Citations de Marco Mancassola (39)
Elle avait faim de corps, pas seulement de ceux en qui elle pouvait se transformer, mais elle comprenait que le problème n'était pas le corps des autres. C'était le sien qui était trop lointain, presque hors d'atteinte.
Son corps changeant. Son corps solitaire, orgueilleux, un corps qui n'acceptait pas de se mêler aux autres corps, qui préférait se changer en eux, les connaître sans les toucher.
Alors elle s'étreignirent. Les deux mères privées de fils restèrent ainsi enlacées, à respirer l'odeur des cheveux de l'autre. Ce jour-là, la Femme à l'Œil révélait un secret. Au cas où quelqu'un se serait encore demandé quel était l'œil authentique, le mystère était résolu. C'était celui qui pleurait.
La cuisine de notre mère avait une saveur d'intimité. Elle était chaude, comme toute bonne nourriture elle envahissait l'estomac et l'esprit. Je me demande si la bonne cuisine ne sert pas précisément à cela. A aider celui qui la goûte à se sentir moins seul. Ses plats avaient le même effet qu'une étreinte, avec eux on n'était jamais seul, et pourtant elle, la femme qui les préparait, passait une grande partie de sa vie dans une solitude complète.
Lorsqu'une chose semble trop ambiguë, n'essaie pas de l'interpréter, oublie-la.
Peut-être qu’aimer quelqu’un, ça signifie l’aimer malgré son mystère. Peut-être nous sommes-nous montrés trop rationnels, trop présomptueux, en voulant tout contrôler. Peut-être que ça ne doit pas se passer ainsi. Pour aimer il faut accepter une part d’humiliation.
Toute ma vie, j'ai été un homme en caoutchouc. A présent, je veux être inflexible. Je ne veux pas me glisser dans les fissures de sa vie. J'en veux plus. je veux tout. Je veux entrer en elle et y rester pendant des heures. Je veux la connaître aussi bien que l'air. Je veux la forcer à prendre un weekend, je veux que nous allions quelque part ensemble. Je veux être le maître de ses jours et qu'elle soit la maîtresse des miens, que le reste du monde ne soit plus qu'un simple détail.
Les super héros sont fatigués ,c'est contagieux ,sans doute ;Je me suis forcée à finir la lecture . Alors que j'ai apprécié la première partie ,avec les doutes de Mister Elastic,qui me touchait par ses faiblesses ,que j'ai lu avec intêret le récit de l'enfance des deux frères De villa auprès de leur mère au pouvoir non médiatisé ,j'ai vite expédié Batman ,trop déplaisant et l'histoire de Mystique m'a semblé interminable .. Marco Mancassola a de bonnes idées ,il y a des trouvailles dans l'écriture mais me semble un peu trop bavard .
Quel effort terrible, inhumain! Celui qu'il faut accomplir pour dominer une obsession et maintenir en équilibre, bien séparées, la normalité extérieure et l'inquiétude intérieure. Dès la fin de sa journée, lorsqu'il se retrouvait seul, une fatigue destructrice s'abattait sur lui.
"Je sais que tu n'aimes pas ces histoires. Vulgaires, je l'admets, faites pour titiller les fantaisies les plus sordides. Plus personne ne s'intéresse aux super-héros, et pourtant tout le monde veut savoir ce qu'ils fabriquent quand ils sont au lit. Le livre est un best-seller programmé. Dans les prochaines semaines, le pays ne parlera que de ça", affirma-t-il en montrant à Mystique la couverture sur laquelle campait en gros caractères un titre des plus prometteurs: La vie sexuelle des super-héros.
La cuisine de notre mère avait une saveur d'intimité. Elle était chaude, comme toute bonne nourriture elle envahissait l'estomac et l'esprit. Je me demande si la bonne cuisine ne sert pas précisément à cela. A aider celui qui la goûte à se sentir moins seule. Ses plats avaient le même effet qu'une étreinte, avec eux on n'était jamais seul, et pourtant elle, la femme qui les préparait, passait une grande partie de sa vie dans une solitude complète.
Chaque matin, au fragile instant du premier réveil, le souvenir d'Elaine le frappait comme une gifle.
Un état d'agonie constante. Il avait des insomnies, était épuisé, avait mal quand il bougeait, quand il pensait. Il avait mal quand il souriait et qu'il parlait, même lorsqu'il regardait par la fenêtre. Une partie de lui se rendait compte, avec lucidité, qu'une frontière avait été franchie, et que ce qui, avant, était un mal-être circonscrit, mesurable et surmontable, avait commencé à devenir sans limite, sa déchéance. Quasiment infini. Red craignait d'avoir sombré en pleine dépression. Il refusait de l'admettre comme il refusait d'admettre qu'il était tombé si bas, dans un trou noir, dans des sables mouvants, là où finissaient tous ceux, ordinaires et stupides, qui avaient sombré dans une fatale obsession pour quelqu'un.
Mais la conversation languissait. Red percevait entre eux un début d'embarras. Par la suite, il ne saurait dire comment la discussion avait commencé. Certains échanges ne peuvent aboutir qu'à un seul point, il le savait. D'où qu'ils partent, c'est là qu'ils mènent. Au point de friction. À la blessure ouverte.
Elaine ne l'avait pas appelé de la semaine. Lui non plus n'avait pas téléphoné. De la dignité : il devait rester digne. Enfin, ce matin-là, elle s'était manifestée et, dans son message, elle proposait qu'ils se voient dans la soirée. Red inspira fort. Elaine était sa pensée la plus incandescente, la surface à laquelle son esprit continuait de se heurter sans réussir à la toucher vraiment. Impossible de la toucher. C'était une braise dans sa tête.
Somme toute, être quitté par Sue après des années d'indifférence réciproque ne pouvait guère avoir fait si mal. Renoncer à Elaine maintenant, dans le feu de la passion, était complètement différent.
Il multiplia les bons mots. Il continua à déclencher ses rires. Bien sûr il savait ce qui était en train de se passer. (...) Si elle riait, songea Red, c'est qu'entre eux se déroulait un rituel (...) : Je lui fais la cour. Je drague une femme plus jeune que mon fils. Elle le sait et se prête au jeu.
- Mais alors les lettres c'était vous?
Il me faudrait des années pour comprendre la vérité, même si je crois l’avoir toujours sue. J’imagine qu’on sait toujours la vérité, on la sait tous dès le début, on doit juste se décider à la regarder en face.
Lorsqu’une chose semble trop ambiguë, n’essaie pas de l’interpréter. Oublie-la.