Plutôt que de saisir le réel, ils ont choisi d'investir la réalité de manière provocante, incongrue et pour certains choquante. Et ces démarches qui visent, avec plus ou moins de succès, à prendre place dans le réel, à faire irruption dans l'espace public et dans la société, constituent l'un des tournants majeurs de la création artistique lors de son passage de l'art moderne à l'art contemporain.
Est dit "contemporain" un type d'art qu'on ne peut assimiler totalement à aucun des mouvements et courants antérieurs à la modernité, ou aux avant-gardes de la fin des années 60, par exemple à l'art conceptuel, au pop art, au land art, ou au body art, etc..
L'art qui s'impose, dans les années 80, sous le qualificatif de "contemporain", tente de se définir sans référence explicite au passé. Il n'y parvient qu'imparfaitement.
En revanche, appliquer à l'art moderne le diagnostic établi au début du XIXe siècle par Hegel à propos de l'art romantique, et qui prédit la dissolution de l'art dans la philosophie et la théorie de l'art, n'est pas complétement absurde.
Cela signifie que l'art continue de vivre sous des formes jusque-là inédites.
Et l'idée d'une fin de l'art à l'époque contemporaine, une fin qui ne serait ni sa mort réelle ni sa disparition, mais plutôt sa dispersion sous la forme plus éthérée d'expériences esthétiques multiples, est effectivement au cœur de nombreuses problématiques actuelles.