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Le double jeu de Juan Martinez de Manuel Chaves Nogales
On s'imagine que mourir est une chose compliquée et difficile. On s'imagine les exécutions comme un événement terriblement solennel. Pas du tout. Les bolcheviks tuaient en toute simplicité, sans y accorder la moindre importance ; parce qu'ils pensaient qu'il fallait tuer.Je vous assure qu'évoquer ces souvenirs aujourd'hui m'émeut bien plus qu'à l'époque des faits. Nombre d'histoires effroyables ont circulé à propos de la Tcheka. Il se peut qu'elles soient vraies. Les tchékistes, à l'époque de la terreur, ont commis tous les actes qu'ils s'attribuaient - et bien d'autres encore. Ce qui n'est pas vrai, c'est la pompe terrifiante dont on suppose qu'ils s'entouraient. Je les ai côtoyés de près. Plus tard, j'ai lu des récits de leurs crimes, j'ai vu des films qui les représentaient. Tout est faux. Ce qui aujourd'hui nous bouleverse n'existait pas. Ils assassinaient, oui. Mais pas comme on le croit. C'était beaucoup plus naturel, beaucoup plus simple.
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