Une seule fois pourtant la récalcitrante était sortie du script. C'était le problème avec les starlettes... Elle avait répondu selon le scénario : la jeunesse, l'emportement, son engagement politique, sa guerre contre la société de consommation et autres conneries compréhensibles du quidam moyen. Puis elle avait ajouté : aujourd'hui je prends les hommes tels qu'ils sont et les lois telles qu'elles peuvent être.
Ben, je suis pas très malin, mais je ne suis pas tout à fait con non plus, conclut-il avec un clin d'œil.
Tu me fatigues parfois... Soit t'es une lumière, soit t'es un abat-jour, c'est très déstabilisant.
Sa superbe venait de faire faillite, le front offert à la sudation et la jambe droite remuant de manière épileptique, hurlaient le langage de la trouille.
Celui qui disparaîtrait sans qu’on le retrouve jamais, celui dont on ne saurait rien, celui aussi impalpable qu’une ombre et aussi tangible que la mort, allait maintenant se retirer.
Dans le salon, Alan venait d'allumer son cigare, ses lunettes de soleil en miroir masquant son regard unique, dans son costume noir et sa chemise blanche. Ca fleurait bon l'ambiance Parrain. ET bientôt tout ça se teinterait de sang et d'os. C'était écrit et les trois prisonniers savaient tous lire.
La pluie s'acharnait, comme intentionnelle. Elle faisait payer quelqu'un. C'était en tout cas son impression. Il faisait du stop depuis l'aube. Il tombait de quoi noyer un navire. Et maintenant la nuit venait de s'emparer de l'horizon jusqu'à ses pieds.
Lander, dans son véhicule, avait élaboré un plan d'action. Ça allait être de l'équilibrisme. Faire se rencontrer deux adversaires pour en réduire le nombre et accomplir sa double mission d'un seul coup. Sur le papier c'était envisageable. Il savait très bien que sur le terrain, l'aléatoire et les hasards jouaient avec le destin. Il faisait confiance à ses réflexes en action, à son calme et à sa capacité d'adaptation. Il s'était entraîné longtemps et régulièrement, jusqu'à ce que son corps et son esprit réagissent mécaniquement dans de telles circonstances. Mais lors d'un ballet en enfer, les chorégraphies s'improvisent, il le savait aussi.
Arrivé à la porte d'entrée du bâtiment, il regarda à nouveau sa montre. Le bus devait être au bout de la rue. Encore trente secondes. Il entrouvrit et constata que c'était bien le cas. Il compta dans sa tête, et sortit au moment où celui-ci passait. Les flics en planque n'auraient rien vu, rien entendu. On conclurait à un suicide
"Mais on ne contraint pas des loups sans les briser chaque jour. La muselière ne suffit pas. Il faut leur raboter les crocs quotidiennement, les affamer, les chasser."