Vous ne vous êtes pas marié, mon ami chéri : seulement vous avez trompé votre pauvre Cécile avec des femmes un peu plus amusantes qu'elle. Je dois vous rendre ce témoignage que vous l'avez fait avec une franchise admirable, sans essayer une seule fois de me dissimuler vos infidélités. Vous me les racontiez presque, ou du moins, vous surveilliez si peu vos paroles, que je devinais tout, chaque fois ! ... Et j'étais si lâche que, le cœur brisé, je n'osais pas pleurer, je n'osais pas vous faire un reproche ! ... La seule fois que j'ai eu l'imprudence de montrer un peu de tristesse, vous m'avez regardée avec une surprise qui n'était vraiment pas jouée, et vous m'avez dit :
« - Comment ! de la jalousie, maintenant ?
- Est-ce que nous nous sommes juré fidélité ?
- Est-ce que nous ne sommes pas libres tous les deux ?
- Vous me plaisez, je vous plais ; nous nous associons pour marcher côte à côte dans cette vallée de larmes, en essayant de nous y embêter le moins possible ; mais, Dieu merci ! nous gardons notre indépendance. »
J'ai essayé de vous contenter, mon ami. J'ai essayé, je vous le jure, d'être raisonnable, de prendre la vie et l'amour comme vous les prenez si heureusement... à la blague. J'ai tâché d'être indifférente, de ne pas pleurer parce que j'étais trompée, de ne pas souffrir. J'ai tenté d'être gaie, de rire quand j'avais dans le cœur la mort et pis que la mort. J'ai joué près d'un an avec vous, avec moi, cette douloureuse comédie. J'ai obtenu l'affreux succès de vous y prendre vous-même. Vous m'avez crue définitivement guérie du sentiment de la passion, du « roman à un sou. » Vous m'avez crue définitivement conquise à la blague, et vous m'en avez félicitée...
Eh bien, non ! ... Je n'ai plus la force de lutter et de mentir... Mon rôle m'excède. Je le rejette avec horreur ; je me reprends.
L'amour ? Ce que tu entends par l'amour, c'est à dire le coin du feu, le monsieur assagi, qui vous prend sur ses genoux et vous dorlote, en vous disant des tendresses, et à qui, en échange, on prépare des grogs et des pantoufles ! J'en ai l'horreur de cet amour-là, entends-tu ? Horreur ! Horreur !... Je ne suis pas tendre, on ne se refait pas ; les tendresses me portent sur le nerf.
Les gens n'ont pas toujours besoin de conseils, parfois ils ont juste besoin d'une main à tenir, d'une oreille pour les écouter et d'un cœur pour les comprendre.
Repris par Maud Ankaoua dans son livre "Respire"
Avant même de naître, ces petits nous prennent toutes... Et, dès qu'ils sont nés, notre vie change tellement !... Tellement que la plus misérable femme du peuple avoue qu'elle a vraiment du bonheur. S'oublier tout à fait, ne plus exister que pour eux, quelle joie ! Si vous saviez ! Tout poupons, peut-être encore sont-ils plus délicieux, plus attrayants... quand leur bouche ne sait pas prononcer les mots et qu'ils apprennent leurs gestes de nous, comme de petits singes... Non, ma princesse n'imagine pas à quel point ils s'emparent de nous : on finit par ne plus penser à autre chose qu'à eux. Et n'est-ce pas le bonheur, au fond, de s'oublier, de vivre pour un autre que soi ?
Heureuse par l'amour, quelle femme discute son bonheur ?
L'homme qui le lui donne est le premier parmi les hommes.
Il n'est pas question de le comparer : il est roi...
Avoir peu d'enfants et leur sacrifier tout : telle est l'étrange formule de la famille française.
– Je dus tâter, à travers l'étoffe légère de la jupe, les muscles de ses bras.