AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marguerite Audoux (54)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Marie-Claire

Soyons fous! Si je vous dis Marguerite Audoux , vous me répondrez unanimes je ne connais pas ! Si je vous dis prix Fémina 1910 Marie-Claire, en chœur je persiste et je signe je vous entends me clamer mais je n'étais pas né! Si je vous dis moi non plus, sur vous me croirez , si je vous dis que c'est un roman que j'ai dévoré un peu moins , si je vous dis que c'est un petit bijou vous demanderez à réfléchir ... je persiste et je signe si vous appréciez la littérature

Je me contenterai de céder la plume à Octave Mirbeau qui préfaça ce livre à sa parution chez Fasquelle après s'être battu pour cela:"Il m’est doux de parler de ce livre admirable,et je voudrais, dans la foi de mon âme, y intéresser tous ceux qui aiment encore la lecture. Comme moi-même, ils y goûteront des joies rares, ils y sentiront une émotion nouvelle et très forte."

Publiée en 1910, cette autobiographie , ce roman d'apprentissage nous parle vrai, l'écriture est fluide et simple mais nous parle avec le cœur d'un monde de petits de la campagne , des vicissitudes d'être orphelin, de la dureté de la vie à cette époque sans falbalas, ni esbroufes . Coup de coeur sans aucun doute
Commenter  J’apprécie          464
Marie-Claire

Ce roman de Marguerite Audoux, qui a obtenu le prix Femina en 1910, est tombé dans l’oubli. Il a pourtant rencontré un grand succès et donné son nom au magazine féminin éponyme.

Ce roman autobiographique, nous raconte l’enfance de Marie-Claire, petite orpheline de cinq ans. Le père est un ivrogne et, à la mort de la mère, elle est séparée de sa sœur et confiée aux religieuses. Là elle se prend d’affection pour sœur Marie-Aimée au prénom prédestiné et qui sera comme une mère pour elle.

Marie-Claire quittera les murs protecteurs du couvent pour être placée comme bergère chez des fermiers. Elle découvre alors la vie de la campagne - nous sommes en Sologne- et les travaux de la ferme suivant les saisons.

A travers ce témoignage naïf, on palpite au gré des amours enfantines, des frayeurs lorsque le loup rôde, et on s’émeut lorsque la jeune fille fugue pour retrouver sa chère sœur Marie-Aimée.

Le style, d’une grande simplicité, est tout en suggestions, ce qui le rend si émouvant. La petite Marie-Claire sait observer et nous découvrons la vie à travers ses yeux d’enfant. Même si l’existence n’est pas toujours facile, tout est pur, innocent et plein de vitalité, ce qui donne un charme indéniable à ce petit roman.

Cette description de la vie paysanne fait songer à Georges Sand, mais l’écriture de Marguerite Audoux a cette simplicité, cette sincérité qu’on ne retrouve pas chez la grande romancière du XIX e siècle.

Ne nous y trompons pas : derrière la simplicité du texte, il y a une densité littéraire.

Un bon moment de lecture

Commenter  J’apprécie          444
Marie-Claire

La vie de la petite Marie-Claire bascule dès l'âge de cinq ans à la mort de sa mère. Son père, dans l'impossibilité de prendre soin d'elle ainsi que de sa soeur, les confie au couvent pour qu'elles grandissent avec un minimum d'éducation et de religion et trouvent une place "dans le monde" avec l'aide de la mère supérieure. Le destin de Marie-Claire sera-t-il de devenir demoiselle de mode, nonne ou paysanne ?



Ce court roman de Marguerite Audoux a été récompensé du prix Fémina 1910. Récit d'une enfance puis d'une adolescence esseulées au début du XXème siècle, alors qu'un destin sans éclat se dessine pour une héroïne touchante quoiqu'assez ordinaire. Toutefois Marie-Claire est vive et a du tempérament, ce qui lui permettra de traverser les écueils de sa jeune existence dont les rênes sont tenues par d'autres mains que les siennes.



Ce roman ne me laissera pas un grand souvenir. Bien qu'Octave Mirbeau explique au lecteur en préface qu'il ne pourra pas trouver plus belle oeuvre littéraire, j'émets plus de réserve. J'ai pas mal pensé à George Sand pendant ma lecture. Il se dégage une douceur, une rusticité et une authenticité qui lui donne l'accent de la réalité et le relief des beaux sentiments.





Challenge MULTI-DEFIS 2023

Challenge PLUMES FEMININES 2023
Commenter  J’apprécie          350
Marie-Claire

Une écriture sobre, naïve et vivante! Il y a de quoi s'attacher à la narratrice et à l'histoire, on suit la vie modeste de Marie Claire qui connait une enfance et une adolescence instables. Ce qui est intéressant n'est vraiment cette vie de martyr que vit Marie Claire tout en sachant que bien des enfances ont connu ces terribles moments en début du XXe siècle que cela a beaucoup influencé la littérature de l'époque mais qui est fascinant dans Marie Claire est son récit...tout naturel...dommage qu'il n'y est pas de suite...
Commenter  J’apprécie          342
Marie-Claire

Marguerite Audoux (1863-1937) eut une vie difficile. Orpheline, elle passa neuf ans à l’orphelinat chez les sœurs , c’est là, qu’elle apprit à lire . Ce roman autobiographique se compose de trois parties  : sa prime enfance, la mort de sa mère, le père qui part, et son entrée à l’orphelinat de Bourges, son morne quotidien. La deuxième partie se situe à la ferme de Villevieille, Maître Sylvain et son épouse Pauline, entourent la petite bergère d'une sincère affection . Durant les soirées, elle s’adonne avec passion à la lecture. Le fermier meurt et de nouvelles péripéties s’annoncent dans la troisième partie . La ferme est reprise par M. et Mme Alphonse la jeune fille tombe amoureuse d'Henri Deslois, le frère de la fermière . Cet amour est inconcevable et la mère du jeune homme interdit à Marie-Claire de revoir son amoureux. Celle-ci retourne alors au couvent, où elle revoit sœur Marie-Aimée, celle qui lui a tant manqué durant toutes ces années, avant de partir pour la capitale.

C’est un récit émouvant, sincère, plein de grâce. (Prix Renaudot en 1910), une écriture concise, une lecture agréable, un moment de détente appréciable.

Commenter  J’apprécie          310
De la ville au moulin

On retrouve dans ce livre cette suavité qui caracterise la plume de Marguérite Audoux! C'est fluide, frugale et perçante à la fois, on s'y accroche tout naturellement. Surtout on s'accroche à l'héroïne! On s'attache à elle, à son histoire, à sa sensibilité, et aussi à sa force de caractère.

Se réveillant sur un lit d'hôpital, Annette s'étonne du monde qui l'entoure, elle se soutient de son évanouissement, de l'objet qui l'avait frappé alors qu'elle voulait séparer ses parents contrariés et ancrés dans une dispute. Mais le docteur fait tomber la sentence, Annette sera à jamais boiteuse! C'est comme ça que commence le livre! Pour sa convalescence, elle est envoyée au Moulin chez son oncle qui subit l'autorité de sa femme Gertrude. Annette pense à son frère Firmin, à sa sœur Angèle, ses deux derniers frères jumeaux. Annette sent que la vie commune de ses parents ne tient plus qu'à un fil fin. Ca ne va pas tarder, les parents divorcent. Tous les enfants doivent la rejoindre au moulin, et être à sa charge. Elle est l'ainée et n'a que n'a que 15 ans. Une vie de famille brisée au début du XXe siècle, cinq enfants qui vont bien devoir grandir vite. Annette doit vite travailler pour subvenir aux besoins de ces petits frères...puis chacun devra aussi, au fur et à mesure mettre la main à la patte. Prenant exemple sur ses parents, Annette refuse de se marier, même quand l'amour viendra frapper son cœur, elle y mettra du caractère, elle va lutter avec. De la ville au moulin, c'est aussi l'émancipation de la femme, celle qui ne veut pas vivre sous le joug d'une société marginale. Celle qui réclame sa liberté pour le divorce, décider de se marier ou pas!

Un magnifique livre qui se lit d'une traite et qui vous laisse une petite fraicheur de la campagne pour rebondir sur d'autres horizons littéraires!
Commenter  J’apprécie          270
Douce Lumière

"Douce", un bien joli prénom pour une jeune fille qui se prénomme Eglantine Lumière.

Orpheline dès sa naissance, elle n'aura pas une vie remplie de joie, malgré le fait qu'elle fut entourée et éduquée très jeune.

Marguerite Audoux a réussi à nous dépeindre un portrait larmoyant de cette jeune fille qui n'a pourtant pas subi les pires aléas de la vie mais il en est ainsi dans l'histoire, désespoir, illusion, tristesse, souffrance, tout lui a été réservé comme une victime qui aurait subi la vie comme une punition.

L'écriture reste très agréable et très lyrique, mais quel vocabulaire, quel rythme lent et mou!!

J'ai déjà tenté avec Marie Claire qui ne m'avait pas transcendé mais là j'avoue que l'auteure au fil du temps était tombée dans un registre plus que triste.
Commenter  J’apprécie          200
Marie-Claire

Un petit roman bien court et bien simple du terroir qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Certes, notre héroïne à été recueillie au couvent dès son tendre jeune âge et ensuite elle deviendra bergère sur les terres de Sologne mais cela ne m'a pas forcément captivée comme dans certains romans régionaux qui me tiennent en haleine.

Bref, rien de plus à dire car il me manquait un petit quelque chose en fait...
Commenter  J’apprécie          202
L'atelier de Marie-Claire

Romancière autodidacte oubliée qui a donné son nom à des établissements scolaires ou quelques rues, Marguerite Audoux a pourtant été une des première femme à obtenir le Prix Femina en mettant sur le devant de la scène des personnages qui avaient peu de place dans la littérature, ou du moins, qui voyaient leurs voix rapportées : les femmes ouvrières.



J'ai lu directement ce roman ne sachant pas qu'en réalité c'était la suite de son premier roman, Marie-Claire, mais cela n'a gêné en rien ma lecture.



Dans ce roman social digne d'un Emile Zola sans le côté flamboyant, les descriptions réalistes fines ou la richesse narratologique qu'on trouve chez son compère, Marguerite Audoux fait suivre à son lecteur le quotidien des couturières dans un atelier parisien ainsi que celui du couple qui le gère. Bien qu'on y trouve des personnages masculins, ils ont assez peu de relief. On suit autant la pénibilité du travail de ses femmes que les difficultés de gestion et d'adaptation à la concurrence que les habitudes des bourgeoises qui souhaitent s'afficher à la dernière mode et ont des exigences et pas le moindre égard pour celles qui confectionnent les merveilles uniques dont elles se parent.



J'ai trouvé ce roman très dynamique, avec une langue toute en simplicité et surtout très fluide qui retranscris les accent et dans lequel on sent une grande authenticité. Et une fois encore, sachant qu'elle ne disposait pas du cercle de relations de ses collègues masculins et qu'elle n'avait pas eu non plus accès à la même éducation, l'écriture d'un tel roman force le respect. J'ai particulièrement aimé l'ensemble des détails qui donnent à cette histoire son aspect si "vrai" et nous fait nous attacher aux personnages : les petites histoires entre employées, leurs vies personnelles parfois difficiles, les chansons qui ponctuent leurs journées.

Tout cela m'a rappelé des scènes de vie qu'on avait pu me raconter dans ma famille maternel, d'où le fait aussi que j'ai été aussi émue.



Encore une fois, cette lecture me fait déplorer cette invisibilisation des romancières au profit des hommes qui déjà avaient plus d'avantages que les femmes. Ce fut une bonne découverte, peut-être pas grandiose ni inoubliable, mais à l'heure où on parle de "fast fashion" , d'exploitation d'enfants et de femmes dans des ateliers de confections des pays du tiers-monde et de pénibilité des travaux manuels, le propos de ce roman résonne de façon très moderne.
Commenter  J’apprécie          190
Douce Lumière

Quel contraste entre le titre et l'histoire! Douce Lumière nous fait pressentir pourtant de bons moments de douceur ou encore d'une quelconque clarté qui frapperait l'âme, mais c'est une histoire sombre dénouée de toute lumière, une histoire de parcours de Douce Lumière qui n'est que rempli d'épreuves. Née sous une mauvaise étoile dira-t-on , car sa mère meurt à sa naissance, puis son père après quelque temps par souci, puis celle de la grand-mère! C'est un début de vie alarmant pour Douce Lumière, il ne lui reste plus que son grand père. Son enfance, par contre, est rempli de beaucoup douceur et d'aventures. Elle a pour ami Noël, le garçon des voisins qui l'initie aux jeux des garçons. En compagnie de son chien, ils ne manquent pas d'imagination pour se créer autant de jeux à travers la campagne. Quand ils grandissent et qu'ils décident de se fiancer, c'est une autre facette de la vie qui va se révéler à Douce Lumière....

On retrouve dans ce livre cette écriture fluide et cet art de bien narrer qui caractérisent Marguerite Audoux ! Mais l'esprit du désespoir trop pesant sur les personnages alourdit le style et ralentit le rythme!
Commenter  J’apprécie          190
De la ville au moulin

Qui se souvient de Marguerite Audoux couronnée par le Prix Femina en 1910? Cette gamine abandonnée par ses parents placée comme bergère qui montera à Paris, deviendra couturière, croisera la route d'Octave Mirbeau ...

de la ville au moulin est paru en 1925. Annette a voulu séparer ses parents lors d'une dispute plus violente que les autres, sa hanche est fracturée. Si elle peut remarcher elle reste boiteuse...Ses parents finissent par divorcer et Annette se retrouve en charge de ses frères et soeurs. Courageuse, attentive à leur bien-être elle trouve l'énergie pour faire face aux temps difficiles. Les années passent, elle a décidé de ne pas se marier pas question de revivre le cauchemar de son enfance mais la vie ....

Ce roman est d'une modernité ahurissante. Imaginez une femme refuser le mariage, refuser l'autorité d'un mari , gagner sa vie pour subvenir à ses besoins, vivre selon son coeur et hors des normes de la société et de l'Eglise. Passera t'elle à côté du bonheur? Arrivera t'elle à vivre selon ses aspirations ? Un texte qui se lit facilement, la nature est là omniprésente, les personnages prennent corps et âme sous nos yeux. La vie est difficile pour les petits, la guerre de 14 ne laissera pas de familles intactes. Un beau roman, une auteure à découvrir.

Commenter  J’apprécie          180
Marie-Claire

Marie-Claire est une toute petite fille lorsque sa mère meurt.

Confiée un temps avec sa soeur à la voisine, elle est bien vite emmenée à l'orphelinat, abandonnée par son père.

Soeur Marie-Aimée la prend rapidement sous son aile, lui offrant un soutien maternel aimant.

Cet amour que Soeur Marie-Aimée ne craint pas de montrer attire à Marie-Claire quelques inimitiés bien senties, dont la Mère Supérieure qui la fait placer dans une ferme à douze ans, pour briser l'orgueil qu'elle lui suppose.



En dire davantage, c'est tout raconter. Cela ne changerait rien au plaisir de la lecture tant ce petit livre est un chef d'oeuvre, mais ce serait un peu dommage tout de même.



Tout y est juste, pour dire l'enfance et ses découvertes. Le récit des jours à l'orphelinat, de l'amour non dénué d'exigence de Soeur Marie-Aimée, des mystères auxquels l'enfant assiste sans les comprendre, des camarades, du rythme quotidien, des injustices ravageuses, des chagrins dévastateurs, tout est raconté dans une langue précise et délicate, qui donne vie aux faits et aux gens.



C'est la même langue qui décrit ensuite superbement la Sologne, les travaux des champs, la nature accueillante ou hostile, les liens qui se nouent entre les êtres. Il y entre beaucoup d'amour et de fraternité pour parler d'Eugène, de Pauline, de Maître Sylvain, du vacher, de Jean le Rouge...



Et lorsque le coeur de Marie-Claire va battre pour ce jeune homme à la blouse de laboureur bien nette, les mots seront au plus près de la noblesse des sentiments qu'ils partagent.



La première fois que j'ai lu Marie-Claire, je devais avoir dix-huit ans et j'avais pioché ce livre au hasard dans les bacs de vieux poches d'un magasin de livres d'occasion.

Je l'avais dévoré, touchée en plein coeur par la sincérité, la douceur, la beauté de cette plume.

Ce sont les plus belles pages d'enfance que j'aie jamais lues.

L'image de cette toute petite fille blottie sur son petit banc, au creux du pupitre de Soeur Marie-Aimée, est inoubliable.

Et j'avais eu l'impression d'enfoncer moi aussi mes sabots dans la neige à la suite des moutons de Marie-Claire...



Je n'avais jamais entendu parler de Marguerite Audoux, une couturière rendue à moitié aveugle de s'user les yeux sur son ouvrage, qui s'était largement inspirée de sa vie pour son premier roman publié en 1910. Elle n'était pas particulièrement instruite, sa sensibilité et son intelligence rêveuse se sont exprimées avec la délicatesse qu'elle portait en elle, naturellement.



Admirée en son temps par Mirbeau ( qui a bien volontiers préfacé Marie-Claire) et Gide, elle est tombée dans l'oubli et c'est une injustice. Heureusement, il y a des bacs de vieux poches dans lesquels on peut attraper des merveilles, et des sites de lecteurs pour faire passer le mot.

Commenter  J’apprécie          185
Valserine et autres nouvelles

Un ensemble de courtes nouvelles sur l'amour maternel ou paternel, et un quelconque attachement qui pourrait remplacer cet amour primaire. Valserine, première nouvelle et la plus longue, donne le ton aux autres nouvelles, retraçant l'amour d'une fille pour son père bien que celui-ci soit un contrebandier...et c'est autour d'un tel amour que vont se construire les autres nouvelles et trois petits poèmes. Cet amour envoutant et révoltant, dont on ne peut se détacher, une fois perdu, on cherche à le retrouver ailleurs gloutonnement. Comme ces cousines qui croient percevoir le fantôme de leur oncle qu'on vient à peine de mettre sous terre. Comme cette mère qui veut se remarier à 58 ans, entre temps elle ne voulait jamais marier sa fille, alors déjà âgée de 38 ans, de peur de la perdre. Comme cet homme désirant que sa femme accouche d'un garçon après lui avoir donner trois filles, quand le fils tant attendu arrive enfin, le père est atteint d'une maladie de poumons, le seul souhait du père est de lutter contre la mort rien que pour contempler son seul fils...

Bien que l'écriture soit vieille, le talent de narratrice imputé à Marguerite Audoux n'est pas à redouter même dans ces petites histoires, agréables à lire!
Commenter  J’apprécie          180
Marie-Claire

Un roman auquel je n'aurai pas eu l'idée de m'y pencher, si ce n'est par le biais de Sylvaine. Il est vrai qu'il n'est point connu et pourtant il mérite d'être mis en avant. L'histoire est racontée simplement ça part du coeur, et on ressent bien aucune volonté de fioritures ni dans les formes ni dans les faits. C'est pur, frais, touchant de suivre cette petite Marie-Claire qui a perdu à son jeune âge sa famille et placée chez les soeurs. Elle ne fait pas grand cas de la vie sûrement rude en ces lieux austères et elle ne se rebiffe pas non plus quand on lui promit une place en ville et que la mère supérieure l'envoie dans une ferme. Elle se contente de ce que la vie lui offre, elle humble et son seul souhait étant de retrouver la soeur Marie-Aimée.

Un petit livre de qualité qui se lit très vite et dont on apprécie l'ambiance de la Sologne, et le personnage plein de bonté et sincérité.

Commenter  J’apprécie          180
Marie-Claire - L'atelier de Marie-Claire

Encore une fois la petite collection rouge de Grasset fait merveille: rééditer , ensemble, Marie-Claire et L'Atelier de Marie-Claire, voilà un joli coup double!



Le livre est ancien, l'époque aussi, avant la guerre de 14, mais rien n'y est "daté".



Pourtant, si je résume, on a l'impression d'avoir vu ce scénario dans tous les romans à l'eau de rose, les mélos ou les feuilletons populistes...Les Misérables , mais sans le panache..



Marie-Claire, enfant pauvre, vit en Sologne, terre pauvre. Orpheline de mère, abandonnée par son père, buveur, elle perd de vue sa soeur dont on la sépare, et est placée dans un couvent pour y apprendre un métier qui lui donnera un peu d'autonomie, ou, sinon, pour la faire entrer dans les ordres, et prier pour son prochain...



L'affection d'une "bonne sœur", Marie-Aimée, lui donne plus: elle connaît l'amour maternel, qui lui a tant manqué, et par le biais des amours devinées de la jeune sœur pour le curé du couvent, elle entrevoit le mystère palpitant de l'amour humain..



Elle quitte le couvent, et devient bergère. Puis ouvrière dans un atelier de couture...



Le résumé de Marie-Claire n'a, comme souvent, aucun intérêt. A deux détails près.



Le premier, c'est que Marie-Claire, c'est Marguerite Audoux...



Charles-Louis Philippe, auteur de "Bubu de Montparnasse" qui riait volontiers avec cette petite couturière presque aveugle, découvrit un jour qu'elle écrivait, il lut son manuscrit, s'enthousiasma, le fit lire à Octave Mirbeau...et Marguerite Audoux reçut pour son premier livre le Prix Fémina. Le premier point , c'est son authenticité: voilà une espèce de conte de fées qui semblerait lui aussi relever du poncif ou du happy end d'un roman à l'eau de rose, s'il n'était entièrement vrai.



Le second point qui distingue ce roman d'un feuilleton pour Bovary de campagne, c'est le style.



Une façon aérienne de relier entre eux les événements, sans jamais s’appesantir sur les liens de causalité, sans expliciter les non-dits, sans percer le mystère des relations aux êtres, sans tuer la poésie des relations aux choses, sans alourdir d'images inutiles la description de la nature toujours juste, directe et simple. je ne résiste pas au plaisir de vous donner l'incipit de ce récit: il en donne le ton, la force discrète et l'originalité:



"Un jour, il vint beaucoup de monde chez nous. Les hommes entraient comme dans une église, et les femmes faisaient le signe de la croix en sortant.



Je me glissai dans la chambre de mes parents, et je fus bien étonnée de voir que ma mère avait une grande bougie allumée près de son lit. Mon père se penchait sur le pied du lit, pour regarder ma mère, qui dormait les mains croisées sur sa poitrine.



Notre voisine, la mère Colas, nous garda tout le jour chez elle. À toutes les femmes qui sortaient de chez nous, elle disait :



— Vous savez, elle n’a pas voulu embrasser ses enfants.



Les femmes se mouchaient en nous regardant, et la mère Colas ajoutait :



— Ces maladies-là, ça rend méchant.



Les jours qui suivirent, nous avions des robes à larges carreaux blancs et noirs."



Cette écriture blanche, ce refus du pathos, cette légèreté grave, c'est tout Marguerite Audoux...Une bergère un peu sylphide,dans sa forêt solognote, une cousette presque aveugle qui savait regarder avec les yeux de l'âme..



Un grand écrivain, à redécouvrir!



Commenter  J’apprécie          160
L'atelier de Marie-Claire

Marguerite Audoux nous rapporte les souvenirs et la misère d'une forme d'aliénation par le travail qui a toujours existé.

Les filles de province s'exilant à Paris pour devenir couturières d'ateliers ressemblant comme deux gouttes d'eau aux ateliers clandestins chinois, pakistanais ou turcs qui sont à l'ouvrage dans Paris et dans les mêmes quartiers.

Ce passage du roman pourrait encore s'appliquer de nos jours :

« La maison Quibu était une des plus importantes du Sentier. Aussi sa deuxième commande fut si grosse qu’il fallut rappeler les anciennes ouvrières et en demander de nouvelles.

Boudelogue ne fut pas contente de ce changement. Elle craignait pour la finesse de ses mains, mais quand elle eut compris que le travail aux pièces lui permettrait de gagner davantage lorsqu’elle peinerait davantage, elle cessa de grogner et ne parla plus d’aller chez une autre couturière Bergeounette, qui connaissait tous les genres de couture, donna des conseils. Selon elle les ouvrières du dehors causaient souvent des ennuis tandis que le travail de l’atelier était régulier et facile à surveiller. »

Pièces insalubres, mais à l’abri des regards extérieurs, ouvrières dans le besoin ; prêtes à accepter les conditions les plus viles, rabatteuses des souteneurs qui guettent les proies faciles brisées par la faim, la misère et l’incertitude du lendemain :

« Aux affiches de la porte Saint-Denis, je retrouvai la jolie femme de chambre avec son bonnet et son tablier blanc. Elle guettait les ouvrières et leur parlait comme si elle avait des places à leur offrir. Quelques-unes la regardaient avec méfiance et s’éloignaient sans vouloir l’entendre, tandis que d’autres paraissaient enchantées de ce qu’elle leur proposait.

Je la vis venir à moi avec un peu de crainte. »

Humour graveleux des passants qui « taguent » les portes des ateliers :

« ON DEMANDE

Une bonne ouvrière pour le costume d’Adam. »

Le mariage est souvent la solution, mais lorsque l’arrivée de l’enfant le précède il peut devenir un cauchemar et un drame :

« Sa mère n’avait jamais pu lui pardonner d’être venue au monde alors qu’elle se croyait de par son âge à l’abri de toute maternité. « Tu me fais honte », lui disait-elle. »

La parole de ces femmes, lorsqu’elles échangent leurs souvenirs d’enfance, lorsqu’elles décrivent le malheur pour mieux le circonscrire, lorsqu’elles font preuve de courage pour ne pas se détester, est le chemin de leur indépendance, de leur libération :

« – C’était ma faute aussi... Je portais mon chagrin comme une infirmité. »

Texte admirable que l’Atelier de Marie-Claire, par la justesse du ton, la richesse des sentiments, la précision des descriptions, l’analyse sans complaisance et sans pathos des situations vécues par ces filles sans destin qui décident de s’en donner un.

La force de caractère de Marguerite Audoux dans un siècle peu propice à l’autonomie des femmes, force l’admiration, car l’histoire de Marie-Claire c’est son histoire à elle, celle de sa nièce Yvonne passée par la case prostitution et sauvée par sa tante, celles des dizaines de grisettes qu’elle a côtoyées, connues et défendues contre elles-mêmes souvent.

« La belle Vitaline, Julia, Fernande, Mimi l’orpheline, la mendiante, aussi terne que Vitaline était brillante, Bergeounette, Gabrielle, Roberte, Félicité Damoure, Bouledogue, Duretour… », et toutes les autres.

A lire sans modération.






Lien : http://desecrits.blog.lemond..
Commenter  J’apprécie          150
Marie-Claire

Méconnu, à tort, ce roman a reçu le prix Femina, et on comprend pourquoi : une belle écriture, un beau portrait de femme, quelque chose de profond et sincère qui prend aux tripes dans l'histoire de cette jeune fille, placée dans un pensionnat religieux, puis dans une ferme.

Sans jamais savoir où est vraiment sa place, elle garde tout de même le goût de la vie et une candeur qui impressionne.

Un vrai beau roman classique d'apprentissage, une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          131
L'atelier de Marie-Claire

On retrouve la même verve dans l'écriture de Audoux que dans Marie-Marie! Ici tout tourne autour de la couture, des ouvrières qui travaillent d'arrache pied pour subvenir à leur survie, elles doivent subir la pression du patron, les caprices des clientes et aussi l'autorité leur mari...
Commenter  J’apprécie          110
Marie-Claire

Voici une double découverte.

Tout d'abord, c'est le premier livre audio que j'écoute. Sur les conseils d'un Babeliaute j'ai voulu testé ce support qui m'étais jusqu'alors inconnu, j'ai donc chercher les sites adéquats, j'ai trouvé audiocite.net et en furetant dans leur catalogue j'ai trouvé ce titre. Avec une durée d'écoute d'un peu plus de 3heures ça me semblait correct pour un début.

La seconde découverte est évidemment l'auteure et le livre lui même. Ces quelques heures sont vite passées : je me suis laissée porter par l'histoire de Marie Claire racontée avec toute la naïveté qu'elle avait au moment où les événements se sont produit. Le récit pourrait être au présent sans que le mode d'expression ne soit gênante dans la bouche d'un enfant.

J'ai tout de même été gênée par la manque de repère chronologique sur la partie du récit se passant à l'orphelinat, mais peut être cela traduit il aussi la "monotonie" et l'uniformité des jours qui passent. Alors que la partie du récit se passant à la ferme, est rythmé par les saisons.

J'ai également été assez surprise d'apprendre que ce roman a été récompensé du livre Fémina. On constate alors à ce genre de lecture toute l'évolution de la littérature en un siècle.

Aujourd'hui ce type de livre serait classé en "littérature régionale" et serait bien loin des grands prix littéraires.
Commenter  J’apprécie          110
Marie-Claire

Comme sur certains visages, dans certains regards, certains tableaux, la lumière est mise en valeur par l'obscurité. L'écriture simple et cristalline de Marguerite Audoux ne dévoile rien des ressorts profonds d'une âme sincère. La musique si personnelle de cette oeuvre tient autant à cette réserve qu'à la force innocente du désir.

Pour moi c'est un chef-d'oeuvre littéraire.
Commenter  J’apprécie          93




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marguerite Audoux (238)Voir plus

Quiz Voir plus

Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

Emile Zola
Jules Barbey d’Aurevilly
Pierre Louÿs
Charles Baudelaire
Victor Hugo

10 questions
1 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}