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Citation de AMR_La_Pirate


Jordi Anfruns, sociologue sexuel

Il est introduit par un soi-disant majordome vu ses manières, mais habillé en chauffeur, qui se demande quel accueil son maître peut réserver à cet intrus pas très reluisant. Les yeux de M. Gispert prononcent la même sentence. Cet homme a des mâchoires puissantes, une poitrine puissante, une tête puissante émergeant d’une veste d’intérieur blanche, il est vautré dans une puissante chaise longue [en français dans le texte] d’un jardin puissant, doté de l’inévitable et puissante piscine. À côté de lui et par contraste se tient la petitesse d’une figurine de femme éplorée. La petitesse de la femme accroit l’immensité de l’homme, et les larmes excitent le ton rude et dominateur.
- Pour moi, elle était déjà morte.
- Ma petite !
- Tais-toi, maquerelle. C’est en grande partie de ta faute. Tu me reprochais d’être trop dur avec elle, et tu n’arrêtais pas de la protéger quand elle avait de mauvaises notes et rentrait tard le soir.
- Elle voulait être actrice.
- Actrice ! Actrice. Je savais très bien ce qu’elle voulait être.
Carvalho assiste dans son coin à l’inutile scène de ménage, à ce duel d’opinions qui va les accompagner jusqu’à la fin de leurs jours.

[…]

Un ex-cinéma de vieilles putes et de branleuses sur le retour de l’après-guerre, transformé en local de répétitions pour des compagnies théâtrales indépendantes, à en croire les plans de la commission culturelle d’une mairie démocratique décidée à faire oublier au public, grâce au théâtre, la médiocrité de la vie quotidienne. […]. Plus rien n’est comme avant, grommelle Carvalho. Il faudrait rétablir le théâtre en vers. Restaurer l’archéologie culturelle au lieu de la parer de modernité.

[…]

Une femme d’une cinquantaine d’années, très nerveuse, se lève, se racle la gorge, s’exprime avec difficulté.
— j’aimerais vous demander… enfin… Vous avez beaucoup parlé des fascistes… et des libéraux, mais les communistes ? Sont-ils des violeurs ? Je veux dire ont-ils cette agression sexuelle à l’esprit ?
– Vous êtes communiste, madame ?
La dame poussa un petit cri.
— oh non ! Dieu m’en préserve !
— Je vous pose cette question car, si vous l’étiez, vous comprendriez beaucoup mieux ma réponse. Les communistes sont capables de doser leurs pulsions sexuelles en fonction des besoins du parti.
Quelques oh admiratifs et effarouchés dans la salle, des approbations de parterre d’opéra. Une autre dame se décide, après les mêmes hésitations que la précédente.
— Excusez-moi… J’aimerais savoir si on peut établir une classification par profession… Quelle est la profession sexuellement la plus agressive ? C’est qu’il m’est arrivé une fois… enfin… un plombier… a dépassé les bornes.
Une étincelle de malice apparaît sur le visage d’Anfruns tourné maintenant vers Carvalho, qui est assis dans le public.
— Par profession, les plus agressifs sont sans aucun doute les détectives privés. La séance est terminée.

[…]

— Vous êtes d’une bonne famille, Anfruns ?
— Oui. À quoi l’avez-vous deviné ?
À votre façon de mépriser. Ça se tête au berceau.

[…]

Elle est infidèle à son mari et nous ne lui en voudrons pas, car vous savez aussi bien que moi qu’un mari est le plus ennuyeux des animaux domestiques. Je me trompe ?
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