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4.05/5 (sur 126 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Asnières-sur-Seine (92) , 1937
Biographie :

Né en 1937 à Asnières-sur-Seine (92). Etudes d'art et de journalisme.

Voyages et séjours comme journaliste, en Inde, et notamment dans l'Himalaya et en Assam, au Moyen-Orient, en Amérique latine, en Afrique du nord et aux USA, où il a séjourné comme
boursier d'une université et correspondant d'un quotidien parisien. Plusieurs écrits sur l'art pour des revues, des galeries et des musées.

Source : http://www.m-e-l.fr/
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Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023 "Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs. Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."

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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les mammifères seul l'homme a des oreilles qui n'expriment aucune émotion. [...]

L'homme se demandait comment ce qui nous sépare des animaux a pu rester à ce point en friche. Dans ses rêveries, il lui paraissait singulier qu'un chien comprenne plusieurs mots quand aucun homme n'est devenu célèbre pour avoir appris à aboyer, à braire ou à hennir de manière convaincante. [...]

Avec les animaux, la franchise est si totale, si immédiate, si désarmante qu'il n'y a pas de proximité sans un reste de stupeur. Comment se fait-il que nous soyons si heureux ensemble, croit-on lire dans le regard des bêtes familières. Que nous arrive-t-il ? Est-ce normal ? Que veux-tu de moi ? Et pourquoi cette zone d'ombre persistante entre nous ?

De même, nous sommes incapables de dire ce que les animaux comblent en nous de si nécessaire. Aurions-nous à ce point besoin d'une reconnaissance, d'une confiance inconditionnelles, quoi que nous fassions, pour la seule raison que nous sommes nous-mêmes et personne d'autre ?
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Marcel Cohen
– Écriture blanche, disiez-vous ! Quelle horreur !

– Dans son Journal, Stendhal se moque d’Hugo qui, après le meurtre d’un homme tué par balle, et chez qui l’on remarque une tache rouge sur la tempe, aurait, écrit-il, appelé ça : « baigner dans son sang ». Et Stendhal répugne à dire coursier quand cheval suffit.

– Eh bien moi, je veux des coursiers. La vie n’est pas drôle, si en plus de ça les romans sont plats…

– « Par une belle matinée du mois de mai, une élégante amazone parcourait, sur une superbe jument alezane, les allées fleuries du bois de Boulogne. »

– J’adhère. Ça sonne. Mais ça date. C’est de vous ?

– Non, c’est Joseph Grand dans La peste. C’est ce que Camus détestait.

– Camus, Sartre, Sarraute, Sagan, c’est l’époque des scoubidous. Mes personnages à moi ont des pulsions. Ce ne sont pas des intellos. Dans mon livre, je ne voulais pas mettre de sexe. Je voulais juste faire un roman psychologique. Eh bien c’est raté. Mes personnages ont pris le dessus. Quand j’écris, je ne m’appartiens plus.

– Bon. Mais pourquoi nous raconter l’histoire d’un gynéco alcoolique et d’une manucure qui va aux toilettes toutes les trois pages ?

– Elle veut plaire au gynéco et suit un régime pour maigrir. Alors, elle prend des diurétiques. Mais c’est pas trash. Et puis je parle de ce que je connais. J’ai tenu un nails bar avant d’écrire et j’ai perdu 15 kilos. Mes livres, c’est du vécu. On n’est pas dans le fading.

– Bon. Mais pourquoi le gynéco frappe-t-il la manucure dans l’ascenseur ?

– À force d’examiner ses patientes, il n’a plus de libido. Il a l’impression d’avoir raté sa vie. Il se dit qu’il aurait dû faire ORL. Alors il boit. Et quand il a bu, il devient méchant. C’est pour le sauver de l’alcool qu’elle veut maigrir. C’est un roman très altruiste.

– Bon. Mais pourquoi battre une femme qui l’aime ?

– Parce qu’ils n’ont pas eu le temps de faire l’amour. Douze étages, c’est rien. Elle a coincé la porte de l’ascenseur pour le bloquer entre deux étages mais le gardien a entendu l’alarme et il est déjà dans l’escalier. Le gynéco en veut à la manucure d’être ridicule et elle s’en veut aussi.

– Bon. Mais que se reproche-t-elle ?

– De ne pas lui avoir donné rendez-vous dans le 15e ou dans le 13e arrondissement de Paris. Les tours font trente-cinq étages. L’amour dans l’ascenseur, c’est le number one des fantasmes féminins. Le gynéco le sait. Alors, quand elle enlève son écharpe en entrant dans l’ascenseur, c’est un signe très fort. Parce que vous oubliez qu’il est marié. Elle veut sauver le ménage du gynéco en lui offrant ce qu’il n’a pas à la maison. C’est ça la révolution copernicienne de mon roman. C’est l’amour jusqu’à la désintégration de l’ego pour régénérer la libido de l’aimé, vous comprenez ?

– Bon, mais on n’écrit pas un roman pour raconter sa vie. « Ou alors ce n’est plus une œuvre d’art. » C’est Claude Jade qui dit ça dans L’amour en fuite de François Truffaut.

– Comment ça, c’est plus une œuvre d’art ?

– C’est du spring cleaning.

– C’est fou ce que vous êtes cérébral, vous ! C’est un roman à la gloire des femmes. Mon héroïne est dans l’abnégation. Ça la rend très heureuse et très malheureuse de le rendre heureux.

– C’est ce que vous voulez dire lorsque vous écrivez : « Seule comme une louve blessée qui regagne sa tanière dans la froidure du soir, elle saisit d’un geste vif le yaourt nature à pleines mains, arracha rageusement de la main droite l’opercule, comme s’il s’agissait d’un vieux sparadrap, tout en repoussant violemment du pied gauche la porte du frigo, dans le balconnet porte-bouteille de laquelle tintinnabula faiblement la Cristaline et, luttant de toute son âme contre le fleuve hostile, chaotique et impassible qui s’écoulait en vrombissant sur le boulevard, dont elle découvrait l’ampleur de la rudesse inhumaine, elle s’empara résolument de la petite cuillère à café qui, depuis la veille, traînait au fond de l’évier, encore auréolée d’une petite frange de mousse brune mêlée de rouge à lèvres, et la plongea prestement dans l’épaisseur neigeuse et fade du yaourt tout en relevant le menton, au-dessus de l’évier, dans un geste de défi » ?

– Oui, c’est tout à fait ça.
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La nuit, dans un faubourg où il s’est égaré, un homme doit affronter un gros chien le menaçant au milieu d’une rue déserte. Loin de rebrousser chemin (et assez stupidement, il en est convaincu), le passant choisit de poursuivre sa route : il est trop mécontent de lui ce jour-là, trop fatigué, trop assommé par tout le désespoir de ce quartier éloigné pour accepter, de surcroît, l’idée de rentrer chez lui en ayant manqué de courage.
Lorsqu’il parvient à sa hauteur, le chien hurle avec rage en montrant les crocs. Cependant, loin d’attaquer il recule et, maintenant que l’homme est à sa portée, il se calme même un peu. Bientôt les aboiements tournent au grognement, et de plus en plus faible, tandis que l’animal baisse les oreilles.
L’homme a largement dépassé le chien quand il se retourne. C’est pour apercevoir l’animal silencieux, tout penaud au milieu de la rue, et qui agite faiblement la queue. Se sentant encouragé par le regard du passant attardé, il lui emboîte même le pas.
« Nous avons eu peur l’un et l’autre », murmure l’homme en lui caressant le crâne de sa main encore moite, « nous avons été courageux l’un et l’autre. Et maintenant qui n’aurait besoin d’un peu d’amour ? »
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Notes d’un Parisien, en vue d’une topographie intime de la capitale, où il est né et n’a jamais cessé de vivre :
(...)
c) Comment venir à bout de l’idée qu’il fait plus froid autour de la gare du Nord et de la gare de l’Est, et que, les jours de canicule, rien n’est plus torride à Paris que les abords de la gare d’Austerlitz et de la gare de Lyon ?
(...)
j) Places, boulevards, rues, faisant office de frontières entre deux, voire trois quartiers. Dans cette zone franche, et parce qu’on ne sait jamais à quel quartier ils appartiennent vraiment, impression que les passants sont tous des contrebandiers.
k) Sens ravivés, yeux rincés plusieurs fois par jour, comme sur le pont d’un navire en haute mer, lorsqu’on émerge du métro.
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Proust et Kafka sont parfaitement contemporains puisque le premier meurt en 1922, et le second en 1924. Mais des années –lumière, une fois encore, séparent leurs œuvres, comme le remarque brillamment Milan Kundera. Dans une interview, il compare l’œuvre de Proust à une comète de beauté pure, mais qui s’éloignait à jamais de nous. C’était pour conclure : «Alors que Proust s’étonne de l’univers vertigineux que constitue l’univers intérieur d’un homme, Kafka, lui, se pose une question radicalement différente : quelles sont encore les possibilités de l’homme dans un monde où les déterminations extérieures sont devenues si écrasantes que les mobiles intérieurs ne pèsent plus rien.»
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La musique, elle aussi , révèle des trésors que l'homme n'ose explorer que dans la solitude. Il est allé jusqu'à écouter soixante-quinze fois d'affilée les deux premières mesures d'un bref solo d'alto dans un mouvement lent de Mozart. Et l'idée lui est venue que seul, peut-être, un musicien ayant énormément travaillé cette pièce aurait pu, un jour de fatigue, et au mépris évident du caractère général de l'oeuvre, rester hanté lui aussi par toute l'étrangeté pathétique de ces quelques notes sans attaches bousculant seules l'immense torpeur des choses.
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Mme Gobin avait remarqué que j’écorchais encore trop de mots. Ce n’était pas acceptable pour un élève de sixième. Lorsqu’elle était couchée, je m’asseyais donc sur un tabouret, au pied de son lit, et lisais France-Soir à voix haute. Elle reprenait chaque mot, chaque nom estropié jusqu’au moment où elle s’endormait ; elle avait décrété que les textes insipides qu’on trouve dans les manuels de lecture courante pour un enfant n’étaient plus du tout de son âge, ni du mien.
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Un écrivain tente de déterminer, de la manière la plus objective possible, le poids de quelques expressions et mots familiers tels que « je t’aime » dans la bouche de sa compagne. Chaque fois que l’expression est prononcée, il coche dans un carnet une gradation de un à cinq, au-dessus, ou en dessous, de ce qu’il appelle « le poids nul du sens ». Cette note est elle-même tempérée par une seconde, variant de moins trois à plus trois, en fonction du « degré d’adéquation ».
C’est ainsi qu’un « je t’aime » que rien n’avait préparé, au cours d’une promenade en forêt ou d’un voyage en autobus par exemple, peut être noté plus cinq, avec un degré d’adéquation de moins trois, soit le sens le plus fort. Dans un restaurant de luxe où il convie sa compagne pour son anniversaire, après lui avoir offert un bijou, le même aveu n’obtiendra respectivement qu’un moins cinq et un plus trois, ce qui est très peu, pour ne pas dire rien.

(XCIV)
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Lily, toute sa vie, regretta de n’avoir pas fait d’études et s’émerveillait dès qu’un petit pan de savoir se dévoilait. Quel que soit le domaine, littérature, opéra, arts, sciences naturelles, tout ce qu’elle apprenait était invariablement « extraordinaire » et elle faisait répéter plusieurs fois pour être certaine d’avoir bien compris.
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Songeant à son meilleur ami, décédé il y a maintenant trois ans, un homme a l’idée saugrenue de dresser un bilan des évènements survenus depuis sa disparition.
Force est de constater qu’il ne s’est à peu près rien passé qui aurait suscité l’enthousiasme de son ami, à plus forte raison modifié sa vie. Certes, chacun a, à tout instant, la liberté de bouleverser son destin et, faute d’une telle force, regarder autour de soi, marcher, respirer sont déjà des ambitions respectables. Cependant, l’homme ne peut chasser l’idée qu’à presque tous égards ces trois années auraient équivalu pour son ami à du temps mort. Et il en arrive à se demander si, croyant à la Résurrection, et la sachant même imminente, il ne serait pas tenté de s’écrier : « Halte-là ! Va-t-on vraiment réveiller quelqu’un pour si peu ? N’est-il pas préférable d’attendre encore un peu ? »

(LXXX)
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