J'ai peu voyagé étant môme : les vacances s'étiraient, avec une lenteur de voie romaine, dans le vert gras de l’été champenois. Je rêvassais sous les treilles de vigne, dans les bras des hêtres tortillards, dans la fraîcheur de leurs feuilles duveteuses. Je lézardais au bord de la rivière, sur le calcaire chaud des prairies sèches, allongé jusqu'au cou dans les herbes et le sautillement des insectes. Je guettais le bleu chicorée, le rose salicaire, le duvet des typhas.