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4.17/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 27/04/1900
Mort(e) à : Avignon , le 06/11/1990
Biographie :

Ancien normalien, professeur de mathématiques qui a abandonné à quarante ans sa situation d'universitaire pour vivre en paysan montagnard, Marcel Légaut est resté toute sa vie un chercheur. Son oeuvre offre le témoignage d'une expérience hors du commun et ouvre le lecteur sur des possibilités renouvelées de vie spirituelle dans le siècle qui vient.

Professeur d'université à Rennes puis à Lyon, il a d'abord animé de nombreux groupes spirituels dans le monde universitaire, dans une période de sa vie marquée par des rencontres décisives: celles du père Portal, de Gabriel Marcel, de Teilhard de Chardin, d'Edouard Le Roy...

L'expérience de la guerre va le marquer profondément : elle lui montre combien les intellectuels, comme lui, peuvent être désarmés quand ils sont confrontés aux réalités cruelles de la vie. A quarante ans, l'appel à l'intériorité et à la vie spirituelle pousse Marcel Légaut à abandonner l'existence protégée de l'universitaire. Il se marie et le couple décide de vivre l'existence de paysans montagnards dans une ferme isolée du Haut-Diois. Pendant l'occupation ils accueillent juifs, réfractaires S.T.O., alsaciens déserteurs. Légaut joint alors à ses tâches de cultivateur et de berger celles de père de famille (ils auront six enfants), poursuivant une activité spirituelle exigeante, parfois avec des amis dans son hameau des Granges à Lesches, puis au temps de sa retraite, à Mirmande, au siège de l'Association culturelle qui porte aujourd'hui son nom, lieu de séjours spirituels.

Marcel Légaut a porté son Eglise douloureusement mais dans l'espérance. Après vingt années de fidélité silencieuse, Marcel Légaut a perçu la nécessité de dire ce qu'il vivait et d'en témoigner: alors va se développer son oeuvre qui reflète l'itinéraire atypique d'un homme libre .
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Source : https://www.marcel-legaut.org
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Marcel Légaut
Avant d'être un croyant, il faut d'abord être un homme véritable, si modeste soit ton destin.
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I. Jésus de Nazareth
…Le christianisme tel qu’il est vécu par beaucoup de chrétiens ne favorise pas cette recherche de Jésus.
S’imaginer que l’on connaît Jésus de Nazareth parce qu’on en a beaucoup entendu parler est un obstacle difficile à surmonter. Par la manière dont les chrétiens accèdent ordinairement dans leur jeunesse à la pratique religieuse, ils croient trop facilement à ce qu’on leur enseigne. Assurés d’avoir foi en Jésus, en vérité, ils l’ignorent. Ils s’imaginent à tord qu’il suffit qu’on les entretienne souvent à son sujet pour le connaître comme il convient.
Il existe une religion fondée doctrinalement sur Jésus-Christ qui demeure irréelle malgré les pratiques individuelles et collectives, sentimentales et intellectuelles fréquemment répétées qu’elle commande, car ces pratiques restent à la surface de la vie ; elles lui donnent un cadre, un climat ; elle n’épousent pas les potentialités de l’homme, base de toute vie spirituelle authentique. Elles ne les mettent pas en valeur. Elles se bornent à régler le cours autant que cela est possible et dans les perspectives morales principalement d’ordre social ….

En toute bonne conscience beaucoup de chrétiens s’abstiennent ainsi de chercher qui est Jésus. Dans leur jeunesse avec une docilité enfantine relevant aussi de la crédulité, ils ont acceptés sans examen des affirmations à son sujet qui leur ont paru d’emblée satisfaisantes parce qu’ils ne s’étaient pas encore posé les questions dont elles veulent être les réponses ….
Ces affirmations doctrinales procurent à bon compte la sécurité, et cela suffit pratiquement pour qu’on les tienne convaincantes. …
Aussi il n’est pas paradoxal d’affirmer que ces chrétiens ignorent qui est Jésus et sont condamnés par leur religion même à ne jamais le découvrir.

… Le disciple de Jésus est à la recherche de son maître qu’aucune doctrine ne peut lui apprendre à connaître.
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Quand la parole est juste, elle ouvre sur la présence à soi-même et à Dieu. Elle engendre la prière. Qu'elle est douce à mes lèvres, elle résonne dans mon coeur. Je fais corps avec elle tant je lui porte écho. Toujours nouvelle, la dire m'appelle à progresser sur mon chemin vers l'Etre.
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...
Les désirs que suscitent les instincts, le bien-être physiologique et psychique qu’ils apportent quand ils sont satisfaits sont principalement du domaine de l’habitude et de l’inertie qui donnent à la vie et à la matière leur stabilité. Au contraire, les appels que font naître l'amour et la paternité, la dilatation et la pénétration spirituelles qu’ils suscitent, entraînent l'homme au-delà de ce qu’il a jusqu’à présent connu. Il en va de même des inspirations qui permettent à l'homme d’être proprement créateur et de l'activité particulière qui alors le possède. Elles aussi provoquent en lui un dynamisme qui n’est pas seulement nécessité par sa conservation. Tandis que les désirs visent à entretenir la vie, ces appels et ces inspirations, tout en y contribuant aussi, la développent au-delà de ses possibilités, de ses besoins actuels, et même au-delà de ses horizons habituels.
(p. 152)
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L'INTELLIGENCE de SA MORT
L'activité du souvenir transcende la mémoire.
« Se souvenir est beaucoup plus actif et synthétique que se rappeler. Dans l’un et l’autre cas, la mémoire intervient. Elle fonctionne avec ses mécanismes propres et reçoit l’aide de tout ce qui les favorise pour tirer de l’oubli ce qu’elle a enregistré dans ses archives. Elle ne fournit cependant que la matière sur laquelle œuvre l'activité spirituelle du souvenir.
Le souvenir en effet n’est pas seulement le rappel aussi exact que possible par la pensée et le sentiment d’une situation antérieure. Il est un alliage où se fondent à la fois ce qu’on a vécu jadis, ce qu’on a vécu depuis, et ce qu’on est maintenant. Il n’est donc pas objectif comme la relation impersonnelle d’un fait historique quoiqu’il ne renie en rien ce que la mémoire lui fournit. Aussi le souvenir d’un événement du passé évolue-t-il avec celui qui se souvient sans que soient nullement mises en cause l’exactitude de la mémoire et la sincérité. Il s’approfondit ou au contraire se dissipe avec l’homme.
Il est des souvenirs dont l'homme n’est plus capable parce qu’il n’en est plus digne. Quand l’être est impuissant à conserver certains événements de son passé parce qu’il ne peut plus leur donner une qualité humaine compatible avec ce qu’il est devenu, sa mémoire ira jusqu’à les refouler instinctivement au-delà de son horizon ; son souvenir les déformera pour les rendre plus conformes à son état présent. Inversement, des faits ou des états passés, longtemps frappés d’interdit ou seulement négligés, parfois même jamais remarqués, enfouis dans leur contexte d'origine, apparaissent quand l’homme se trouve dans une situation spirituelle lui permettant de vraiment les saisir dans leur profondeur à leur véritable niveau, et de les faire siens.
Mieux un être a pris possession de son humanité, moins sa mémoire se montre rétive. Aérienne, et comme libérée de secrètes entraves, elle s’ouvre sans réserve à l'activité du souvenir. Ses matériaux s’appellent les uns les autres, se donnant mutuellement appui pour revenir à la lumière, non pas tellement par le mécanisme de l'association des idées que grâce à la cohérence interne qui les unit.
Plus un homme est spirituellement vivant, plus par l'activité du souvenir il imprime sa marque aux données de la mémoire. Il transfigure les matériaux livrés par elle. Il les modèle et les prolonge. Il modifie leur ordonnance, leur présentation, voire y ajoute ou en retranche sans cependant les falsifier en rien. Il les enracine plus profondément dans la trame de sa vie, voit mieux leurs causes et leur portée, leur relation avec ce qui est arrivé avant et avec ce qui est survenu depuis. Il rend ainsi plus manifeste que ne le ferait un strict compte-rendu, leur signification jadis ignorée ou méconnue, mais qui attendait pour s’imposer l’apport de ce qui viendrait après.
Par cette action, le souvenir donne à l'homme une intelligence plus complète de son passé. Celui-ci n’est plus seulement une collection de faits se succédant de manière accidentelle ou déterminés les uns par les autres de façon rigoureuse, mais sans référence aucune avec l’être qui en fut le carrefour et aussi le siège actif. L’homme fait ainsi la synthèse de toutes les impulsions qu'il a reçues et coordonnées, consciemment ou non, par sa vitalité spirituelle. Maintenant, leur multiplicité se compose sans déperdition en un seul mouvement stable orienté vers son but même et comme guidé par lui.
L’homme se reconnaît non seulement conséquence mais d’une certaine façon indirecte origine, sans être cependant la cause, de tout ce qui lui est arrivé. Il marque du sceau de son être l'ensemble des fait : enregistrés par la mémoire. Du domaine de sa vie, il les fait passer dans celui de son existence, où les événements s'agencent entre eux, se complètent et s'expliquent, se revêtent en filigrane presque d’une intention en fonction de celui qu’il est. Ainsi il se les approprié et les rend siens d’une façon nouvelle.
Par cette recherche à laquelle contribue son être total, l'homme arrache ces événements au passé, il les ressuscite, il les relie et les amalgame d'autant plus complètement à son présent qu’aidé par une vie fidèle et lucide, il a mieux l'intelligence sans refus inconscients de son histoire intime, la reconnaît pour ce qu’elle est et en accepte les conséquences sans restriction. Dans la mesure où il n’a pas dévié de sa ligne fondamentale, il atteint une compréhension plus profonde de son présent à travers ce qui en fut la préparation proche ou lointaine. Son présent se trouve illuminé et vivifié par cette fructification de son passé.
L’activité spirituelle qui donne naissance à ce renouvellement du passé est d’autant plus originale qu’elle doit moins à l'imagination ou au raisonnement. Elle sourd de l’homme un peu au-dessous de la zone où la conscience et la volonté opèrent dans la clarté. Elle jaillit de lui comme une inspiration qui le visite suivant son mode et à son heure. Elle est invention ; invention d’autant plus nécessaire que la substance à manifester est plus riche et par suite plus enveloppée, qu’elle intéresse plus directement l'essentiel. Malgré qu’il n’en ait pas eu directement l’initiative, l'homme est responsable de ce que cette invention lui apporte. Par elle, il est jugé sur ce qu’il est et manifesté dans ce qu’il est.
En particulier, l'homme comprend mieux l'origine, l’importance et la portée de ses fautes lorsqu’i1 les replace ainsi dans l'ensemble de sa vie. Elles lui paraissent les détours, presque inévitables pour lui, du chemin qu’il avait à suivre pour devenir ce qu’il devait être. Elles se montrent conséquences de ce qu’il était plus encore que de ce qu’il voulait. Sous ce jour, elles deviennent finalement des occasions indispensables pour lui, quoique objectivement non nécessaires, de croissance spirituelle. Elles reçoivent ainsi en partie du moins, et parfois totalement, une singulière justification, véritable absolution. Les plus lourdes (ce sont aussi les moins évitables) lui paraissent les plus irremplaçables pour sa maturation humaine, car elles prennent origine et l'atteignent en des profondeurs qu’autrement il n'aurait su ni sonder, ni reconnaître comme siennes.
Ainsi, au-delà des événements et des états qu’il a vécus, par la médiation de souvenirs qui, tirant leur puissance de rénovation de son fonds, recréent en quelque manière son passé et lui donnent valeur par une sorte de rédemption, l’homme découvre peu à peu la ligne fondamentale de ses jours. Leur sens, leur raison d’être lui apparaissent, en ses heures claires, de façon si assurée et si plénière qu’il ne pourrait y renoncer sans se renoncer lui-même.
Plus il y adhère et y correspond, plus il pressent en lui du stable et du définitif. Son existence, à travers les phases successives de sa vie, qui apparaissent puis disparaissent, prend consistance. Sous la trame du temps, elle laisse entrevoir sa durée. Tout immergé qu’il est dans le mouvant et le transitoire, l'homme approche de son être autant que cela lui est possible.

L'activité du souvenir et la prévision globale de l'avenir.
L'activité spirituelle de l’homme dans le souvenir n’aboutit pas seulement pour lui à une meilleure intelligence de son passé et à une manière plus juste de comprendre son présent. Elle peut lui donner une idée globale de ce qu’il sera conduit ultérieurement à vivre. Par elle, il en vient à faire non seulement œuvre de compréhension, de synthèse, de rénovation de son histoire, mais il atteint à une vision pour ainsi dire prophétique de son avenir.
Cette sorte de prescience n'est pas un souvenir proprement dit. Avec l’humour qui convient on pourrait en rêver l’origine dans quelque réminiscence d’une vie antérieure, ou y voir le le signe d'une prédestination... Cependant, ce pressentiment est issu du souvenir, il évolue avec lui et lui reste intimement lié. Il se montre justifié et utile dans la mesure ou la vue que l'homme prend de lui-même par le souvenir est exacte.
Comme l'intelligence que l'homme acquiert de son passé est finalement plus vraie que les connaissances objectives qu’il en a conservées, cette prescience dépasse la simple prévision de l'avenir tel que le présent le permet avec une probabilité raisonnable. Inspiré par la secrète et infrangible unité de l'essentiel de son passé d'homme, quand il se recueille en lui-même et se tient face à l'avenir, est conduit à extrapoler son histoire. Par le sens approfondi de la continuité et du dynamisme vital qui agit en 1ui et par lui à l'intérieur même de sa liberté, il accède à une vue d'ensemble de son avenir. A partir de son évolution intime, des goûts et des exigences qui s’annoncent de loin dans le développement de sa vie spirituelle, il lui est donné d’entrevoir ce qui est susceptible de lui arriver ; il s’y attend et est invite à s'y préparer comme si déjà il le voyait poindre à l'horizon.
Sans d’ailleurs s’attacher de façon spéciale à la représentation qu’il est porté ainsi à donner de ce qui vient, l’homme reçoit aux heures de lumière, avec l'assurance intime de l'exactitude de sa voie, celle de la justesse de ses vues. Cette prescience n’est nullement engendrée par la curiosité ni par l'anxiété devant l’inconnu. Elle est d’autant plus exacte que l’homme n'a pas pesé sur elle par ses réactions même les plus raisonnables, ni ne lui a rien ajouté par ses déductions même les plus vraisemblables.
Elle jaillit de lui plus encore qu’il ne la tire de soi. Il l'accueille avec quelque passivité plus encore qu’il ne la recherche activement. Il la tient à distance sans d’ailleurs la fuir. Cette illumination exige une acceptation qui souvent n’exclut pas l'angoisse, tellement elle va au-delà de l'instinct, tout en s’appuyant sur lui. A ces conditions, elle le visite de sa grâce propre.
L'activité spirituelle qui permet cette prémonition est différente de l'imagination fabulatrice. »
p. 77 à 81 - « L'HOMME A LA RECHERCHE DE SON HUMANITÉ »
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Les sciences n’ont commencé à se développer vraiment que lorsque par méthode on a fait disparaître Dieu et son action de l’horizon de leurs recherches. Tant que Dieu pouvait être considéré comme une cause susceptible d’intervenir dans le cours des phénomènes, l’activité scientifique est restée limitée dans son exercice. Elle était empêchée de prendre toute sa dimension. Elle ne s’est vraiment déployée, mais alors avec quel succès, que lorsqu’elle a fait volontairement abstraction de ce « Dieu-cause » ou plutôt de cette idée sur Dieu, lorsqu’elle s’est libérée totalement de l’entrave que constituaient ses croyances sur un Dieu intervenant librement, directement, de façon discrétionnaire et décisive, dans le devenir du Monde. De la sorte Dieu n’a plus été invoqué pour résoudre à peu de frais les questions encore sans réponse, ni pour procurer des réponses péremptoires supprimant définitivement les questions susceptibles de se poser. Cette mise systématique hors de question de l’action de Dieu comme cause au sens commun du terme a permis de même aux sciences humaines de se développer dans leur domaine propre.
p. 20
… prendre toujours plus conscience du réel, du moins autant qu’il peut le supporter, afin qu’il entrevoie le grand large et qu’il prenne son vol ?
Paradoxalement ne faudrait-il pas être, sinon athée, du moins être amené à se poser des questions insolites, et certes cruelles en leurs conséquences, « déstabilisantes », au sujet de l’existence de Dieu, pour être susceptible d’atteindre à une foi en Dieu réelle, à une foi qui, parce qu’elle est vivante, conduit l’homme sans cesse à la remettre en question et sans cesse à la réaffirmer. Perpétuelle confrontation entre ce que le croyant reçoit du dehors de par sa connaissance objective du réel, et ce qui monte en lui du dedans où s'impose l'exigence née de son intériorité quand il prend suffisamment conscience de soi.
p. 22C’est pourquoi, pour qualifier l’éthique, je récuse le terme d’obéissance et choisis le mot fidélité : l’exercice de la fidélité donne à l'obéissance un caractère personnel que la lettre de la loi ne peut pas édicter et que la simple obéissance ne peut pas atteindre.
Prenons un exemple symbolique : Les dix commandements de la Loi de Moïse. En supposant — ce qui est loin d’être certain — que plusieurs d’entre eux ne soient pas très marqués par des conditions contingentes particulières à la civilisation où ils ont été édictés, les dix commandements sont d’une nature trop générale pour que les frontières qu’ils tracent ne doivent jamais être franchies dans certains cas imposés par les situations et les circonstances, par les conditions de vie difficiles ou extrêmes, par l’état physique ou psychique du moment de tel individu. Il est des fidélités qui vont jusqu’à dicter impérieusement des désobéissances comme souvent il en est qui exigent beaucoup plus que ce que la loi peut commander... Il faut encore dire davantage : il est des obéissances qui sont des infidélités... lorsque derrière l’observance de la loi on se défend d’avoir à correspondre personnellement à des exigences sur lesquelles celle-ci garde le silence...
Il est bien évident que ces considérations ne peuvent être comprises dans leur juste portée et ne pas être cause de soupçons voire de scandales que si on a déjà eu l'occasion de se les formuler à soi-même et d’en tirer les conséquences pour son propre comportement.
...
p. 29
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Bien avant que, par son approfondissement personnel, l'adulte ait trouvé les ressources de conscience et de volonté qui lui permettent de porter sa mort de façon habituelle, l’amour et la paternité lui donnent l'occasion de la découvrir avec réalisme.
Tout ce qui arrive à ceux que l'homme aime comme lui-même : naissance, mariage, épreuve, mort, prend pour lui, spontanément, une importance considérable, l'émeut et lui ouvre les yeux sur sa propre condition mieux que ne saurait le faire au début, sa seule réflexion.
Devant le berceau de son nouveau-né, le père, par une prise de conscience intense du début d’une vie qui lui est si proche, peut être conduit à penser à la mort. En cette heure marquée par un commencement absolu, l’homme suffisamment conscient dépasse une connaissance purement objective de l'événement. Il le singularise. Il se l'approprie. Il l'insère dans la trame de sa vie intime. Il se hausse à des vues qui le portent à considérer la mort d’une toute autre manière qu’en temps ordinaire. Naissance et mort s’appellent. Ne sont-elles pas les deux situations limites et au-delà desquelles toute pensée n’est qu'imagination vaine ?
(p. 67)
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Marcel Légaut
Créer, c’est rendre possible ce qui n’existe pas encore aujourd’hui, sans quoi même ce qui existe aujourd’hui n’existera plus demain.
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L'amour humain ne peut pas se tenir à son niveau hors du recueillement, car seul le recueillement permet à chacun d’être présent à soi-même. C'est uniquement à travers cette présence à soi que, malgré la distance infranchissable séparant ces deux êtres solitaires, la présence de l’autre est perçue. A la fois appel et réponse, l’amour est discret par nature plus encore que par pudeur. Le silence est son climat, silence plein qui ne change pas tellement quand il se mue en paroles car c'est lui qui nourrit les paroles et leur donne leur valeur et leur portée. Comment l'amour ne se dégraderait-il pas dans l'agitation des réactions affectives, des résolutions, des regrets et des scrupules ? Il doit absolument transcender les tensions de tous ordres et n'être fidèle qu’à lui- même pour s’établir dans sa vivante immobilité.
(p. 38)
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...
Sa manière d’entrevoir l'amour et la paternité ne lui est nullement acquise de façon définitive. Elle évolue avec lui, se perfectionne ou dégénère avec lui. De même, elle paraît nécessairement banale ou utopique, et de toute manière abstraite, à quiconque n’est pas en état de la découvrir par et pour lui-même.
La vision de l’amour et de la paternité que l’homme atteint ainsi n’est pas la conséquence de ce qui se dit et se fait dans la société, même si par certains aspects elle en porte nécessairement le reflet.
Elle est proprement une création spirituelle, même si l’hérédité, l’imitation ou quelque initiation l’ont aidée à se faire jour. Dans son ordre elle a les caractères qui correspondent à ceux de la création artistique.
(p. 91)
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