On fera donc ici l'hypothèse qu'en enseignant aux jeunes à penser juste dès l'école, à partir d'une meilleure connaissance du pourquoi nous pensons parfois faux, ils deviendront des citoyens digitaux prudents, critiques et conscients des pièges tendus par les sirènes de la désinformation.
Les mensonges et la désinformation existaient bien avant la toile. Internet les a toutefois accentués, démultipliés, et leur a assuré une audience démesurée.
Se situant donc au-delà du vrai et du faux, la post-vérité fait référence, selon l'Oxford Dictionnary, à " des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l'opinion publique que l'appel aux émotions et aux opinions personnelles".
L'éducation au doute vise à promouvoir, chez les élèves, un rapport au savoir à la fois prudent et confiant, mais aussi nuancé et critique. L'installation progressive d'une telle conception du savoir est une fois de plus l'affaire de tous les enseignants.
Par fidélité à leur conception du monde, des personnes passent ainsi une bonne partie de leur temps à réfuter des données qui pourraient conduire à prendre des mesures collectives fortes.
Nous estimons naïvement que des affirmations hermétiques, mais likées par des milliers de personnes dont nos "amis", ne peuvent être que sagaces, même si leur sens précis nous échappe.
Dans la cacophonie cognitive que nous subissons, la peur a toutes les qualités pour attirer notre attention au-delà du raisonnable.
La perte de repères et la détresse face à l'inconnu et face à un monde difficile à déchiffrer nous poussent dans les bras d'explications faciles, rapides et réconfortantes par leur clarté même, quelle que soit leur crédibilité.
Il arrive que l'on pense mal aussi parce qu'on a intérêt à ne pas penser juste
On parle de biais cognitifs pour désigner des façons de penser irrationnelles, mais systématiques.