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Critiques de Marcel E. Grancher (5)
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La fille des Dombes

Un cas de conscience taraude le père Pinard qui est veuf et élève seul sa gamine de huit ans, la petite Amandine surnommée Palmolive à cause de sa bouille qui rappelle celle de la fameuse publicité du savon familial.



Mais ses copains, à qui il vient de se confier dans l’un des bars de Saint-Alphée-en-Dombes, lui affirment qu’il n’existe aucun problème. Ils doivent se rendre au bobinard de Bourg, et ils vont emmener la petite et la confier aux dames du claque, celles qui ne seront pas occupées à satisfaire la libido de ces messieurs et à l’hygiène de leurs gonades. Et c’est ainsi que Palmolive sera chouchoutée dans un endroit normalement interdit aux mineurs, quel qu’en soit le sexe.



Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes et quelques autres. La région s’est enrichie grâce à des modifications agricoles et de nouveaux résidents venus de Lyon y passent leurs fins de semaine. Ainsi le soyeux Nouguier, propriétaire de filatures et d’ateliers de tissage à Lyon, nommé maire car il est bon d’avoir à la tête d’un commune un édile représentatif de la société huppée, organise des chasses privées auxquelles sont conviés de nouveaux riches et d’anciens nobliaux.



Palmolive, âgée de dix-huit ans, est à son service, et son fils Rémi, qui normalement était prédestiné à lui succéder, le désole car il consacre son temps à écrire et se pique de poésie. Rémi est de quelques années plus vieux que Palmolive mais il ressent envers la jeune fille une attirance sincère. De plus il prône l’amour pur et naïvement il veut préserver sa virginité pour sa promise, et réciproquement, ce qui fait qu’il ne connait pas grand-chose aux femmes et à la fonction physique dite du simulacre de la procréation.



Lorsqu’il évoque à son père de son envie de se marier avec Palmolive, celui-ci entre dans une fureur noire et l’envoie se remettre les idées en place dans son comptoir de soie à Shanghai. Arrivé en Chine, il écrit une longue lettre à Palmolive, lui narrant son voyage, et lui promettant de préserver sa vertu pour son retour. La jeune fille qui a déjà batifolé avec de nombreux compagnons de draps lui répond qu’elle vient de se mettre en compagnie du père. Cela reste dans la famille, mais Rémi en est fort marri.







Parfois ce texte m’a fait penser à 20 000 lieux sous les mers et quelques autres romans de Jules Verne, lorsque l’auteur dresse une liste des espèces de la faune volatile propice au carnier des chasseurs ou des arbres composant la sylve des forêts de cette région. Ou lorsque Rémi Nouguier décrit à Palmolive les différents tissus et pièces d’habillement exposés dans le Musée des Tissus, sans oublier les nombreux détails géographiques et historiques qui émaillent le récit, et les considérations sociologiques.



Les années 1928 et suivantes seront fatales à l’économie non seulement américaine mais mondiale et les soyeux lyonnais n’échappent pas à la récession. Le cours de la matière première s’effondre et tout ce qui possède un rapport quelconque avec les métiers de la soie, importateurs, tisseurs, marchands, représentants, se trouvent ruinés. Et c’est l’occasion pour ceux qui étaient méprisés, comme l’épicier invité aux parties de chasses de Nouguier, de prendre leur revanche.



Un roman parfois gaulois, égrillard, mais surtout grave car relatant une époque qui n’est guère différente de la notre et était même prémonitoire :



Tu parles comme les gens de la Maison Veuve Guérin et Cie dont en plein XXe siècle, les statuts portent en toutes lettres, au chapitre de la répartition : Quant aux bénéfices, s’il plaît à Dieu d’en laisser aux actionnaires, ou quelque chose de ce genre.



Vous êtes sinistres, lança Plantenoire. On dirait que vous craignez quelque chose… Pourtant les affaires n’ont jamais si bien marché…



Précisément, elles marchent trop bien… On produit trop… On stocke trop… Tant qu’il y a un semblant de consommation, cela va encore… Mais que les achats viennent à s’arrêter, c’est la panique, l’effondrement… Et pour peu que les changes s’en mêlent à ce moment, la ruine…



Avec la différence près, que maintenant on produit à flux tendu, à l’extérieur, et lorsque le pays se trouve en crise, il est exsangue, en manque de denrées, et je ne parle pas uniquement de masques.




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Douze souris et un auvergnat

Ceci est l'origine du commissaire San Antonio, par le maitre du Dard.

Délirant, gaulois.
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AUX 6 F...

Grâce à quelques commanditaires de Cavaillon, Paul Belverge peut enfin être seul maître à bord de son camion tout neuf, un 7 tonnes, et il va partir à la conquête du monde, enfin de Paris avec un chargement de melons.



En cours de route, alors qu’il approche des monts du Morvan, il aperçoit deux hommes en train de molester une jeune fille. Il ne se pose pas de questions, étant bagarreur dans l’âme, étant entré très jeune dans la Résistance et ayant trimballé son barda militaire en Indochine et en Algérie. Il s’interpose et grâce à quelques coups de poings bien placés il laisse les deux belliqueux sur le bitume, laissant sur l’un d’eux sa carte de visite toute neuve, et emmène à son bord Germaine, dite Maimaine.



La jeune fille se rend dans un troquet pour routiers, le Relais de l’amitié et du commerce plus connu sous l’appellation Au relais des 6 fesses. Belverge connaît l’endroit, tenu par madame Servévout et ses deux filles, Nora la brune et Lisette la blonde. Et il leur arrive à ces braves et gentes dames de dépanner le routier en manque d’affection, des chambres étant à disposition. Or Maimaine est la nièce de madame Servévout et il serait possible que le Six fesses devienne le Huit fesses.



Pierre Belverge continue sa route après s’être restauré, c’est tout, et direction Paris, les Halles. Là-bas, il lui faut trouver du fret pour ne pas redescendre à vide. Il dort dans son camion, garé au Carré Beaubourg, mais auparavant il s’engouffre rue Quincampoix, échappant aux bras des travailleuses du sexe qui tiennent absolument à lui montrer leurs appas, et démontrer leur savoir-faire. Il entre au Panier fleuri, charmant troquet tenu par Marinette Entreydon, accorte femme qui accueille avec le sourire et autres démonstrations physiques avantageuses le client. Il s’agit surtout d’un repaire d’habitués dont Belverge va faire la connaissance. Notamment de Canasson, le peintre, et Pépère la Tringlette, sexagénaire qui doit son surnom à ses besoins sexuels qui l’amènent à monter dans les chambres en compagnie d’une allongée, cinq à six fois par soirée.



Mais Belverge va subir quelques avanies, à cause d’un accident de la route notamment, être embaucher à Paris dans une petite entreprise, revoir souvent Maimaine, qui ne participe pas aux ébats de ses cousines avec les copains routiers de passage, et dont il est amoureux. Mais également retrouver sur sa route l’un des balèzes qu’il avait laissé dans les pommes sur le bitume, son chargement de melons étant complet.



Belverge est homme à principes, et il respecte Maimaine, et réciproquement. Ce qui ne l’empêche pas d’opérer à certains déchargements qui ne sont pas notifiés dans son contrat de camionneur. Par ailleurs, s’il aime la bagarre, il ne va pas au devant pour le plaisir de la castagne. C’est un homme paisible en général et qui aime faire des blagues.







Si ce roman est enjoué, humoristique, épicurien, voire égrillard dans certaines situations, dans certaines allusions qui prêtent à des interprétations auxquelles n’avaient pas songé les protagonistes dans leurs déclarations, c’est également un plaidoyer envers les camionneurs et leur travail ingrat.



Il faut dire qu’à cette époque, fin des années cinquante, la plupart des camionneurs travaillaient en solo. Rares étaient les grandes entreprises et en général ils étaient propriétaires d’un seul véhicule, voire deux. Alors ils devaient tout faire, trouver du fret à l’aller, au retour, rouler pendant des heures et des heures, subir les tracasseries administratives. Depuis, cela a bien changé, sauf les tracasseries et exigences administratives. De plus, la plupart du temps, ils devaient assurer seuls le chargement et le déchargement du véhicule, selon bien évidemment la marchandise transportée



A l’aide d’exemples, de rappels de textes de lois, d’entourloupes, l’auteur montre quelles furent les conditions souvent difficiles dans lesquelles les camionneurs exerçaient leur métier. Ainsi cette fameuse carte de transport crée en 1934 à l’instigation de la SNCF afin de limiter la concurrence avec les routiers.



Mais sont pointés également l’état des routes, déjà, et bien d’autres freins auxquels étaient soumis les travailleurs du bitume (je ne parle pas des travailleuses qui exerçaient dans un but humanitaire et hygiénique). En effet ils partaient chargés, de marchandises, ayant galérés pour trouver du fret, mais arrivés à destination, il était impensable de repartir à vide, sous peine de manger tout le maigre bénéfice de l’aller. Or, trouver de la marchandise pour retourner en province, pour une société, ce n’est guère difficile car elle possède son réseau d’affréteurs. Et un indépendant est obligé de se débrouiller seul ou passer pas une espèce de courtier, de mandataire, de commanditaire et surtout rouler en surcharge, dépassant parfois cinquante pour cent du maximum autorisé.







A noter deux passages dont la teneur ne saurait manquer de faire réagir les lecteurs :



Premièrement le jeu intitulé la Chose, qui fut présenté par Pierre Bellemare, inspiré du Smchilblick de Pierre Dac et qui devint par la suite le Tirlipot sur les ondes d’une radio périphérique puis enfin le Smchilblic à la télévision. Ce jeu décrit par Marcel Grancher dans ce roman, avec de nombreux candidats tentant de découvrir quel est l’objet secret, est quasiment repris avec des ajouts et quelques modifications par Coluche dans son sketch éponyme.



L’autre passage concerne la position des Français et de la France par rapport à la colonisation, et nul doute que ce qui est écrit ferait aujourd’hui bondir les antiracistes et ceux qui se déclarent comme tels mais n’en pensent pas moins pour ne pas se mettre en porte-à-faux. Seulement il faut considérer qu’à l’époque, les déclarations des protagonistes reflétaient la pensée de la majorité du peuple, d’autant que la guerre d’Algérie n’était pas terminée et que la plupart des pays africains venaient d’acquérir leur indépendance dans des conditions souvent avantageuses, au détriment des provinces françaises. Comme le déclarait le journaliste Jean Grandmougin sur les ondes de Radio-Luxembourg, qui était de loin en tête des radios, Le Zambèze avant la Corrèze.
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5ème de campagne

Non, 5ème de campagne ne vaut pas un roman de Genevoix, de Barbusse ou de Jünger. Il y a indéniablement moins d'allant, voire peut-être moins de talent, chez Grancher, et ce même si l'écriture reste agréable et, parfois, teintée d'une douce ironie.



Il n'en reste pas moins que ce récit presque autobiographique aborde, au travers des yeux d'un jeune artilleur, certains points habituellement méconnus de la Grande Guerre : la vie à l'arrière, la formation des jeunes recrues, les rapports à la nourriture, à l'alcool, aux femmes et à l'autorité, la volonté qu'avaient beaucoup (et on les comprend !) de trouver "la planque" et même, de façon assez surprenante, les problématiques de l'immédiat après-guerre. Un bon complément aux classiques, pour ceux que le sujet intéresse.
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Douze souris et un auvergnat

Le détective Jules Pudu dont l'auteur avait narré les aventures à Lyon dans un premier roman, Pas de bégonias pour Madame Dugommier, est arrivé à Marseille où il travaille comme privé, secondé par sa secrétaire Mlle Toutatoy. Un Auvergnat, M. Barbagnas, se présente à son bureau. Son frère, Joseph, a disparu avec 12 souris ( des prostituées ). Le commissaire Polberlia ( également présent dans Pas de bégonias pour Madame Dugommier) lui propose de mener l'enquête de concert. Deux siciliens à " badas pointus " ( souliers à bout pointus ) font leur apparition. Pudu va devoir infiltrer le milieu marseillais.

Le roman de Marcel E. Grancher se range parmi la littérature dardesque. Il connait bien Frédéric Dard. Ils ont un vocabulaire commun. En outre, les Éditions Lugdunum fondées par Marcel E. Grancher en 1930 ont publié Frédéric Dard à ses débuts. Les noms des personnages donnent une bonne idée du style. On trouve: Pudu, le privé, Toutatoy, sa secrétaire, les frères tchèques Sam et Tum Feich, Carlo Danslgass, Maurice-les-grosses-miches. On pourrait comparer aux cultissimes Tontons flingueurs, mais le niveau de vulgarité est bien supérieur. L'ensemble, amusant au départ, devient tout de même quelque peu lassant. Chacun a son degré de tolérance à ce genre de littérature, sans doute, certains apprécieront.
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