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Citations de Marcel Aymé (464)


Arsène complimenta la vouivre, lui dit qu'elle avait l'air d'une fille de Marquis. Elle sourit de plaisir et ouvrit son sac de cuir pour se mirer dans la glace...
Le fermoir de la poche ayant cédé, une tête de vipere émergea lentement. A la table des mangeurs, une fillette poussa un cri et manqua s'étrangler. Arsène n'avait pu s'empêcher de reculer sa chaise. Du bout des doigts, la Vouivre appuya sur la tête du reptile, la fit réi,tégrer la poche et referma le sac.
- Je te vois de plus en plus rarement, dit-elle doucement. Et toujours pour me dire que tu n'as pas le temps.
Est-ce que tu me trouves moins jolie ?

Le tailleur clair, les bas de soie, le chapeau souple qui adoucissait le visage de la Vouivre, la poude, le rouge à lèvres, les gants ajoutaient à sa beauté un mystère de féminité...
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Que la presse entière feignit d'ignorer qu'il existait des millions d'individus tenant pour telle opinion ou en réduisît le nombre à quelques dizaines de milliers d'imbéciles et de vendus, il y avait là, songeait-il, un mensonge colossal. Il en arriva ainsi à conclure qu'une partie de la France manœuvrait à donner le change sur ses convictions, l'autre partie affectant de croire que certaines façons de penser n'avaient d'existence ni dans le présent ni dans le passé.
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Mme de Léré :
Octave prétend que c'est en lisant la vie de Saint François d'Assise que lui sont venues ces idées bizarres.

Le curé :
Le comte a été touché par la grâce. Évidemment, c'est ennuyeux.
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D'un regard, M. Jourdin s'assura que le poêle était allumé. Puis il frappa sa table d'un coup de règle et dit en soulevant ses lunettes :
- Je commencerai mon cours lorsque messieurs du fond auront fait silence.
Il se fit aussitôt un silence total ; le professeur remit ses lunettes. Messieurs du fond étaient six, dont cinq élèves de troisième A, tous cancres, et un élève de troisième B. Salignon, l'élève de troisième B, ne s'intéressait qu'aux mathématiques.
On le réputait mauvais esprit.
Le soin qu'avaient pris ces vauriens de choisir les bancs les plus éloignés de la chaire magistrale témoignait sûrement de leur indignité...
(extrait de "A et B", nouvelle incluse dans le recueil paru chez "Folio" en 2003)
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Il nous prend, dirent les parents, qu’on ne veut plus d’un chat qui passe sa patte derrière son oreille tous les soirs. Assez de pluie comme ça. Puisque tu aimes tant l’eau, mon garçon, tu vas en avoir tout ton saoul. Dans cinq minutes, tu feras ta toilette au fond de la rivière.
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L’agrément de la vie, c’est de choisir en ayant l’air d’ignorer le hasard.
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À l'entendre, la classe ouvrière devenait une divinité mille-pattes apparaissant à la fois comme une théorie de martyrs extatiques, une armée haillonneuse de paladins assoiffés d'héroïsme, et une procession d'archanges à culs roses.
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Les voilà qui rentrent. En voyant les morceaux du plat en faïence, les parents furent si en colère qu’ils se mirent à sauter comme des puces au travers de la cuisine.
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À vrai dire, la modestie de Mme Haudouin répandait une odeur un peu forte qui incommodait parfois son époux.
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Sur le chemin de l'école en traversant les prés,Delphine et Marinette virent un petit coq...
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Mais au fond, cette idée-là lui serrait le cœur. A quarante-cinq ans, s'en aller travailler à la ville, ne plus sentir la motte de terre qu'on écrase du nez de son sabot sensible comme un orteil, n'attendre plus rien de la pluie ou du soleil, ne plus être seul sur le milieu de l'horizon... mais buter du regard sur des murs et sur des ferrailles, manier les outils de tout le monde, pisser à heures fixes sur un bout de tôle...S'il le fallait, bien sûr.
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Mme Haudouin ignorait tout de l'hygiène intime, et il fallait l'occasion d'un accouchement pour qu'elle consentît à porter le savon plus haut que la jarretière. Ce défaut d'hygiène (...) n'indiquait pas une répugnance de l'eau et du savon, car il arrivait à Mme Haudouin de se laver les pieds et toujours avec satisfaction ; il était simplement la conséquence d'une modestie chrétienne (...).
A vrai dire, la modestie de Mme Haudouin répandait une odeur un peu forte qui incommodait parfois son époux.
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Après avoir mis de l'ordre dans son ménage et rajusté son chignon, elle avait recommandé son âme à Dieu, non sans aigreur. Décrochant la suspension de faïence bleue, elle s'était pendue à la place. L'Aurélie était morte presque sur le coup, les pieds en flèche, le visage pas beau.
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(...) devenue pâle subitement, elle serra le bras de son mari et dit très haut :
" Je digère mal mon dîner."
D'un même mouvement, les huit personnes qui stationnaient là tournèrent la tête, examinant avec une sympathie reconnaissante la victime qui offrait à leur attente une si heureuse diversion.
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Prendre l'air? Oui, il sait ; il y a des gens qui sortent pour prendre l'air, des gens qui ont de l'argent placé et un habit du dimanche. Lui, Brûlebois, il sort pour prendre un verre. Prendre un verre, c'est une réalité plutôt facile à apprécier, tandis que "prendre l'air", ce serait plutôt une (...) locution résumant les joies inconnues de ces hommes à l'air gêné qui se dandinent au bras de leur épouse, en surveillant (...) une progéniture qui s'ennuie dans des costumes neufs (...).
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M. Mouron, son sous-chef de bureau, appelé à d'autres fonctions, fut remplacé par un certain M. Lécuyer, qui avait la parole brève et la moustache en brosse. Dès le premier jour, lé nouveau sous-chef vit de très mauvais œil que Dutilleul portât un lorgnon à chaînette et une barbiche noire, et il affecta de le traiter comme une vieille chose gênante et un peu malpropre. Mais le plus grave était qu'il prétendît introduire dans son service des réformes d'une portée considérable et bien faites pour troubler la quiétude de son subordonné. Depuis vingt ans, Dutilleul commençait ses lettres par la formule suivante : « Me reportant à votre honorée du tantième courant et, pour mémoire, à notre échange de lettres antérieur, j'ai l'honneur de vous informer ... » Formule à laquelle M. Lécuyer entendit substituer une autre d'un tour plus américain : « En réponse à votre lettre du tant, je vous informe ... » Dutilleul ne put s'accou­tumer à ces façons épistolaires.
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Mais ce n'était pas pour admirer des souvenirs historiques que la bande organisait ses lointaines expéditions. Un seul objet au milieu de la vitrine retenait l'attention passionnée des six écoliers. C'était une paire de bottes qu'accompagnait également une petite pancarte sur laquelle on lisait ces simples mots : "Bottes de sept lieues" et auxquelles le traité de Campo-Formio, les Marat, Félix Faure, Napoléon, Louis-Philippe et autres grandes figures de l'histoire conféraient une autorité presque incontestable. Peut-être les six enfants ne croyaient-ils pas positivement qu'il eût suffi à l'un d'eux de chausser ces bottes pour franchir sept lieues d'une seule enjambée. Ils soupçonnaient même que l'aventure du Petit Poucet n'était qu'un conte, mais n'en ayant pas la certitude, ils composaient facilement avec leurs soupçons. Pour être en règle avec la vraisemblance, peut-être aussi pour ne pas s'exposer à voir la réalité leur infliger un démenti, ils admettaient que la vertu de ces bottes de sept lieues s'était affaiblie ou perdue avec le temps. En tout cas, leur authenticité ne faisait aucun doute. C'était de l'histoire, et toute la boutique était là pour l'attester.
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Mais l'homme qui possède des dons brillants ne peut se satisfaire longtemps de les exercer sur un objet médiocre.
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A Cessigney, on était pieux et d'un rigorisme qui avait choqué plus d'un curé. L'église de Cantagrel, dont ils n'apercevaient pas même le clocher depuis leur forêt, se parait à leur regard du dimanche d'une étrange magnificence, assez représentative du paradis.
Ils vivaient dans l'observance très stricte des rites principaux et n'auraient pas manqué la messe pour un sanglier. Pourtant l'église n'était pas la capitale de leurs divinités, tout au plus un lieu de rendez-vous solennel où le bon Dieu et la sainte Vierge, endimanchés, gardaient leurs distances.
Dans les bois, au contraire, on les touchait de bien plus près et, pour ainsi dire, à chaque pas, la sainte Vierge surtout.
Il y avait des arbres qu'on n'approchait pas sans donner un signe de croix, certaine pierre plate où l'on faisait des offrandes de fruits, de monnaie, voire de gibiers. Les offrandes, toujours clandestines, étaient enterrées au pied de la pierre...
(extrait du chapitre III)
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Marcel Aymé
"Seules les femmes voient vraiment les choses. Les hommes n'ont jamais qu'une idée." [ Marcel
Aymé, extrait de "Uranus" ]
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