Retour en Éthiopie de
Marc de Gouvenain
Métahara, dix heures du soir [...]. L'air chaud sent bon le gas-oil, un camionneur penché à sa portière échange une dernière plaisanterie avant de repartir, deux autres bricolent dans le noir un amortisseur de la remorque. La nuit est douce, les filles étaient gentilles. Demain matin, lasses et soucieuses, elles traîneront les pieds et auront mis un fichu sur leurs cheveux défaits. Profiter de la nuit pour traîner de bar en bar, pendant qu'elles sourient encore, pour prendre goût à leurs robes de nylon fleuri et éteindre les passions à la bière. Puis je dormirai ici, bercé par le ronflement des camions.
Non loin, au pied du Fantale - cette montagne qui fume encore et qu'entourent d'immenses coulées de lave noire, stérile, comme à peine refroidie -, dans des huttes cernées de branches épineuses pour protéger des hyènes leurs quelques chèvres, et d'un cercle de pierre pour se protéger eux-mêmes des mauvaises influences, les Caraïous eux aussi doivent entendre le ronflement d'un monde qui avance d'un pas qui n'est pas le leur.
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