Je ne bouge pas. Je pleure. Même avec ces professeurs et ce retard impossible à combler. Même avec cette faillite. Même avec mon père moqué, méprisé. Il y a forcément un moyen. Il y a forcément un chemin.
"Mon père pousse la porte de la chambre et s'arrête sur le seuil. J'ai huit ans. A cet âge-là, une chambre est un chantier permanent. Chaque chose compte. Des draps blancs et un matelas? Une montagne enneigée. Des draps bleus? Une vue sur la mer. Les montants en fer du bureau sont des antennes de radio pour communiquer avec l'espace. Étalées à plat sur le parquet, mes bandes dessinées sont des routes vers les montagnes autrichiennes, les lacs suisses, les plaines de Mongolie."
J'écoute, silencieux. Je les regarde défiler. Ils auront une descendance. Ils se donneront une cause. Ils enterreront leurs rêves. Ils diront qu'ils n'ont pas eu le choix. Aujourd'hui, ils ont le droit d'être tristes, jusqu'à demain. Ils diront à leurs collègues qu'un "proche est mort". Ils seront "désolés de ne pas être très souriants". Ils pourront partir plus tôt du travail, puis passeront à autre chose. Ils sont tristes maintenant. Mais qui l'a aidé? Je veux dire, vraiment aidé.