Limites planétaires #3 : Comment vivre dans un monde fini ?
Conférence enregistrée en public pour la sortie du livre "Dernières limites" (Rue de léchiquier, 2023) de la journaliste Audrey Boehly. Avec la participation de locéanographe Philippe Cury, de lagronome Marc Dufumier, et de la sociologue Dominique Méda.
Dans un rapport publié en mai 2013, la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) recommande l'élevage d'insectes et leur consommation. Elle considère qu'ils peuvent être une solution pour lutter contre la faim et la malnutrition dans le monde, étant particulièrement riches en protéines, fibres, vitamines et minéraux. (...)
Dans notre pays, la consommation d'insectes reste encore accidentelle lorsque, faisant notre jogging, nous courons la bouche grande ouverte.
« Mon engagement est celui d’un agronome, d’un scientifique qui ne croit en rien d’autre qu’aux analyses étayées et aux faits établis, et à la nécessité de diffuser ce savoir. Chaque citoyen, chaque consommateur mérite d’avoir une vision claire et fiable de ce qui se passe dans nos assiettes et dans nos campagnes. J’espère que ce livre y contribuera. »
L'agriculture biologique est une agriculture savante. Elle redécouvre des savoir-faire anciens accumulés par des générations de paysans, remet en culture des variétés disparues et, dans le même temps, s'appuie sur la recherche scientifique qui a fait de nombreuses découvertes sur la biologie des sols et en a beaucoup d'autres à faire.
Le tapis de broyat constitue par ailleurs une couverture qui protège la couche arable de l'agressivité des pluies et des variations de température extrêmes.
Il existe d'ores et déjà des familles qui parviennent à manger bio pour pas plus cher. Ce sont pour l'essentiel des gens qui achètent localement leurs denrées alimentaires, en circuit court, et évitent ainsi de faire face à des coûts de transport et de distributions très élevés.
Un tiers de la production alimentaire mondiale serait purement et simplement gaspillée.
Pour nourrir correctement un adulte, sans aucune insuffisance nutritive, il faut disposer annuellement de l'ordre de 200 kilogrammes de céréales (ou son équivalent en pommes de terre, manioc, patates douces, etc.) par habitant. Or, la production mondiale dépasse déjà aujourd'hui en moyenne les 330 kilogrammes d'équivalent-céréales par personne et par an. Toutefois, le drame est que les populations les plus pauvres ne bénéficient toujours pas d'un pouvoir d'achat suffisant pour se les procurer.
Au Brésil, un hectare de terre peut nourrir 50 végétariens mais seulement deux carnivores.
"Mieux vaut donc ne pas suivre un régime gluten free sans avis médical, et quitte à se passer de pains et de pates, il faut y subistuer du sarrazin et du quinoa, qui ne comportent pas de gluten et dont la composition est plus équilibrée."
La chance de la France, c'est de pouvoir fournir, à des prix rémunérateurs, des produits soignés et de terroir, d'une haute valeur ajoutée gustative, environnementale et sanitaire. Une agriculture plus artisanale, moins robotisée, plus diversifiée. Les vins et spiritueux comme les bons fromages pèsent déjà pour près de deux tiers dans l'excédent de la balance commerciale française.
Nous n'avons aucun intérêt, au-delà de nos besoins européens, à nous lancer dans la course internationale à la production à moindre coût.