« Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n'avais aucune culture. Et j'ai été folle de toi. Non pas qu'il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j'ai éprouvés. C'est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j'aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C'est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. Tu étais le grand persécuté, le bouc émissaire. Je me suis sentie obligée de prendre ta défense pour dire : Les porcs ont le droit d'être des porcs. Une société qui met ces créatures en prison aux seuls motifs qu'ils ont des goûts propres à leur espèce n'est pas une société libre et juste. »
Lorsque nous voyons la viande dans notre assiette, nous ne voyons pas la séquence des images qui la rendit possible. Nous ne voyons pas la bête vivante, nous ne voyons pas le couteau qui la tue, nous ne l'entendons pas supplier pour sa vie, nous ne voyons pas son sang jaillir, nous ne voyons pas la main qui la dépèce. (p. 134)
L’expérience m’a appris que rien n’agace plus un homme qu’une femme qui écrit.
Certe, tu n'étais pas un porc tout le temps. Tu étais aussi un homme. Il t'est même arrivé d'avoir des responsabilités nationales et internationales importantes. Et tu t'apprêtais à en avoir davantage. Tu avais une femme richissime et célébre, plusieurs enfant, une vraie famille. Tu avais des fans, des amis politiques. Tu avais une vie qui n'avait rien à voir avec celle, terrible, fragile, dégoûtante et sublime des cochons.
Mon immeuble a toujours été atteint de cette maladie, elle lui est congénitale.C’est la faute de l’architecte qui l’a construit. La cage d’escalier est si terrifiante, si belle et si énigmatique que les gens adorent s’y suicider. Elle permet de croire à ceux qui choisissent d’y tomber qu’ils ne cherchent pas la mort mais à dévoiler un secret, à trouver un paradis, à atteindre le bonheur.
C'est pourquoi si, en 1976, seules 693 des personnes sous écrou l'étaient pour viols, agressions et atteintes sexuelles, en 2005 elles étaient 8670 et 7631 en 2011. Si en 1976 elles représentaient 4% de la population carcérale, ce chiffre monte à 14,9% en 2011, ayant atteint en 2001 le sommet de 24,7%.
...toute femme qui cherche à exister intensément dans ce monde doit arriver d’abord et avant toute chose à se dire : “Je jouis, donc je suis.” Et une femme change complètement une fois qu’elle a connu de tels plaisirs. Cela atteint son existence entière. Elle commence à penser et à décider par elle-même. Elle acquiert une confiance si grande dans ses capacités, dans ses forces, dans ses jugements qu’il devient difficile par la suite de l’aliéner à un homme et de lui faire croire qu’elle vaut moins que lui.
Mais comme faire travailler l’esprit était mon métier, mon obsession, ma débauche, je savais qu’à force de réfléchir je finirais par trouver. « Pense, pense et pense », me disais-je jour et nuit, nuit et jour. Mais s’il y a une bête qui n’aime pas recevoir des ordres, c’est bel et bien l’esprit. Plus on se montre autoritaire envers lui, plus il se cambre. Et il ne fait la paix avec le penseur que lorsque celui-ci rentre dans une sorte d’apnée en abandonnant toute velléité de maîtriser ses idées.
Quand on met en place une vengeance si sophistiquée il est impossible de contrôler toutes les réactions des personnes impliquées. Il y a toujours le hasard qui fait ses caprices et qui donne aux mises en scène les plus calculées l’air imprévisible de la vie elle-même.
La liste de tes maîtresses, de tes conquêtes d'un jour, de tes victimes, de tes putes successives et concomitantes dont la presse ne cessait de s'horrifier et de se régaler montrait un autre aspect émouvant de ta vie. Ces femmes étaient laides et vulgaires.