses mains, un fusil-mitrailleur.





Je crois n'avoir même pas lu le résumé avant de l'acheter, j'étais pressée ce jour là, et mon passage à la librairie n'était initialement pas destiné à offrir à ma bibliothèque un nouveau roman. Quoiqu'il en soit, ce n'est qu'arrivée chez moi que j'ai lu pour la première fois la quatrième de couverture. On y parlait de nationalistes hindous, d'un immeuble effondré dans les quartiers pauvres de Mumbai, d'un thriller à l'intrigue resserrée…j'étais sous le charme. Le sujet me paraissait original, l'histoire intéressante, le ton léger et empli d'ironie.





Disons que je n'ai pas été déçue. S'il m'a fallu quelques chapitres pour entrer pleinement dans l'intrigue et en comprendre tous les tenants et les aboutissants, j'ai dévoré le roman en deux soirées et ai été plus que surprise par le rebondissement majeur qui survole les derniers chapitres. le ton, irrévérencieux au possible et souvent cynique m'a plu, la critique mordante de la société et des dirigeants indiens m'a donné à rire et à penser. La plume de Manu Joseph, subtile, sobre et délicate, a ouvert mes yeux sur une autre manière d'écrire la vie et le mouvement. J'ai également trouvé les descriptions fines, drôles et extrêmement parlantes ; le paysage défilait sous mes yeux comme dans un film sans que j'aie à faire le moindre effort d'imagination. le roman m'a également donné l'occasion de glaner quelques informations deci-delà sur l'Inde d'hier et d'aujourd'hui, sur les conflits entre les hindous et les musulmans, sur la société indienne et son fonctionnement. Pas inintéressant, je vous le promets !





Pourtant, je referme Miss Laila armée jusqu'aux dents avec un brin d'amertume. J'aurais aimé que l'histoire dure plus longtemps et surtout, qu'elle soit plus fouillée. J'ai trouvé que beaucoup d'éléments étaient survolés, empêchant une pleine implication du lecteur. Que les personnages paraissaient souvent assez fades, sans grande profondeur, ou tout du moins pas assez étudiés. J'aurais aimé lire plus de contexte enfin, plus d'engagement, plus de complexité.

En fait, il m'a semblé que le récit manquait de « conflits » comme on dit : il se déroulait en toute quiétude, en ménageant quelques espaces de surprise bien sûr, mais sans réelle prise de risque dans l'intrigue.

Quelque chose d'un rien fainéant à mes yeux.





Alors peut-être est-ce un choix délibéré de l'auteur,

peut-être suis-je passée à côté de certains éléments épiçant le récit d'une note acidulée,

peut-être ne suis-je pas assez concernée et informée au sujet du sous-continent indien et des aléas politiques qu'il rencontre,

peut-être enfin, n'ai-je pas fait l'effort de m'investir assez dans l'intrigue qui m'était offerte sur un plateau.

Si c'est le cas, et qu'un autre lecteur de Manu Joseph me trouve dure ou injuste, je m'en excuse sincèrement.





Cependant, il est vrai que je lis beaucoup de romans. Peu à peu, en les critiquant, j'affine mon regard sur l'écriture et la narration et il m'arrive souvent d'être littéralement emportée par une lecture, envahie par ses personnages, anéantie d'émotions diverses et variées, enivrée de ses mots. Disons que je fais partie des gens qui ont besoin de peu pour être vite pompette!

Mais pas d'ivresse ressentie ici, entre les pages de Miss Laila armée jusqu'aux dents,

malheureusement.
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Le bonheur illicite des autres

Une chose est sûre: le bonheur s'impose à la lecture de ces savoureuses trois cents et quelques pages.
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Les savants

Ce roman navigue entre deux mondes : celui d'Ayyan, un dalit qui travaille comme secrétaire dans un Institut de recherche et qui aspire à une meilleure vie à la fois pour lui et pour son fils, Adi, qualifié de petit génie mais qui est finalement un enfant normal se laissant emporter par le jeu dangereux de son père visant à lui assurer une plus belle place dans la société ; et celui des savants de l'Institut, des brahmanes (la "caste" indienne supérieure) qui se chicanent autour de la recherche de vie extraterrestre, et dont les luttes de pouvoir sont innombrables.



Il est difficile en réalité de résumer ce livre en quelques lignes, tant l'intrigue est riche et tant l'entremêlement des histoires de tous les personnages peut paraître complexe. On y trouve de tout : de la science; de l'ambition; de l'amour et un adultère; une supercherie extraordinaire, etc. En bref, une subtile comédie humaine, une danse jubilatoire entre tous les aléas et écueils de la vie, qui donne à ce roman un souffle très particulier.



J'ai eu un peu de mal à accrocher à ce roman, peut-être en partie car je ne lisais au départ que quelques pages par soir. Mais s'il met quand même du temps à démarrer, à nous "séduire", la deuxième moitié est bien plus entraînante, plus dynamique et c'est grâce à elle que je finis par avoir un avis positif sur ce livre ! Car il est vrai qu'au début, je ne savais pas vraiment où il voulait en venir, et je n'étais d'ailleurs même pas sûre qu'il le savait lui-même ... mais en fait la première partie est une véritable préparation du feu d'artifice qui explose dans la deuxième moitié du livre. Comme s'il avait patiemment tissé tous les fils, lentement, et qu'ils se démelaient brusquement en une véritable apothéose d'intelligence (celle d'Ayyan Mani), de subtilité (de la part de l'auteur) et de soulagement (de la part du lecteur). Manu Joseph se montre ici un maître incontestable de la narration.



Dans un style fluide et plaisant, il nous livre un roman extrêmement riche, qui aborde de très nombreux thèmes, et qui invitent à la réflexion (et pas seulement sur la société indienne, mais aussi sur les mécanismes qui régissent toutes les sociétés; sur les erreurs et les petitesses humaines qui sont hélas universelles). Avec ironie et vivacité, il s'attaque au système des castes, nous offrant un conte satirique savoureux.



- La plus grande partie du roman nous éclaire sur la situation des dalit (qui signifie "opprimé" et remplace celui d'"intouchable", montrant ainsi une certaine évolution des mentalités ...) en Inde, qui, si elle s'est améliorée ces dernières années, reste encore marquée par les profonds préjugés et fractures qui hantent la société indienne. On le voit bien évidemment par la relation entre Ayyan et les brahmanes de l'Institut, pour qui il est invisible, sauf quand son fils est qualifié de génie : alors, pour eux, ce serait une grande perte que de le laisser entre des mains dalit ... La scène la plus cruciale passe pourtant presque inaperçue : lorsque les brahmanes critiquent les dalit, mais aussi les femmes, etc. faisant preuve d'un racisme grossier et peu digne de soi-disant intellectuels. Et pourtant c'est cette scène qui va déterminer la fin du roman ...



- L'histoire d'un homme, Ayyan Mani, qui est d'une rare intelligence mais non exploitée, cantonné comme il l'est dans sa "caste" (castes qui n'existent plus officiellement ...). Sa peur de voir son fils suivre le même chemin, alors qu'il est aussi intelligent, mène en réalité toute l'intrigue. C'est le personnage pivot, qui domine les autres, y compris les brahmanes, jusqu'à la dernière page. Certes au départ il est un peu antipathique, très amer quand à la vie qu'il mène. Mais en réalité cette amertume laisse place rapidement à une lucidité féroce vis-à-vis de la société indienne. Il est conscient de la manière dont les brahmanes le traite, mais au fond de lui, il se moque d'eux et va prouver à la fin qu'il a bien plus de valeur que ces scientifiques enfermés dans leur tour d'ivoire. Entre espoir d'une vie meilleure, espiéglerie et fatalisme, Ayyan montre que le destin n'est pas écrit par avance mais qu'un petit grain de sable peut tout changer.



- L'histoire d'un autre homme, Arvind Acharya, directeur de l'Institut, que l'on suit par le regard d'Ayyan, son secrétaire, qui l'espionne constamment. Un homme qui va se laisser emporter vers l'adultère, au départ détail infime mais qui va se transformer en un véritable ras-de-marée et emporter tout ce qui compte pour lui ... Même si je n'ai pu m'empêcher de ressentir du mépris pour lui qui est persuadé qu'il existe des bactéries extraterrestres dans l'espace et lancer un Ballon pour tenter de les attraper.



Ce qui est fort finalement dans ce livre est le décalage entre ces deux personnages, qui sont centraux, dans leur vie, leurs préoccupations, leurs ambitions.



Certains aspects de l'Inde ne sont qu'évoqués mais ils ne passent pas inaperçus :



- Un thème abordé en passant : l'immolation des femmes par leurs maris. Sans s'y attarder, mais sans cacher non plus la réalité, Manu Joseph l'évoque "juste" en passant. Tout comme la pression exercée par Mère Chasteté pour tenter de convertir Ayyan au catholicisme...



C'est donc par petites touches que procède l'auteur pour finalement nous brosser un panorama gigantesque, précis et extrêmement efficace de l'Inde d'aujourd'hui. Une Inde qui oscille entre tradition et modernité; entre croyances populaires et savoirs scientifiques; sur laquelle se promène le regard dur, sans concession, de Manu Joseph.



Dans tous les cas, il fera partie d'un de ces romans qu'il faut lire plusieurs pour en comprendre tous les sens et en apprécier pleinement la richesse. Indispensable pour appréhender l'Inde d'aujourd'hui.
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Les savants

L'Inde est un pays qui m'est totalement inconnu et c'est par le biais d'Ayyan ainsi qu'avec les autres protagonistes de ce premier roman étranger que j'ai pu découvrir, un peu au-delà des clichés, une société qui se veut de plus en plus occidentalisée, mais encore largement engluée dans ses traditions et son passé.

Exotisme, dépaysement, mais l'ensemble est tout sauf low-cost ! Ayyan, notre guide principal, ne veut point se brader, il a conscience de sa valeur et de celle de son fils, Adi (qualifié de petit génie et enfant handicapé car sourd d'une oreille). On ne peut pas vraiment lui donner tort car le système des castes ainsi que la loterie des naissances ont bloqué le chemin de la réussite à trop de véritables hommes et femmes, si ce n'est de génie, de qualité tout au moins. Il est temps de réparer les injustices, de remettre les éléments à leur juste place, d'être enfin lucide et clairvoyant. Enfin tout ceci est assez facile sur le papier car dans les faits, c'est autrement plus complexe.

L'homme n'est pas bon par nature, du moins, ses actes de manière générale ne le laisse pas vraiment supposer même si les bonnes volontés ne manquent pas non plus. Disons donc que Manu Joseph résume cela assez bien en écrivant : "Car ce que tout homme voulait vraiment, c'était être plus important que son voisin."

Il ne faut surtout pas être du côté des loosers ! Cependant Ayyan, trop porté par ses griefs de petit secrétaire est allé loin, très loin ! Il aurait dû stopper sa machine infernale bien plus tôt, mais il n'a pu s'y résoudre et a tenté sa chance jusqu'au bout.

A trop vouloir changer le court des évènements, on risque fort de se faire dépasser par ces derniers. Reste pourtant qu'un retour à la "normalité" peut être insupportable. Pire que la mort ! L'immobilité n'est-elle pas plus terrible encore que la fuite en avant sans contrôle ? Question de perception et de tempérament sans doute. A vous de voir où vous vous situez.



Comme dans la vraie vie, on oscille dans ce texte entre le sordide, la joie, la légèreté, l'intelligence, la bêtise, la beauté, la laideur… etc. C'est la comédie humaine version indienne bien loin de Bollywood, de ses paillettes, de ses chansons, de ses histoires d'amour qui se terminent en véritables contes de fées.

Cet ouvrage se lit aisément, avec plaisir et pour un premier roman, on se dit que voici un auteur plein de promesses. Il a gardé la simplicité du style journalistique, mais c'est assez étoffé pour que l'on parle alors de littérature. Un juste compromis.



J'ai aimé le regard d'Ayyan (mais aussi celui des autres protagonistes qui prennent le récit en main tour à tour) qui n'est pas toujours tendre (loin de là même) avec ses semblables alors que lui-même n'est point parfait. C'est tout au moins comme cela que je l'ai perçu.

"L'Homme est un loup pour l'Homme" et ce que l'on découvre à travers les sites, les lieux où évoluent les protagonistes de ce récit, ne contredit pas cette expression. Chacun tirant la couverture à soi. Ces luttes intestines sont risibles, ridicules, mesquines et inutiles. C'est contre productif et pourtant banal. Je trouve que l'on touche là quelque chose de plus global et que l'on ne peut pas seulement appliquer à l'Inde. C'est d'ordre planétaire. Le monde marche sur la tête et il serait temps d'y remettre de l'ordre.



Dans "Les savants", on aborde des sujets graves comme les épouses immolées par leurs époux. Pratique d'une cruauté sans nom !!!! Comment cela peut être encore possible de nos jours ?!!!!! Manu Joseph ne s'y attarde pas vraiment, mais ne cache pas cette réalité. C'est mieux que de la passer sous silence même si c'est très peu. Cela tranche encore un peu plus avec Bollywood. D'ailleurs au fil de la lecture, ce ne sera pas le seul détail noir qui entachera la belle carte postale et c'est tant mieux. On ne vit pas au pays des Bisounours.

La religion sera assez présente et si pour une fois, on se tiendra un peu éloigné des fanatiques (encore que), nous aurons l'occasion de voir que pour obtenir des conversions, on n'hésite pas à faire miroiter les avantages financiers liés à telle ou telle confession. L'argent est le nerf de la guerre, mais doit-on brader pour autant Dieu, sa foi et tout le reste ?



Dans ce roman, on évolue dans un autre pays que l'on ne connait pas forcément (du moins, moi, je ne le connaissais pas plus que cela) et dans le milieu scientifique, mais je vous rassure immédiatement, on n'a nul besoin d'avoir bac+12 ou d'être un génie des mathématiques ou de la physique pour tout comprendre. Manu Joseph nous offre là des portraits humains façonnés par les traditions, mais également par des courants plus modernes, plus contemporains, plus occidentaux (vive la mondialisation) et donc il y a des télescopages. C'est à la fois un récit exotique et familier, chaud et froid, sucré et salé que je vous invite à découvrir fin août 2011 lors de sa sortie. Vous devriez y trouver votre bonheur.
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Miss Laila armée jusqu'aux dents

Un chawl s'effondre dans un quartier populaire de Mumbai. De nombreuses personnes sont portées disparues, coincées dans les décombres, dont un homme qu'une équipe de secours va tenter de sauver. Il envoie auprès de lui une jeune femme svelte, Akhila Iyer, étudiante en médecine et blogueuse aux canulars connus, seule à pouvoir passer dans l'étroit tunnel.

L'homme mourant marmonne des phrases plus ou moins compréhensibles.

Il révèle ainsi les agissements de Jamal, soupçonné de terrorisme et de Laila. Ils s'apprêtent à commettre un attentat...



Un roman noir, pessimiste et cynique mais aussi loufoque et drôle, genre thriller politique.

Le lecteur y découvre certains aspects de la politique indienne et sa violence, ainsi que l'accès à l'information et son interprétation, en suivant mine de rien le sauvetage banal d'un homme en mauvaise posture après un séisme.

Les sujets abordés sont vastes : le féminisme, les abus, les dérives, les inégalités, la pauvreté, le racisme...

Un texte au style fluide, court mais intense et à l'humour grinçant dont la fin fait frissonner.

Un bon moment de lecture.
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Miss Laila armée jusqu'aux dents

"Miss Laila armée jusqu'aux dents" est un roman, disons plus justement une satire politique et sociale, qui peut vous laisser sans voix, notamment de par sa chute, vertigineuse.



Tour à tour, vous y trouverez une blogueuse connue pour ses canulars, un effondrement d'un immeuble à Mumbai, un parti d'extrême droite et un professeur assez bizarre, un homme qui se fait filer et qui se fait attraper dans une souricière avec sa compagne de voyage, un rescapé qui délire, un leader politique qui atteint le graal, ...

Manu Joseph, vous y fera entrapercevoir, le temps de votre lecture, l'Inde, telle que nous ne la voyons pas forcément.


Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Le bonheur illicite des autres

Le père d’Unni Chacko ne renonce pas, trois ans après, à comprendre pourquoi son fils est rentré un jour chez lui pour sauter du toit et se donner la mort. Il avait dix-sept, réalisait avec talent des bandes dessinées, était ami avec la fille de leurs voisins, et meneur d’un petit groupe de jeunes du lycée. Au travers des portraits et de la vie quotidienne de son père, journaliste raté, de sa mère, femme à la santé psychique fragile, de son petit frère Thoma, de ses voisins et amis, c’est le panorama de la vie à Madras dans les années 80 qui se dévoile sous les yeux du lecteur. Entre cynisme et dérision, l’auteur tire un peu sur tout ce qui bouge, rien n’échappe à ses piques !

On pourrait résumer en disant qu’il traite de la philosophie, de la question du sens de la vie, dans une version indienne qui n’est pas exempte d’humour. Le thème de la folie individuelle ainsi que du délire collectif s’y ajoutent. Pour conclure , c’est un roman original, qui ne se dévoile pas du premier coup, et peut sembler tirer un peu en longueur mais qui vaut la peine d’être découvert. Surtout si vous avez un faible pour la littérature indienne !
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Le bonheur illicite des autres

Unni Chacko croit donc que les êtres humains ont une prédisposition génétique à être heureux/à être manipulés pour y croire...

Et pourtant... il se suicide...

Le Bonheur illicite des autres commence trois ans après sa mort, alors qu'il aurait eu vingt ans, et que son père reçoit un courrier qu'il voit comme un indice, et raconte la quête désespérée de cet homme, journaliste et écrivain raté, pour comprendre ce geste, défaire les noeuds, obstinément.

Comprendre le choix de ce fils, précoce, talentueux, dessinateur de BD, doté d'une grande force de persuasion, à l'avenir prometteur.

Mais un fils aux multiples parts d'ombres que son père va découvrir à force de creuser, scruter ses dessins, frapper aux portes, peler les multiples couches de sa personnalité...

Et ce faisant, Ousep Chacko croise la route de divers personnages, dessinateurs, neuroscientifique, religieuse mutique, un "cadavre", une voisine-ancienne amoureuse, et une foule d'autres personnages, parfois grâves mais aussi amusants.



Pendant ce temps, la famille Chacko sombre, marquée par ce deuil et rongée par la misère.

Ils se trouvent rejetés par le voisinage, Ousep se noyant dans l'alcool, et Mariamma, la mère, atteinte d'une sorte de folie-haine provoquée par un évènement de son enfance, perdant de plus pied.

Et, Thoma, le fils, qui, dans cette famille dysfonctionnelle, entre une mère moitié folle et un père alcolique, cherche à savoir comment être le petit frère survivant?
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Les savants

Il est malin et malicieux, le premier roman de Manu Joseph, journaliste indien réputé pour ne pas utiliser la langue de bois. Centré sur deux personnages principaux, un dalit (intouchable) et un brahmane (classe dominante), le premier étant le secrétaire/assistant du deuxième, scientifique "nobélisable" et directeur d'un institut de recherche prestigieux, Les savants s'attaque au système des castes, avec une vivacité et une ironie qui font tout le sel de ce livre qui a le bon goût de ne pas céder à l'exotisme facile, ce qui ne l'empêche pas d'être furieusement divertissant, par ses côtés ludique et narquois, dans l'illustration de l'éternel combat du pot de terre contre le pot de fer. Comme dans Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux ..., Les savants ne brille pas par son style, mais par sa construction, ses intrigues parallèles qui se rejoignent, et la description savoureuse d'un microcosme, celui de scientifiques de renom qui se livrent une lutte sans merci pour le pouvoir. S'il est parfois alourdi par des discussions ésotériques entre savants, le roman est irrésistible quand il évoque les stratagèmes de son héros dalit qui tente de faire passer son fils pour un génie des sciences, ce qui permet à l'auteur de se gausser de la rigidité, du conservatisme et des hypocrisies d'une société indienne toujours régie par des règles archaïques. Réaliste, moqueur, léger sur des sujets graves, Les savants n'a pas la prétention de se hisser au niveau des meilleurs romans sociaux indiens. Plutôt conçu comme un conte satirique, il donne une vision lucide d'un pays en pleine mutation, pétri de contradictions et de paradoxes, qui pourrait bien être à la veille d'une vraie révolution culturelle.
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Les savants

Roman qui dévoile une facette de l'Inde actuelle, traversée de contradictions, entre modernité et poids des traditions

Ce premier roman de Manu Joseph laisse une impression à la fois familière et exotique. Les enjeux de pouvoirs et rêves de promotion sociale restent universels mais la société indienne fonctionne selon des codes qui ne nous sont pas familiers.

Ayan, un dalit, nouveau nom, plus politiquement correct donné à la caste des intouchables est le secrétaire du directeur d'un des plus éminents instituts de recherche d'astrophysique indien. Père d'un jeune garçon de onze ans, il ambitionne pour son fils un avenir meilleur que le sien, rêvant de le voir rejoindre les équipes de chercheurs de l'institut. D'un jeu qui peut paraître innocent au départ, il convaincra son entourage que son fils est un génie. Parallèlement, Arvind, le directeur issu de la caste des Brahmanes poursuit des projets scientifiques insolites, prometteurs ou insensés qui pourraient lui ouvrir les portes du Nobel.

Le roman met en scène Ayan et sa famille, son quartier pauvre dans un bidonville de Bombay et Arvind, Brahmane, directeur fantasque et sûr de lui-même dont la destinée correspond aux parcours des castes supérieures de l'Inde. Ces deux univers se côtoient, se croisent sans se mêler. Bien qu'évoluant dans un milieu scientifique, ce roman est n'est pas un ouvrage de vulgarisation sur l'astrophysique mais bien un roman social qui décrit des interrelations entre des individus porteurs des ambitions et travers de leurs castes respectives.

Le roman passe par plusieurs registres : le sordide avec les bribes de descriptions de conditions de vie des dalits, mais aussi des femmes indiennes plus généralement, la dérision et l'humour avec les mensonges et stratagèmes montés par Ayan pour convaincre les institutions des talents de son fils, la comédie humaine enfin avec les épisodes amoureux d'Arvind et les rivalités ambitieuses des chercheurs de l'institut.

Portrait partiel de l'Inde, microcosme à l'échelle de ce sous continent d'1.3 milliard d'habitants, l'auteur nous montre dans un texte simple et efficace les relations entre les individus, les préjugés et les tensions qui s'exercent à tous le niveau : dans les familles entre maris et femmes, dans les cercles de travail, entres les classes sociales. C'est une société dure et ambitieuse qui nous ait décrite, loin des clichés bollywoodiens ou européens.

C'est un roman distancié et critique, sans concession dont l'attrait est aussi l'humour et l'œil amusé, voire ironique que l'auteur porte sur ses contemporains. C'est aussi un roman très riche et foisonnant dont les fils se tissent progressivement pour terminer dans un dénouement spectaculaire.

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Les savants

Un bon livre. Qui a mis un peu de temps à décoller, mais que j'ai lu avec plaisir toute la 2e moitié du roman. Une histoire très sympa avec un personnage principal, Ayyan, qui sait bien mener son monde sous des airs modestes et sympathiques. Une belle fable d'un personnage voulant s'extraire de sa condition d' intouchable, qui nous décrit les mentalités particulières profondément ancrées par le système des castes dans l'Inde actuelle .
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Les savants

Comment s'attaquer au mythe de la supériorité intellectuelle des brahmanes et compenser les injustices de la naissance et du système de castes par la mystification....
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Les savants

Un grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Philippe Rey pour ce beau partenariat.



Ayyan, le narrateur principal de ce roman, n’accepte pas sa place d’intouchable, de dalit, il n’admettra jamais son infériorité face aux « brahmanes », les savants qui le regardent tel un petit insecte, une chose insignifiante. C’est toute la force de cet homme loin d’être parfait qui combat le système des castes totalement injuste et révoltant.



Ce premier roman nous plonge dans une Inde vraie, concrète, loin des clichés touristiques et d’une vision idéaliste à la « Bollywood ». Comme partout, il y a du beau, du moins beau et du sordide.

La lecture de cet ouvrage est fluide, agréable, les descriptions nous plongent parfaitement dans ce pays fascinant et le récit nous invite à réfléchir sur des sujets importants tels que la place de la religion ou la condition féminine.





Concernant la couverture, pas d’inquiétude, nul besoin de comprendre la formule écrite au tableau pour comprendre ce roman! J’avoue que le titre et la photo peuvent refroidir les allergiques aux chiffres!
Lien : http://blogvonnaoko.blogspot..
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Le bonheur illicite des autres

Madras (actuellement Chennai), 1987. Une communauté chrétienne tamoule. En son sein, une famille vivant dans la pauvreté. Un père qui boit, une mère qui délire, un fils étrangement préoccupé par la philosophie. Seul le plus jeune fils semble "normal". Il y a trois ans, cependant, le fils aîné s'est suicidé. Bien que personne ne puisse ou ne veuille lui dire pourquoi, le père continue à interroger tous les amis et connaissances du garçon. Surtout maintenant, trois ans plus tard, alors qu'un autre élément inconnu a été ajouté.





Les points positifs :

1. Le livre se déroule dans une communauté tamoule à Madras, en 1987. L'auteur y a vécu lui-même et décrit bien Madras et le comportement de ses habitants. Malheureusement, les descriptions de Madras disparaissent très vite du livre, et seul le comportement des gens demeure.



2. Très positif : tout au long du livre, même dans les passages ennuyeux, l'auteur dénonce la façon dont les femmes sont mal traitées en Inde : elle est un objet sexuel pour l'homme qui commet constamment des abus sexuels, et le viol arrive tout le temps. C'est très actuel, même aujourd'hui, c'est un énorme problème en Inde.



3. Nous avons une bonne idée de la façon dont une famille tamoule pauvre survit à Madras, dans la misère.



4. L'auteur fait le lien entre la quête philosophique de certains personnages et les neurosciences. Cela se produit également dans la physique théorique réelle, où l'on collabore avec des neurochirurgiens. C'est agréable de voir que cela est repris dans la fiction.





Les points négatifs :

1. il y a de longs passages ennuyeux où l'histoire ne progresse pas, on a l'impression de lire la même chose à chaque page, des chapitres entiers. J'ai trouvé étrange qu'à la fin du livre, l'auteur remercie sa fille d'avoir ralenti le roman. L'auteur n'aurait pas dû l'écouter !



2. Mauvaise structure de l'histoire : lorsque les révélations arrivent, elles arrivent de façon très directe, brutale : des personnes qui n'avaient rien dit jusque là viennent soudainement raconter leur histoire, et c'est tout.



3. Dans les critiques, l'humour noir de ce livre est loué, mais je n'ai jamais pu rire de ces soi-disant blagues. Je ne pouvais pas non plus éprouver d'empathie pour les personnages. Il était intéressant de savoir comment une famille pauvre et misérable survit dans une communauté tamoule en Inde, mais les personnages eux-mêmes n'ont pas réussi à me captiver.



4. Même si la neuropsychiatrie est abordée, la quête philosophique du père et du fils, qui est en même temps une quête psychologique, a un énorme retard sur ce que l'on savait en matière de philosophie théorique quand le livre a été publié. Par exemple, il est inexact, et c'est pourtant affirmé tout au long du livre, qu'une idée devient une illusion dès que deux personnes y croient. Toute croyance est une illusion. Si une seule personne croit en une idée, il s'agit également d'une illusion.

Le livre n'est pas seulement philosophiquement inexact, il est aussi écrit de manière très chaotique, avec des comparaisons farfelues.





Finalement, je ne recommande pas ce livre.





Ce qui suit (et que je masque) ne dévoile pas vraiment quelque chose sur l’intrigue, mais parle du thème de l’histoire.





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Les savants

Sur ma lancée dans la littérature indienne, voici donc « Les Savants » de Manu Joseph.Tant le « Prix de la meilleure fiction 2010 » que la quatrième de couverture – l’idée de supplanter la lutte des classes en faisant passer son fils pour un génie – me semblaient de bons arguments.

L’histoire est intéressante, bien construite, les personnages principaux (le père et le fils) attachants mais, malheureusement, il y a de nombreuses longueurs pour celui ou celle que les questions physiques et métaphysiques n’enthousiasment pas.

Il est, néanmoins, comique de lire un livre indien et d’y retrouver la mention du grand-oncle de ma belle-mère.

Au final, une lecture agréable assez différente des attentes que j’en avais.



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Les savants

Contrairement à ce que laisse entendre le résumé, du "petit génie", il en est peu question. En revanche, je dirai que les jeux de pouvoir au sein de l'Institut son le thème principal de ce roman.



Sans oublier l'histoire d'amour adultère entre la seule femme de l'Institut et le directeur, sans oublier la Mère Chasteté qui tente de convertir Ayyan au catholiscisme pour que son fils puisse avoir la scolarité gratuite dans son établissement scolaire.



Certe, ce roman est intéressant par ce qu'il décrit de l'Inde (différences toujours actives entre brahmanes et dalits, place de la femme).



Mais je me suis ennuyée dans les querelles des scientifiques qui prétendent, pour les uns que les extra-terrestres existent, et pour les autres que le Big-Bang n'a jamais existé (ou peut-être est-ce l'inverse, je ne sais plus).



Et puis je suis toujours aussi hermétique à l'humour indien. Tant pis pour moi...



Ceci dit, les stratagèmes que met en place le père pour faire passer son fils pour un génie tiennent eux, du génie, et les retournements de situations sont cocasses, à la fin.



Mais je ne pense pas garder longtemps souvenir de cette lecture.



L'image que je retiendrai :



Celle du père et du fils assis sur un banc de béton rose (en souvenir d'un memebre du Rotary Club) sur le bord de mer de Worli.


Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Les savants

Voilà un livre voyageur qui, grâce à Praline, est venu se déposer dans ma PAL pour continuer l’expérience de la rentrée littéraire à venir. Je ne suis pas vraiment capable de dire si je l’aurais lu autrement, car l’a couverture m’attire et me déplaît en même temps. Un reste de haine des maths, probablement. Tout au long du roman, Manu Joseph essaye de montrer le scandale que reste encore aujourd’hui le système de castes en Inde, en prenant le point de vue d’un dalit qui hait les brahmanes et qui cherche à tout prix un moyen de les humilier, dusse-t’il pour cela utiliser son fils assez vilement pour le faire passer pour un surdoué. Autour de cet homme vont se nouer des intrigues aussi différentes qu’un adultère, un scandale scientifique ou la recherche de signaux extraterrestres.



J’avais assez envie d’apprécier ce roman qui m’arrivait très chaudement recommandé, mais au final je pense qu’il a souffert de la comparaison avec Les Ombres de Kittur (à paraître chez Buchet-Chastel, je vous en parlerai au moment de la sortie). Autant Kittur est dur, sans concession, rapide, autant j’ai trouvé que Les Savants se traînait paresseusement et était finalement assez peu… je ne sais pas, le terme n’est pas trépidant, mais je dois dire que je n’avais pas envie de me jeter dessus dès ma montée dans le bus ou dès mon retour à la maison. J’ai mis longtemps à le lire parce que fondamentalement je m’ennuyais, même si j’avais envie de connaître la suite de l’histoire.



C’est pourtant plutôt bien écrit, mais c’est probablement trop statique à mon goût, j’ai besoin de plus de mouvement et moins de nonchalance.
Lien : http://www.readingintherain...
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