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Critiques de Manuel Puig (32)
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Le baiser de la femme-araignée

Ecrit en 1976 par Manuel Puig, « le baiser de la femme araignée » est un roman qui surprend par bien des aspects. Premiers sujets d’étonnement : l’histoire et les thématiques qu’elle soulève – particulièrement osées pour l’Amérique du Sud très conservatrice des années 70. Nous sommes à Buenos Aires dans une petite cellule où sont enfermés deux hommes aussi différents qu’il est possible de l’être. Le premier, Luis Molina, est un travesti condamné à huit ans de prison pour détournement de mineur. Le second, Valentin Arregui, est un activiste communiste incarcéré pour ses menées politiques contre le régime.



Accablés de solitude mais peu disposés à partager leurs souvenirs personnels, les deux hommes ont réussi à trouver un sujet de discussion pour passer le temps : le cinéma. Chaque soir, Molina raconte à son compagnon les films qui ont le plus marqué sa vie – films parfois fort surprenants car Molina a des goûts très éclectiques en la matière et alterne sans complexe chefs d’œuvre cinématographiques, films d’horreur à petit budget et œuvres propagandistes, pourvu que les femmes y soient belles et les histoires d’amour romantiques. Soir après soir, film après film, les deux hommes se rapprochent, laissant échapper entre deux récits des bribes d’information sur leur passé. De cette intimité croissante naîtra une affection et une tendresse qu’aucune des rigueurs carcérales ne parviendra à briser.



Autre aspect surprenant du roman : sa forme. Presque exclusivement constitué de dialogues, « Le baiser de la femme araignée » ne nous laisse découvrir sur le passé des protagonistes que ce que ceux-ci veulent bien nous laisser entrevoir. Aucune description. Aucune analyse psychologique. Mais celles-ci seraient tout à fait superflues, tant cet immense dialogue est mené avec intelligence et habilité. Ce que nous ignorons, nous le devinons ; ce qui nous est caché, nous le découvrons dans un sous-entendu, un mot échappé, une confidence déguisée… Subtile et pudique, le procédé permet de mettre en avant l’évolution de la relation entre les deux hommes, sans jamais verser dans la vulgarité. L’ensemble donne une émouvante histoire d’amour, toute en finesse et en suggestion. Une très touchante découverte que je recommande chaleureusement.



(Et maintenant, j’ai très envie de voir « La Féline » de Jacques Tourneur. C’est vrai qu’il a l’air splendide, ce film !)
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Le baiser de la femme-araignée

Je suis tombé sur ce roman par hasard. La couverture et le titre me plaisaient.

Pourtant, le récit n’a rien à voir avec ce que j’imaginais… Et j’ai été conquise.

Deux prisonniers, deux histoires, un long dialogue et une tonne d’émotion.



La seule chose qui m’a « dérangé » ce sont les notes de l’auteur pour expliquer l’homosexualité, études faites par de grands chercheurs tels que Freud. J’ai fini par les éviter. Elle gâchait le récit.

Et puis me convaincre que l’homosexualité n’est pas une maladie. De nos jours, enfin à mes yeux, c’est évident. Et ces justifications m’ont même un peu choqué.



À vous de le découvrir, j’ai plongé dans ce roman sans savoir ce qui m’attendait et c’est ce que j’aime le plus… Ne rien savoir.



Bonne lecture !




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Le baiser de la femme-araignée

Très connu roman argentin de Manuel Puig, dont la célébrité a été renforcée par son adaptation cinématographique d’Héctor Babenco, sorti en salles en 1985 et qui valut, excusez du peu, à l’acteur William Hurt l’Oscar du meilleur acteur et un prix au festival de Cannes, Le baiser de la femme-araignée a failli ne jamais faire partie de mes lectures.

Sans les commentaires enthousiastes de lectrices de ma connaissance, lectrices dont le goût m'a toujours paru très sûr, je ne l'aurai jamais ouvert et j'aurai raté quelque chose. J'avoue que les prémisses me faisaient un peu peur : il s’agit d’un roman carcéral où deux prisonniers s'évadent de leur cellule quand l'un conte à l'autre, tel une Shéhérazade argentine, les films qui ont su l'émouvoir. Le sujet est intéressant, oui, des plus originales, oui, mais difficile et j’imaginais mal comment il pouvait tenir sur tout le roman sans devenir quelque peu répétitif. Le moins qu'on puisse dire est que l'auteur s'en tire brillamment.

L'un des deux protagonistes, Valentin Arregui, est un prisonnier politique, révolutionnaire emprisonné pour ses idées politiques et son appartenance à des mouvements de lutte clandestine, tandis que l'autre, Molina, parle de lui-même au féminin, a été condamné pour détournement de mineur et n'a jamais mis les pieds dans un meeting politique de toute son existence. Rien donc en commun au début mais entre ces deux hommes naît un dialogue, nuit après nuit, qui rapproche finalement deux étrangers. Le texte est complété de notes de bas de pages sur les théories psychanalytiques sur l’homosexualité qui accompagnent le lecteur à mesure que, au fil des jours, au fil des films, se dessine une trame des sacrifices répétés de toutes les figures féminines que Molina admire tant. Tout en dialogue en ce qui concerne les deux prisonniers, l’histoire se fait touchante d'affection, d'amitié, portée par les tragédies superbes que conte Molina et qui préfigurent une fin inéluctable.

Un très joli roman, très pudique, sur les carcans que la société impose aux sexes mais aussi tout simplement une très jolie histoire.

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Le baiser de la femme-araignée

En 1976, au fond d'une prison à Buenos Aires, Valentin et Molina partagent la même cellule. Ils n'ont rien en commun, sauf d'être, chacun à sa manière, en conflit avec un certain ordre établi. Valentin, le plus jeune, est un prisonnier politique qui, malgré la torture, n'a lâché aucune information sur son réseau clandestin de résistance à la junte du général Videla. Molina, lui, est un homosexuel condamné pour détournement de mineur. Rien en commun donc, puisque l'un rêve de révolution et de justice sociale, tandis que l'autre rêve simplement d'amour. L'histoire ne dira pas lequel de ces rêves est le plus facile à réaliser, toujours est-il que, pour tenir, les deux hommes s'accrochent à leur idéal, se bercent d'illusions, plongent dans leurs souvenirs, imaginent la vie quand ils sortiront. Une chose les relie et permet le dialogue : les films que Molina raconte à Valentin, de vieux films américains des années 40-50, à l'eau de rose ou fantastiques, de zombies ou de femmes-panthères.



L'originalité de ce roman tient au fait qu'il ne constitue qu'un seul long dialogue entre Molina et Valentin, seulement entrecoupé de quelques rapports de police. Il n'y a pas de narrateur pour nous expliquer l'histoire des personnages, leurs comportements, leurs idées, leurs sentiments. Tout nous est donné brut de décoffrage, fragmentaire, progressif. A nous de reconstituer, renouer les fils, déduire, réfléchir.



Réfléchir, le mot est lâché. Car ce roman, avec sa trame minimaliste, est faussement simple. On commence avec deux détenus aussi différents que le jour et la nuit, dont l'un raconte des histoires à l'autre pour tuer le temps, et on en arrive à se demander lequel des deux est le plus « révolutionnaire ». Valentin, le subversif « primaire », évident, qui n'a que slogans et grands principes à la bouche, ou Molina qui, avec sa sensibilité de midinette et sa bonté envers Valentin, posera les actes qui modifieront, modestement mais réellement, le cours de l'histoire ? Lequel des deux est le plus proche de la vérité, de la réalité, de la liberté ? Car ils ne sont pas seulement enfermés dans leur cellule, victimes de la répression politique ou sociale. Ils sont aussi enfermés dans leur tête, aux prises avec des dilemmes irréductibles : Valentin est amoureux d'une fille qui ne cadre pas avec ses idéaux sociaux, Molina voudrait être une femme dans un pays où la virilité est une obligation. Toutes ces questions surgissent au fil des pages, et, alors qu'on observe l'évolution de la relation entre deux hommes, on s'aperçoit aussi que les femmes sont très présentes : la mère de Molina, la « camarade » de Valentin, et les femmes des films qui, toutes, sont victimes, d'une façon ou d'une autre, de la domination des hommes. Et la plus prisonnière de toutes : celle que chaque homme porte en lui, étouffée sous des strates séculaires de machisme. A ce petit jeu, Molina a quelques coups d'avance, conscient qu'il est de sa part de féminité, qu'il tente de libérer quoi qu'en disent les braves gens. Quand je vous disais que le subversif de l'histoire n'est pas forcément celui qu'on croit...



Le baiser de la femme-araignée est un roman captivant, touchant, avec plusieurs niveaux de lecture. Une toile complexe dont je n'ai sans doute pas réussi à démêler tous les fils...
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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison de Buenos Aires, deux hommes ont été réunis dans une même cellule. Deux hommes qu'a priori tout oppose. Molina, homosexuel condamné pour détournement de mineur, se rêve en femme et ne sait que s'évader dans l'imaginaire. Valentin, activiste communiste, ne vit que pour la lutte, dans l'espoir de changer un jour la société.

Nuit et jour, Molina raconte à Valentin les films qu'il chérit - de vieux films romantiques, où le sens importe souvent moins que la beauté des images et des sentiments et où une femme, toujours, se sacrifie pour l'homme qu'elle aime.

D'histoire en histoire, à force de parler, les deux hommes peu à peu s'apprivoisent, se découvrent et apprennent à s'aimer.



N'allez pas chercher, dans ce roman, une mise en scène de l'univers carcéral. Les seules descriptions, assez longues et détaillées, appartiennent aux films que raconte Molina, et l'essentiel de la narration repose sur les dialogues entre les deux hommes, assortis de longues notes de bas de page qui résument l'histoire du regard psychanalytique et sociologique sur l'homosexualité et, par delà, l'identité sexuelle. Des notes assez insolites d'abord, puis de plus en plus intéressantes par la manière dont elles sous-tendent l'intrigue principale et orientent sa lecture.



Derrière une histoire d'amour touchante entre deux hommes mis à l'écart de la société - une société dont leurs désirs ou leurs engagements contestent l'ordre établi - le Baiser de la femme-araignée est aussi un roman sur l'image de la femme, sur l'enfermement des sexes dans des rôles figés, réducteurs, et sur la nécessité de remettre en question les diktats plus ou moins conscients d'une société patriarcale.



Un très beau roman, où les mots de la liberté se conjuguent avec ceux du rêve.
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Les Mystères de Buenos Aires

Voici un livre bien déroutant, parfois très cru, voire inquiétant, avec une intrigue qui semble se voiler sous des mystères de plus en plus épais, et des personnages, névrosés ou sadiques, qui semblent constamment osciller entre rêve et réalité. Manuel Puig crée un canevas complexe, une sorte de collage aux éléments en apparence hétéroclites tels que ces dialogues de films qui ouvrent chaque chapitre, ou bien encore ces coupures de presses, ces bribes de conversations téléphoniques ou d’interviews, ces rapports d’autopsie autour desquels s’articulent la narration et la trajectoire des personnages. Fasciné par le cinéma hollywoodien, l’auteur en a gardé le sens de l’image, du glamour qui plane au-dessus de faits sordides. Enfin, dans ce roman, qui se passe en Argentine à la fin des années 60, affleurent les antagonismes politiques qui allaient se résorber dans la plus grande violence.
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Le baiser de la femme-araignée

Le baiser de la femme araignée (el beso de la mujer araña), est un texte constitué presque exclusivement d'un dialogue qui se tient dans une prison argentine entre un prisonnier politique: Valentin Arregui et un homosexuel: Molina. Tout le roman repose sur l'évolution surprenante des relations entre les deux hommes. Molina est manipulé par les services de police qui espèrent obtenir des renseignements sur le réseau auquel appartenait Valentin. L'essentiel des conversations est nourri par des récits de films américains de série B dont Molina est grand consommateur, à l'instar de l'auteur Manuel Puig. Il y a aussi les entrevues entre Molina et le directeur de la prison. Celui-ci négocie la libération de Molina contre des renseignements que lui donnerait son compagnon de cellule. Ce qui n'était pas prévu, c'est l'attachement croissant que va éprouver Molina envers son co-détenu...

Une oeuvre très originale, d'une grande intensité psychologique, qui a été interdite au moment de sa publication en Argentine en 1976, au moment du coup d'Etat.
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Le baiser de la femme-araignée

El Beso de la Mujer Araña

Traduction : Albert Bensoussan



Au coeur de l'Argentine de Videla, une cellule dans une prison de Buenos-Aires. S'y trouvent réunis un détenu politique, Valentin Arregui, chef d'un groupe d'opposants au régime qui, jusque là et malgré les tortures subies, n'a laissé passer aucune information véritable, et Luis Alberto Molina, homosexuel condamné pour détournement de mineur.



Les deux hommes - Molina est légèrement plus âgé qu'Arregui - ont fini par sympathiser. Plus chanceux qu'Arregui, Molina a encore sa mère qui, de temps à autre, lui envoie ou lui apporte des colis de nourriture dont il fait profiter son camarade de cellule. Et puis, Molina a tout de même des chances de sortir un jour ou l'autre de prison. Son avocat, on l'apprend d'ailleurs au début du roman, a bon espoir.



Chaque soir, avant de s'endormir, Molina a pris l'habitude de raconter à Arregui les films dont il a gardé le meilleur souvenir. Ce qui permet à Manuel Puig d'ouvrir son livre avec un récit magistral de "La Féline" de Jacques Tourneur. Joyaux du fantastique ou oeuvres de propagande, tout est bon en effet à Molina le cinéphile pour distraire celui qu'il nomme par son prénom, Valentin, alors que, on s'en aperçoit à la fin, ce dernier ne l'appellera jamais que par son nom de famille.



Il est vrai que, en espagnol, le "a" est une lettre féminine et que, peu à peu, au fur et à mesure que s'écoulent les jours d'enfermement et que Molina se met en quatre pour son voisin de cellule à la santé semble-t-il plus fragile, les rapports qui existaient entre les deux hommes subissent une douce mais irréversible mutation.



Peu importe si Molina est en fait un "mouton" contraint par l'administration pénitentiaire de tenter d'obtenir des renseignements décisifs en contrepartie de sa propre libération. Alors même qu'il en prend conscience, le lecteur sait que Molina ne trahira jamais Valentin.



Car le lecteur est aussi présent dans la cellule lorsque Molina incite Valentin à laisser de côté la nourriture de la prison (droguée de façon à le rendre malade et à affaiblir sa résistance) pour lui préférer celle qu'il parvient à obtenir du directeur sous couvert d'un colis que lui aurait envoyé sa mère.



Bien avant que Valentin s'en aperçoive, le lecteur a compris que Molina, qui se définit lui-même comme une femme, est tombé plus ou moins amoureux d'Arregui. Molina, en dépit du surnom de "femme-araignée" que lui donne par jeu son compagnon de cellule, n'a rien de la vamp : c'est une femme qui donne tout - y compris, pour finir, sa vie.



Manuel Puig ne recourt jamais à une analyse des pensées de ses personnages. Quand celles-ci surviennent, elles s'avancent en flot pressé et ressemblent plus à des images mentales, brutes de décoffrage, qu'à des réflexions muettes et profondes à la Marcel Proust.



A l'exception de deux entrevues avec le directeur de la prison et du rapport final sur la mort de Molina, "Le Baiser de la Femme-Araignée" est un immense dialogue entre les deux voisins de cellule et c'est par la subtilité et le naturel exceptionnels de ce dialogue que le lecteur prend pied peu à peu dans le mental des deux hommes.



Le procédé paraîtra peut-être déroutant à certains mais l'impression générale qui en ressort, c'est surtout l'admiration pour la maîtrise et la pudeur avec lesquelles Manuel Puig conduit son intrigue et ses personnages jusqu'à leur fin tragique mais inévitable. Il n'y a ici aucune trace de vulgarité ou de grossièreté et, lorsque le roman se clôt sur la mort d'Arregui, on a surtout la sensation d'avoir lu une belle, une grande histoire d'amour et d'amitié. ;o)
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Le baiser de la femme-araignée

Dans une prison argentine, au milieu des années 70, deux détenus partagent une cellule, les colis alimentaires de la mère de l'un d'eux et les minutes qui passent. Et pour qu'elles passent plus vite, Molina, un homme qui se sent femme et qui est là pour une histoire de moeurs, raconte les films qu'il a aimés à Valentin, prisonnier politique.



Ce roman est vraiment particulier par sa construction même. En effet, le lecteur n'aura droit qu'aux dialogues entre les deux détenus, agrémentés petitement par les dialogues de l'un d'eux avec l'administration, le tout entrecoupé de récits de films dramatiques, parfois via des phrases uniques qui s'étalent sur plusieurs pages. Je passe les notes en bas de page beaucoup trop denses qui nous apportent les thèses de Freud et d'autres psychanalystes sur l'homosexualité.

Les parties réservées aux dialogues se lisent très très vite tandis que les scènes de film sont quasi envoutantes. Comme le roman a été écrit en 1976, on peut supposer que le sujet de l'homosexualité et des transgenres était assez subversif. Pourtant l'écriture de Manuel Puig est simple, sans fard.



Il est assez rare de lire un roman où aucune description ne vient aider le lecteur à planter le décor et dans lequel à aucun moment on n'aborde la psychologie des personnages. Comme tout passe par les dialogues, que ceux-ci en dehors des récits cinématographiques, sont simples, voire simplistes ("Bonjour - as-tu bien dormi? - je te prépare du café ou un thé? - tu as été chercher de l'eau? - tu as mal au ventre?..."), c'est assez compliqué pour le lecteur de bien appréhender ces personnages. J'ai d'ailleurs régulièrement du réfléchir pour savoir qui avait la parole bien qu'ils ne soient que deux.

Est-ce que j'ai aimé ou pas ce roman? Bien difficile de répondre à cette question... il m'a plutôt laissé un drôle de sentiment, une sensation qui m'échappe. C'est sans contexte la lecture la plus étrange à laquelle je me sois confrontée cette année.

Comme un film a été adapté et qu'il a rencontré le succès, je vais laisser passer un peu de temps avant de le regarder. Peut-être que de nouveaux fils de compréhension de l'intention de l'auteur m'apparaîtront au visionnage...
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Le plus beau tango du monde

Le plus beau tango du monde de Manuel Puig

Échange de lettres entre Nelly Massa et Doña Léonor suite au décès de Jean Charles fils de cette dernière à l’âge de 29 ans. Nous n’avons que les textes de Nelly, nous ne pouvons que deviner la teneur de celles de Léonor. Entre deux lectures, Nelly écoute de la musique, un tango qui raconte les malheurs d’un homme qui a perdu sa bien aimée. Peu à peu on comprend que Nelly a fréquenté Jean Charles et qu’ils ont eu un très important échange épistolaire et qu’elle aimerait récupérer ses lettres. Mais peu à peu le ton change, Léonor semble ne pas avoir reçu la lettre dans laquelle Nelly voulait récupérer sa correspondance et cette dernière s’énerve en accusant la fille de Léonor de vouloir lui nuire. Les courtes missives de Nelly se transforment en nouvelles journalières entre sa vie avec son mari qu’elle déteste( qu’elle adore dans une autre lettre) et l’origine de sa brouille avec Célina la fille de Léonor qu’elle avait connue très jeune à l’école. C’est l’intégralité de la vie de Nelly qui va surgir dans des lettres de plus en plus longues et détaillées. On apprend sa liaison avec Jean Charles qui déplaît à ses parents qui apprennent sa maladie et lui conseillent de ne plus le voir jusqu’à sa guérison. Nelly de son côté interroge une « conseillère » dans un journal ne sachant plus quoi faire. Elle court après Jean Charles et le docteur Aschero court après elle. En avril 1937elle n’avait toujours pas cédé à Jean Charles. Retour sur le traitement de ce dernier, atteint de la tuberculose, dans un sanatorium à travers des échanges de lettres avec Nelly, on ne connaît que ce qu’il lui écrit.

Critique à peine voilée d’une certaine société argentine, désœuvrée, se nourrissant de ragots et de feuilletons radiophoniques, le ton est humoristique, un rien moqueur, on s’ennuie ferme et les journées sont longues, alors on écoute de la musique, le tango et ses paroles rythment le temps.

Le style est particulièrement original avec des échanges épistolaires dont Puig ne nous fournit que des fragments, au lecteur de reconstituer la teneur de l’histoire. Dialogues intérieurs, monologues et dialogues mélangés, c’est un curieux et fascinant roman qu’a construit Manuel Puig, auteur du célèbre « Baiser de la femme araignée ».

Un style à découvrir.

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Le baiser de la femme-araignée

Et si le lion de la MGM s’installait sur le divan de Freud ? Voilà une idée bien alléchante que Manuel Puig a proposée comme source et inspiration à son baiser de la femme araignée. Mais avant d’être définitivement ferré, je me suis laissé appâter par le titre pour le moins bizarre et la couverture digne d’une affiche de cinéma : une femme dans une longue robe de soirée, portant une voilette, se tient juste devant un mur où, d’une ouverture dans la paroi, des bras nus s’agrippent à des barreaux.

Dans les geôles de la dictature argentine, deux hommes aux caractères opposés partagent la même cellule. Valentin est un jeune guérillero plein de fougue et de conviction alors que son compagnon de cellule Molina, un peu plus âgé, se retrouve en prison pour détournement de mineurs. De ces deux êtres, que la sociabilité restreinte se limiterait en temps normal à celle partagée sur un siège de métro, vont se dévoiler au rythme des films que Molina raconte et reflète de manière subtile et insidieuse la sensibilité de chacun. Ode à l’âge d’or du cinéma européen de l’entre deux guerres, la lecture de ce roman m’a donné envie de mieux connaître ce cinéma qui ne s’affiche plus que dans les cinémathèques. L’exposé en exergue sur les origines et raisons (inventées ou véridiques … ) de l’homosexualité s’est révélé, mêlé au récit de cette rencontre, un utile plaidoyer à l’acceptation de la différence.

Prenez le temps de le lire, en plus d’une séance car comme dit Eddy

« C'était la dernièr' séance

Et le rideau sur l'écran est tombé

Bye bye les héros que j'aimais

L'entracte est terminé

Bye bye rendez-vous à jamais

Mes chocolats glacés, glacés. »

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Les Mystères de Buenos Aires

LES MYSTÈRES DE BUENOS AIRES de MANUEL PUIG

Playa Blanca, mai 69, Clara s’éveille, sa fille Gladys dort à côté dans sa chambre avec une crise de prostration nerveuse, on l’avait crue guérie et puis le retour dans le milieu artistique de Buenos Aires l’avait fait replonger. Clara repense à la mort de son mari, la perte financière, le séjour de Gladys aux États Unis. Elle rentre dans sa chambre, elle a disparu, seul son manteau est manquant. Mai 69, Buenos Aires, un homme dans une pièce avec une femme sur un lit, très blanche, les mains attachées en arrière avec une cravate, bâillonnée, Gladys? Jeune elle avait un talent pour le dessin, avait eu une bourse pour étudier à New York, premières expériences sexuelles, choc de la rencontre avec Léo Druscovich, l’immense critique d’art qui lui dit adorer ses sculptures, elle n’a qu’une envie le revoir, lui veut qu’elle soit la représentante de l’Argentine pour la grande exposition mais une autre avait déjà été choisie…

On navigue entre un univers romanesque et un bon vieux polar aux accents hollywoodiens. Chaque chapitre s’ouvre sur un dialogue de vieux films américains et la description des personnages fait penser à un gros plan cinématographique . On est dans la parodie, Puig se joue des codes et nous entraîne dans un récit complexe erotique et inquiétant. Un écrivain vraiment original.
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Le baiser de la femme-araignée

Ce livre écrit en 1976 peut se targuer de pas mal d'originalités et de diverses tentatives. Plusieurs formes et styles dans un livre. Un genre de Contes des mille et une nuits, sous forme de films racontés par un détenu plus ou moins pédophile et homosexuel à un autre détenu pour des faits politiques ou terroristes. Le premier essayant d'obtenir des informations sur le second afin d'avoir une remise de peine. L'auteur ajoute de longs (beaucoup trop longs) extraits de théorie essentiellement psychanalytique (Freud, Fenichel, etc.) concernant la pédophilie, l'homosexualité (causes, etc.), très vieillotte théorie et assez lourde à lire.

Des dialogues (très proche du langage parlé donc) aussi entre les détenus, entre détenu et directeur de prison... Et donc la narration de films... censés éclairer ou divertir mais qui au fond je trouve n'apportent pas grand chose... Et le rapprochement aussi de ces deux hommes différents, à travers cet espace confiné et ces histoires... Une galère en commun. La prison.

Bref, plein de choses dans ce roman touffu qui n'est pas très maîtrisé selon moi, se révélant du coup difficile à lire et où l'on se perd sans réel plaisir. Prendre ce "on" pour un "je" et se faire soi-même son avis. Mais pas un indispensable...



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Le plus beau tango du monde

Ce qui m'a attiré dans ce livre est le titre. Je m'attendais à lire un texte beau et poétique.

Le début commence bien et de manière originale: une lettre de l'héroïne envoyée à une dame dont on devine les réponses dans la lettre suivante (toujours de l'héroïne) et ainsi de suite.

Mais très vite, l'histoire d'amour ancrée dans le passé mêlée aux rivalités avec la meilleure amie, la soeur etc m'ont donné l'impression de lire une telenovela !

Loin de m'avoir touché, ce livre ne restera pas longtemps gravé dans ma mémoire.
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Le baiser de la femme-araignée

LE BAISER DE LA FEMME- ARAIGNÉE de MANUEL PUIG

Dans une prison de Buenos Aires, deux prisonniers partagent une cellule, Molina, homosexuel arrêté pour détournement de mineur et Valentin, un guérillero urbain. Pour oublier leur détention Molina raconte à Valentin des films, des scénarios et progressivement leur rapport va évoluer vers une amitié amoureuse. Ce que Valentin ne sait pas c’est que Molina a un accord avec les autorités pour lui extorquer des informations et faire tomber son groupe révolutionnaire.. Entre ce marché et son amour pour Valentin, Molina va devoir choisir.

Un livre prenant, magnifique, je vous le conseille ainsi que le film du même titre avec William Hurt dans les années 80.
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Le plus beau tango du monde

En publiant en 1969 Le plus beau tango du monde, Manuel Puig entrait pleinement dans le cercle de ces auteurs sud-américains virtuoses, inventeurs de monde ou de langues, ce qui revient souvent au même. Dans ce roman, Puig oublie la linéarité de la narration, mais c’est pour mieux photographier par les lettres et les mots une Argentine aux vies multiples qui se croisent et s’écroulent parfois, comme partout dans le monde.



L’histoire, s’il faut qu’il y en ait une, c’est celle des vies de jeunes Argentins et Argentines, originaires de Vallejos mais qui regardent vers Buenos Aires, la grande capitale, avant de s’y installer peut-être, à moins qu’ils ne préfèrent l’air pur de Cosquin pour leurs poumons viciés, et ces vies d’hommes et de femmes sont faites d’amour, naturellement, de souvenirs aussi beaux que douloureux et de souci pour la position sociale. Le roman débute par la nécrologie de Jean-Charles Etcheparre, atteint et emporté par la tuberculose à l’âge de 27 ans, et qui est le personnage central de ce roman, au sens où il rassemble autour de lui les amours et les jalousies.



C’est la forme du récit qui fait la force du roman. Maniant les genres et les sous-genres littéraires, passant de l’article de journal au dialogue puis au monologue, au monologue intériorisé qui s’enlace avec le dialogue, cherchant les petits détails dans des récits descriptifs, laissant libre cours à la narration, Puig s’intéresse aussi bien aux passions amoureuses qui conduisent aux meurtres qu’aux récits imaginaires radiophoniques qui narrent d’autres amours dans d’autres contrées en d’autres époques. Cette multiplication des modes de narration permet une multiplication des points de vue, souvent subjectifs mais qui décrivent les évènements de la vie tels qu’ils ont été vécus et tels qu’ils sont racontés, avec cette part éminemment personnelle et donc fausse, mais qu’est-ce que le vrai dans une œuvre de fiction ?
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Le baiser de la femme-araignée

Deux hommes emprisonnés dans une prison sordide de Buenos Aires se lient d'une étrange amitié. L'un des deux, fan de cinéma, va faire à son compagnon de cellule le récit de ses films préférés, réels ou imaginaires, dans une sorte de Décaméron moderne. Le texte est presque exclusivement composé des dialogues entre les deux hommes. Au fil des récits, une histoire de noue entre les deux hommes, faite d'amitié, de confidences savamment dosées, d'amour peut-être. Mais l'enfermement n'est pas que physique, il est aussi psychologique. Peut-on, pour sauver sa peau, trahir la confiance de l'autre ? Faut-il, pour la cause révolutionnaire, et au nom de cette amitié, mettre sa vie en jeu ? Une réflexion intéressante sur l'identité masculine, dans une société plutôt conservatrice sur cette question, sur la liberté face aux pressions sociales ou politiques.
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Les Mystères de Buenos Aires

Les Mystères de Buenos Aires titre parfaitement adapté à l’ouvrage tant la narration et l’intrigue sont retorses. Une histoire un peu tordue dans laquelle on se perd et il faut prendre son mal en patience pour savoir ou l’auteur veut en venir.

Toutefois même si la lecture des scènes éparpillées, façon puzzle au quatre coins et temps de Buenos Aires, est parfois pénible, le style soutenu est accrocheur et donne envie de poursuivre. Mais il génère quand même quelques interrogations: Puig prend il le lecteur pour un gobe-mouches?

On est, plus dans L’abrazo et l’improvisation du tango argentin (tu veux ou tu veux pas ? ou je t’aime moi non plus ) que dans le paso-doble plus martial et plus direct. C’est l’esprit affectif sud américain sans doute



Donc Puig dans sa narration virevolte et passe du coq à l’âne: du compte-rendu à l’article de journal, ensuite interrogatoire policier (façon Juve et Fandor Tu mens ! Tu mens ! Tu mens ! Il ment ! Il ment !), monologues sexuels fantasmés, rêvés ou non, séances de « En thérapie » façon Philippe Dayan, autopsie façon Kay Scarpetta, interviews, échanges téléphoniques (façon Fernand Raynaud car l’interlocuteur ni répond, ni ne toussote), scripts de cinéma  façon France Roche, et bien d’autres qui nous perdent un peu ( un pas en avant deux sur le coté) mais cela intrigue suffisamment pour nous inciter à ne pas lâcher le bouquin: on sent qu’il y a quelque chose au bout de la ligne.

On navigue entre deux eaux et au radar ce qui est certain c’est que les personnages sont pour le moins assez perturbés et leurs occupations sexuelles et psychiques sont au centre de toutes les pensées c’est parfois un peu balourd même signifié cliniquement.

On est assez loin du « comment vont tes amours »de Bridget Jones mais on n’est pas non plus dans « les promises » de Grangé

Masto, Mbite, Mbinda y’en a !Comme dit le gabonais en Tolibangando pour corser le mystère sur américain..

En fin de compte on n’est pas sur à la fin d’avoir tout compris: on verra à la relecture si besoin est et si vous avez un peu de courage c’est un livre pour vous: il n’y a que le premier pas qui coûte!

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Le baiser de la femme-araignée

Le baiser de la femme araignée est avant tout un dialogue, dialogue entre deux hommes, dans une prison argentine. Deux prisonniers que tout sépare : Valentin est un activiste politique idéaliste, Molina un transsexuel arrêté pour détournement de mineur. Ils n'ont rien en commun, a priori rien à se dire, et pourtant pour tromper la solitude et l'ennui, Molina va raconter à Valentin des films qu'il a aimé, histoires d'amours ou films de propagande Nazie, vieux films fantastiques, peu importe. Et au fil des récits viennent les confidences, des discussions progressives, des révélations sur l'un et sur l'autre, la naissance d'une certaine compréhension, d'une amitié puis une histoire d'amour.

Les dialogues ne sont pas écrit de manière réalistes, ce qui m'a parfois gêné mais cela n'importe finalement que peu, car c'est un livre qui a l'ambiance et la pudeur flamboyante de certains vieux films en noir et blanc, qui est une évasion par les mots et à la fois une rencontre.
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Le baiser de la femme-araignée

J'adore William Hurt, j'ai vu le film car il était dans le cast et j'ai adoré l'histoire. J'ai ensuite lu le livre, et j'ai super adoré. J'ai aussi vu la pièce de théâtre. Ce livre m'a fait découvrir Manuel Puig - j'ai presque tout lu de lui - qui a un style particulier, un peu romantique, un peu kitsch, une écriture sans trop de descriptions et beaucoup de dialogues. J'adore l'histoire de Molina, qui rêve l'homme parfait, et qui devient cette héroine qui sacrifie tout par amour. Ce livre parle d'homosexualité, mais aussi de politique, de torture, du régime argentin qui a fait beaucoup de victimes. On y retrouve des histoires dans l'histoire - les films racontés par Molina pour soulager la souffrance de Valentin -, qui se font écho et qui mènent le lecteur jusqu'à cette île de la dernière page. Bien structuré. Magnifique.
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