Quand le musée investit un édifice préexistant, la responsabilité culturelle est encore plus grande et ajoute, pour ainsi dire, un défi à un autre. L'exigence d'un musée est de créer une atmosphère accueillante; une gare présente une succession d'espace vides et ouverts. Ces deux caractéristiques parfaitement opposées n'ont découragé les architectes, qui ont réussi à respecter et valoriser le contenu (les œuvres d'art) autant que le contenant (l'architecture préexistante), tous deux emblématiques de la Belle Époque. La dualité entre conservation et mutation a été résolue avec élégance : le défi posé par la gare a stimulé l'imagination et conduit à une architecture plus riche et plus passionnante qui dans une construction ex novo.
La Source permet de comprendre l'étendu du fossé qui la sépare de la peinture romantique de Delacroix. En effet, les deux artistes incarnaient alors le conflit entre le classicisme et romantisme, entre la règle du dessin et la liberté de la couleur.
"Quelle souplesse dans ces reins moelleux, dont la chair semple avoir des micas de marbres de Paros sous la vapeur rose de la vie qui les colorent légèrement !" Ainsi la critique Théophile Gautier évoque-t-il La Source d'Ingres.