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Citations de Manu Larcenet (1007)


Le 20 Juin 1995 . Les touristes vont bientôt arriver . L'automne lavera la côte de cet affront .
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Un jour, dans une librairie de gare, j’ai feuilleté la presse masculine de charme… C’était… dégueulasse ! C’était rempli de tristes américaines aux seins abominablement bombardiers, implantés, difformes… des filles propres, lisses, semblant s’ennuyer au-delà de toute mesure... Et leur sexe… intégralement épilé !! Tu le crois, ça ?! Plus un poil sur le mulot ! La plus triste des traversées du désert ! Alors on met du désodorisant quand on chie, du parfum quand on pue, et maintenant, voilà qu’on vole leur toison aux femmes ? On en fait d’immondes petites filles difformes, des ersatz, d’ignobles contrefaçons ! Où sont les buissons affolants de mon adolescence ? Les touffes animales qu’il fallait fouiller, explorer, débroussailler frénétiquement… incomparable excitation… Hygiénistes de merde !! Le mystère leur fait peur !
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Quand un grille-pain est défectueux, il cesse d’être un grille-pain pour devenir un machin cassé… Il ne viendrait à l’esprit de personne de trouver une place dans la cuisine pour que le « machin cassé » y continue son existence. Si vous ne savez pas le réparer, lui redonner sa fonction première, vous vous en débarrasserez. Comment ne pas se haïr quand, vers huit ans, on réalise qu’on partage la condition des ustensiles de cuisine ? Comment ne pas se haïr quand il est si naturel de se faire haïr ? Se haïr si fondamentalement, c’est comme se réveiller chaque matin avec le canon d’un pistolet dans la bouche. De guerre lasse, on en est parfois réduit à supplier que le coup parte.
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- Aaaah bin c'est pas pour me vanter, mais c'est que j'en ai sodomisé un petit paquet, moi, des enfants !
- Jean-Jacques, vous souvenez-vous quand je vous ai demandé de vous ouvrir un peu plus à moi, de partager vos émotions, vos centres d'intérêt ?
- Bien sûr, Amour...
- … Eh ben ne faisons plus cela.
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- Brigitte a découvert que je la trompais..
- Ah merde...
- Elle m'a pris la tête toute la soirée ! « Et l'honnêteté ?! » qu'elle me criait dessus...Franchement, si on commence à mêler l'honnêteté aux histoires de couple...
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« On n'habite pas la ville,
c'est la ville qui nous habite »
comme dirait le poète.
En même temps, c'est facile d'inverser deux mots pour faire le malin…
Moi aussi j'peux, si j'veux.
(p. 33)
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Le ruisseau englouti
sous les herbes
de l'automne qui s'en va
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Mais qu'est-ce que c'est que ce mort qui vient me donner des leçons de vie ?!
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En relisant mon carnet, je vois que je file à travers les mots comme un gibier traqué. Je ne suis pas un conteur, je ne cesse d’aller de l’avant, de revenir, de sauter le fil du temps, de me perdre sur les côtés… Ce fatras, ce chaos, c’est ma vie.

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Manu Larcenet
Le combat ordinaire avait donné de moi l’image d’un type gentiment angoissé. Je n’étais pas allé au bout de la noirceur, je n’avais pas montré la lame de fond de douleur que pouvait être la dépression. Cette impression de marcher à côté de soi, comme en transition vers la mort. Quand j’ai commencé Blast, je venais d’être diagnostiqué bipolaire pour la seconde fois. Cette fois, j’avais décidé de prendre ma vie en main : je suivais mon traitement, j’étais assidu chez le psy, j’avais 40 ans, j’ai compris que c’était le moment ou jamais pour exprimer cette douleur. Qu’après, je ne saurais peut-être plus le dire. Que je n’aurais plus la force de la faire. Ou que j’aurais oublié. Et d’ailleurs aujourd’hui, je vais mieux, j’ai trouvé le bon traitement, et certaines douleurs exprimées dans Blast ont disparu. Mais il est certain que ne n’ai jamais été aussi impudique qu’avec cette série, même si cette histoire de tueur obèse reste de la fiction ! Je suis parti de la citation de Lacan : « La vérité est structure de fiction », c’est-à-dire que ce n’est pas la peine de s’attacher à faire un journal pour dire la vérité, on peut très bien dire autant de vérité en racontant de la fiction. Et je suis le seul à savoir ce qui est directement inspiré de moi ou pas.

Entretien Lire n°447 juillet-août 2016
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Si cette confession ressemble finalement à un monstre, complexe et mystérieux, c'est qu'elle est à l'image de ma vie.
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- Alors, monsieur Lambert, vous ai-je convaincu de venir travailler chez nous, à la Smagip?
- Mais... Mais pas du tout!! Vos employés sont d'immondes pornocrates! Toute cette débauche de sexualité en public est répugnante!! Jamais je ne travaillerai pour vous!!
- Ah... Eh ben tant pis. Je me consolerai en me carrant votre C.V bien profond dans le fion.
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Je mens toujours. Je dis que je ne me souviens de rien, que je suis né du matin. Mais il me suffit de fermer les yeux... Dans le noir, tout me revient. Chaque taloche, chaque balafre, chaque regard. Je me souviens de chacun de vos mots. Je me souviens comment vous me les avez plantés dans le corps. Le temps n'y fait rien. Je me souviens de tout.
Enfant, couvert de plaies infiniment rouvertes. Enfant étouffé sous le poids de ce que j'étais, vous m'avez piétiné mille fois. Enfant immobile, silencieux, courbé.
Quand vous me parliez, je scrutais votre bouche... effaré que vous recouriez à cet instrument de torture avec tant de désinvolture.
Pour passer inaparçu, j'ai pris la couleur des murs. Pour que vous m'épargniez, je me suis effacé. Je me suis tu plutôt que de vous déchirer à mon tour.
En vain, vous ne m'avez jamais pardonné. A chaque seconde, j'ai été coupable d'une mystérieuse offense à vos yeux écoeurés. Si je regarde derrière s'étend une vie de plaies et de sécheresses de laquelle je n'ai appris que la résignation.
Cependant, de cette vie dégueulasse surnage une intrigante évidence : si aujourd'hui encore, je suis capable de désir et d'extase, c'est que...
... je dois être invincible.
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Conduire sur les autoroutes m’a longtemps fait très peur. En fait, j’en étais totalement incapable : je voyageais par les nationales où j’étais curieusement plus à l’aise. J’en ai beaucoup parlé au psy parce que je ne comprenais pas pourquoi j’avais tellement peur, et aussi parce que c’était un vrai handicap pour le boulot et dans la vie en général. Et c’est un des rares sujets sur lesquels il a daigné me donner son avis… Il m’a dit qu’à bien y regarder, une voiture avait de nombreux points communs avec un cercueil… Que foncer à des vitesses pas naturelles sur une route où on ne sait rien des gens qui pilotent les autres cercueils donnait à réfléchir… Et que, dans ces conditions, il lui paraissait plutôt légitime d’avoir peur. Depuis, je n’ai plus peur. C’est rigolo, la psychanalyse…
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- Ah, fiston ! Je n'aime rien tant que ce moment fugace où le silencieux crépuscule enveloppe le monde d'une sérénité emplie d'espoir.
- C'est marrant comme tout est relatif... pour moi, c'est l'heure où tu rentres à la maison pour taper maman.
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- Plus personne à décevoir ou à embarrasser, à préoccuper ou à accabler. Affranchis des fers familiaux, j'étais illimité. L'éventail incroyable des possibilités donnait le vertige.
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- Comme je suis le seul Français ici, j'ai dû apprendre plus de langues étrangères qu'au collège ! Dans les années 1970 je parlais Espagnol, Italien, Portugais... Puis je me suis mis à l'Arabe... Aujourd'hui, ce sont le Russe, le Polonais, le Tchèque... De toute façon, on s'en fout un peu, des langues... Être un « mange misère », c'est pas une nationalité, c'est une condition...
- Vous étiez déjà là dans les années 1970 ?!
- Et quoi ? Tu croyais que la pauvreté c'était pour les Modernes ?
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J’avais brièvement vu l’homme derrière l’homme… comme un paysage aux reliefs harmonieux, caché au bout d’un chemin aride et pierreux.
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Manu Larcenet
Il y a dix ans, un journaliste m'avait demandé la différence entre l'art et l'artisanat. Dans la famille de mon père, on était artisans potiers, donc je savais que l'artisanat, c'était reproduire cent fois le même geste, en exigeant cent fois le même résultat. L'art, en revanche, c'est de faire cent fois le même geste en espérant cent fois un résultat différent. J'étais fier de ma phrase jusqu'à ce que je découvre, quelques années plus tard, que Freud définissait la folie comme le fait de faire toujours la même chose en attendant un résultat différent. J'avais la même définition pour l'art et la folie ! Ça fait réfléchir...

Entretien dans Lire n°447 de Juillet-Août 2016
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Manu Larcenet
Avec la famille, le dessin est la seule chose qui me tient dans la vie, je ne veux pas qu'il soit source de monotonie. Donc il faut éviter de refaire, ouvrir de nouvelles voies. En ce moment, j'ai envie de raconter des choses dures, mais avec une forme légère, quelque chose qui soit proche de Hergé ou de Chris Ware. Et tant pis si je ne sais pas faire ! Je n'ai pas peur de l'imperfection. Dans l'art, il n'y a rien de plus beau que l'accident, celui qui fait fait que quelque chose arrive sans crier gare. Même dans le dessin, il faut de l'imprévu. Si tu pousses trop loin ton crayonné, il sera magnifique, mais tu ne retrouveras pas ce moment en l'encrant. Plus on laisse de place à l'improvisation, plus on s'autorise à avancer sur un territoire qu'on ne soupçonnait pas. Tu t'écoutes et tu te dis "Qu'est-ce que j'ai envie de faire ?". Un dessin peut changer la courbe d'un récit. Un jour j'ai eu envie de dessiner de l'eau dans Blast. J'ai conçu une scène exprès pour pouvoir dessiner cette eau, et je j'ai virée. Ça aurait pu ne faire aucun sens, et je l'ai virée. Mais parfois ça arrive comme par magie à s'insérer dans le récit. Quelque chose d'inattendu se met en place, comme deux mots qui entrent en résonance, deux notes qui lancent une mélodie. Il y a un peu de joie, je trouve, dans la vie, mais quand le dessin tombe juste, c'est un joie artistique des plus intenses.
Entretien Lire n°447 juillet-août 2016
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